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EAN : 9782841581221
127 pages
Climats (23/04/1999)
3.08/5   6 notes
Résumé :
Dimitri Nekhludov décide à dix-neuf ans d'interrompre ses études pour prendre en charge la gestion du domaine familial.
C'est que la misère règne dans les campagnes russes et que le jeune Prince se sent investi d'une mission. Mais la meilleure volonté du monde, en particulier quand elle ne s'accompagne pas d'une profonde connaissance des hommes, ne peut rien face à la brutale réalité. Ecrit en 1852, La Matinée d'un Seigneur, roman d'apprentissage du désenchan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Cette longue nouvelle nous fait penser au roman du même auteur La résurrection où il est question d'un aristocrate qui voudrait renoncer à sa position du privilégié, de l'homme bien né, disant né avec un plateau d'argent entre ses mains, pour se consacrer à atténuer la souffrance de ses paysans! Autant c'"est une louable vocation, c'est aussi une lourde tâche qui met en relief la question existentialiste, à savoir, l'homme veut-il être maître de son destin? Et dans cette nouvelle, c'est cette volonté assaillante qui anime notre Héros, Dimitri Nekhludov, qui, lui aussi, à 19 ans décide de mettre fin à ses études pour se soucier d'améliorer les conditions de vie de ses paysans, en allant s'installer à la campagne. Mais ç une matinée, il fait la ronde de certains paysans pour répondre essayer de répondre à leurs doléances mais quelle matinée!!! ....
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Longue nouvelle ou court roman de jeunesse comme on voudra écrit en 1852, premier personnage tolstoien, Dimitri Nekhludov à apparaître qui n'est que l'ombre de lui-même, lequel raconte ses premiers pas dans le monde paysan, multiplie les visites, entend la demande lalente des mille âmes qu'il a eu en héritage et dont il est bien décidé à améliorer la condition.

Plus il s'entête dans ses visites, plus ses belles illusions s'envolent, non pas que ses idées ne soient pas bonnes ou que la tâche immense le rebute, mais il est risible qu''à son âge : 19 ans, il veuille tout régenter et ait l'autorité suffisante pour en découdre avec ses sujets qui ne se montrent pas toujours raisonnables ou coopératifs. La situation agraire que certains de ceux-ci lui rapportent, parfois même avec insistance n'est pas toujours conforme à la réalité et cela l'exaspère, car ce n'est pas conforme à ses idées morales.

In situe, on est parfois bien loin des requêtes apocalyptiques présentées au manoir du Maître.

On peut être sûr que les plus malins d'entre eux formeront les koulaks de demain.

On dirait aujourd'hui que le jeune seigneur Nekhludov est en "immersion" dans le monde paysan qu'il lui échoit presque par défaut et s'aperçoit en fait qu'il a beaucoup de choses à apprendre, qu'il ne le connaît pas vraiment. Il exprime parfois le sentiment de vouloir être comme eux, de se rapprocher de la nature à laquelle sont assujettis les âmes qui y vivent, s'enflamme à la vue d'une jolie paysanne, plantureuse et aussi vite évacue cette tentation dont il sait que c'est une mauvaise pente.

Tolstoï a eu une enfance choyée loin des moujiks, même si Iasnaïa Poliana, le domaine dont il échoit était de tradition familiale ouvert à eux. Ensuite on l'enlève de son milieu pour le placer à Kazan à l'Université à quelques centaines de verstes de là. Il va en sortir avec de vraies questions sur le monde qui l'attend dans son périmètre natal, en tout cas avec de vrais défis pour le jeune propriétaire dont il entend endosser la responsabilité pleine et entière..

L'année 1852 est pour Tolstoï, au delà de son engagement militaire qui l'amène au Caucase où il a failli se faire tuer, correspond à ses vrais débuts littéraires. Il publie tour à tour : Enfance, La Matinée d'un seigneur, Incursion.
Très vite il va se faire connaître en Russie grâce à Enfance. A partir du 13 septembre 1852, il écrit La Matinée d'un seigneur en 2 mois, puis la nouvelle l'Incursion ou Récit d'un volontaire

Il écrit à sa tante A. Ergolskaia - qui fut une bonne et brave mère de remplacement, elle se comporta comme une vraie mère, aimante (*)- en cette année 1852, qu'il n'écrit pas par ambition mais par goût."Je trouve mon plaisir et mon utilité à travailler et je travaille. Quoique je sois bien loin de m'amuser, je suis aussi bien loin de m'ennuyer, parce que je suis occupé.." S'il le dit, on peut le croire, à vérifier tout de même s'il ne dira pas autre chose après !..

(*) On peut dire que toute l'enfance de Tolstoï touchée par la mort de sa mère, il avait deux ans, fut préservée et comblée par la générosité de sa tante Ergolskaïa. il fera ce travail de deuil ultérieurement. Par rétrospection, il écrira cela dans Enfance .. de manière tendre et poignante. Quoiqu'il en soit de cette absence précoce, il restera une béance, une angoisse existentielle qui nourrira sa déchirure.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation

"Ou sont ces rêves ? pensait maintenant le jeune homme, après ses visites, en approchant de la maison. Voilà déjà plus d'une année que je cherche le bonheur dans cette vie, et qu'ai-je trouvé ? "(..) Si je voyais le succès de mon entreprise, si je constatais de la reconnaissance .. Mais non, je ne vois que la routine trompeuse, le vice, la méfiance, l'ingratitude.."

(..) A ce moment, il était déjà près du perron de sa demeure, où dix paysans et domestiques, avec diverses requêtes, attendaient le maître, et du rêve il fut ramené à la réalité.

Là se tenait une femme en haillons, les cheveux en désordre, ensanglantée, et qui, en sanglotant, se plaignait de son beau-père qui voulait la tuer ; ici se trouvaient deux frères qui depuis deux ans étaient en querelle pour le partage de la succession, et avec une colère désespérée se regardaient l'un l'autre. il y avait un ancien domestique, à cheveux blancs, non rasé, dont les mains tremblaient d'ivresse, et que son fils, le jardinier, amenait chez le maître, se plaignant de sa conduite déplorable. Puis c'était un moujik qui chassait sa femme de chez lui, parce que de tout le printemps elle n'avait pas travaillé ; cette femme malade se trouvait là. Sans rien dire elle sanglotait assise sur l'herbe près de perron, montrant sa jambe enflée, enveloppée sommairement d'une guenille sale..

Nekhludov écoutait ces requêtes et ces plaintes, donnant un conseil aux uns, tranchant les affaires des autres, faisant des promesses aux troisièmes. Avec un sentiment de fatigue, de honte, de découragement et de regret, il se retira dans sa chambre.
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Quelques jeunes tilleuls haussaient gracieusement leurs sommets rameux au-dessus du toit de chaume de la cour voisine, et l'on entendait à peine le bruissement de leur feuillage vert sombre et frais de bourdonnement des abeilles qui volaient autour. Toutes les ombres des palissades, des tilleuls et des ruches couvertes de planches tombaient noires et courtes sur l'herbe basse qui croissait çà et là entre les ruches. La petite figure penchée du vieillard à tête grise, nue, dont le crâne chauve brillait au soleil, s'apercevait près de la porte d'un hangar couvert de paille fraîche et bâti parmi les tilleuls. En entendant le grincement de la porte, le vieux se retourna, et essuyant d'un pan de blouse son visage en sueur, avec un sourire doux et joyeux , il vint à la rencontre de maître.
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"Tolstoï donne à chacun le langage de sa condition : c'est ainsi qu'il marque son respect pour leurs coutumes. Dans l'ensemble, et tout en gardant l'allure et le charme d'une oeuvre d'art, ces pages constituent un reportage de premier ordre sur la détresse, matérielle et morale, du paysan russe ; elles forment le pendant rural de ce que sera l'enquête sur les bas-fonds urbains, lors du recensement de Moscou en 1882."
Dominique Fernandez, Avec Tolstoï 2010, à propos de la Matinée d'un seigneur

Ce que je comprends moins, c'est pourquoi Fernandez encense ce texte publié en 1852, et son pendant urbain comme il dit, qui date des années 1880, ne contribue-t-il pas à revoir son jugement sur le Tolstoï didactique de la deuxième moitié de sa vie ?

Ce dernier texte que Fernandez a la bonne idée de mettre en exergue est préfacé par Emile Zola. Je ne vais pas passer mon temps à me battre contre des moulins à vent, je vais riper sur L'Argent et le travail et traiter de ce livre à commencer par sa préface.
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Romain Rolland (La Vie de Tolstoï) cite le beau-frère de Tolstoï : S.A. Behrs :

Il aimait la musique, écrit-il. Il touchait du piano et affectionnait les maîtres classiques. Souvent,, avant de se mettre au travail, il s'asseyait au piano. Probablement y trouvait-il l'inspiration. Il accompagnait toujours ma soeur cadette, dont il aimait la voix. J'ai remarqué que les sensations provoquées en lui par la musique étaient accompagnées d'une légère pâleur du visage et d'une grimace imperceptible qui, semblait-il, exprimait l'effroi (*)

(*) A la fin de la Matinée d'un seigneur
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Je ne ferai rien qui puisse atteindre la vérité à l'endroit de mon maître, mais je ferai tout pour railler ceux qui attentent à son honneur
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