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EAN : 978B005Q4LQX0
(27/09/2011)
3.86/5   11 notes
Résumé :
Ce livre est une oeuvre du domaine public éditée au format numérique par Ebooks libres et gratuits.

1. D'où vient le mal
2. Le filleul légende populaire
3. Les deux vieillards
4. Les trois vieillards conte de la région de la Volga
5. De quoi vivent les hommes
6. Histoire vraie
7. Le moujik Pakhom
8. Feu allume ne s'éteint plus
9. Le petit cierge conte de pâques
10. La peine rigoureuse
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La Matinée d'un seigneur (1852)
Léon Tolstoï (1828-1910)

Relu 9 septembre 2023

Ce qui est bien avec le jeune auteur Tolstoï, c'est qu'on entre dans le talent tout de suite, comme des années plus tard, on entrera dans le vif du sujet dans Anna Karénine, même si celle-ci ne fera son entrée sublime avec une aura incroyable que 80 pages plus loin, -on n'a rien perdu pour attendre !.

J'ai l'impression qu' ici, en espaçant, en relisant, cette "Matinée d'un seigneur" revient avec plus de force encore. Comme quoi, notre rapport au livre, à l'oeuvre peut être changeant ! Je me souviens l'avoir relu il y a quelques années parce qu'une professeur d'université, aficionados de Tolstoï, avait commis une chronique, doublée d'une interview sur le rapport profond de l'auteur à la musique dans son oeuvre, le piano, et qu'elle avait cité la Matinée d'un seigneur, alors je m'étais mis à la recherche,-travail bien solitaire -, de ces instants.. On est littéralement envouté par l'écriture. On est au dessus de Tourgueniev en qualité narrative, lequel tient alors tous les honneurs de la gloire littéraire en Russie impériale dans les années à mi-parcours du grand 19 e siècle qui a vu germer tant de talents.

C'est ce même Ivan qui le prendra sous son aile et qui écrira de son cadet qu'il est la grand romancier de la terre russe que le monde attendait. Il s'apercevra vite du tempérament fougueux du jeune homme presque à ses dépens, et leur relation ne sera pas des plus simples, elle sera même plus complexe que l'ont écrits les observateurs et les biographes, mais cela est un autre sujet. Néanmoins Tourgueniev restera jusqu'à la fin de ses jours le bienfaiteur de Tolstoï.

Et oui, son talent n'a pas manqué un jour de retenir l'attention en personne d'un éditeur connu sur la place qui venait de recevoir le manuscrit d' Enfance non signé, de la part de quelqu'un sûr de lui qui fixait déjà ses conditions.. On se demande s'il y eut vraiment négociation, j'ai le sentiment qu'alors l'éditeur avait plutôt conscience qu'il ne fallait pour rien perdre la main sur cette affaire qui irait de toute manière ravir les vents de la concurrence en émulation devant une telle aubaine.

J'ai peut-être vu avec plus d'acuité cette fois-ci l'agacement dont fait preuve le jeune propriétaire devant des centaines d'âmes dont un certain nombre cherche à l'embobiner en présentant des doléances malhonnêtes. S'il n'était pas allé vérifier de visu l'état du domaine qui lui échoit, ses moujiks, il a alors 19 ans, il se serait fait rouler dans la farine plus d'une fois. Iasnaïa Poliana avait pour tradition de recevoir dans la cour ceux qui désiraient rencontrer le Maître : ils lui faisaient un rapport rarement pour dire que tout allait bien. Ce qui ne sera pas plus tard toujours du goût de Sonia la comtesse, question d'éducation, elle venait d'une famille attachée à la cour impériale .. Il n'y avait pas que ça bien sûr !

Le jeune Tolstoï se donnait comme but à atteindre, selon sa conscience plus que par croyance, d'oeuvrer pour le bien et c'est l'essentiel que je veux dire ici. Il se faisait une haute idée (morale) de la vie. Certains auteurs, français d'ailleurs le lui ont reproché. Il m'est à l'aise de soulever deux choses.
1/ Dans notre époque contemporaine, il est de bon ton de critiquer la morale, depuis quelques décades l'idéologie en est venue à bout, et l'a même vidée de son contenu en termes d'éducation. La nature ayant horreur du vide, à force de la mettre sous l'éteignoir, une autre plus dangereuse se profile à l'horizon ..
2: Il n'est pas exact de considérer Tolstoï comme un moraliste pur jus. Jusqu'à 30 ans, si on peut me dire quelle trajectoire éthique il a suivie, je serais heureux de l'apprendre, et d'autre part, c'est lui-même qui le dit, il n'était pas pénétré de la foi. Il la jalousait même chez ses moujiks ! Il est vrai que plus tard, il s'attacha aux préceptes chrétiens originels, mais la bête sensuelle en lui obséda sa vie, s'opposant avec dualité dans le Diable par exemple, soufflant le chaud et le froid ; le froid étant là subséquemment pour éteindre ses ardeurs et donner une issue philosophique à son propos. Son problème qui a toujours été sans le résoudre fut la femme, inaccessible. Ici dans la Matinée d'un seigneur, il est clair que la morale vient à son service pour donner une réponse métaphysique au désir qui s'éprend de lui à la vue d'une belle et fraîche paysanne au champ. Il est bien évident que lui qui se charge d'en découdre avec le monde et ses bassesses ne peut pas laisser sur le bord de la route l'humanité pour les hommes. Il la voit déjà là par d'éducation qui est sa réponse aux paysans qui ne se prennent pas en charge, à cause de l'ignorance, à cause de l'ordre impérial où plus on s'éloigne de la capitale plus la confusion s'installe. Elle est au gré des gouverneurs !.. Avant l'heure, Tolstoï battra le rappel pour la libération des moujiks, mais cette émancipation qui trouva dans la foulée son effet officiel à n'en pas douter ne trouvera son dénouement final qu'à la révolution dans les conditions que l'on sait..

"Sa jeune imagination lui montrait l'image voluptueuse de la femme et lui semblait que c'était là son désir exprimé. Mais un autre sentiment plus élevé lui disait : " Ce n'est pas cela", et lui faisait chercher autre chose.."

Pour plus de clarté à mon propos sur la sexualité et Tolstoï par exemple, je peux introduire, pour expliciter les choses, un autre monstre de la littérature, contemporain celui-là : Henry Miller : qu'on n'a pas qualifié de moraliste - loin s'en faut- mais qui a quasiment été considéré dans son propre pays comme licencieux, car sa réflexion sur le monde était différente de celle de Tolstoï. Il en a presque pris le parti opposé, et pourtant la sensualité dans la vie réunit les deux hommes et on serait presque tenté de dire que ça revient au même, cela pour tempérer le jugement de moraliste que d'aucuns ont prêté au grand romancier russe. L'un voyait le monde dans tous ses états mais par trop d'hypocrisie et de mensonge le condamnait ; il a eu sa part de débauche jusqu'à la trentaine, a créé un fossé dichotomique entre sa vie même et sa philosophie et plus tard son prêche ou son cheminement vers l'existence d'une religion originelle débarrassée de tous les oripeaux de l'Eglise. L'autre a également vu le monde dans tous ses états, s'est agrippé aux arts comme vertu mais n'a cessé dans sa vie propre d'en jouir jusqu'à butiner la femme comme un objet de désir et de distraction, et le fossé entre sa vie et sa réflexion de la vie n'a été nullement marquant. Dans cette vie concupiscente, il a même réussi à formaliser de véritables amours, puis plus tard en est venu à épouser une religion plutôt indouiste faite de vénération et de sagesse envers la vie telle qu'elle est, avec sa nécessité inéluctable et irrémissible.

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Après « Guerre et Paix » et « Anna Karenine », c'est un plaisir délicieux de découvrir Tolstoï sous les traits du conteur populaire, à travers de (souvent) courtes histoires à découvrir au fil des jours comme on effeuille un calendrier illustré de citations inspirantes.
Histoires de moujiks repentis, de seigneurs éclairés par des sages ou de vieillards postés sur le chemin de la sagesse, baigné d'un christianisme primal et de leçons édifiantes. J'ai particulièrement aimé l'évocation des « trois vieillards » ermites marchant au-dessus des flots, comme portés par la pureté de leur foi.
Un plaisir que je recommande à tout lecteur en mal de bons sens et de spiritualité naturelle, et en manque de Tolstoï
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
.. Quelques jeunes tilleuls haussaient gracieusement leurs sommets rameux au-dessus du toit de chaume de la cour voisine, et l'on entendait à peine le bruissement de leur feuillage vert sombre et frais et le bourdonnement des abeilles qui volaient autour. Toutes les ombres des palissades, des tilleuls et des ruches couvertes de planches tombaient noires et courtes sur l'herbe basse qui croissait ça et là entre les ruches. La petite figure penchée du vieillard à tête grise, nue, dont le crâne chauve brillait au soleil, s'apercevait près de la porte du hangar couvert de paille fraîche et bâti parmi les tilleuls. En entendant le grincement de la porte, le vieux se retourna, et essuyant d'un pan de sa blouse son visage en sueur, avec un sourire doux et joyeux, il vint à la rencontre du maître.
(La Matinée d'un seigneur)
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D'où vient le mal ?

_ Ce n'est ni de la faim, ni de l'amour, ni de la méchanceté, ni de la peur que viennent tous nos malheurs : c'est de notre propre nature que vient le mal ; car c'est elle qui engendre et la faim, et l'amour, et la méchanceté, et la peur.
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Ce n’est ni de la faim, ni de l’amour, ni de la méchanceté, ni de la peur que viennent tous nos malheurs : c’est de notre propre nature que vient le mal ; car c’est elle qui engendre et la faim, et l’amour, et la méchanceté, et la peur.
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Le filleul entra, monta sur le poêle [6], et se mit à regarder ce que faisait la patronne. Il vit qu’elle lavait toutes les tables et tous les bancs avec des serviettes sales. Elle essuyait la table, et la serviette sale tachait la table. Elle essuyait les taches, et en faisait de nouvelles en essuyant. Elle laissa là la table et se mit à essuyer le banc. La même chose se produisit. Elle salissait tout avec les serviettes sales. Une tache essuyée, une autre apparaissait.
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