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Chantal Thomas a du style, elle sait recréer l'ambiance d'une ville, de Manhattan, qu'elle a bien connue dans la deuxième partie des années 70. Elle évoque tous ces souvenirs, heureux, aventureux, désinvoltes sans nostalgie et avec un réalisme frappant.

Elle passe une journée à New York en 1970, en transit au retour d'un voyage avec une amie au Pérou. Une nuit et quelques heures lui ont suffi pour décider de revenir bien plus longuement ce qu'elle fait en 1976.

Son récit commente les difficultés de son installation, elle rencontre Cynthia qui lui offre de partager son appartement dans l'East Village, un quartier qu'elle va aimer et ne plus vouloir quitter.

L'intérêt de son livre est le télescopage de sa vie quotidienne là-bas, oisive puisqu'elle n'a pas le droit de travailler, avec la réalité culturelle et artistique de l'époque. Elle fréquente des "parties" où plane l' ombre de Jack Kerouac, mais aussi où elle peut apercevoir Andy Warhol, Allan Ginsberg, William Burroughs et son livre prend très vite une tournure artistique et poétique, agrémenté qu'il est par les photographies d'Allen S. Weiss qui ajoutent à l'ambiance décalée de l'époque.

Bars à femmes, boîtes lesbiennes, soirées improvisées, rencontres multiples, nuit dans l'obscurité et le pillage suite à une gigantesque panne d'électricité, elle connaît tout, dont elle se gave littéralement, son appétit de vivre quelque chose hors du commun, du conventionnel français, n'est jamais rassasié.

Elle finit par être expulsée par sa logeuse avec violence. Elle raconte cette épisode comme s'il s'agissait simplement du fait d'avoir manqué un train, mais le prochain passe dans vingt minutes.

Elle finit par enseigner le français aux cadres du World Trade Center car il faut bien gagner un peu sa croûte. J'aime bien son évocation des centaines de femmes de ménage des tours, contraintes de délaisser leurs aspirateurs rendus muets par la panne électrique.

Elle voit autour d'elle le luxe et la misère, la pauvreté dans laquelle tant d'être s'enfoncent, conscients qu'ils ne remonteront pas. Et là, c'est l'image es couloirs abandonnés du métro où survit toute une foule d'hommes, femmes, enfants dans l'indifférence générale.

Son livre est à la fois un bain culturel, un temps d'insouciance, d'aventure, de risque, de chaleur, d'errance dans les parcs, de visions béates de Manhattan depuis Staten Island, beaucoup de poésie et de citations des écrivains et poètes, dont plusieurs extraites de "Sur la route" de Jack Kerouac sont magnifiques.

J'ai dit qu'elle n'était pas vraiment nostalgique, pourtant lorsqu'elle revient à Manhattan en 2017, elle est attristée des changements survenus en quarante années et intitule précisément son livre East Village Blues.
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Je ne sais pas pourquoi, mais imaginer Chantal Thomas en baroudeuse-sac-à-dos faisant du stop le long des routes brûlantes de la banlieue de Lima, arrivant à New York, un bonnet péruvien sur la tête et un sac de marin sur l'épaule, sans un sou en poche et ne sachant pas trop où dormir…eh bien là, franchement, je suis tombée des nues…
Je voyais cette dix-huitièmiste accomplie, spécialiste de Sade, Casanova et Marie-Antoinette, fréquenter quelque boudoir douillet de Versailles plutôt que les bars lesbiens de Manhattan.
Comme quoi, on se trompe beaucoup sur les gens, on les fige dans une image qui ne correspond qu'à une infime partie de ce qu'ils sont et l'on oublie que la vie fait de nous des êtres de contrastes et de contraires.
En revanche, ce que j'ai parfaitement retrouvé, c'est cette sublime écriture, ces phrases qui se déroulent, se déploient gracieusement dans une harmonie si parfaite et si rare.
Nous sommes donc en juin 2017, Chantal Thomas fait sa valise pour New York. C'est une ville qu'elle connaît bien puisqu'elle y a séjourné à plusieurs reprises : d'abord un bref passage de 24 heures dans les années post-bac, avec Sandra, la copine du lycée, à l'occasion d'un voyage au Pérou. C'est le choc, l'expérience du démesuré et du formidable dans tous les domaines, l'affolement des sens, l'ivresse de s'y trouver, enfin : « je m'abandonnais à la fascination ». Aucune autre ville ne souffre la comparaison. Il y a New York et les autres, loin derrière.
La seconde expérience a lieu en juin 1976 : Chantal Thomas vient de soutenir sa thèse sur Sade sous la direction de Roland Barthes. Elle part avec une vague adresse en poche et se présente chez une certaine Jodie qui n'a pas l'intention de garder la voyageuse bien longtemps.
Au fond de la valise, un autre bout de papier, une autre adresse, au sud-est de la ville : celle de Cynthia. L'accueil est chaleureux. le « railroad apartment » envahi par les plantes et, la nuit, par les cafards finit de séduire la voyageuse. Et en plus, le quartier se révèle extraordinaire : l'East Village, peuplé d'artistes, de gens exilés et sans le sou est composé de petits immeubles, de jardins communautaires et de friches. le quartier est dangereux et séduisant. Chantal Thomas se laisse happer, transportée par cette ville pleine de vitalité, berceau de la fameuse Beat Generation et des Kerouac, Ginsberg, Orlovsky... : folie des week-ends, des boîtes de nuit, des « parties », des brunches gargantuesques, des déambulations nocturnes et des rencontres insensées… C'est non seulement un lieu (et quel lieu!) que découvre Chantal Thomas mais une époque, celle où l'on croise Andy Warhol dans une boîte de nuit, où l'on passe une soirée folle au Chelsea Hotel, lieu mythique où vécurent Arthur Miller, Thomas Wolfe, William Burroughs, Patti Smith etc, où l'on rencontre à tous les coins de rue des gens assis par terre sur un carton et qui se disent poètes…
Oui, New York est le lieu de tous les possibles et notamment celui de devenir écrivain… En France au contraire, « il en fallait beaucoup et, surtout, il en fallait longtemps pour se déclarer écrivain. » Là- bas, armé d'une machine à écrire, n'importe qui s'autorise à frapper les touches et on verra après… C'est là que Chantal Thomas a senti qu'elle pouvait se lancer elle aussi, s'autoriser cet acte quasi sacré en France...
Une autre rencontre avec New York a lieu en juillet 2017 : pour explorer ce quartier qu'elle aime tant, Chantal Thomas choisit pour guide une inconnue qu'elle suit dans la rue : une femme japonaise tout de blanc vêtue (couleur de la mort au Japon). Dorénavant, les magasins rose bonbon de cupcakes et de cookies ont remplacé les bars underground : place au jus de carotte et à la guimauve. La gentrification galopante a tué un quartier dont les prix ont explosé. Les anciens habitants sont expulsés, les immeubles détruits et reconstruits : c'est le règne du billet vert. «  La disparition des poètes dans un monde régi par le seul marché de l'immobilier est une perte du côté de l'irrémédiable, la perte de son âme. » « Il y a quelque chose de pourri dans l'empire de » la Grande Pomme, il ne reste désormais que des fantômes et des traces presque disparues d'une époque à jamais perdue… (D'ailleurs, les reproductions des photos de graffitis saisis dans les rues de l'East Village et qui accompagnent la lecture du texte traduisent la volonté de témoigner d'une époque et entrent donc en résonance avec le projet même de l'auteure.)
C'est donc une belle balade que nous propose Chantal Thomas, une découverte de lieux qui ont changé et d'une époque, bien révolue elle aussi. Mais ce que présente East Village Blues, c'est peut-être aussi et surtout la façon dont elle est née à l'écriture, ce qui lui a permis d'accéder à cette liberté et de s'affranchir du regard du père (Barthes) ou des pairs (l'Université française). Seule New York détenait ce pouvoir, offrait cette folie, permettait cette audace.
Un texte superbe qui dit toute la nostalgie pour un passé qui n'est plus, pour un monde de liberté propice à la création littéraire et au bonheur intense de vivre.
Fort, très fort et plein de poésie...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Par acquit de conscience, même si je risque de friser le ridicule ...
...mais l'erreur est humaine....et je ne suis qu'une fille :
....avant de la lire, je croyais que l'auteur de Casanova un voyage libertin, La reine scélérate et des Adieux à la reine était Chantal Thomass. Mais si, Chantal Thomass la créatrice de lingerie sexy.
Ben quoi ? Sonia Rykiel a bien écrit des livres. Même qu'elle était copine avec Régine Desforges et qu'elles ont fondé le Club de croqueuses de chocolat.

L'une avec ses deux S appartenait à la génération Palace et l'autre avait des ailes qui l'ont emmené au Bonnie and Clyde ‘s lors de son premier voyage à New York.
Spécialiste de littérature française et essayiste, Chantal Thomas profite d'un voyage dans cette ville, en 2017 pour faire une sorte de pèlerinage sur les lieux de sa jeunesse. Nulle nostalgie de vieille dame. Au contraire, l'évocation de cette époque révolue, ses vingt piges à NY bouillante d'énergie et de créativité dans les années 70 est passionnante.

C'est tout un passé underground et dynamique qui surgit entre les lignes. Chantal Thomas était au bon endroit, au bon moment. Elle a ainsi eu le bol de connaître des écrivains, des poètes et des musiciens, jeunes gens excentriques alors inconnus à qui elle rend hommage. Ainsi qu'aux toxicos, alcoolos et autres borderlines ( souvent ce qu'étaient les artistes aussi ) qui peuplaient alors les lieux mythiques de cette ville....
Avant qu'elle ne soit « gentrifiée «  comme inopportunément écrit dans certaines critiques. Bah, oui, comme Paris, Londres, Séoul ou Moscou. Une fois qu'on a dit ça - pour faire bien ? - on n'a rien dit. A moins de s'en désoler et de regretter la faune de clodos, travailleurs immigrés, drag-queens, braillards et camés flamboyants qui vivaient là. Ce qui n'est pas le cas des auteurs de ces critiques.
Et, petit bémol, ni celui de l'auteur. Au cours de sa virée elle ne fait que le constat que les quartiers arpentés autrefois sont devenus ultra chic et bien polissés et ne semble pas s'en émouvoir. J'ai un peu regretté qu'elle n'ai pas un mot pour l'exclusion de ces populations qui habitaient là n'en aient absolument plus les moyens. Les bourgeois blancs et élitistes dominent l'espace.

Je pense que même lorsque elle partageait des moments et se mêlait aux inconnus des parties, buvant des bières debout contre un mur ou dansant sur une musique de Bowie, la musique des livres de Marguerite Duras traversait ses nuits. Elle observait avec curiosité et faisant montre d'ouverture d'esprit mais sans se laisser aller totalement ni être dupe des personnalités qui cachaient leurs défauts dans des envolées magnifiques et alcoolisées. Elle s'est construite là où d'autres ont sombré. Elle s'est transformée, dans ces lieux vibrants, au contact des héros de la beat génération en écrivaine par la grâce d'une subtile introspection. La libération sexuelle explosait et les désirs déraisonnables s'affichaient.
Chantal Thomas était encore plus sensible à la douceurs des lèvres parce que l'éclat du concept rendait la chose encore plus belle.

Dès lors, je comprends que New York ne soit pas un paradis perdu pour elle et que les marginaux et les outsiders disparus dans les entrailles de la ville ne soient pas plus qu'un souvenir, pas du tout mélancolique.

Peace and Love.
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J'avoue, je ne connaissais pas du tout Chantal Thomas (Prix fémina 2002 et auteure de plusieurs essais). C'est la couverture et le titre qui m'ont attirée : voir Andy Warhol et se rappeler le Velvet Undergound et ce quartier de Manhattan, il n'en fallait pas plus! Je devais aller à la découverte de « East Village Blues » de Chantal Thomas paru en avril 2019.

Chantal Thomas a choisit de raconter son voyage à la redécouverte de ce quartier qu'elle a habité dès juin 1976, au moment où le quartier accueillait les immigrants et les premiers Beatniks (littéralement membres du mouvement littéraire de la « Beat Génération » ). Plus tard, ce sont aussi les artistes et les hippies qui s'approprieront le quartier.

En convoquant ses souvenirs sans jamais cédé à la nostalgie, Chantal Thomas nous raconte, au cours de ses pérégrinations dans le quartier actuel, une époque où la liberté était un leitmotiv, où la libération sexuelle allait bouleverser à jamais les rapports entre les hommes et les femmes et l'homosexualité devenir normalité. Chantal Thomas raconte ce quartier au fil de ces fêtes sans fin et de ses rencontres improvisées où la parole se libérait.

Les citations de William Burroughs, Allan Ginsberg et Jack Kérouac, sont magnifiquement mises en situation tant la vie de ce quartier à ce moment là en épousaient les contours marginaux. Des traces sont encore visibles aujourd'hui. Les photos de graffitis d'Allen S. Weiss qui a accompagné ce retour, nous les rapportent comme autant de témoignages. L'étrangeté est encore présente malgré la gentrification du quartier : magnifique passage sur cette passante japonaise!

Manhattan est un personnage à part entière: la déambulation dans ces rues immenses dont on ne voit jamais la fin et qui finissent par se jeter dans la mer est une expérience inoubliable. Surtout, que la ville ne dort jamais !

Après la superbe exposition qui a eu lieu cet hiver sur Jean-Michel Basquiat à la Fondation Vuitton, on ne peut rester insensible à ce quartier qui a fait la réputation de la New-génération. J'ai moi-même découvert pour la première fois les USA en juillet 1976. Sur les conseils de mes amis américains, j'ai été très sage lors de mon séjour à Manhattan, évitant les nuits des quartiers de East Village, Greenwich et bien-sûr Harlem, réputé pour être mal famé et même dangereux. Par contre, je me souviens aussi des cafards qui envahissaient la salle de bains de ma chambre située à un étage pourtant élevé.
A l'époque, Lou Reed chantait « I said, hey babe, take a walk on the wild side
All right, huh ». Léonard Cohen fréquentait le « Chelsea Hotel », Bob Dylan, aussi. Patti Smith en publiant »Just Kids » (paru en 2010) a raconté l'ambiance artistique du lieu. Juste un moment de liberté, de découvertes et de foisonnement délivré sans mélancolie au fil des pas de Chantal Thomas et Allen S. Weiss ! Rien que du plaisir !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Sa thèse en poche, Chantal Thomas s'embarque pour la Big Apple. Au mitan des années 1970, New York est alors la ville de tous les dangers, mais aussi de tous les possibles. L'East Village est alors une sorte de cocotte-minute pour artistes en tous genres, sur fond de drogue, sexe et rock'n'roll. Un souffle de liberté post 1968 et de fêtes traverse la ville et la société. On y croise les esprits plus brillants et créatifs. Andy Warhol, Lou Reed, Allan Ginsberg et autres chantres de la contre-culture.
Quarante plus tard, Chantal Thomas revient sur les lieux de sa folle jeunesse. le quartier bohême s'est embourgeoisé. le prix du m² s'affole, les graffitis sont exposés dans des galeries branchées. On y croque plus de graines germées que de poppers et l'on trouve plus de smoothies à boire que d'alcools forts. The times are changing. Yep. So sad. Yes.
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La jeunesse est toujours belle ! une période dont chacun de nous est un peu nostalgique ...
La jeunesse de Chantal Thomas se passe en voyages divers , mais New-York, cette ville excitante ,libre , lui laissera un souvenir inoubliable .Elle y retourne en 2017 et évoque ses souvenirs du quartier de East Village qui a beaucoup changé ,s'est gentrifié ; elle évoque la Beat generation , ses artistes (Jack Kerouac ,Allen Ginsberg etc ) ses folies ,ses parties , la drogue ,l'alcool qui fera quelques ravages parmi eux .
Inspirée par ces écrivains américains, peut-être décidera -telle alors d'écrire elle-même ,dans un genre toutefois différent .
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Plongée dans l'East Village des années 70, à la (re)découverte de la folie artistique de ce quartier newyorkais. Chantal Thomas, dans un voyage commémoratif, constate la disparition de ce "village" avec regret.
On ne sait si réellement New York a perdu de sa superbe ou bien si l'auteure "pleure" surtout sur ses jeunes années bohème qui ne reviendront plus.
Un bon moment de lecture, qui donne envie de prendre l'avion pour JFK Airport.
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En effet après avoir lu L'échange des princesses et Les adieux à la reine, c'est avec plaisir que l'on retrouve Chantal Thomas dans un registre bien différent ! On se plait à imaginer Chantal Thomas dans les années 70, baroudeuse, bohème à la découverte de cette ville mythique. Un très beau récit de voyage avec une superbe écriture.
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Retour dans la Rotten Apple de la fin des années 1970: décadence urbaine, effervescence artistique. Tout est censé y être : les fantômes de Rimbaud et Kerouac, les lectures de Ginsberg, le Chelsea Hotel, les "parties", le crime, la drogue, le stupre, le "dérèglement de tous les sens". Pourtant rien n'y est, car tout est figé, neutralisé, comme sur papier glacé (belle mise en page et belles photos propres de murs sales), par une mémoire et une prose sans drame, sans trous, lisses (y compris quand le récit se hérisse de quelques mots crus: branler, niquer…), complaisantes, sans même l'arrière-fond de tristesse qui peut parfois rehausser les souvenirs bohèmes des grands bourgeois installés. Un livre gentrifié, en quelque sorte. Reflet fidèle, au moins en cela, de l'histoire d'East Village.
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Chantal Thomas, née en 1945, est une romancière, essayiste, dramaturge, scénariste, spécialiste de la littérature et universitaire française. Après avoir rédigé sa thèse sous la direction de Roland Barthes, elle a enseigné dans plusieurs universités américaines et est directrice de recherche au CNRS. East Village Blues, un récit, est son dernier ouvrage paru.
En 1976, Chantal Thomas vient de soutenir sa thèse et s'offre un voyage à New York, une vague adresse de colocation en poche, elle s'installe chez Cynthia une lesbienne, dans l'East Village, quartier à taille humaine. Fêtes, parties, se succèdent, soirées dans des bars féministes etc. Quarante ans plus tard, elle revient dans ce quartier le temps d'un été…
Le récit saute d'une époque à l'autre en allers et retours tourbillonnants menés de main de maître et par la grâce d'une écriture très élégante. A cette forme plus que séduisante, s'ajoute le parfum d'une époque qui m'est chère, riche en souvenirs et moments agréables, liés à la littérature, à la musique et à cette ville qui m'avait tant sidéré lors de mon premier voyage aux Etats-Unis, il y a trop longtemps… Pour résumer, cette balade aux côtés de Chantal Thomas est une confrontation de souvenirs pour elle (le quartier a beaucoup changé) et une merveilleuse réanimation des miens.
Un texte où seront évoqués des lieux : ce quartier si particulier de la ville, agréable mais non sans risques alors ; Alphabet City, « où les propriétaires préféraient mettre le feu à leurs bâtiments pour toucher la prime d'assurance » plutôt que de les entretenir » ; les bars et les lieux de rencontres ; les appartements étroits où s'improvisent des parties ; St. Mark's Church et le Chelsea Hotel, ce « lieu mythique », « sous le signe de l'excentricité, où se croisaient des gens de fortunes et d'âges divers, où cohabitaient des résidents (certains incrustés depuis des années) et des clients passagers. »
Ce lieu qui nous renvoie à des gens célèbres (Patti Smith, Andy Warhol, Lou Reed…) ou plus particulièrement ici, aux écrivains de la Beat Generation, les Allen Ginsberg, William Burroughs et surtout Jack Kerouac. Tout le livre est sous-tendu par le souffle de ce courant culturel et les extraits de l'oeuvre du Clochard céleste ponctuent le récit, insufflant à l'ouvrage une aération comme un grand vent de liberté.
Un livre charmant qui vous l'avez compris, m'a particulièrement touché par l'évocation de ces souvenirs – sans nostalgie – qui nous ont rappelé, à elle comme à moi, mais à des degrés divers, d'excellents moments. Or comme vous le savez, il n'y a guère de plaisir de lecture plus intense que de tomber sur un livre qui semble vous inclure dans son propos.
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