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EAN : 9782867466793
143 pages
Liana Lévi (07/05/2013)
3.81/5   308 notes
Résumé :
Kim Thúy nous livre son nouveau roman puissant et raffiné, à la hauteur de son talent.

Mãn est une histoire d'amour entre une femme et celles qui l'ont, tour à tour, fait naître, allaitée, élevée. Elle a été déposée dans le potager d'un temple bouddhiste sur le bord d'un des bras du Mékong par une adolescente. Une moniale l'a recueillie et nourrie d'eau, de riz et du lait des seins d'une mère voisine, avant de la confier à une autre femme – enseignant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (62) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un roman très original construit à l'aide de courts chapitres oú le titre est doublé en Vietnamien, à la droite de la page. "Man" est une histoire de femmes: il raconte avec élégance, retenue, pudeur et poésie la vie d'une jeune vietnamienne mariée à un restaurateur vietnamien qu'elle suit au Canada mais aussi l'histoire de sa mère adoptive, enseignante, qui lui a appris le français en cachette,grâce à "une vie " de Maupassant .....elle lui en lisait des extraits chaque soir......
Par petites touches subtiles, sensibles, imaginatives, sans pathos, on découvre son parcours, elle a été couturière, interprète ,chroniqueuse culinaire, elle a vécu une vie de labeur et de petites joies.....les mets et les mots sont trés présents dans ce récit, ils sont minutieusement choisis. L'auteure raconte la douleur du déracinement, le déchirement , l'amitié entre des femmes de culture différente , les coutumes de la cuisine vietnamienne , ses raffinements , ses couleurs et ses odeurs, ses mélanges .....
L'histoire d'une femme aux racines arrachées mais permanentes, présentes!
Par ses souvenirs et ses sensations, sa réserve, Kim Thui crée un univers dense, doux et poétique, lumineux, un voyage culinaire et linguistique....
Un beau livre à la fois , délicat, puissant et raffiné sur l'amour et le bonheur ....servi par l'intelligence de l'auteure et son talent de conteuse.


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Parfois une mère ne suffit pas, il en faut trois : celle qui met au monde, celle qui recueille, celle qui élève. Parfois, être mère ne suffit pas, il faut une amie pour donner les gestes et les mots de l'amour. Parfois, être comblée ne suffit pas, il faut plus qu'un mari, des enfants, le succès, il faut découvrir l'amour, le vrai, celui dont on n'osait rêver.
Mãn se raconte, de sa naissance au Vietnam jusqu'à sa renaissance dans les bras d'un homme, des difficultés de vivre dans un pays colonisé puis en guerre à son mariage arrangé avec un restaurateur expatrié au Canada, l'exil, la cuisine pour seul univers, l'amitié qui change tout, la réussite, les enfants, et bien sûr l'amour, la vraie découverte, impossible évidemment, mais inévitable et fondateur.


Mãn est un pêle-mêle de sensations et d'émotions où se côtoient les saveurs du Vietnam, le sel des larmes et le bonheur de vivre. Par petites touches délicates, se reconstitue la vie d'une femme qui conjugue le verbe aimer sans le dire, par de petites attentions de chaque instant, en veillant au confort des siens, en devançant leurs désirs. Empêchée de s'exprimer par une pudeur naturelle et une enfance silencieuse auprès d'une mère engagée, elle va pourtant s'ouvrir aux sentiments grâce à l'amitié d'une femme et à l'amour d'un homme. Poétique et tendre, l'histoire de cette femme se dessine comme une mosaïque où se mêlent la cuisine vietnamienne, la mémoire et l'enrichissement de l'exil. Les évènements plus graves sont évoqués en pointillés, les douleurs sont enfouies, cachées.
Un roman sensible et profond, porteur d'espoir et d'amour.
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Une Vietnamienne à Montréal, un roman tout en finesse…

Kim Thuy tisse une fine dentelle composée de souvenirs du pays d'origine et d'adaptations au nouveau foyer.

C'est même joli, avec des mots en vietnamien dans la marge qui viennent ponctuer le texte de très courts chapitres.

On y parle de la cuisine, celle du restaurant de son mari où l'immigrante travaille, des nuits passées à découper finement les légumes et à préparer des spécialités à la manière traditionnelle.

On y parle de la langue, ces pièges des mots qui se ressemblent mais ne sont pas de la même famille : une rebelle est-elle une personne redevenue belle ?
On y parle d'amour, une émotion nouvelle pour une personne dont on a choisi le mari.

On y parle aussi d'amitiés et de la façon d'exprimer ses sentiments, même avec ses enfants, avec des effusions et des baisers plutôt que la retenue stoïque à laquelle elle était habituée.

Un délicieux mélange d'exotisme et de familier, un petit plaisir de lecture à déguster !
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Kim Thúy est née à Saïgon en 1968 pendant l'offensive du Têt ; elle a fui le Vietnam comme boat-people avec ses parents à l'âge de 10 ans puis s'est installée au Québec avec eux avec le statut de réfugiés. Elle a suivi un solide cursus universitaire à Montréal (linguistique et droit), a exercé de nombreux métiers (dont celui de restauratrice) et se consacre à l'écriture depuis 2009. En 2013, elle publie chez Liana Levi «Mãn», un roman de 159 pages encensé par la Presse et apprécié (noté 3,74/5) par les lecteurs de Babelio. En quatrième de couverture, l'éditeur fait un bilan rapide de l'ouvrage : « subtil balancement entre passé et présent, l'auteure dessine une mosaïque où se mêlent la mémoire, l'amour et l'enrichissement d'être ailleurs ».

Ce livre vous bousculera à plus d'un titre. D'abord par son entreprise de déconstruction systématique des sentiments : dissimuler ses sentiments à celles et ceux qui étaient témoins ou juges de la déchirure de son pays, de sa culture, de son peuple ; « la cause collective éclipsait sa vie individuelle » ; s'efforcer d'être transparente, de s'effacer, de « sceller ses tristesses personnelles dans des compartiments hermétiques sous une carapace hérissée d'épines » ; « ne pas laisser ses émotions déborder des limites de l'assiette ». Ensuite, par sa naïveté auto-programmée, naïveté qui confine à l'abnégation : se convaincre de l'innocence de ses proches, de leurs faits et gestes ; se sentir parfaitement comblée car son nom lui « impose cet état de satisfaction et d'assouvissement ». Et par sa recherche d'harmonie familiale, de calme et de tendresse : être en quête de moments privilégiés, répéter les mouvements apaisants. Et par son attachement à sa mère : maman était « la seule à savoir envelopper sa fille de cette crêpe pour que sa peau puisse se comparer au reflet de la neige et à l'éclat de la porcelaine » ; « Maman dont la ration quotidienne était limitée à trente grains ». Et par son souci de pureté : « les lotus conservent leur parfum malgré la puanteur des marécages ». Et par les remontées glaçantes mais très contrôlées de fragments d'images issues des conflits vécus par l'auteure pendant son enfance : histoire terrible d'une jeune fille qui s'est sacrifiée pour sa famille ; « dans ses années-là, on partait sans espérer revenir » ; «  à cette époque, il suffisait d'habiter dans une grande propriété pour être soumis à diverses accusations » ; « creuser des canaux avec une pelle à la main et des rations d'orge dans le ventre » ; « un faux mouvement pouvait faire sauter une mine » ; « des soldats prêts à empêcher les canons de glisser sur une pente boueuse en se couchant devant les roues, en se sacrifiant pour la cause d'une nation ». Et par son instinct de survie : « si tu veux survivre, dépars-toi de ton identité » ; épargner à sa famille tout soupçon et toutes accusations de trahison ; se résoudre à suivre le mouvement ; grandir sans rêver ; « accepter les choses telles qu'elles sont, telles qu'elles arrivent, sans jamais questionner ni le pourquoi, ni le comment » ; « oublier pour avoir une chance de recommencer, de se reconstruire » ; « demeurer solide et, surtout, lisse ». Par sa quête d'amour, avec Julie qui lui apprend à dire « j'aime » puis avec Luc qui lui sert longuement la main, qui échange avec elle, qui lui apprend à regarder et à découvrir son corps de femme, qui lui donne envie de « se faire tatouer un point rouge à la lisière du front » afin de « dessiner la carte de son destin sur son corps ». Et enfin par sa volonté de rester (ou de paraître) optimiste : « A Saigon Proverb: Doe la chine tran, neu buon la thua. Life is a struggle in which sorrow leads to defeat ».

Pour Kim Thúy, le passé n'est pas une tare. Il ne faut « pas céder à la compassion ». Il faut tout mettre en oeuvre pour « réintégrer le passé au présent ». Belle leçon d'humilité et d'humanité quand la barbarie et l'indifférence vous entoure. Chapeau bas : vous avez entre les mains un livre simple par son écriture mais fort par son message, un livre subtil, délicat, agrémenté de touches de poésie et de parfums. Je mets quatre étoiles.
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Mân
Après le succès de Ru dans lequel Kim THUY décrivait son long parcours du Vietnam au Québec, elle nous revient avec Mân, l'histoire d'une jeune fille qui prend mari pour fuir ce même pays.

Cette jeune fille et son mari immigrent au Québec et travaillent dur dans leur petit restaurant qu'ils exploitent pour une maigre clientèle d'immigrés qui comme eux se languissent de leur pays. Ils y viennent pour déguster les plats simples et réconfortants qui les transportent pour un moment dans leur monde d'avant.

Julie, une femme fougueuse aux mille talents, devient son amie inséparable. Cette amie audacieuse et entrepreneure crée des ateliers et des événements artistiques autour d'une cuisine exotique exécutée avec raffinement par cette fille venue d'ailleurs qui s"est improvisée cuisinière pour survivre. le succès de ces activités fait immédiatement croître la clientèle du restaurant. Grâce à son amie, la nouvelle cuisinière deviendra une "chef" incontournable et sera invitée dans les grandes rencontres culinaires internationales. Au cours d'un voyage à Paris, un grand amour nait entre elle et Luc, un chef français venu aussi du Vietnam.

Kim THUY, nous raconte cette histoire d'une grande beauté dans une incroyable économie de mots. Son incontestable talent est là, tout entier, dans cette façon peu commune qu'elle a de pouvoir évoquer tant les merveilles culinaires, que les saveurs et les plats traditionnels de son pays, de même que le détail des tâches quotidiennes en peu de mots soigneusement choisis. Sous sa plume, tout chante, même les gros chagrins. Dans Mân, elle nous démontre encore une fois sa maîtrise de la langue française même si elle affirme le contraire.

Kim THUY rend ce roman touchant par sa poésie et sa tendresse, elle le fait avec délicatesse et justesse. On s'attache à cette femme que l'on voit évoluer, s'enrichir et s'attendrir parfois avec ses enfants. On est au coeur d'une famille immigrante et on ressent leur désir de vivre.

Je remercie Babelio pour la lecture de ce livre suite à la masse critique, ce fut un véritable coup de coeur. J'attends et surveillerai avec impatience le prochain roman du Kim THUY.
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critiques presse (4)
Lexpress
23 juillet 2013
[Kim Thuy] nous parle d'amour sous toutes ses formes, transformant les morts en fantômes affectueux et jouant les gardiennes bienveillantes de la tradition gourmande et des souvenirs d'enfance.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Actualitte
26 juin 2013
Kim Thuy offre à son lecteur un doux voyage, à la fois culinaire et linguistique, porté par des souvenirs de son enfance près de sa mère, qui rêvait pour elle d'une vie meilleure en Occident et lui faisait la lecture en français (et en cachette) des livres de Maupassant.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LesEchos
29 mai 2013
Partant de son expérience de chroniqueuse culinaire, Kim Thuy nous offre ce roman d’amour à croquer, qu’on pourrait résumer en égrenant les mots placés en exergue à chaque page, en deux langues. [...] Un livre léger, débordant d’humanité. Qui rafraîchit comme une pluie d’été et donne faim de vivre.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LaPresse
08 avril 2013
Mãn est construit de très courts chapitres dont les titres sont faits d'un seul mot mis en exergue, en français et traduit en vietnamien. Le résultat est une sorte de courtepointe, tableau impressionniste dont on ne comprend l'ensemble qu'à la fin.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (65) Voir plus Ajouter une citation
page 99 [...] Pendant qu'ils jouaient avec les sabres en bois trouvés à la sortie du magasin, je caramélisais le poisson au-dessus du vieux seau troué et rouillé, transformé en "bouche" de feu. Je cuisinais dehors, comme à l'orphelinat, comme dans la plupart des maisons du Vietnam. La mère de Luc est venue s'asseoir sur une pierre à mes côtés et a retiré de mes mains les longues baguettes en bambou pour retourner les morceaux de poisson. Luc l'a prise en photo pour ne plus jamais oublier ce geste, qui avait été absent de sa mémoire durant les vingt-cinq dernières années. J'ai préparé deux portions, dont une moins épicée pour les enfants. L'autre, la mère de Luc l'a parsemée de poivre que j'avais concassé grossièrement dans un mortier. Alors qu'elle nous était attentive, je lui ai chuchoté un mensonge : "Les enfants de l'orphelinat vont bien. Ils ont hâte de vous revoir." Je ne sais pas si elle m'a crue, mais elle m'a caressé les cheveux de nouveau.
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"Je t'offre
La vie que je n'ai pas vécue
Le rêve dont je ne peux que rêver
Une âme que j'ai laissée vide
Pendant des nuits blanches d'attente

Vers toi je porte en offrande
Le poéme que je n'ai pas écrit
La douleur vers laquelle je me tends
La couleur du nuage que je n'ai pas connue
Les désirs du silence."
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Il y a plusieurs de ces mots que je tente de comprendre par leur sonorité, comme « colossal », « disjoncter », « apostille », et d’autres par la texture, l’odeur, la forme. Pour saisir les nuances entre deux mots cousins, par exemple pour distinguer la mélancolie du chagrin, je pèse chacun d’eux. Quand je les tiens dans mes paumes, l’un semble planer comme une fumée grise alors que l’autre se comprime en boule d’acier. Je devine, je tâte, et la réponse est aussi souvent la bonne que la mauvaise. Je fais constamment des erreurs et, jusqu’à ce jour, la plus étonnante a porté sur le mot « rebelle », que je croyais être un dérivé de « belle » : être belle de nouveau parce que la beauté s’acquiert et se perd. p. 93
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« Maman me répétait souvent que, en cas de conflit, il vaut mieux se retirer qu'insulter quelqu'un, même si celui-ci se révèle fautif. Si nous éclaboussons l'autre, nous salissons notre bouche puisque nous devons d'abord la remplir de colère, de sang, de venin. Dès lors, nous cessons d'être belle. »
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...je suis retournée à une ancienne leçon de chinois où le professeur avait expliqué que pour le caractère du mot « aimer » englobait trois idéogrammes : une main, un cœur et un pied, parce que l’on doit exprimer son amour en tenant son cœur dans ses mains et marcher jusqu’à la personne qu’on aime pour le lui tendre.
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Videos de Kim Thúy (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kim Thúy
Dans le cadre du Festival Lettres du Monde, Kim Thuy vous présente son ouvrage "m" aux éditions Liana Levi.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2505439/kim-thuy-em
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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