Le Haut Moyen-Âge est-il le parent pauvre de l'histoire médiévale ? C'est le constat que semblait faire
Philippe Contamine quand il présenta peu avant sa mort le très beau livre de
Laurent Theis sur
Charles le Chauve. Il faut toutefois nuancer, et
Philippe Contamine n'a pas manqué de le faire lui-même en rappelant que
Laurent Theis fut l'auteur de très bons ouvrages sur
Clovis,
Dagobert et Hugues Capet.
Alors que dire sur
Charles le Chauve (823-877), petit-fils de Charlemagne, que nous ne sachions déjà ? Avec son immense culture et son savoir tout aussi grand,
Theis démontre que le défi peut être relevé, puisqu'après lui le portrait désastreux du roi de la Francia occidentalis, à l'origine avec Lothaire et Louis le Germanique du grand partage en trois de l'Empire carolingien ne résiste plus à une analyse plus fine. Si, dès le début, il était prévisible que ces trois hommes se divisassent, il l'était moins que s'alliant avec Louis contre Lothaire, Charles remportât un franc succès à la bataille de Fontenoy-en-Puisaye le 23 juin 843, à l'origine du traité de Verdun, la même année. Et malgré cet arrangement,
Charles le Chauve ne cessa d'agir, placé qu'il fut sur la défensive face aux Vikings, en position d'échec en Bretagne mais plus heureux face à un Louis qui devait se faire menaçant en 858 mais reculer devant la puissante armée dissuasive réunie par Charles. Il profita de la mort de Lothaire pour se faire couronner en 869 roi de Lotharingie puis il put réclamer la couronne impériale en 875 après le décès de Louis le Germanique. Un bref instant, le 25 décembre 875, soixante-quinze ans après son grand-père il put caresser le rêve de réunir à nouveau les trois parties brisées de l'Empire. Il devait mourir en 877 d'une pleurésie. le résultat semblait être là. Mais les hommes et l'histoire allaient en décider autrement.
François Sarindar, auteur de
Charles V, Dauphin, duc et régent (1338-1358), publié en 2019