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EAN : 9782232129834
216 pages
Editions Seghers (03/01/2019)
3.93/5   22 notes
Résumé :
" Chaque livre semble être le combat de toute une vie. Et puis quand c'est fait... Pouf. Comme si ça n'avait jamais existé. "

John Steinbeck a écrit Les Raisins de la colère entre juin et octobre 1938, dans un moment de bouillonnement et de tension extraordinaire.
Tout au long de cette période, il a tenu un journal qui retrace scrupuleusement son expérience et le révèle dans les affres de la création. Face à la page blanche, aux doutes, aux ob... >Voir plus
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Il s'agit du journal d'écriture des « Raisins de la colère », tenu entre février 1938 et janvier 1941. L'écriture (la rédaction ) du roman débute le 31 mai 1938.

Le prélude, rédigé en février 1938, est très appétissant. Steinbeck exprime sa peur de n'être qu'une imposture. Son succès grandissant, dû à « des souris et des hommes » l'effraie. Il a le sentiment « d'avoir camouflé quelque chose ». Au surplus -j'ai fait le parallèle avec Martin Eden- Steinbeck remarque que son entourage a changé. Les gens qu'il aimait ne sont plus naturels depuis sa gloire. Et cela l'écoeure. Et surtout, il doute d'être capable d'écrire à nouveau un livre au moins aussi grand. C'est sa grande peur.

Tout cela donne envie de lire ce journal, de creuser sa personne, d'apprendre de lui.

Steinbeck tient ce journal quotidiennement. On y suit la progression de l'écriture du roman. Presque page à page. Son plan, terminé en amont, semble très précis, détaillé et bien défini.

Le rapport de Steinbeck au temps est omniprésent dans son journal. le temps lui manque, lui échappe. Les visites, le quotidien l'importunent. Aussi, il se rajoute des temps « optionnels » le samedi, alors qu'il s'était engagé à écrire du lundi au vendredi seulement, afin de rattraper le temps qu'il estime perdu, et pour maintenir un certain rythme (une vitesse) d'écriture. Ça va parfois jusqu'au comptage de mots par semaine, par jour (2000 mots), pour tenir une certaine cadence. Tout ce qui doit être écrit est planifié (il a ainsi, certains jours, une page d'avance). Tout manquement est une défaillance, tout retard est grave.

Il est obsédé par le temps, qui lui file entre les doigts, qu'il ne peut rattraper. Ce temps manquant ou perdu va jusqu'à le rendre malade. Steinbeck ne travaille que dans une certaine urgence, avec une nervosité incroyable, « vite et à fond », qui l'oblige à écrire chaque jour, à ne perdre aucun temps. Ne pas tenir la cadence est pour lui une énorme souffrance.

Mais le quotidien interfère, les visites le dérangent, l'exaspèrent. le roman est son obsession. le bruit est très incommodant pour lui, suprêmement (la machine à laver, des coups de marteau du voisin). Steinbeck parle de son désir de « disparaître », c'est à dire quitter le monde, de s'isoler tout à fait. Pour ne se consacrer qu'à l'écriture de son oeuvre.

Steinbeck commence le travail en général le matin, et travaille une bonne partie de la journée (journal ouvert autour de 11h en général, juste avant de se mettre au travail). Tout ce qui doit être écrit dans la journée est planifié (lorsqu'il a, certains jours, une page d'avance, il s'en réjouit).

Le pression qu'il se met pour écrire ce roman est énorme (« il faut que ce soit un bon livre. Il doit l'être tout simplement. Je n'ai pas le choix. Il faut que ce soit, de loin, le meilleur truc que j'aie jamais tenté »). Tout manquement est pour lui une faiblesse. Souvent, il s'exaspère de ses répétitions, de ses failles d'écriture. Steinbeck est effrayé à l'idée de ne pas réussir. Ce roman doit être son oeuvre majeure. Ils paraît vouloir se prouver qu'il peut écrire un grand roman. Jusqu'à la fatigue nerveuse et physique. Et, parfois le doute s'insinue, en des affirmations rudes : « ce n'est pas le grand livre que j'avais espéré qu'il serait. Ce n'est qu'un livre ordinaire ». La peur de ne pas y arriver, de ne pas parvenir à faire de ce roman son oeuvre majeure, est le leitmotiv du journal.

Pourtant, Steinbeck est consciencieux et méthodique. Il fait preuve d'une volonté de fer, et est peu complaisant envers lui-même (« ma tendance à la paresse »). Steinbeck s'estime faible, vacillant, misérable et paresseux. Ainsi, le mot « discipline » revient souvent. Il s'énerve de ses « insuffisances ».

Steinbeck lutte contre ce livre, qui est pourtant son oeuvre, plus qu'il ne l'aime. Il bataille, il se débat, il s'y épuise. Et l'on comprend que l'écriture d'un grand roman n'est que souffrance et travail acharné, une marche de longue haleine, emplie de contraintes et de difficultés.

Il a le soucis du détail. Il se veut lent et précis quand il est question de descriptions. Il a une volonté de justesse, de réalisme, de rigueur dans ce qu'il décrit. Il est méticuleux dans son écriture, et s'oblige à avancer lentement lorsqu'il sent que ce qu'il s'apprête à écrire sera périlleux.

J'ai noté, de manière plus anecdotique, son rapport à la musique, seule distraction qui semble lui manquer quand il travaille au livre: écouter de la musique. Steinbeck entretient aussi une passion pour l'alcool (uniquement le week-end, jours où il n'écrit pas), tout en étant parfaitement conscient qu'elle nuit à son travail.

Je note également l'importance de sa femme Carol, dans l'ombre, qui s'occupe de la maintenance, fait front seule contre l'extérieur, afin de laisser l'auteur travailler en paix. Carol est son bouclier contre le quotidien, et elle le soutient également dans son oeuvre: c'est elle qui tape le manuscrit à la machine, et trouve le titre « les raisins de la colère ». Et ce n'est pas négligeable, à mon avis. Il me semble que si, dans un couple, l'un des deux est en mesure de produire une oeuvre élevée, l'autre doit se faire le rempart contre ce qui pourrait nuire à sa création.

Steinbeck termine son roman le 26 octobre 1938 précisément. Il l'a donc rédigé en cinq mois seulement, à raison de plusieurs heures par jours, cinq jours sur sept.

Le journal reprend ensuite le 16 octobre 1939, un an après le point final. Steinbeck a été malade d'une jambe infectée et n'a pas écrit durant toute une année.

Un an après avoir terminé le roman, il a de l'argent. Son travail se vend bien et il écrit : « aujourd'hui la demande est si forte que tout ce qui porte mon nom s'arrache. Et c'est la pire chose qui soit! ». le film « Des souris et des Hommes » se prépare. Et l'auteur affirme que son envie de mourir est accrue, et exprime d'ailleurs des prémonitions de sa propre mort, étrangement. Steinbeck ne redoute pas la mort. Pour lui, son oeuvre majeure est terminée: qu'importe qu'il reste en vie ou non.

Il nomme à présent son écriture dans ce journal un « verbiage creux ». Il cherche à écrire de nouveau, mais est très déprimé, vide, effondré. Comme si le fait de ne plus avoir l'oeuvre suprême à écrire laissait sa vie sans le moindre sens. Tout ce qui est écrit dans le journal après qu'il ait terminé le roman est d'ailleurs moins bon et dénué d'intérêt . C'est une suite d'événements sans importance réelle et de plaintes sur son état. Des récits de journées oisives, d'abus d'alcool, et un certain accablement et de nombreux doutes. Il voyage également (« Dans la mer de Cortez »).

Il reprend enfin le travail en juillet 1940, et écrit une pièce de Théâtre, semble-t-il, (« inconséquente »), mais n'est plus du tout dans la frénésie et l'impératif d'écriture. Ce ramollissement ne le surprend pas: Steinbeck suggère que c'est son état habituel entre deux livres, de manière cyclique. L'absence de travail le rend triste et fatigué.

Il y a aussi que Steinbeck est amoureux. D'une autre femme que la sienne, à qui il écrit des poèmes entre deux séances de travail. Et cet amour semble l'accaparer quasi entièrement et lui causer des conflits intérieurs. Ainsi, il se demande si l'amour doit primer sur le remord (en songeant à son épouse). Il éprouve un mélange de tendresse mêlée de pitié à l'égard de Carol, ce qui le préoccupe beaucoup. (Steinbeck divorcera de Carol deux ans plus tard pour épouser sa maîtresse Gwyn.)

Le journal s'achève le 30 janvier 1941, qui est le troisième jour d'écriture de « Dans la mer de Cortez ». Un nouveau cycle commence, avec les mêmes mots, quasiment: « Ce livre doit être écrit. Il devrait être bon ». Ainsi, la première et la dernière entrée se ressemblent, comme si chaque nouveau livre commencé était une renaissance.

Ce livre est un trésor. Comment l'auteur a-t-il construit son oeuvre? À quel rythme? À quoi pensait-il tandis qu'il l'écrivait? On a tout. C'est une mine d'or pour les gens comme moi. J'éprouve toujours une certaine frustration à ne pas savoir (comprendre) comment un grand écrivain a écrit. Cela me donnerait envie d'exiger cette « annexe » à chaque fois que je lis un excellent roman. On entre aussi dans l'intimité de l'écrivain, truffé de doutes et de réflexions sur son travail. Cela laisse l'impression d'assister à un accouchement, à tel point que j'ai ressenti comme un interdit, un voyeurisme presque, pas malsain mais délicieux, à lire ce journal.

C'est bon. C'est très bon. Parce que c'est l'homme qui est admirable. Parce que c'est le journal d'un travailleur acharné, obsédé par son oeuvre.

Et c'était très bien pour moi de lire ce journal seulement deux mois environ après lecture du roman : tout est frais. Je me souviens de chaque détail dont il raconte la difficulté de description et de chaque scène ou chapitre qui lui pose problème.

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Les Raisins de la colère est mon classique préféré de tous les temps, c'est pour moi le classique ultime tant dans la forme que dans le fond. Je ne pouvais donc pas manquer ce livre : Jours de travail.

Je dois avouer que j'attendais beaucoup de ces journaux et au final même si j'ai aimé retrouver la plume de Steinbeck ce n'est pas un livre qui a su m'emballer tout du long. Tout d'abord je pense qu'il faut préciser qu'il n'y a pas grand intérêt à lire ce livre si vous n'avez pas lu Les Raisins de la colère en amont et même je vous conseillerai de connaître un peu les autres oeuvres de cet écrivain ainsi qu'un minimum sur sa vie.

Jours de travail est une manière pour l'auteur de garder le cap, d'essayer d'être rigoureux pour écrire un journal (car il n'a jamais tenu un journal très longtemps auparavant). J'ai adoré certains passages, j'ai été plus dubitative pour d'autres.

En effet j'ai adoré tout ce qui reposait sur le processus d'écriture, sur les passages à vide et les moments d'inspiration de Steinbeck, il serait intéressant que je relise le classique en même temps que le journal pour suivre pas à pas son avancée. J'ai aussi aimé les réflexions personnelles de l'auteur face à la montée de son succès et ses questionnements existentiels.

Après il faut avouer que le style du journal est très hachuré, il y a des coupures, il y a des phrases qui se suivent de façon abrupte. Ce n'est pas un roman, il faut vraiment le prendre comme un journal de bord qui est un complément intéressant pour les tous les amoureux de cet immense écrivain.

En définitive, j'ai bien aimé ma lecture mais je vous recommanderai plus volontiers de lire les romans de Steinbeck.
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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Jours de travail, les journaux des raisins de la colère de John Steinbeck 

Si les raisins de la colère n'a pas été un coup de coeur pour moi, c'est un livre que j'ai adoré. A la fin de la lecture, je n'ai pu qu'admirer ce que Steinbeck avait crée à travers ce livre. J'avais très envie de lire jours de travail pour voir dans quel état d'esprit il était durant l'écriture.

C'est un journal sous forme d'entrée qu'il commence en février 1938 jusqu'en octobre de la même année. Il le reprend un an après la dernière version des Raisins de la colère.

Jour après jour, on le lit sous forme de note, obsédé par l'avancée de son travail et surtout son temps de travail, l'obsession du rythme d'écriture, les bruits ou les tracas du quotidien qui le perturbent et l'empêchent de se concentrer pleinement. Il fait référence à ses objectifs d'écriture concernant les personnages, les scènes.

En parallèle, se dessine son quotidien, le fond historique à la veille de la 2ème guerre mondiale.

Plus que l'analyse du livre même, c'est son état d'esprit, l'inquiétude, le doute, ce qui entoure Steinbeck, le perturbe, le motive qui ressort de son journal. Et même à travers un journal, sous forme de notes, on est complètement pris dans son obsession, ses craintes.

La partie des notes après le journal est une mine d'or, d'informations. Elle vient étoffer le journal, éclairer les références notées par Steinbeck avec le fond historique. Pour chaque entrée, il y a un éclairage. Se révèle alors une sorte de biographie. On apprend de Chaplin était fasciné par Steinbeck, ils étaient amis, le rôle de sa femme Carol au cours de l'écriture se révèle même si Steinbeck en parle souvent mais il faut bien que quelqu'un gére tout ce qui se passe autour de la création de Steinbeck.

Un journal qui a répondu à mes attentes en contextualisant l'écriture d'un livre incroyable avec l'état d'esprit de l'auteur, son quotidien, ce qu'il a voulu transmettre avec ce livre, les conditions d'écriture.

Un livre essentiel après la lecture des raisins de la colère, une oeuvre incontournable à lire.

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Un journal de bord, tiens donc ? Oui mais de STEINBECK, et alors qu'il est plongé dans l'écriture de son chef d'oeuvre « Les raisins de la colère ». Ses impressions, ses doutes, ses joies, son avancée du travail, sa femme, ses nuits, ses amis, tout est retranscrit sur 100 notes (presque) quotidiennes, appelées « entrées », s'étalant de février à fin octobre 1938. Voilà pour la partie strictement réservée aux « Raisins de la colère ». Puis 23 entrées écrites entre octobre 1939 et fin janvier 1941, plus éparses donc. Tout ce matériel était resté jusque là inédit.

Dans ces notes, STEINBECK se livre, au-delà des difficultés à écrire « Les raisins de la colère », à respecter un plan établi. Beaucoup de doutes tiraillent l'auteur : « J'ai envie de tout laisser tomber. Mais je ne le ferai pas. Je vais continuer et finir ce livre. Je dois. Toute ma foutue vie maudite est ligotée. La plupart des gens aiment voir leur vie ligotée ainsi. Et sans doute que j'aime ça aussi. Mes nombreuses faiblesses commencent à montrer leur tête. Il faut simplement que je chasse ça de mon système. Je ne suis pas un écrivain. Je me suis raconté des histoires, à moi et aux gens. J'aimerais l'être. Ce succès va me détruire, c'est parfaitement assuré. Cela ne durera probablement pas et ce sera très bien ainsi ».

Pendant l'écriture du roman, STEINBECK éprouve souvent des douleurs physiques, se croit malade. Il est insatisfait de ne pas être seul. Beaucoup d'amis défilent chez lui, alors ça picole, ça fait la fête, ça fume comme des pompiers, et le lendemain difficultés de concentration, pas envie d'aller rejoindre son stylo. Pour l'aspect visionnaire, STEINBECK, qui donne son opinion mais à quelques rares occasions sur la politique, écrit moins d'un an avant la seconde guerre mondiale qu'il n'y aura jamais de conflit majeur. Près de la fin de la rédaction, il doute de plus en plus de son travail : « … Mais je suis sûr d'une chose, ce n'est pas le grand livre que j'avais espéré que ce serait. Ce n'est qu'un livre ordinaire. Et la chose la plus horrible, c'est absolument ce que je peux faire de mieux ».

La seconde et courte partie de ses notes est un peu plus consacrée à la situation internationale, mais aussi à une pièce de théâtre qu'il est en train d'écrire : « The god in the pipes ». Là aussi il souffre de son écriture, il ne parvient pas à trouver un fil directeur. D'ailleurs, la pièce sera abandonnée et vraisemblablement détruite (STEINBECK avait parlé de la brûler). Il se confie sur la guerre. Peu.

La préface de Pierre CUGLIELMINA est précieuse pour mieux aborder l'écrivain et l'homme STEINBECK. Quant aux notes de l'éditeur en fin de volume, elles sont prépondérantes. On y apprend entre autres que STEINBECK a écrit des discours pour le Président ROOSEVELT, qu'il est fort dur en affaires pour les droits d'auteur de ses oeuvres, et bien sûr que c'est un homme constamment dans le doute, celui qui écrivait « Je ne suis pas quelqu'un de très bien. Parfois généreux et bon et gentil et parfois méchant et brusque », se séparera de sa femme Carol, peu après l'écriture du roman, une Carol pourtant indispensable dactylo des « Raisins de la colère » (c'est même elle qui en avait trouvé le titre), mais une femme usée, peut-être par le rythme de vie de l'écrivain.

On apprend que celui qui redoutait tant la notoriété s'est inspiré des personnages de DOSTOÏEVSKI que par ailleurs il admirait, pour les héros des « Raisins de la colère ».

Un bouquin passionnant pour d'une part approfondir l'oeuvre et l'homme, mais aussi pour se rendre mieux compte du travail réel quotidien effectué sur un livre, l'auteur et ses proches qui y laissent des plumes, les moments de découragement comme ceux (plus rares ici) de la satisfaction. Curieux comme un homme cherche à se recroqueviller jusqu'à ne plus appartenir qu'à son oeuvre tant qu'il travaille dessus. Étonnant de constater autant de douleurs physiques, mais aussi les dates butoir que l'écrivain s'est imposées, la difficulté de les respecter. En fin de volume sont proposés des fac-similés. Un ouvrage très instructif sorti début 2019 aux éditions Seghers.

https://deslivresrances.blogspot.fr/
Lien : https://deslivresrances.blog..
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Votre Bestiole nationale a enfin pu lire les carnets que John Steinbeck a tenus pendant et après sa rédaction des "Raisins de la colère".
Je dis enfin car le mari a cédé et l'a commandé d'occasion pour moi.

Bref, après avoir lu le roman, et binge watché le documentaire Arte sur le "Dust Bowl" (les docu Arte c'est trop la vie), il FALLAIT que je lise ce journal de bord.

Alors...si comme moi vous pensez en apprendre plus sur les gens et la situation sur lesquels il écrit, non.
Par contre sur le processus d'écriture d'un écrivain : sur ses difficultés, sa fatigue, sa rigueur, sa paresse, sa planification des scènes et sa construction des personnages, oui !

En plus de ça, on a un peu de l'intimité et de la vie privée de John Steinbeck et même si j'ai dû me référer aux notes pour savoir qui étaient la majorité des gens dont il parlait, j'étais contente d'apprendre qu'il était copain avec Charlie Chaplin et qu'il a aidé Hoover a écrire certains de ses discours !

Cela reste un journal privé donc John se plaint beaucoup, ou du moins parle beaucoup, du temps dont il manque, du temps qu'il prend à écrire, du temps qu'il perd à faire autre chose, de sa fatigue, de ses obligations sociales, de ses soucis...

J'ai dévoré ce petit journal en une bonne après-midi, pas convaincue à 100% mais assez intéressée pour ne pas pouvoir le lâcher et pour supporter d'avoir un doigt coincé au milieu du livre pour pouvoir revenir aux notes toutes les 15 lignes (si si, les notes tiennent la moitié de l'épaisseur du livre). #teamnotesdebasdepage
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critiques presse (1)
Liberation
28 février 2019
Jours de travail, carnet de bord tenu en 1938 par le romancier américain durant l’écriture des Raisins de la colère, décrit les cinq mois de gestation de son futur chef-d’œuvre et témoigne des difficultés qu’il a dû surmonter au quotidien.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le problème quand on est trop décontracté avec un manuscrit, c'est qu'on n'avance pas. Pour l'écriture, l'habitude semble une force bien plus efficace que la volonté ou l'inspiration. Par conséquent, il doit y avoir une certaine qualité de véhémence jusqu'à ce que l'habitude d'un certain nombre de mots se soit mise en place. Il n'y a pas la moindre possibilité, chez moi au moins, pour que je dise : "Je le ferai si j'ai envie." On n'a jamais envie de se réveiller tôt, jour après jour. En fait, à la moindre excuse, personne ne va travailler. Le reste est absurde. Peut-être qu'il y a des gens qui peuvent travailler comme ça, mais pas moi. Je dois poser mes mots chaque jour, qu'ils soient bons ou non. Et j'ai un peu peur qu'ils ne soient pas bons. Cependant, ils sont écrits. Le travail forcé est parfois meilleur que le travail aisé, mais il n'y a pas de règles à ce sujet. Parfois, ils sortent mieux qu'à d'autres moments et c'est tout ce qu'on peut dire.
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Maintenant, au travail. Les week-ends, j'ai toujours le sentiment de perdre mon temps. Et je suis terrifié à l'idée que, à cause d'une maladie ou de je ne sais quoi, le travail puisse s'arrêter. Une fois que la première version sera terminée, tout ira bien parce que quelqu'un pourra la lire, même si j'ai disparu du tableau. Mais je dois finir cette première version tout simplement. Dois éviter toute influence extérieure. Dois durcir ma position à l'égard de tant de choses à présent. Une fois que ce sera terminé, je pourrai prendre du repos, j'espère. Mais je n'ai pas vraiment beaucoup travaillé depuis deux ans- pour moi, je veux dire. Selon le décompte des mots, plus que la plupart, mais pas pour moi. Une fois que ce livre sera fini, je ne me soucierai plus de savoir dans combien de temps je mourrai, parce que mon œuvre majeure sera terminée. Aujourd'hui se présente l'enterrement dans la nuit de Grand-père. Ce sera le travail de la journée entière. Et cela achève toute une partie du livre. Il faut que ce soit bon, plein d'ampleur et d'accomplissement. Et ce sentiment doit y figurer. Doit. J'ai l'impression d'employer le mot « doit » plus que n'importe quel autre. C'est un bon mot en tous cas; je n'ai rien contre. Le force du cérémonial populaire.

Bien. C'est fait et Grand-père est seulement à moitié enterré.

Demain est.
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Il faut que ce soit un bon livre. Il doit l'être tout simplement. Je n'ai pas le choix. Il faut que ce soit, de loin, le meilleur truc que j'aie jamais tenté— lent mais sûr, empilant détail sur détail jusqu'à ce qu'une image et une expérience émergent. Jusqu'à ce que tout le truc palpitant émerge. Et je peux le faire. Je me sens assez fort pour ça.
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Et maintenant je suis prêt à aller travailler et je suis content d'entrer dans d'autres vies et d'échapper à la mienne pour un temps.
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