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EAN : 9782809709834
144 pages
Editions Philippe Picquier (07/02/2014)
3.66/5   49 notes
Résumé :
« Un jour, tandis que j'étais dans mon bureau, occupé comme d'habitude à confier au papier des choses mélancoliques, un bruit étrange est parvenu à mon oreille.
La véranda bruissait. On aurait d'abord pu croire qu'une femme avançait en retenant le bas de son kimono de soie, mais le froissement de l'étoffe sur le plancher était par trop vif pour un simple bas de robe. J'ai alors comparé ce bruit au crissement des plis de l'ample pantalon que porte le chambella... >Voir plus
Que lire après Une journée de début d'automneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Ce recueil regroupe sept petites pépites de Natsume Sôseki (1867-1916). Ce sont de courts textes très divers, qui mêlent voix personnelle et récit. Ils ont été composés entre 1907 et 1912 qui clôt l'ère Meiji. On y voit « l'écrivain-narrateur» dans un voyage à Kyôto ou dans sa vie quotidienne, à sa table de travail. Il est souvent grognon, maussade et narquois. Il reçoit ses disciples et accède à leurs demandes ou à celles de son épouse en traînant les socques. Et puis, par un tour de passe-passe dont Sôseki l'enchanteur a le secret, vous vous retrouvez projeté dans une réminiscence poétique ou une histoire touchante et délicate parfaitement construite qui vous remue et vous amène à méditer sur la fragilité de la vie.

1. le soir de mon arrivée à Kyôto (1907). Ce texte est magnifique ! Moderne dans son mouvement, son rythme et ses couleurs et puis totalement bouleversant. On suit « l'écrivain-journaliste » frigorifié et d'humeur maussade dans un périple oppressant à Kyôto plongé dans la nuit et le silence. Par endroits, il remarque une lanterne étrange qui éclaire le mot « zenzai » écrit en rouge et qui signifie » bouillie de haricots rouges », une des spécialités de Kyoto. Il se souvient alors que quinze ans auparavant, il vint pour la première fois dans la cité avec son grand ami Masaoka Shiki qui mangeait une orange...

2. le Moineau au bec rose (1908). le récit qui s'apparente à un conte est très beau. Les descriptions de l'oiseau toutes en variations soyeuses et colorées, sont magiques (voir citations). « L'écrivain » est à son bureau, en mal d'inspiration et bien ronchon . Il reçoit l'un de ses disciples qui veut lui faire acheter un moineau au bec rose pour l'égayer un peu. le maître s'enquiert surtout de la cage, puis enfin convaincu, il donne à son disciple quelques yens. Il attend, il attend en se demandant ce que ce gaillard a bien pu faire avec l'argent. Enfin l'élève revient avec une superbe cage, l'adorable petit oiseau et les instructions pour s'en occuper…

3. le professeur Koeber (1911). L'écrivain rend visite à son vieux professeur de philosophie. Un Allemand qui enseigne depuis vingt ans au Japon et qui est bien décidé à y rester.
4. L'adieu au professeur Koeber (1914). Les deux récits sont liés et traitent avec subtilité du difficile dialogue entre Japonais et Européens.. La fin est très émouvante.

5. Bruits étranges (1911). Une très belle nouvelle. L'écrivain très malade séjourne à l'hôpital dans un espace qui reçoit des mourants. Il entend un bruit très étrange en provenance de la pièce voisine. Lui-même doit faire du bruit et se faire entendre du voisin. Plus tard de retour dans l'établissement, une infirmière dévouée à la voix douce éclaircira le mystère.

6. La lettre ( 1911). Cette fois-ci l'écrivain est dérangé par son épouse pour un problème domestique. Il faut qu'il se rende en province sonder les moeurs du prétendant d'une cousine de sa femme...La découverte d'une lettre sera décisive. le récit fait ouvertement référence à une nouvelle De Maupassant mais c'est son aspect documentaire et la réflexion de Soseki sur ces mariages arrangés qui m'ont intéressée.

7. Une journée de début d'automne (1912). L'écrivain se rend avec deux amis à Tôkyo à l'occasion des funérailles de l'Empereur Meiji . Celui-ci vient de mourir un an après le roi Edouard d'Angleterre. Cette journée pluvieuse et bleue de début d'automne s'achève sur un ciel brumeux.
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Dans le soir de mon arrivée à Kyôto, l'auteur se remémore un précédent voyage en ces lieux près de quinze ans plus tôt avec son ami poète Masaoka Shiki, aujourd'hui décédé.
Dans le moineau au bec rose, l'auteur se fait livrer un moineau de Chine avec sa cage, ses graines…en l'apprivoisant, il crée une proximité avec le petit animal, dont le plumage soyeux fait remonter le souvenir d'un amour envolé…Mais cette petite histoire sera elle aussi de courte durée. Pour moi qui ai connu de près dans ma jeunesse durant quelques années de petits canaris en cage, de fortes réminiscences me sont revenues. Il faut que l'auteur ait vraiment vécu ces moments en compagnie de ces attachants oiseaux pour les restituer aussi précisément. Remarquable.
Le Professeur Koeber, puis son départ, nous permettent de suivre un professeur Allemand qui va quitter le Japon après y avoir enseigné pendant vingt ans…Une réflexion subtile sur la différence entre l'Occident et le Japon, et le rapprochement qui s'est établi entre ces deux mondes.
Dans Bruits étranges, l'auteur dont l'état de santé se dégrade fait un séjour à l'hôpital…Au coeur de ce lieu d'enfermement où se trouvent des malades en phase terminale de cancers, il entend des bruits étranges en provenance d'une chambre voisine. Cela l'intrigue...Mais lui aussi sans s'en rendre compte est un sujet de curiosité sonore pour l'occupant de cette chambre…Une infirmière à la voix douce lèvera ces petits mystères de l'austère vie quotidienne des pensionnaires.
Avec la lettre, nous sommes dans le cadre d'un projet de mariage qui selon les usages est arrangé . Un couple se porte garant de la respectabilité et des bonnes moeurs de leur neveu, le futur marié. C'est que le jeune n'inspire déjà pas une confiance absolue au départ…alors lorsqu'il dit qu'il n'a pas « encore » été débauché, il y a de quoi douter. Son oncle va mener sa petite enquête et va trouver une pièce à conviction…Mais bon, de là à remettre en cause le mariage, après tout…Des airs De Maupassant dans cette nouvelle.
Enfin, dans une journée de début d'automne, Sôseki se rend avec deux amis à Tôkyô…pour une occasion bien particulière : l'Empereur Meiji vient de mourir. Une ère s'achève, une autre va s'ouvrir. Comme en écho au changement de saison. Car cette journée de début d'automne fait aussi transition, alliant végétation vivace et colorée et survenue d'un ciel maussade.

Des récits agréables à lire, où dans une langue à la fois simple et élégante, l'auteur nous invite à une forme de contemplation poétique. Je n'en ai pas été bouleversé pour autant, mais le dosage fonctionne entre ambiances champêtres, échappées poétiques (pas assez fréquentes toutefois, je le regrette quelque peu), dialogues simples, parfois banals, mais aussi réflexion intellectuelle discrète et fine sur l'évolution et la modernisation du Japon, que l'auteur vit.
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« Une journée d'automne », le titre du recueil, en est le dernier récit. Il s'agit d'une visite du narrateur à un prieur d'un temple. Un autre récit évoque l'arrivée du narrateur en train à Kyoto. Puis une autre où il décrit sa visite à un professeur d'université qui retourne en Allemagne, une autre relate la débauche progressive d'un jeune homme qui remet ainsi en question l'honneur de son oncle qui fait l'intermédiaire pour son mariage… le récit le plus conséquent est peut-être celui du moineau,où le narrateur doit s'occuper d'un oiseau en cage. Tous ces récits ont été écrits entre 1907 et 1912. Plus que l'intrigue, d'ailleurs parfois très mince, ces récits ont pour principal intérêt de décrire la vie au quotidien à la fin de l'ère Meiji. Beaucoup de descriptions, d'observations sur des faits parfois insignifiants. Il s'agit souvent de saisir l'instant, une attitude, un comportement, de manière très contemplative. Dans une autre critique, quelqu'un parle d'une "poétique du quotidien". C'est tout à fait ça. On y voit également la mutation du Japon qui s'industrialise rapidement et les difficultés pour s'y adapter. Ce n'est pas le le meilleur livre de l'auteur, bien sûr, comme « Je suis un chat » ou « Botchan », mais, en revanche, il est très représentatif de l'esprit de Soseki, de ce Japon en mutation qui se cherche.
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Quelles sont les nouvelles ?
Les oiseaux chantent dans les bois, l'alouette dans les près et la Laie surveille ses enfants.
Le souvenir, que j'ai de ces courtes nouvelles poétiques, est celui d’une journée intemporelle et d'une époque ou j’allais encore « aux champs » avec mon père.

Je suis le fils d’un paysan. J'étais doué pour les Math (malheureusement pas pour l’orthographe) et j'aimai l'école.

Et en ce temps d’enfance et de jeunesse je rechignais bine souvent à partir dans ces fameux champs le week-end ou le soir après l'école et même durant les vacances scolaires.
Et pourtant… et pourtant j'en revenais toujours emplis d'une joie étrange et douce. C’était la joie d'un moment pure et claire avec mon père, avec la nature, avec la terre et le ciel.

Plus tard, dans ma vie d'adulte et d'ingénieur en informatique, quand j'ai lu ces nouvelles, alors me sont revenus tous ces moments passés, avec mon père dans les champs et les forêts.

Un écrit, roman, nouvelle, essai, n'a pas de valeur pour ce qu'il est dans l'absolu, il n'a de sens et de dignité que dans les réveils qu'il provoque en nous. Dans le cas de ce recueil, il a réveillé d'anciennes joies.
Merci à eux…
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L'écrivain japonais Natsumé Sôseki est né en 1867 et mort en 1916. Bien que Natsumé soit son patronyme et Sôseki son prénom, c'est sous son prénom qu'il est le plus souvent désigné, prénom qui est, du reste, à la manière classique un pseudonyme. Spécialisé en littérature anglaise, il commença à enseigner. de 1900 à 1903, il vécut en Angleterre. de retour dans son pays natal, Sôseki succéda à Lafcadio Hearn à la chaire de littérature anglaise de l'université de Tokyo.
Cet ouvrage, Une journée de début d'automne, regroupe sept textes très courts écrits entre 1907 et 1912 d'un intérêt inégal et globalement limité. On retiendra le moineau au bec rose, où l'écrivain se retrouve, un peu contre son gré, en possession d'une cage avec un oiseau dont il doit s'occuper. Il y a aussi Bruits étranges, l'auteur hospitalisé s'interroge sur l'origine d'un bruit nocturne venant de la chambre voisine, ressemblant étrangement à celui d'une râpe sur un légume. Ce n'est que plusieurs mois plus tard, à l'occasion d'un second séjour dans ce même hôpital que la vérité lui sera révélée. Enfin il y a La lettre, dans ce texte Sôseki enquête sur la moralité d'un jeune homme « assez difficile à qualifier, ni vraiment un parent, ni vraiment un parasite » devant épouser une jeune parente de sa femme.
Même si j'ai retrouvé à la lecture de ce livre, des bribes de ce que j'aime dans la littérature japonaise du début du XXe siècle, une poésie en prose, la mise en avant de détails sur lesquels se porte l'intérêt, un rythme bien particulier et plutôt lent, le héros lettré et des aspects de la vie quotidienne dans le Japon de cette époque, je dois avouer que je suis assez déçu par le bouquin.
J'avais un bon souvenir de son roman Et puis, lu il y a bien longtemps, où l'écrivain liait le Japon ancien avec celui en pleine transformation qui naissait sous ses yeux et je me prépare à lire prochainement son roman le plus connu, Je suis un chat. J'espère qu'il me réconciliera avec l'écrivain car se ne sont pas ces quelques textes d'Une journée de début d'automne qui me laisseront un souvenir impérissable.
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critiques presse (1)
LeMonde
19 mars 2012
D'apparence anodine, ce recueil de sept textes courts de Sôseki (1867-1916) est aussi délicieux que possible.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Un jour, tandis que j'étais dans mon bureau, occupé comme d'habitude à confier au papier des choses mélancoliques, un bruit étrange est parvenu à mon oreille.
La véranda bruissait. On aurait d'abord pu croire qu'une femme avançait en retenant le bas de son kimono de soie, mais le froissement de l'étoffe sur le plancher était par trop vif pour un simple bas de robe. J'ai alors comparé ce bruit au crissement des plis de l'ample pantalon que porte le chambellan, lors de la fête des poupées, évoquant le glissement de la soie sur les marches du palais fictif. Laissant mon roman, je sortis sur la véranda, le stylo entre les doigts : le moineau de Chine prenait son bain.
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Quand nous sommes descendus du train pour prendre une voiture, le temps avait pris les nuances éclatantes de l'automne. A travers la capote, les montagnes étaient toutes vertes de pluie. Le véhicule des trois hommes se frayait doucement un chemin au milieu de cette verdure en direction du passage pratiqué à travers la roche. L'homme qui menait le pousse, sans sandales de paille ni tabi, foulait pieds nus le sol amolli par la pluie, et tirait la voiture à la force de ses reins, dressé sur la pointe des pieds. Alors, on entendit un chant d'insecte rafraîchissant au pied des susuki qui s'étendaient à perte de vue. Quand leur chant retentit à mon oreille, si aigu qu'il réussissait à vaincre le bruit de la pluie frappant la capote, entraîné par le chant des insectes qui emplissait l'air à l'infini, j'ai imaginé les susuki qui s'étendaient au loin, à une distance si lointaine que mes yeux ne pouvaient les voir. Et il m'a semblé que ce chant symbolisait à lui seul l'automne qui m'enveloppait à présent tout entier.
Au milieu du bleu de l'automne, nous avons découvert des taches écarlates, des amarantes. Près du rouge vif des fleurs, il y avait une sorte d'éventaire à thé, et sur une étagère, on avait mis à sécher des cosses de haricots en branche. Ça et là, on remarquait des fleurs d'un blanc éclatant, sans doute des fleurs de guimauve arborescente.

Extrait de "Une journée de début d'automne"
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Un jour, tandis que j'étais dans mon bureau, occupé comme d'habitude à confier au papier des choses mélancoliques, un bruit étrange est parvenu à mon oreille.
La véranda bruissait. On aurait d'abord pu croire qu'une femme avançait en retenant le bas de son kimono de soie, mais le froissement de l'étoffe sur le plancher était par trop vif pour un simple bas de robe. J'ai alors comparé ce bruit au crissement des plis de l'ample pantalon que porte le chambellan, lors de la fête des poupées, évoquant le glissement de la soie sur les marches du palais fictif. Laissant mon roman, je sortis sur la véranda, le stylo entre les doigts : le moineau de Chine prenait son bain.
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Alors, on entendit un chant d'insectes rafraichissant au pied des susuki qui s'étendaient à perte de vue. Quand leur chant retentit à mon oreille, si aigu qu'il réussissait à vaincre le bruit de la pluie frappant la capote, entrainé par le chant des insectes qui emplissait l'air à l'infini, j'ai imaginé les susuki qu s'étendaient au loin, à une distance si lointaine que mes yeux ne pouvaient les voir. Et il m'a semblé que ce chant symbolisait à lui seul l'automne qui m'enveloppait à présent tout entier.
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Rapide comme une étoile filante, le train m'a déposé sur le quai de la gare de Shhichijô, après avoir parcouru deux cents lieues de printemps. Quand mes talons ont retenti sur le ciment avec un écho frileux, la locomotive a craché de la fumée noire de sa cheminée noire, avant de s'enfoncer dans la nuit avec un grondement.

(Incipit de Le soir de mon arrivée à Kyoto, 1907)
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Vidéo de Natsume Soseki
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Natsume Sôseki, Je suis un chat, traduit du japonais et présenté par Jean Cholley, Paris, Gallimard, 1978, p. 369, « Unesco ».
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