" Quand le cosmos s'éveillera, s'il y parvient un jour, il se sentira non le favori de son créateur, mais une bulle à la dérive sur l'océan sans fond et sans limites de l'être."
Une incroyable découverte dans la boîte à livres proche de chez moi. Un livre multiple, qui passe de la notion du temps à l'espace, à celle de l'amour ou encore de l'évolution de toute forme de société, évoquant la spiritualité et tellement d'autres thèmes. Toujours s'émerveiller malgré la fin inéluctable. Une trouvaille prodigieuse. Roman de science-fiction écrit en 1937 par Olaf Stapledon (philosophe) qui a sans aucun doute inspiré des auteurs plus récents. Je me souviens d'un roman de Vernor Vinge, Un feu sur l'abîme dont la lecture m'avait enchantée et je me demandais comment il avait pu avoir tant d'idées originales, notamment sur les fusions mentales et physiques entre membres d'une société. Je pense avoir trouvé une excellente piste avec Créateur d'étoiles.
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J'aurais tellement voulu adorer ce livre, son concept me parle tant, mais la lecture est âpre. Au début, la précision et la tournure des phrases flattent mon intellect, avec de la concentration et parfois une double lecture la beauté du texte se dévoile. Puis, le texte m'hypnotise comme s'il s'agissait du contenu de ces méditations guidées qui vous invitent à l'exploration du cosmos et enfin, je décroche. Je me raccroche et je m'enchaine pour en venir à bout. Je pense être passée à côté de beaucoup de choses parce que ce livre est riche. Je pense aussi que c'est ce genre de livre qui vous met au défi de challenger vos idées et vos réflexions.
Que d'ambition !! Que d'idées !! L'auteur s'attaque à l'ultime défi de décrire le grand Tout. Il racontera l'histoire : la genèse, le milieu et la fin de tout l'univers. Cette capacité à décrire et à faire vivre un environnement mouvant d'étoiles, de galaxies de constellations. Il dézoome à l'infini grâce à la désincarnation de son narrateur.
Et pour l'Histoire de l'univers, nous jouerons avec les probabilités, l'environnement et l'évolution pour voir tous les possibles, les différences et les similitudes. Dans ce monde, le sens gustatif à pris le dessus. Dans celui-là, l'individu de par sa parentalité collective n'aspire qu'à se fondre dans la masse. Eux, ils développeront une société symbiotique et voyage en déplaçant leurs planètes.
Le postulat de ce voyageur spatial est que chaque monde est traversé par des cycles de développement destruction. Tous atteignent des points de bascule, et lorsque, par miracle statistique, ces points de bascule sont transcendés, c'est un dézoome qui se produit et le voyageur peut voir une autre échelle sociétale jusqu'à la fin. Que de travail de compter toutes ces histoires qui s'inscrivent les unes dans les autres à différentes échelles pour tout comprendre pour trouver l'origine. Comme d'habitude le voyage est meilleur que la destination, en tout cas pour moi lectrice. Guerre, développement, destruction, évolution, spiritualité, philosophie, société…tant de sujets abordés, recréés, repensées à l'aune de nouvelles cartes. Et ce créateur alors qu'est-ce qu'il en pense ?
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Comme nous, ils avaient atteint l'étape où l'esprit sorti de l'abrutissement et très loin de la maturité peut souffrir le pire désespoir et infliger la pire férocité. Comme nous, ces mondes tragiques, mais vivants, étaient tourmentés par l'incapacité de suivre les circonstances changeantes. Ils étaient toujours en retard, appliquant toujours de vieux concepts et de vieux idéaux inappropriés aux situations nouvelles. Comme nous, ils étaient sans cesse torturés par la faim d'une communion que leur nature réclamait, mais que leurs pauvres esprits couards et égoïstes ne pouvaient en aucune façon atteindre. Seuls les couples et les petits cercles d'amis pouvaient établir une vraie communauté, la communion de la compréhension et du respect mutuels, et de l'amour. Mais en tribus et en nations ils concevaient trop facilement la fausse communauté de la horde, hurlant en chœur leur peur et leur haine.
Dans sa forme la plus pure et la plus réussie, bien sûr, la religion du moi s'identifie presque à celle de l'amour sublimé. Aimer, c'est vouloir le parfait accomplissement de l'être aimé et trouver, dans l'acte même d'aimer, une réalisation fortuite, mais stimulante , de soi-même. D'autre part, être fidèle à soi-même, à toutes ses possibilités, implique l'amour et réclame l'allégeance du moi individuel à un moi plus grand embrassant la communauté et l'accomplissement de l'esprit de la race.
Mais la religion du moi n'avait pas plus de prise sur les échinodermes que sur nous celle de l'amour. Le précepte : Tu aimeras ton voisin comme toi-même nourrit le plus souvent chez nous la faculté de considérer notre voisin comme une pâle imitation de nous-même, et de la haïr s'il ose être différent.
Rares étaient ceux qui pouvaient comprendre qu'ils devaient sauver le monde non par la violence à court terme, mais par la douceur à long terme.
Les gouvernements découvrirent bientôt que la nouvelle invention leur donnait un pouvoir à bon marché sur leurs sujets. Un apport constant de luxe illusoire permettait de faire tolérer les taudis.
(...)
Grèves et révoltes pouvaient être jugulées sous la menace de fermer les studios d'émission ou en inondant l'air au moment critique de quelque nouveauté à sensation.
En radio et télévision par exemple, les Autres Hommes étaient techniquement très en avance sur nous, mais l'usage qu'ils faisaient de leurs étonnantes inventions était désastreux. Dans ces pays civilisés, tous, sauf les parias, transportaient dans leur poche un récepteur. Comme la musique n'existait pas, cela pouvait sembler bizarre ; mais comme ils étaient sans journaux, la radio était le seul moyen de connaître, pour l'homme de la rue, les résultats de la loterie et du sport, élément capital dans leur vie.