La Vendée, une ferme isolée, un noyer centenaire abattu par la tempête, un inconnu grièvement blessé sur la route… Dès les premières pages de ce court roman,
Simenon plante le décor et les personnages : les fermiers, le brigadier, les médecins appelés en consultation. Tout ce monde se méfie, s'observe, surtout les Roy : « C'est curieux, : les regards se cherchent, se fuient, glissent, se raccrochent à n'importe quoi, se cherchent de nouveau et s'échappent dès qu'ils se sont trouvés. » Dans cette famille, le silence permet de cacher les mensonges - « Il y a, dans cette maison du Gros-Noyer, des murs entre les habitants. » - et tous semblent se méfier de tous.
Vrai-faux roman policier, drame campagnard, étude de moeurs, tragédie, roman de la destinée…
le rapport du gendarme est tout cela. Un incident en somme assez banal – un homme est renversé par une voiture sur une route de campagne – va entraîner des bouleversements dans la vie et surtout dans le comportement d'une famille de fermiers aisés. Car de lourds secrets se cachent derrière une existence laborieuse et bien réglée. Tout ici est dans le non-dit et la peur de la découverte de choses trop longtemps tues va inexorablement mener à la tragédie.
Le rapport du gendarme vaut en grande partie par sa construction. Ce qui commence par une enquête policière – Qui a renversé l'inconnu ? Est un accident ou un acte délibéré ? Qui est cet homme ? Pourquoi était-il près de la ferme ? – glisse peu à peu vers d'autres interrogations qui vont-elles-même déboucher sur un drame psychologique. En moins de 100 pages,
Simenon livre un chef d'oeuvre de concision, entièrement fondé sur l'étude du comportement de personnages à la parole rare. Commencé sur un tempo lent que rythment la vie quotidienne et les tâches agricoles, le roman s'emballe dans les dernières pages jusqu'à la conclusion finale, brutale. du très grand
Simenon !