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EAN : 9782918471950
142 pages
Éditions Passiflore (16/08/2018)
4/5   7 notes
Résumé :
Deux enfants, deux sœurs. Un père aimant, épris de liberté, vivant l’instant présent et le faisant partager à ses filles. Une mère, dans la difficulté à être dans la vie, angoissée par l’avenir et les tâches quotidiennes à accomplir. La discorde des parents terrifie les fillettes et installe en elles un sentiment de peur et d’incertitude quant à l’existence même de leur famille. Pour se rassurer, elles s’accrochent l’une à l’autre.

En grandissant, pou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un troisième roman de Fabienne Thomas qui n'a rien perdu de sa force. Une force tranquille qui nous entraîne dans un torrent d'amour avec délicatesse. Un livre empreint de poésie, où les phrases ciselées font transparaître une grande sensibilité et une maîtrise des relations humaines.
Ne passez pas à côté de cette nouvelle perle, elle manquerait à votre collier.
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L'image de deux soeurs, main dans la main, nous accompagne dans la découverte de ce très joli roman.

Lise et Manon sont au chevet de leur père. Elles sont ensemble, deux soeurs dont le lien s'est automatiquement établi dès le début de leurs vies, même au plus profond de la nuit, dans leurs lits collés l'un à l'autre.
Leur enfance, c'est Jo, le père, qui refuse l'autorité, enchaîne les petits boulots, croque la vie sans contrainte, ménage des surprises à ses deux fillettes et rêve de vivre de sa musique.
Leur enfance, c'est Béné, la mère, qui vit dans la peur des malheurs possibles, dans la haine de cette précarité financière, dans le noir du lendemain. Ses désillusions la rongent.
La discorde s'installe dans le couple.

À travers des petits tableaux de la vie quotidienne qui rythment leur enfance, Lise et Manon consolident leur lien. Elles sont soeurs, au plus profond d'elles-mêmes. Mais cette complicité peut-elle résister à l'enfance qui s'efface, au temps qui fait son oeuvre, à la vie qui avance ?
Ces petits riens de la vie sont enveloppés de mots, de phrases, qui embellissent et poétisent cette lecture.

Le drame se joue entre les lignes et les mots de l'auteure donnent toute la puissance des sentiments, suscitent les émotions qui ressortent de cette relation fraternelle.

Au-delà de cette relation nous apparaît la fragilité de se construire lorsque le désamour des parents éclabousse le devenir des enfants.

Le roman est court mais ne nécessite pas plus de développement. J'ai souvent ralenti ma lecture pour savourer chaque ressenti si profondément humain et apprécier pleinement l'écriture de Fabienne Thomas.

Je remercie Babelio et les éditions Passiflore pour cet envoi accompagné d'un marque-page et d'un petit mot manuscrit, appréciable attention. Et je remercie Fabienne Thomas pour ce roman qui explore délicatement la vie, une vie de famille, dans sa simplicité et sa complexité.

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« Viens.
Chacune a reçu le message. Viens. Et chacune est venue. »

C'est ainsi que le roman de Fabienne Thomas s'ouvre : sur les liens indéfectibles de deux soeurs, Lise, l'aînée et Manon, la cadette, toutes deux réunies au chevet de leur père, mourant, qu'elles adorent.
Ce roman, constitué de très courts chapitres d'une page, parfois deux, évoque la vie de deux soeurs et celle de leurs parents mariés, heureux, et très vite désunis. La brièveté des chapitres offre un rythme soutenu, à l'instar des années qui défilent dans le récit, amenant son lot de changements, bons ou mauvais.
Les parents, heureux et amoureux sont soumis aux aléas de la vie, à ces difficultés et aussi, à leur évolution, tant dans leurs désirs que dans leur vision de la vie de couple, de la vie. La vie de bohème de Joe, son métier d'artiste a séduit Béné puis sont arrivés les bébés ; l'argent manquant, l'instabilité et la précarité omniprésentes ont favorisé lassitude et déception, distillant comme un poison l'agacement réciproque transformant la vie de couple en enfer. Pour échapper à la violence verbale du couple et à l'acrimonie maternelle, les deux filles se réfugient dans leur monde, partagent leur nuit et se jurent de ne jamais se quitter. Adolescente, l'aînée n'a plus qu'un objectif : fuir, dès que cela sera possible, après le baccalauréat. La séparation des deux soeurs sera terrible à vivre mais vitale et le lien sera conservé à vie, comme elles se l'étaient promis.
Très beau récit qui met en scène l'amour fusionnel et protecteur de deux soeurs et surtout, nous permet de réfléchir sur l'amour, ses désillusions mais aussi, la vie de famille.
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"Garder le lien" raconte une histoire simple mais très répandue, celle d'une famille qui se perd...
Il y a le père, Jo, fantasque mais aimant, qui veut une vie bohème remplie de musique et de copains ; il y a la mère, Béné, plus classique, qui de son côté aspire à une existence calme, confortable et tranquille ; et puis il y a les soeurs, Lise et Manon, inséparables et quasi-jumelles, qui voient les 2 premiers s'éloigner lentement, se retrouver, s'affronter, se faire mal, et finalement se quitter.
C'est forcément un peu triste, ça fait mal au coeur, et on se dit que le bonheur ne tient pas à grand chose finalement. Si la relation conflictuelle entre les parents est bien rendue, j'ai par contre trouvé celle des soeurs trop fusionnelle, idéalisée, fantasmée, bref, pas du tout réaliste. L'écriture aussi m'a un peu gênée : à vouloir faire passer certaines choses comme idéales, elle en devient lourde, trop précieuse, l'auteure en faisant des tonnes, comme si elle voulait justement prouver qu'elle écrit bien.
J'ai quand même bien aimé, et je remercie sincèrement les éditions Passiflore de m'avoir fait découvrir ce livre.
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Deux soeurs, deux mains qui se tiennent, le soir, pour vaincre la peur de la nuit. Deux soeurs, deux coeurs qui se tiennent, pour la vie, pour vaincre la peur des disputes parentales et des lendemains.

Lise et Manon se sont fabriquées une enfance de lumière pour vaincre les ombres de leur foyer. Toujours ensemble, différentes mais fusionnelles, elles jouent, s'inventent des mondes, prises entre deux feux, entre deux parents trop différents. Leur mère rêve d'une vie rangée avec ses deux filles et son mari à ses côtés. Leur père est plus bohème, moins conventionnel, pas souvent là. Quand la première passe son temps à s'inquiéter, l'autre est insouciant de tout. Quand l'une ne quitte pas la maison, l'autre n'y rentre que trop peu. Alors le couple se découd sous les yeux des petites.
Mais elles se tiennent la main, toujours. le lien. Celui du sang, le premier, et puis celui que l'on crée. Celui qui reste. Celui que l'on a si bien tissé qu'il nous retient. Trop peut-être. Mais ça, on ne le sait que longtemps après.

La vie sépare les corps mais le coeur tisse des fils solides, de ceux qu'il suffira de suivre, quand le temps sera venu. Remonter, se retrouver. Quand le temps sera venu.
Ce sont deux soeurs et elles se tiennent la main, parfois loin, parfois sans même s'en rendre compte. Et quand le temps se fait assassin, les corps se retrouvent et les coeurs savent qu'ils n'ont jamais été bien loin.

Fabienne Thomas écrit l'enfance, avec ses inquiétudes, ses jeux, ses rires et son insouciance qui s'envole parfois trop vite. Elle écrit la famille, la bancale, celle qui tient difficilement et qui endommage. Fabienne Thomas écrit bien. Si bien que je m'y suis vue dans cette grande maison, j'ai joué dans le jardin, j'ai tenu la main. Celle de ma soeur. Celle de mon frère. Je sais comme le cordon peut se faire épais et solide quand tout déraille.

L'autrice met de la vie dans ses mots, des émotions plein les pages. Moins abouti toutefois que L'enfant roman, selon moi, ce livre reste une vraie belle lecture.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Viens.
Chacune a reçu le même message. Viens. Et chacune est venue.
Il est là, alité, la tête un peu inclinée sur l’oreiller, il ne la soulève pas, il n’en a pas la force. Il trouve celle de leur sourire pourtant et ses yeux clairs trahissent une résignation que Lise et Manon ne lui connaissent pas. Chacune se penche, l’embrasse, la peau est fine sur les tempes.
Je suis venue, papa, je suis là. Ses paupières répondent.

Oui. Lise s’assied sur le lit, tout près de lui, Manon se glisse à ses côtés. Deux silhouettes embrassées l’une à l’autre. Chacune pose sa main sur celle de leur père, elle est fraîche et douce, elle ne bouge pas et, comme un détail, la forme de l’ongle de son pouce, si caractéristique, s’imprime sur la rétine des deux femmes, Lise et Manon. Elles ignorent pourquoi cela les frappe et sans
doute est-ce la preuve que cette main abandonnée sur le drap blanc est bien celle de leur père, la main de Jo.
Elles restent longtemps dans cette immobilité fragile.
On leur murmure il faut partir maintenant. Elles auraient voulu encore lui dire des paroles apaisantes,lui dire tout va bien. Elles se lèvent doucement. Vous reviendrez demain.
Elles sont debout, côte à côte, le regard happé par son visage. Elles sont debout devant le visage de Jo. Les paupières pâles cachent les yeux, les beaux yeux verts, presque bleus parfois, sa bouche s’est un peu entrouverte
dans le sommeil et elles donneraient tout pour entendre, là, tout de suite, le rire de Jo, sa voix, ses doigts sur l’ivoire du clavier. Dans son grand corps amaigri allongé sous le drap blanc, son coeur est un frémissement d’aile
de papillon.
Elles quittent à regret la chambre. Sortent ensemble dans le silence de la nuit qui s’avance, la longue nuit qu’elles s’apprêtent à partager.
Elles se tiennent la main.
Depuis le début. Depuis toujours.
Depuis toujours, elles se connaissent. Ne se souviennent pas de l’une sans l’autre, ont toujours existé ensemble. De tout temps. Même si, à l’évidence, l’une a passé une année, presque deux, sans l’autre.
Manon est née après Lise, une poignée de mois, un infime décalage attesté par l’état civil, juste le temps pour l’une de devancer l’autre dans la marche, l’entrée dans le langage. Manon grandit, rattrape la taille de Lise à moins que ce ne soit Lise qui attende Manon. On dit d’elles qu’elles sont inséparables. Elles ne se ressemblent pas, brune aux yeux d’obsidienne et blonde aux yeux d’ambre, elles ne se ressemblent pas et pourtant, très vite
se mêlent les jeux et les âges, l’on oublie de distinguer l’aînée de la benjamine, la benjamine de l’aînée et leur complicité tient les autres au seuil de leur monde.
Elles ne se souviennent pas de l’une sans l’autre et elles gardent en elles la trace indélébile de la peur de se perdre.
Elles n’ont pas de souvenirs non plus d’avant les cris et les disputes. Il a dû y avoir un avant, bien sûr, un jour heureux de mariage, les albums photos qu’elles feuilletaient autrefois montrent la robe blanche et les sourires à la sortie de l’église, les invités endimanchés et la tablée des noces. Les photos ne mentent pas, alors Lise et Manon longtemps s’attacheront à celles qui disent le lien, l’amour, elles semblent d’un temps lointain, en amont de leurs naissances. Sur certaines Béné et Jo sont réunis, avec des sourires parfois. Des baisers, jamais.
Elles n’ont jamais vu leurs parents s’embrasser.

Les premiers souvenirs, les plus anciens, s’amoncellent dans leurs pensées comme des nuages dans un ciel d’orage, ils se déforment, images mouvantes et précipitées.
Fragiles et fugaces. Du début, elles ne se souviennent pas, bien sûr. Pas vraiment. Plus que des images sont tapies tout au fond des empreintes sensorielles. Des impressions que le corps garde en mémoire.
Pour Lise et Manon, les premières sensations de la maison, c’est le sourire de Jo, ce sourire un peu carnassier qui dévoile les dents, qui devient rire, sa bouche joyeuse et le son de sa voix, un chant, une berceuse peut-être.
C’est le parfum de Béné, elle l’a longtemps porté, ce sont ses gestes de prudence, ses bras et sa poitrine qui retiennent les pas plus qu’ils ne les accompagnent.
La rivière en contrebas attise les frayeurs de Béné.
Elle a peur, Béné, tout le temps, de tout. Elle anticipe le mauvais, pour le conjurer peut-être ou bien s’y préparer, on ne sait pas, et sa peur transpire dans sa manière de proférer des conseils menaçants, d’ériger autour de sa
couvée des barrières d’interdits assorties de scénarios catastrophes. Ces mots-là, Lise et Manon les utiliseront plus tard pour parler de leur mère, pour l’instant, elles sont deux petites filles à peine habitées de langage, elles
engrangent l’idée d’une étrange menace, l’idée que le monde alentour est un lieu de danger.
Pourtant, il y a aussi les épaules de Jo. Un refuge en altitude ou une tour de guet. Les puissantes paumes paternelles s'emparent des corps d'enfant, les décollent de terre, les longues mains s’envolent par-dessus la tête pour installer à califourchon sur la nuque les fillettes qui éprouvent, dans un même mouvement, la frayeur et la confiance et la joie absolue de trôner au-dessus de tout.
Il y a, de retour au sol, les chatouilles de Jo, ses doigts qui courent sur leur ventre à perte de souffle dans les éclats de rire, et encore l’infinie patience de Jo quand il leur montre le dos luisant d’un lucane, la fragilité d’une fleur
de haricot ou les contorsions d’une chenille.
Les premières images se résument à un monde clos, un univers circonscrit à la petite maison. On dit maison parce qu’elle est plantée sur un terrain, on se croit les rois avec un jardin. Si l’on y regarde de plus près, c’est fragile,
c’est amovible, une sorte de grande cabane échouée, rafistolée, avec une chambre pour les filles, une salle d’eau minuscule et le confort d’un auvent dont la surface double ce qui s’appelle habitation. C’est précaire, ça n’a
ni racine ni fondation, peut-être que la maison pourrait s’envoler jusqu’au Pays d’Émeraude du magicien d’Oz, comme celle de Dorothy. C’est chez elles pourtant, c’est là qu’il y a les bras de papa et de maman, leur chaleur à
tous les quatre. C'est là que sont leurs deux petits lits, collés l'un à l'autre par la force des choses et le si peu d’espace et, dans cette proximité des corps et des souffles,c'est là qu'elles se retrouvent, deux, sortant la main des couvertures, se reliant comme si elles n’étaient qu’une pour franchir l’entrée dans le sommeil.

Quatre. Maman, papa, Lise et Manon. Deux fillettes et leurs parents à peine sortis de l’enfance.
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Depuis quand ne savent-ils plus se parler ? Depuis quand Jo a-t-il cessé de rire et de jouer avec ses filles, de les emmener avec lui le dimanche matin pour faire son tiercé ? Peut-être simplement ont-elles grandi. Manon et Lise voudraient pouvoir ni l'insidieux changement, le léger déplacement de l'équilibre précaire, elles aiment papa et maman, tous les deux, et elles ne peuvent pas comprendre qu'ils ne s'aiment pas. Alors elles se demandent si aimer c'est crier et se déchirer et probablement cherchent-elles à le croire.
Peut-être qu'aimer fait mal.
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Les premiers souvenirs, les plus anciens, s'amoncellent dans leurs pensées comme des nuages dans un ciel d'orage, ils se déforment, images mouvantes et précipitées. Fragiles et fugaces. Du début, elles ne se souviennent pas, bien sûr. Pas vraiment. Plus que des images sont tapies tout au fond des empreintes sensorielles. Des impressions que le corps garde en mémoire.
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Cet été-là révèle à Lise et Manon des sensations nouvelles, imprègne leurs corps de parfums volatils et d'impressions fugaces qui pourtant s'enracinent, nourrissent une pousse, un fil ténu qui, des années plus tard, au détour d'une peau effleurée, d'une fragrance soufflée par la brise, réveilleront le souvenir de ces instants d'insouciance et de confiance absolue, porteront en elles la preuve qu'elles ont aussi été heureuses dans ce fragile territoire d'enfance.
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Videos de Fabienne Thomas (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fabienne Thomas
Fabienne Thomas vous lit un extrait de son livre Garder le lien.
Deux enfants, deux soeurs. Un père aimant, épris de liberté, vivant l'instant présent et le faisant partager à ses filles. Une mère, dans la difficulté à être dans la vie, angoissée par l'avenir et les tâches quotidiennes à accomplir. La discorde des parents terrifie les fillettes et installe en elles un sentiment de peur et d'incertitude quant à l'existence même de leur famille. Pour se rassurer, elles s'accrochent l'une à l'autre.
En grandissant, pourront-elles rester fidèles à leur promesse d'enfant ?
https://www.editions-passiflore.com/litterature/80-garder-le-lien.html
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