Femme de Porto Pim et autres histoires est un recueil de courts textes d'
Antonio Tabucchi, inspiré d'un voyage qu'il effectua aux Açores.
Antonio Tabucchi nous offre ce livre qui n'est pas à proprement dit un journal de voyage, mais plutôt une variation, une déambulation dans un univers tour à tour imaginaire, réel, culturel...
L'ensemble ressemble à un archipel avec son harmonie, ses dissonances, ses digressions, mais surtout sa poésie étrange où le chagrin affleure le désir.
Un archipel composé d'îles, de villages faits de lave, de baleines et de baleiniers, de naufrages, d'amours perdues et de chants mélancoliques qui sont comme autant de lamentations que le soir emporte vers le large...
Ici longtemps les Açores furent liées aux baleines et à l'activité de la chasse à la baleine.
Mais au moment où l'écrivain pose le pied sur quelques îles composant les Açores, les baleiniers sont un peu une race en voie de disparition, tout comme les baleines d'ailleurs...
Comment déjà ne pas se laisser étourdir par l'enchantement de ce premier voyage que nous offre la première nouvelle du livre, Hespérides rêve en forme de lettre, promenade dans une ville qui se veut à la fois onirique, chimérique, puis terriblement réelle...
Plus tard l'écrivain s'invite même à une chasse à la baleine, qui n'est pas s'en rappeler le mythique Moby Dick, j'ai trouvé cette scène du recueil à la fois saisissante et insoutenable.
L'écriture de l'écrivain est délicate, poétique, son érudition accompagne son voyage pour ne rien laisser au bord du chemin, pour mieux comprendre ce bel archipel et nous partager avec générosité ces bribes capturées dans des textes historiques, récits de légendes et littérature, qui font des baleines et des baleiniers des êtres à la fois temporels et intemporels...
Comme souvent chez
Antonio Tabucchi, certains récits semblent inachevés. Parfois c'est dans leur inaccomplissement que les histoires impossibles sont les plus belles.
Nous sommes ici tour à tour Jonas, Quequeg, Ismaël et le capitaine Achab.
Antonio Tabucchi nous rappelle que parfois certaines de nos vies ont pu être des naufrages, mais lorsque nous sommes rejetés par la mer, le rivage est une manière peut-être de rendre cette île possible...
Regarder les hommes du point de vue d'une baleine n'est pas sans ironie non plus, où se mêle une petite pointe de tristesse aussi.
J'ai été définitivement harponné par la dernière nouvelle, ma préférée, confession sublime et pathétique d'un chagrin d'amour, qui donne son titre au recueil, où se mêlent la passion, l'inquiétude, la sensualité, dans un chant poétique, douloureux et tragique. Ces dernières pages sont un brasier, tandis que l'agonie des dernières baleines emportent nos rêves vers le large.
C'est un texte fascinant au ton inoubliable.