Le coup de force de Nasser avait été précédé d'une retraite. On pourrait presque dire d'un retour aux sources. Au lieu d'aller à sa maison de campagne de chef du gouvernement, près du dernier barrage du Nil, au milieu des fleurs, il avait choisi de réfléchir dans son pavillon d'officier pauvre, à Héliopolis. Cinq petites pieces, un jardinet, une porte aveugle , un mur bas, un unique garde du corps en civil. Nasser n'aime pas le bureau gorgé de livres, il le trouve laid parce-que il doit tout lire pour apprendre, pour un métier auquel il n'est pas préparé. Mais la nature des ouvrages, les biographies des dictateurs, apologie des dictateurs, traduit les tendances de l'homme. La traduction de Mein Kampf n'est jamais loin de la main et peut-être de la pensée d'Abd el Gamal Nasser. C'est près d'elle, sinon sous son influence, qu'il fit le point de l'aventure dans laquelle il est précipité. Il revenait de Brioni. Dans l'interpellation officielle, l'entrevue adriatique avait été une nouvelle apothéose pour le jeune chef de l'Égypte; en fait elle fut pleine de difficultés et même d'orages avec la condamnation nuancée de la France en Algérie...Ceux qu'il désire convaincre ou séduire, Nasser parle volontier de sa prudence et, peut-être existe-t-il effectivement chez ce petit fils de fellah un fond de jugement qui lui fait voir l'abîme dans lequel d'autres plus forts que lui ont sombré.
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J'ai tout simplement dévoré ce roman historique qui nous plonge dans l'histoire et nous retrace la vie de Nasser. Super !
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Sortir uniquement pour déjeuner ou se promener ne faisait pas partie de ses plaisirs favoris. Non. Nasser préférait, et de loin, le cinéma ! Ah oui ! Voir danser la sublime Cyd Charisse, dans Mission à Moscou ou Parade aux étoiles, voilà qui le comblait de bonheur !
Quand Gamal lit Rousseau ou Voltaire, ce n’est pas un collégien qui apprend une leçon ou se prépare à un examen. Non, c’est un jeune homme qui cherche à comprendre la vie, qui étudie la société, en quête de solutions aux problèmes que pose l’existence. Autour de lui, il voit des ouvriers, de petites gens pour lesquels la vie est rude. Parallèlement, il sait que de riches étrangers et des Égyptiens vivent dans le luxe. Pourquoi cette injustice ? Pourquoi cette prodigalité d’un côté, et de l’autre cette misère et cette humiliation ?
« Les chefs de certains pays occidentaux sont des monarques et pourtant leurs sujets progressent. Le malheur des pays d’Orient est que leurs princes vivent dans l’opulence sans se préoccuper des droits et des besoins de ceux qu’ils gouvernent. Notre retard vient de ce que nous nous sommes endormis. Il nous manque un chef, un leader intègre et qui sache guider le peuple. »
La tradition lui donne le droit de refuser un homme, mais pas celui de se marier avec celui qu’elle désire.
L’ignorance est la source de toutes leurs maladies.
Payot - Marque Page - Gilbert Sinoué - A l'aube du monde