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EAN : 9782917751664
112 pages
Editions Isabelle Sauvage (01/04/2016)
4.88/5   4 notes
Résumé :
Je rêve que je vis ? Libérée de Bergen-Belsen est un document exceptionnel à plusieurs titres.
Ceija Stojka relate quatre mois passés à Bergen-Belsen, début 1945 (le camp est libéré le 15 avril) et les mois qui ont suivi. Elle avait déjà évoqué ses différents internements, mais, au cours de l’été 2004, lors d’entretiens menés par Karin Berger, qui lui avait déjà consacré un documentaire en 1999, c’est particulièrement sur Bergen-Belsen que se fixent ses souve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Parler de ce livre, c'est déjà le trahir.

Le résumer, le commenter, c'est voler la parole rare, unique, d'une Romni de onze ans dans un camp de la mort, le troisième et dernier en deux ans.

Ceija Stojka, en libérant enfin sa parole à 55 ans ,dans son dialogue avec Karine Berger. retrouve ses mots d'enfant.

Elle dit l'indicible avec une sincérité, une innocence, une force qui laisse sans voix.

Sans haine, avec un étonnement mêlé de pitié pour ces bourreaux qui n'avaient pas, comme elle, un peuple plein de sève et une mère pleine d'amour pour la porter, la protéger.

Inoubliable et poignant.
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Un tout petit ouvrage mais une grosse claque.

Transcription d'un entretien avec la cinéaste Karin Berger, Ceija Stojka s'exprime dans une langue simple, à la syntaxe et à la concordance des temps cabossées, qui nous plonge dans ses images d'enfance et sa souffrance intérieure qui ne la quittent pas 50 ans après les faits.

Après Auschwitz et Ravensbrück, Ceija Stojka se retrouve à Bergen-Belsen.
« Par chance », elle est avec sa mère. Elle a 11 ans. Elle vit dans des camps depuis l'âge de 9 ans.

A Bergen-Belsen, les cadavres sont autant ses amis que ses alliés : elle s'occupe à leur fermer les yeux et la bouche, à les mettre face vers le ciel ; ils la protègent du vent, lui offrent leurs guenilles qui couvrent un peu ou qui coupent la faim.
Les « menus » ont de quoi ulcérer, concoctés par la débrouille et l'instinct de survie.

La libération du camp : un rêve, une hallucination.
La vie recommence. le retour à Vienne, les retrouvailles hasardeuses, la lutte pour recommencer sa vie.

Aucune volonté de vengeance, trop de respect pour l'humain, mais un traumatisme perpétuel indicible, tellement plus profond et incrusté dans l'être que n'importe quels mots et images ne sauraient dire, que ce soit cet entretien ou son recueil de poèmes « Auschwitz est mon manteau » où elle en résume le principe :
« Auschwitz est mon manteau,
Bergen-Belsen ma robe
et Ravensbrück mon tricot de peau. »

Elle nous fait entrapercevoir l'horreur, et c'est déjà insoutenable, on imagine sans mal son indicibilité, sa profondeur, son épaisseur, son intrication dans chaque fibre du corps et de l'âme de chaque survivant.

A lire.
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Je me retourne et j'y suis de nouveau

Dans la littérature consacrée aux camps de concentration, ce livre est un peu à part. Pour au moins deux raisons.

Ceija Stojka est rom et la destruction des roms par l'Etat nazi est souvent oubliée (voir par exemple : Morgan Garo : Les Rroms, une nation en devenir ?, Syllepse)
Quant à la seconde raison… la lectrice et le lecteur comprendront dès les premières lignes. Il s'agit d'un récit humain qui vous saisit à la gorge et vous plonge dans ce que Karin Berger, dans son avant-propos, nomme « des images d'une force magique »

« Moi et ma mère, la Tschiwe et le Burli, la Ruppa, nous on a vu ça ». Bergen-Belsen. Avant c'était à Vienne, les Gadjé…

Les camps, « Quand on est arrivés là-bas, derrière ces barbelés tous neufs, qui scintillaient au soleil, les morts, c'est la première chose qu'on a vue ». Les morts aussi comme abri du vent, comme couverture, « S'il n'y a avait pas eu les morts, on serait morts de froid ». le camp, « C'était un camp pour nous pour crever ». Les nazis et leur peur du typhus ou de la gale. La faim, « On mangeait aussi des lacets de cuir et on avalait de la terre. Quand il n'y a plus rien, tu manges tout, aussi des vieux chiffons ! ».

La colline de cadavres, les vivants et les cadavres, manger, « Je peux pas décrire cette misère et de dégoût et cette odeur comme c'était vraiment », avaler des feuilles, passer ce temps, « quand tu sais que rien ne viendra, que tu n'as rien à attendre, alors il faut t'inventer ton propre calendrier ».

Auschwitz, Ravensbrück et Bergen-Belsen.

Le danger, la peur pour tes proches. « Tout nous était interdit dans cette société, sauf de mourir »…

La libération, les chariots de cadavres, contourner les tas de morts, de la nourriture, les Anglais, les questions, « Non, on ne peut pas le raconter ».

Manger, perdre la vue, « Les soldats qui nous touchaient pour savoir si on était vrais, si on était vivants ! », l'évacuation…

« Des deux cents qu'on avait été dans cette section du camp, on était peut-être quarante à survivre. Et après la Libération, ça s'est réduit encore. A la fin on n'était plus que vingt-cinq ou trente à en être vraiment sortis. Les autres sont encore morts à cause de l'alimentation subite »…

Le long chemin du retour, « On continuait à trembler quand on voyait un nazi en tenue », les maisons vides, les gens en chemin, « Tu sais seulement que tu mets un pied devant »…

Se retrouver, sous le pont de Urfahr, plein de Roms là-bas. Trois ou quatre mois pour rentrer dans Vienne, les rues où il n'y avait que « des hommes âgés et des femmes et des enfants », les retrouvailles…

Et toujours, « Tu peux laver et frotter autant que tu veux, ça ne sert à rien, tu es une Romni, tu es un Rom, ça te restera toujours, et c'est aussi bien comme ça »

La mémoire, la petite épluchure de Bergen-Belsen, l'odeur arrive, les trains arrivent. « Pour moi c'est comme si c'était toujours juste derrière moi. Je me retourne et j'y suis de nouveau ».
Lien : https://entreleslignesentrel..
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C'est un tout petit livre discret et élégant des éditions Isabelle Sauvage qui vient nous parler du pire vécu par Ceija stojka, petite fille Rom de onze ans dans les camps nazis, qui raconte son quotidien au pied des montagnes de cadavres à Bergen-Belsen en 1945, comment elle survécut et sa vie ultérieure porteuse de tels souvenirs. Et ce petit livre qui raconte l'atroce est néanmoins lumineux, parce que la manière dont Ceija Stojka se confie est merveilleuse.
Si l'enfant tentant de survivre en compagnie des morts a pu structurer son imaginaire dans le plus élevé des respects du Vivant, c'est grâce à la présence protectrice d'une mère trasmettant à tout instant les valeurs de sa culture. La voix de l'adulte advenue, en 2005, est d'une puissance éclairante dans tous les sens du terme.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Quand tu es seul, alors ça t'enveloppe. Parfois, la douleur tourne à la mélancolie. D'abord c'est la douleur, et puis ça devient si mélancolique que je pourrais fondre en larmes. Mais après, je sens le lien avec les miens, avec mon peuple, même si on a été tellement dispersés. Ce que les parents ont donné, c'est tellement puissant que ça te porte encore. Ils sont juste devant nous, mais ils sont toujours là.
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S'il n'y avait pas eu les morts, on serait morts de froid. Ma mère disait: " Mieux vaut se glisser avec les morts, tu seras à l'abri du vent, et de toute façon, tu n'as pas peur!" Alors je me suis glissée là-dedans, la tête dehors et les pieds dedans. Il faisait bien chaud à l'intérieur.
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On mangeait aussi des lacets de cuir et on avalait de la terre. Quand il n’y a plus rien, tu manges tout, aussi des vieux chiffons !
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L'eau, j'allais la chercher alors au fil barbelé. Tu voyais la goutte, tu y allais avec la bouche, la prochaine se libérait et se mettait à couler. Une vraie belle gorgée juteuse. La plupart des femmes faisaient comme ça. Sinon, on n'aurait pas pu survivre.
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Des deux cents qu’on avait été dans cette section du camp, on était peut-être quarante à survivre. Et après la Libération, ça s’est réduit encore. A la fin on n’était plus que vingt-cinq ou trente à en être vraiment sortis. Les autres sont encore morts à cause de l’alimentation subite
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Videos de Ceija Stojka (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ceija Stojka
Pour ce dernier épisode du Printemps des enfants, Murielle Szac lit des poèmes de Ceija Stojka, traduits par François Mathieu et accompagnés par des gravures d'Olivia Paroldi dans le recueil "Le tournesol est la fleur du Rom" !
/ le tournesol est la fleur du Rom, Ceija Stojka & Olivia Paroldi, Éditions Bruno Doucey, coll. Poés'histoires, 2020.
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