L'auteur universitaire américain, historien de formation s'empare de cet évènement important de la Révolution française : la fuite à Varennes du roi
Louis XVI en juin 1791.
Dans une première partie, il décrit le climat général de la France; les conditions et les préparatifs de la fuite; le détail des évènements successifs du voyage du Roi et des membres de sa famille de Paris à Varennes lieu de l'arrestation de la diligence royale sur la route des frontières de l'Est.
Cette description est minutieuse, la narration et le style sont proches d'un document d'investigation policière, la relation des faits et leur chronologie sont rapportées avec concision.
La deuxième partie s'intéresse à l'impact de l'évènement dans le temps et l'espace sur la société française.
L'auteur analyse les effets politiques et sociaux, s'appuyant sur les journaux de l'époque, sur les archives des parlements régionaux; il déroule la trame de l'évolution de la diffusion des informations au fil des jours, des semaines et des mois, et son incidence dans les différentes régions du royaume.
Cette analyse passe en revue des thématiques historiques importantes : l'état de l'édition et de la diffusion de la presse; les avis et les comportements des parlements régionaux; l'état de l'opinion publique et de ces différentes composantes sociales; les lois promulguées et les opinions du Roi et de son gouvernement dans la période post-Varennes.
Dans la dernière partie, l'auteur retrouve pleinement sa fonction d'historien en avançant une théorie sur la survenance de la Terreur dans la Révolution française. Pour lui, la Terreur n'était pas inéluctable, elle serait la conséquence des comportements du Roi et de la noblesse de haut rang durant la période post-Varennes (2ème semestre 1791 -année 1792) où à plusieurs occasions symboliques le Roi n'a pas répondu aux attentes du peuple qui majoritairement souhaitait le maintien de la Royauté (avec bien sûr des changements dans l'exercice du pouvoir).
Cette théorie diffère de celle très répandue qui privilégie comme cause première de la montée de la Terreur les luttes fratricides des groupes révolutionnaires les plus radicaux pour la prise du pouvoir.
L'intérêt et le plaisir de lecture de ce magistral essai viennent de l'utilisation par l'auteur d'une narration et d'un style adaptés à chaque partie : une enquête policière minutieuse, puis une analyse politique et sociologique de la France révolutionnaire après Varennes, en fin une théorie historique.