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Pierre-Emmanuel Dauzat (Traducteur)
EAN : 9782226126177
368 pages
Albin Michel (01/06/2001)
4.11/5   19 notes
Résumé :
La génétique sur la piste de nos ancêtres. Histoire d'une stupéfiante découverte scientifique.
Bryan Sykes, scientifique mondialement connu pour ses recherches sur l'ADN et professeur de génétique à l'Université d'Oxford, nous fait partager, avec clarté et humour, une extraordinaire découverte.
Déjà célèbre pour son identification de l'Homme des Glaces et des Romanov, il nous révèle ici que nous descendons tous de sept femmes de la Préhistoire.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Brian Sykes, professeur de génétique humaine à l'université d'Oxford, nous livre ici un essai scientifique et biographique traitant en majeure partie du potentiel de l'ADN mitochondrial. Ce livre est une réelle déclaration d'amour à ce matériel génétique et on sent bien sa passion pour l'histoire de l'Humanité.

Le premier chapitre « Une parenté de l'Homme des glaces découverte dans le Dorset » introduit le sujet du livre en prenant pour exemple un corps trouvé dans les alpes suisses. Il introduit également la notion d'ADN génomique, ce même ADN qui est développé et défini dans le second chapitre « L'ADN : Qu'est-ce que c'est ? A quoi ça sert ? ».

Le chapitre 3 « Des groupes sanguins aux gènes », quant à lui, aborde un aspect historique de la classification génomique, baignant dans l'atmosphère de la guerre mondiale et de la classification raciale injustifiée. le quatrième chapitre « le messager spécial » quant à lui défini et développe l'ADN mitochondrial, matériel de choix pour la classification moderne du vivant.

Dans le chapitre 5 « le tsar et moi », l'auteur prend un exemple historique via la dernière famille tsarine de Russie. Il mène une enquête pour prouver via l'étude de l'ADN mitochondriale qu'il s'agit bien de leur identité et va plus loin en évoquant l'idée que lui-même a une parente proche de cette famille, comme nous tous d'ailleurs.

Les deux chapitres suivants, « L'énigme du pacifique » et « Les plus grands voyageurs », traitent d'un exemple : celui des polynésiens et de leurs origines controversés avant de s'attaquer vraiment, via le chapitre 8 « Les premiers européens », aux origines de l'Europe avec notamment au chapitre 9 la question « des derniers hommes de Neandertal ».

Les chapitres suivants sont forts intéressant car se focalisant sur l'Homo Sapiens. Après avoir détaillé les différentes périodes de la préhistoire dans « Chasseurs et Agriculteurs », il part dans l'optique de découvrir quels étaient nos ancêtre commun en tant qu'européen. Il nous fait découvrir la terrible rébellion qui a suivi la publication de ces travaux et confirment ses dires par l'étude de l'Homme de Cheddar dans « On ne s'amuse pas », le onzième chapitre.

Enfin, avant de partir dans la pure fiction, l'auteur parle d'un éventuel équivalent masculin à l'ADN mitochondrial maternel de par le chromosome Y dans un chapitre nommé « Adam se met de la partie ».
Les chapitres suivants traitent de chacune de nos ancêtres communes, nos mères européennes au nombre de 7 avant de s'étendre aux ancêtres mondiaux.

Ce livre est pédagogiquement parlant très bien pensé. Des figures agrémentent les discours du chercheurs, il prend plaisir à nous dévoiler les secrets de la recherche, répètent souvent les choses de façon à rester simple et clair sans trop dénuer de sens les notions. Ce livre s'adresse à toute personne qui s'intéresse de près ou de loin à la génétique et à nos ancêtres. Nul besoin d'avoir un niveau élevé en biologie moléculaire. de plus, un aspect historique est fort présent dans ce livre ce qui est rend le livre très passionnant.

Je mettrais juste un petit bémol sur les derniers chapitres qui mêlent fictions et recherche scientifique. L'auteur tente de nous relater la vie de nos 7 mères ancestrales sans vraiment rendre son récit passionnant. Ainsi lire 80 pages de survie, de chasse, de migration qui ont tendance à se répéter pour chaque ancêtre devient vite lassant et on finit par survoler les pages pour que ça passe plus vite.

Ainsi ce livre est un livre personnel, où l'auteur n'hésite pas à prendre parti sur des sujets tel que les races et les côtés sombres de la recherche ce qui rend son discours très intéressant. Mais c'est aussi un livre bourrés de notions sur la génétique moléculaire et la classification. Un livre que je recommande fortement.

Je vous livre une petite chronologie des événements relatés dans le livre, notes que j'ai prise au cours de ma lecture et qui pourrait peut-être vous être utile.

CHRONOLOGIE
• - 250 000 ans : Ancêtre commun de Sapiens et Neandertal
• - 45 000 ans : Ursula, ancêtre de 11% des européens
• - 25 000 ans : Xénia, ancêtre de 6% des européens
• - 20 000 ans : Helena, ancêtre de 47% des européens
• - 17 000 ans : Velda, ancêtre de 5% des européens
• - 17 000 ans : Tara, ancêtre de 9% des européens
• - 15 000 ans : Katrine, ancêtre de 6% des européens
• - 10 000 ans : Jasmine, ancêtre de 16% des européens
• 1628 : Première transfusion sanguine en Europe
• 1660 : Expérimentation de transfusion par Richard Lower
• 1848 : Homme de Gibraltar
• 1856 : Homme de Neandertal
• 1860 : Mendel et ses expériences sur les pois
• 1868 : Homme de Cro-Magnon
• 1875 : Leonard Lanois mélange les « types de sang »
• 1900 : Découverte des groupes sanguins par Landsteiner
• 1903 : Homme de Cheddar
• 1918 : Classification des peuples via les groupes sanguins par Herscheld
• 1940 : Découvert des rhésus par Wiener et Landsteiner
• 1950 : Prise en compte des groupes rhésus pour la classification par Boyd et Fisher
• 1953 : Watson & Crick découvre la structure de l'ADN
• 1962 : Prix Nobel pour Watson & Crick
• 1965 : Les « Arbres de population » par Edward
• 1986 : Début de l'étude mitochondriale des os anciens par Brian Sykes
• 1987 : Etude de l'ADNm par Allan Wilson pour constituer des « Arbres de gènes »
• 1989 : Publication des travaux sur les os anciens par Brian Sykes
• 1990 : Etude mitochondriale sur le Hamster Doré
• 1990 : Etude des origines du peuple polynésien par Brian Sykes
• 1991 : Etude de la généalogie des tsars avec l'ADNm par Brian Sykes
• 1992 : Etude sur un croisement éventuel entre Sapiens et Neandertal
• 1993 : Homme de Boxgrove
• 1994 : Travail sur les débuts de l'agriculture néolithique par Brian Sykes
• 1995 : Publication des travaux sur les débuts de l'agriculture en Europe
• 1997 : Séquençage de l'ADN de Neandertal
• 1999 : Remise en cause de l'ADN mitochondrial
• 2000 : Etude du chromosome Y comme équivalent de l'ADNm
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Bryan Sykes est l'un des généticiens les plus connus de la planète ; c'est également l'un des plus controversés. Dans Les Sept Filles d'Ève, il nous raconte son parcours professionnel et comment il en est venu à travailler sur l'ADN ancien, avec la perspective de démêler les origines génétiques de l'Humanité. Après avoir passé en revue ses différents « exploits » qui l'ont rendu célèbres (l'Homme des glaces, l'affaire du tsar, la génétique océanienne), il présente sa thèse la plus controversée, celle d'où est tirée le nom du livre, à savoir celle portant sur les origines génétiques des populations européennes à travers le temps et l'histoire.

Avant de rentrer dans les détails de cette thèse, je dois dire que ce livre se lit comme un excellent roman. L'auteur, tout scientifique qu'il est, a une belle plume littéraire : il sait raconter des histoires, et on devine qu'il aime ça. La majorité des chapitres peuvent être qualifiés de vulgarisation scientifique, et c'est tout un art que de nous expliquer le fonctionnement de l'ADN mitochondrial en restant simple sans être simpliste. Il me semble que Sykes y arrive très bien, et même avec beaucoup d'humour. J'ai trouvé la lecture de ce bouquin tout à fait agréable.

La spécialité de Sykes est de travailler sur l'ADN mitochondrial. Qu'es aquo ? Alors que la majeure partie de l'ADN est concentré dans le noyau de chaque cellule, une petite partie se trouve en dehors : c'est l'ADN mitochondrial qui a pour fonction de permettre l'assimilation d'oxygène. Outre son emplacement, l'ADN mitochondrial a une particularité très utile pour les généticiens : il se transmet à l'exact identique d'une génération à l'autre dans les lignées maternelles. Alors que chaque individu a un bagage génétique mixte, mélange de l'apport de son père et de sa mère, la petite partie mitochondriale est seulement issue de sa mère, qui l'avait elle-même reçue identique de sa mère, etc. Je dis « identique » mais ce n'est pas tout à fait vrai : il arrive qu'une mutation survienne, mais c'est extrêmement rare – une fois tous les 10000 ans en moyenne. Grâce à cette particularité, cette stabilité remarquable, les généticiens peuvent remonter le temps à la recherche de nos origines en comparant les ADN mitochondrial d'individus modernes avec des squelettes anciens, voire très anciens (en comptant le nombre de mutations survenues, on peut dater approximativement ; en regardant la distribution géographique de chaque mutation, on a une idée des voyages effectués par nos ancêtres). Voilà les recherches de l'équipe de Sykes.

Une longue partie de l'ouvrage est consacrée à l'explication du fonctionnement et des atouts de cet ADN mitochondrial. Ensuite, Sykes revient sur ses différents « tests » de cet outil génétique pour mesurer les déplacements antiques de populations : il est appelé pour étudier l'Homme des glaces des Alpes italiennes, puis travaille sur la famille disparue des tsars russes, et enfin sur le peuplement de l'Océanie. À partir de la 137e page, il s'attaque enfin au problème des origines de l'Europe.

Les résultats surprenants de Sykes ont fait sa célébrité, mais aussi toute la polémique. Il soutient que les 3/4 des individus européens du 21e siècle ont une descendante maternelle en ligne directe issue des chasseurs-cueilleurs du paléolithique. Pourquoi est-ce si choquant ? Parce ce que jusqu'à présent on considérait que les chasseurs-cueilleurs du paléolithique avait été « submergé » (c'est le mot souvent utilisé) par des nouveaux-venus originaires du Moyen-Orient, ceux-là même qui avaient inventé l'agriculture. Quand je dis « on », c'est à la fois les généticiens et les archéologues. Quand Sykes a présenté ses résultats, il a donc remis en cause ce qui était presque un dogme. Grâce à ses études sur l'ADN mitochondrial, Sykes nous dit que les agriculteurs du Moyen-Orient n'ont absolument pas « submergé » une Europe nomade : ces paysans se sont seulement installés le long des deux couloirs de circulation connus de longue date, à savoir le long des cotes méditerranéennes pour le groupe dit des « Cardiaux », et le long du Danube vers l'Europe du Nord pour le 2e groupe. On trouve aujourd'hui encore une composition génétique légèrement différente le long de ces deux axes. Mais pour le reste, c'est l'IDÉE de l'agriculture, et non les agriculteurs en personne, qui s'est fait une place de choix en Europe. Pas de colonisation massive donc ni de remplacement total de population, mais juste une innovation technologique (en fait l'invention d'un nouveau mode de vie sédentaire qui allait changer à jamais la face de la Terre) qui a vite parcouru le continent grâce au dense réseau d'échanges entre les tribus de chasseurs.

À partir de là, Sykes identifie 7 « clans », au sein duquel tous les individus partagent le même ADN mitochondrial – 90% des Européens entrent dans l'un ou l'autre de ces clans. C'est-à-dire que si l'on remonte le long des lignées maternelles (ta mère, puis la mère de ta mère, et la mère de la mère de ta mère, et comme ça sur des milliers de générations) on tombe à l'extrémité sur seulement 7 femmes. Non pas qu'il y ait eu par le passé seulement 7 femmes, mais que sur une échelle de plusieurs dizaines de milliers d'années il existe juste 7 lignés maternelles ininterrompues. Les autres se sont éteintes « en cours de route » dans les méandres de l'histoire. En comparant ces ADN avec une multitude de squelettes préhistoriques, Sykes parvient à la conclusion que 6 de ces clans ont une ancêtre commune qui vivait au paléolithique (une chasseuse-cueilleuse), et 1 seul clan est le résultat de l'arrivée des agriculteurs au début du néolithique.

Dans les dernières pages, Sykes se plait à imaginer quelle aurait pu être la vie de chacune de ces 7 femmes à l'origine d'un clan contemporain. Il quitte alors volontairement le domaine scientifique pour imaginer, d'une façon littéraire, la vie quotidienne de ces lointaines ancêtres (même s'il se base sur des données archéologiques).

Sykes est controversé parce que sa thèse contredit ce qui était tenu pour acquis par les autres généticiens, ainsi que par de nombreux archéologues. Je ne suis pas assez compétent pour trancher entre les deux camps, évidemment. Je ne peux m'empêcher pourtant de trouver sa thèse séduisante, même si elle suppose que les chasseurs-cueilleurs, après s'être sédentarisés eux-même suite à leurs contacts avec d'autres groupes, aient vu leur population s'accroitre soudainement et considérablement en l'espace de quelques siècles. Ce qui n'est pas impossible du tout, même si l'hypothèse d'une arrivée massive de colons étrangers semble expliquer plus simplement l'explosion démographique.

Mais Sykes est controversé également parce qu'il propose, via un site Internet, de découvrir de laquelle des 7 « filles d'Ève » nous descendons. Il suffit de payer (beaucoup), et il nous envoie de quoi faire un test ADN. Alors, Sykes se fait-il du fric facile sur le dos de la quête d'identité des Européens ? Ou a-t-il trouvé le moyen parfait pour récolter à grande échelle de l'ADN mitochondrial utile à ses recherches (et à la science) ?
Le débat reste ouvert !
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la génétique sur la piste de nos ancêtres.
Ce livre nous montre comment l'histoire de notre espèce, est inscrite dans les gènes qui nous permettent de remonter jusqu'à nos lointains ancêtres, bien au-delà de l'apparition de l'écriture et des pierres gravées.
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Instuctifs et ettonant. Un parcourt genealogique, anthropologique à travers notre ADN.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Ces histoires et d'autres de même nature privent l'idée même de race de toute base biologique. [...] Nous sommes tous le fruit d'un brassage ; nous sommes tous apparentés. Chaque gène, par un voyage différent, nous ramène à un ancêtre commun. Tel est l'héritage tout à fait extraordinaire que nous avons reçu des Hommes qui nous ont précédés.
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Il est vrai qu'il y a eu des mâles particulièrement prolifiques. Le record du monde est Moulay Ismaïl, roi du Maroc, qui en 1721, à l'age de quarante-neuf ans, avait eu sept cent fils, et probablement autant de fille. Comme il vécut six années de plus, sans doute en eut-il davantage encore. La femme la plus prolifique arrive loin derrière : Feodora Vassilievnan une russe qui eut soixante neuf enfants entre 1725 et 1765. Ce furent à chaque fois des naissances multiples : elle eut seize fois des jumeaux, sept fois des triplés et quatre fois des quadruplés. De ce point de vue, également, ce fut donc une femme exceptionnelle.
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Deux personnes quelles qu'elles soient, prises dans votre famille, dans votre ville, dans votre pays, voire dans le monde, sont toujours liées par leur mère et les mères de leur mère à une ancêtre maternelle commune. Toute la différence porte sur un point : à quelle époque cette femme a-t-elle vécu ?
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Quels qu'en aient été les mécanismes et les raisons, l'Homo sapiens a entièrement remplacé les autres espèces humaines à travers le monde. Quand le dernier des Hommes de Neandertal s'est éteint, il y a 28 000 ans, il ne restait qu'une seule espèce d'hommes pour gouverner la planète. La nôtre.
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Ils ont voyagé par-delà les terres et les mers, les montagnes et les forêts. Du plus puissant au plus faible, du plus fabuleusement riche au plus démuni, nous portons tous dans nos cellules les survivants de ces fantastiques voyages : nos gènes. Nous devrions en être très fiers.
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