Harceleur

En 2034, Quentin Lamart s'apprête à passer une soirée TV tranquille en compagnie de sa femme et de leur fils de treize ans Lucas, quand un flash info vient faire voler en éclat ce paisible tableau. Marilou, une jeune collégienne, a mis fin à ses jours après avoir été trop longtemps victime de harcèlement scolaire. La France est une fois de plus pétrifiée. Comment de tels drames peuvent-ils encore survenir ? Personne n'a-t-il donc rien fait pour lui venir en aide avant qu'il ne soit trop tard ? Quentin peine à encaisser le choc, cela fait remonter en lui des souvenirs qu'il aurait préféré ne jamais avoir emmagasinés. Pourtant, devant l'attitude un brin nonchalante de son fils, il décide d'éteindre l'appareil pour livrer son propre témoignage. de harceleur en harcelé, Quentin a effectivement une très bonne vue d'ensemble sur le sujet. Pour le meilleur et pour le pire…

Ce roman est divisé en trois parties. Dans la première, « le Bourreau », nous retrouvons Quentin à la rentrée de sa classe de 5ème. En compagnie de son ami Cédric, une brute épaisse sans une once d'empathie, il s'amuse à tourmenter les plus vulnérables. Moqueries, bousculades dans les couloirs, vols, biens jetés dans les toilettes de l'établissement, coups et blessures dans les vestiaires… Tout est prétexte à ennuyer les autres, ricaner et se sentir tout puissants. Marvin, adepte de danse classique, en fait maintes fois les frais.

Dans la seconde partie, « La Victime », Quentin fait comme qui dirait l'expérience d'un retour de karma. Cédric a déménagé au cours de l'été et Quentin se retrouve seul en 4ème, isolé du reste de sa classe qui a trop fait les frais de son comportement l'année précédente. Quand l'un de ses camarades décide d'inverser les rôles en prenant Quentin et son début d'embonpoint pour cible, personne ne s'y oppose. Ne récolte-t-il pas ce qu'il mérite, après tout ? Goûtant à sa propre médecine, Quentin réalise alors la cruauté dont il a pu faire preuve par le passé et se remet progressivement en question tout en encaissant, encore et encore.

Dans la dernière partie, « le Héros », Quentin n'est plus ni bourreau ni victime. En cette année de 3ème, il a gagné en maturité et est bien décidé à faire peau neuve. À renouer avec celui qu'il est vraiment, loin de l'influence des autres. Quand il surprend ses anciens tortionnaires aux prises avec un élève plus jeune, il prend le risque de s'en mêler pour que cesse enfin cette spirale infernale.

Si les dialogues entre Quentin et Lucas semblent parfois un peu didactiques et peuvent en cela manquer de naturel, cet ouvrage sonne vrai. À travers ces différents flashbacks, Arthur TÉNOR décortique les mécanismes du harcèlement scolaire. L'effet de groupe, l'opportunisme, la peur de devenir un dégât collatéral en refusant de rester simple témoin des faits et en s'interposant, la méchanceté gratuite parce que c'est facile, l'ennui, le désir fou de se mettre en avant à n'importe quel prix, l'impuissance, la peur, l'isolement, la persécution, les dénonciations, les représailles, les nerfs qui lâchent… L'auteur nous montre les différentes facettes d'un même phénomène et je l'ai trouvé très juste dans son propos. On sent qu'il y a un véritable travail de fond derrière ce récit, une volonté de faire changer les choses. Pas tant en montrant aux victimes de harcèlement qu'elles sont entendues, elles n'ont pas besoin de revivre le drame qu'elles ont enduré en s'y replongeant entre les lignes d'un roman, mais en bousculant les harceleurs. En leur faisant prendre conscience de la portée de leurs actes et en les interrogeant sur les raisons qui les poussent à agir ainsi. Loin de toute fatalité, Arthur TÉNOR nous montre qu'il est possible de s'en sortir sans se voiler la face. Il met de précieuses ressources à la disposition de ses jeunes lecteurs, à chacun de se les approprier. Un harceleur n'est pas forcément une brute sans coeur, encore faut-il qu'il ait le courage d'observer son reflet dans le miroir pour se demander si c'est vraiment ça, la personne qu'il souhaite incarner.

Ayant été assistante d'éducation dans un collège réputé difficile, j'ai souvent dû intervenir dans la cour sur ce genre de situations. Des élèves vulnérables pris à parti, physiquement, verbalement, parfois même derrière de sages sourires pour tromper son monde. D'autres qui crient au harcèlement à tort et à travers pour une simple dispute et que l'on retrouvera dès le lendemain bras dessus bras dessous avec la personne qu'ils dénonçaient à corps et à cris, le malentendu ayant été résolu. Les réseaux sociaux qui portent le phénomène à son paroxysme, en refusant tout répit aux élèves ciblés. le harcèlement s'incruste alors jusqu'au fond du lit, impossible d'y réchapper, de se ressourcer, de s'apaiser. C'est l'escalade avant la dégringolade. Ce livre aborde aussi la difficulté à faire bouger les choses, à démêler le vrai du faux, à confronter les différents points de vue pour comprendre et non juger, à trouver des sanctions adaptées, aptes à faire évoluer les mentalités plutôt qu'à alimenter les rancoeurs. L'auteur explore tout ceci avec brio en si peu de pages ! Ce court roman fera assurément un bon outil pédagogique pour sensibiliser les enfants de tout âge et rouvrir le dialogue avec les plus réfractaires.
Lien : https://dragonlyre.wordpress..

Un livre très utile et bien fait, pour aborder avec les plus jeunes (à l'école ou à la maison) le harcèlement et l'intimidation.

Le livre est divisé en trois sections qui nous donne chacune un point de vue différent sur les évènements.
La première section, où Quentin se rappelle sa 5e, quand il a lui-même été l'harceleur et la terreur de ses camarades de classe.
La 2e section, où Quentin était en 4e et où il a été victime d'un autre élève, au point d'en perdre le sommeil, au point de ne plus avoir envie d'aller à l'école.
Dans la 3e section, on retrouve Quentin qui se remémore sa 3e quand il était témoin du harcèlement d'un autre camarade et qu'il a décidé de prendre des mesures pour arrêter le harcèlement dans l'ensemble de son collège.

On a aussi droit aux pensées de l'homme qu'est devenu Quentin et qui repense à ses années de collège avec tout le bagage qu'il a acquis par la suite, comment il envisage les choses à posteriori.

C'est un petit roman très accessible, dès neuf ans et qui serait utilisable avec des élèves plus vieux pour discuter de cette thématique et les faire réfléchir aux conséquences. Un roman qui selon les paroles de l'auteur, a été écrit à l'intention les harceleurs, qui ne voient pas toujours les marques que leurs actes peuvent laisser.

Merci à #NetGalleyFrance et aux éditions Scrineo de m'avoir offert la chance de lire ce roman avant sa sortie en librairie.

Un très court roman qui devrait absolument être au programme obligatoire du collège.
Espérons que beaucoup de profs penseront à le proposer.
En guère plus d'une centaine de pages, tout est dit, quelques solutions abordées, et à la fin, l'auteur, puis un dialogue avec un proviseur, précisent certains points.
Je ne connaissais pas cette collection "Engagé" même si j'ai lu La Théorie du complot, du même auteur.
Je pense qu'elle est présente dans tous les CDI car c'est vraiment indispensable.
Ce thème du harcèlement est très récurrent en littérature jeunesse en ce moment, sans hélas qu'on n'en voit de solution. Mais ce roman-ci est vraiment à part à mon avis. Parce qu'il donne la parole à chaque partie, parce qu'il est court et factuel, parce qu'il pose le sujet de façon simple, évidente, tout en gardant le côté roman qui permet de le proposer à tout lecteur.

Dans ce roman, nous passons alternativement de 2034 à 2014.
Un soir de 2034, Quentin s'apprête à regarder un film en famille, avec sa femme et son fils Loïc, quand les infos annoncent le suicide d'une collégienne, suite à un harcèlement prolongé.
Malgré l'année, on n'a pas l'impression d'être dans la fiction, car hélas, en dépit de toutes les campagnes et les mesures, on voit bien que personne n'arrive à éradiquer ce problème, qui perdure au fil des années et des générations, s'accentuant même au gré des réseaux.
Si pour Loïc c'est une info perturbante mais hélas assez peu surprenante, la réaction extrême de son père ne laisse aucun doute : il se sent personnellement concerné.
Il va replonger dans des souvenirs douloureux qu'il avait, en partie involontairement, occultés.
On retourne donc en 2014, pour suivre Quentin, de la 5e à la 3e.
Je ne divulgâche pas plus que la 4e de couv' : Il s'est d'abord positionné du côté des harceleurs, ce qui est sans doute ce qu'il regrette le plus, et qui justifie sa forte réaction de ce soir de 2034.
Mais, quand son soutien "physique" l'a quitté, il se retrouve harcelé à son tour. Grâce à son ancien souffre-douleur, il franchira le pas pour aider les autres, d'abord au collège puis adulte.
Le livre ne s'éparpille pas sur d'autres thèmes, mais c'est cependant un vrai bon roman, pas un doc. On suit avec beaucoup d'intérêt ces jeunes collégiens, tentant des solutions vouées à l'échec, essayant de vivre malgré la menace toujours présente.

J'ai un seul petit bémol (oui, je sais, je trouve toujours quelque chose à critiquer !! Même, ou surtout, pour un livre qui me parait parfaitement réussi et indispensable, et donc qu'on voudrait parfait) : il me semble, mais c'est humain, que Quentin minimise son rôle d'harceleur : Certains le sont par pure méchanceté, lui a juste été entrainé. Ce qui est exact, vu comme il passera ensuite de l'autre côté de la barrière, mais qui ne minimise pas les effets sur les victimes.
Mais ce sera aussi l'occasion d'introduire des discussions sur le sujet.

Un indispensable donc, que je vais me dépêcher de proposer à l'achat à notre bibliothèque.
Lien : https://livresjeunessejangel..

Arthur Ténor, comme dans tous ses livres, est le témoin attentif de son époque. Il livre un récit nécessaire qui aborde avec justesse et sensibilité le harcèlement scolaire.

À travers le prisme original d'un adulte se remémorant ses années collège, l'auteur offre une approche originale de ce fléau social qui touche de nombreux jeunes. Jordan, un homme de 38 ans, est confronté à la dure réalité du harcèlement alors qu'il regarde un reportage sur le suicide tragique d'une collégienne. Cette triste nouvelle réveille en lui des souvenirs douloureux de sa propre expérience au collège. En revisitant son adolescence avec lucidité et honnêteté, ce père de famille nous offre un récit émouvant où la honte, la colère et l'envie de rédemption se mêlent.

Ce qui rend ce livre particulièrement intéressant, c'est la multiplicité des points de vue présentés. En nous invitant à suivre, à travers le même personnage, les perspectives du harceleur, du harcelé et du référent anti harcèlement, Arthur Ténor nous confronte à la complexité des relations sociales dans le milieu scolaire.
En 5ème, Jordan se trouve du côté des oppresseurs, participant activement au harcèlement de Marvin, un camarade de classe timide et différent. Ce portrait sans concession nous confronte à la cruauté aveugle de l'adolescence, où la moindre différence peut devenir le prétexte à des persécutions insensées. Cependant, le vent tourne pour Jordan lorsqu'il devient, en 4ème, à son tour la cible d'un autre harceleur. Confronté à l'isolement et à la souffrance, il réalise l'ampleur des dégâts causés par ses propres actions. Cette prise de conscience marque un tournant dans sa vie et le pousse à agir. En 3ème, Jordan décide de prendre position contre le harcèlement. En s'associant avec Marvin, devenu depuis un ami, il met en place une cellule anti harcèlement au sein du collège, en collaboration avec les autorités. Cette démarche courageuse et altruiste montre que chacun a le pouvoir de changer les choses, même après avoir commis des erreurs par le passé.

Accessible à tous, ce court roman invite chacun à se questionner sur ses propres comportements et à agir pour un monde plus bienveillant et solidaire. A noter, en fin d'ouvrage, une interview avec un principal de collège qui apporte un regard de professionnel.

Harceleur
Arthur Ténor
Scrinéo
Date de Parution : 21 mars 2024
Un grand Merci @netgalleyfrance et @scrineo pour le SP numérique
Note : 5 / 5 💚

Résumé :

Une approche originale où un adulte se rappelle de ses années collège où il a été successivement harceleur, harcelé et protecteur.
Quentin ne peut pas dire que ses années collège furent un long fleuve tranquille.
Pourquoi ? Parce qu'elles furent marquées par le sceau du harcèlement sous toutes ses formes ! Il en a exploré
toutes les facettes, comme bourreau, comme victime et comme protecteur…
Alors, s'il en est un qui peut vous en parler, c'est bien lui. Il a compris bien des choses de ce qui peut pousser un adolescent à en tourmenter un autre.

Avis :

✒Un roman jeunesse qui aborde le harcèlement scolaire sous un double oeil, l'harceleur qui devient harcelé, et qui des années plus tard le raconte avec plein de remords.
✒J'ai beaucoup aimé ce roman, son écriture qui nous délivre un message précieux : « le vent tourne ». Mais surtout respectons nous tous.
Dévoré en peu de temps.
✒L'auteur attire notre attention avec cette histoire, qui aborde différents types de harcèlements : moral, physique, cyber harcèlement.
✒Il montre l'ignominie de ce fléau, trop présent.
✒A la fin, un échange entre l'auteur et un chef d'établissement : des solutions sont mises en place mais il y a encore beaucoup à faire.
✒Je conseille vivement ce roman à tous : parents, enfants, bibliothécaires...
✒ Ce roman est une veritable source de prise de conscience.

Trois bonnes raisons de lire ce livre :

❣ Un roman engagé
❣ Une véritable prise de conscience
❣ A recommander sans modération.