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Annie Au Yeung (Traducteur)Françoise Lemoine (Traducteur)
EAN : 9782253932796
125 pages
Le Livre de Poche (01/05/1997)
3.92/5   152 notes
Résumé :
La Chine du Nord, dans les années 20. Songlian, belle étudiante de dix-neuf ans dont la famille est ruinée, accepte de devenir la quatrième épouse du riche Chen Zuoqian.

Dans le huis-clos de sa nouvelle demeure, une seule loi, la séduction : la favorite de la nuit régente, le jour, la vie de la maison. Songlian, l'indépendante, sera-t-elle victime ou complice du système féodal qui commande en ces lieux ?

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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Songlian n'a plus le choix. Etudiante , la faillite puis la mort de son père l'ont poussé à pendre le partie d'être concubine. Elle devint ainsi la quatrième épouse de Chen Zuoqian.

C'est un roman très fort dont l'adaptation cinématographique a fait grand bruit. le texte est court, va à l'essentiel mais traduit très bien la plongée aux enfers de Songlian.
Dans une Chine où la vie des épouses vaut bien peu, l'auteur s'applique à montrer l'esclavage doré subi par ses femmes.
Jalousie, soumission, rancoeur, asservissement sont le quotidiens de ces épouses qui ici doivent en plus subir la faiblesse sexuelle latente du maitre.
Le destin de Songlian est bien sur émouvant, sa rapide glissade vers la folie ou tout au moins une monde où l'abstraction du plaisir est permanente.

Il y a aussi le puits,das lequel deux concubines adultérines ont fini selon la légende . Cette touche de mystère si propre aux romans chinois.
Une lecture facile, sèche , abrupte , ne s'embarrassant pas de détails mais atteignant son but.
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J'ai vu le film de Zhang Yimou à sa sortie. A vrai dire, je n'en garde aucun souvenir. J'étais trop jeune, c'était il y a plus de 30 ans. Je suis tombée sur le roman de Su Tong dont le film est adapté dans une boîte à livres et je me suis dit pourquoi pas… Je n'ai pas été déçue, j'ai beaucoup apprécié cette lecture.

« Epouses et concubines » va à l'essentiel. Là où d'autres auraient proposé une grande fresque de plusieurs centaines de pages, Su Tong choisit la concision. le roman est court, 126 pages, ce qui ne l'empêche pas de raconter beaucoup. « Epouses et concubines » plonge le lecteur dans la Chine des années 20 qui a encore des allures féodales, notamment pour ce qui est de la condition féminine. le récit est un huis-clos qui raconte les rivalités des 4 épouses d'un notable.

Du fait de sa brièveté mais aussi de la caractérisation archétypale des personnages et de l'ajout d'un ingrédient quasi-fantastique, le récit a une allure de conte. Mais cette forme n'empêche pas le récit d'avoir un fond social très marqué. Ce n'est pas un hasard si l'auteur place son récit dans la Chine des années 20. Peu avant, en 1919, s'est déroulé le mouvement du 4 mai. Si ce mouvement contestait en premier lieu la colonisation japonaise, très vite le mouvement s'est mué en un mouvement plus global, dénonçant le poids des traditions, notamment à l'égard des femmes. du coup, l'histoire de Songlian, 4ème épouse d'un notable, est encore plus saisissante. La nécessité de s'attirer la préférence du mari incitent ces femmes, prisonnières d'une cage dorée, à dénigrer leurs rivales et même à comploter les unes contre les autres. La peinture de la vie conjugale de ces épouses réduites à la servilité est criante de vérité. Ce serait un peu l'équivalent du néo-réalisme italien. Sauf qu'il y a aussi cette petite touche de mystère quasi-surnaturel qui ajoute une atmosphère particulière, poétique.

Cette lecture a vraiment été une agréable surprise. Je vais me renseigner sur les autres écrits de Su Tong. Et puis, j'ai bien envie de (re)voir le film de Zhang Yimou.
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N'ayant jamais vu l'illustre film qui en a été tiré, je me suis plongé sans a priori dans ce court roman de Su Tong...Et c'est une belle surprise. L'auteur réussit à faire revivre avec maestria les moeurs et rites de Cour, encore bien archaïques, de la Chine des années 1920. On devine un grand réalisme, avec une trame et un développement conduits avec subtilité et un certain suspense sur le dénouement. Il ne sombre jamais dans le pathos, ou la facilité d'un scénario romanesque à l'eau de rose. L'écriture est de qualité, fluide, les dialogues nous montrent bien le caractère des personnages, qui sont bien typés sur le plan psychologique. J'ai trouvé certains passages particulièrement beaux, comportant des images très poétiques.

Nous voici donc immergés à la Cour du Maître Chen Zuoqian et de ses quatre épouses, dans l'ordre Yuru, Zhuoyun, Meishan, et Songlian. L'auteur va nous raconter les intrigues, jalousies et rivalités entre ces femmes et leurs relations avec le Maître, sous l'angle du point de vue de Songlian.
Les autres épouses ont donné au Maître un ou deux enfants chacune, enfants qui sont aussi de la partie dans ces bisbilles, par leurs chamailleries, leur arrogance, mensonges ou indiscrétion. Si Yuru est un peu "défraîchie" et terne, Meishan est indomptable et fricote en douce avec le médecin de famille, et Zhuoyun qui pourrait bien être la plus épanouie et favorite, mais peut-être aussi la plus vénéneuse...
Notre héroïne est la plus jeune, 19 ans, et très belle. Mais l'auteur réussit à en faire un portrait très complexe et nuancé. Elle est pétrie de contradictions. Douce et rêveuse, pleurant facilement parfois...peut-être trop pour que ce soit sincère, quand elle semble se plaire assez vite à utiliser les armes de ses concurrentes : colère, bouderies, victimisation, cruauté...
Songlian s'ennuie, le Maître vieillit et rencontre quelques problèmes de virilité qui perturbent la vie sexuelle de ces femmes...et leur donne aussi une forme de pouvoir sur lui, qui malgré ses colères récurrentes ne tranche pas spécialement et dépend lui-même de ses dames. Songlian, elle, ne tarde pas à avoir de multiples problèmes psychologiques à régler : si elle est censée donner un enfant au Maître, elle a aussi au fond d'elle ce rêve de devenir mère, rêve qu'elle sent s'éloigner...à moins que le fils de Yuru, Feipu, qui est davantage de sa génération, ne provoque en elle quelques émois...
Mais l'environnement est décidément redoutable, entre sa servante Yan'Er qui ne l'aime pas et veut manifestement sa mort, et cet inquiétant puits dans les jardins du Palais dont on dit qu'il a vu des concubines y être noyées des années auparavant...faute d'être restées fidèles au vieux Maître. Songlian ne tarde pas à avoir des angoisses et mélancolies...

Un roman qui se lit avec un réel plaisir et nous fait découvrir le sort de la femme chinoise, finalement pas si différent des cours royales européennes, à ceci près que ces moeurs étaient encore en usage il n'y a finalement pas si longtemps !
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Lorsque son père ruiné se suicide, Songlian, étudiante de 19 ans, n'a que deux choix possibles pour s'en sortir : travailler ou se marier. Sans doute aurait-elle mieux fait de travailler mais Songlian préfère se marier avec un homme riche. Bien sûr, son statut ne lui permet pas d'espérer mieux qu'un titre de "petite" épouse, autrement dit de concubine. Elle devient donc la Quatrième Epouse de Chen Zuoquian.

En entrant dans le cercle très fermé de cette famille, Songlian découvre les intrigues de pouvoir auxquelles se livrent sans cesse les trois autres concubines pour s'assurer la préférence du maître. Favorite de Chen Zuoquian et confinée dans son pavillon, elle ne peut échapper à la malveillance insidieuse de sa servante et des concubines. Pour échapper à cette atmosphère aliénante, la jeune fille se réfugie dans un jardin abandonné où une tonnelle de glycine dissimule un puits mystérieux. Mais les concubines évoquent des rumeurs effrayantes au sujet de ce puits...

A la fois déprimée et perturbée par les agissements des autres épouses, Songlian commet quelques maladresses qui lui valent la colère de son maître. Ce dernier finit par lui préférer une autre des concubines. Perdant ses repères, rongée par l'ennui, Songlian cède à la cruauté et s'en prend à sa servante. Mais comme le découvrira malheureusement Songlian, le sort des concubines n'est guère plus enviable que celui des servantes qui sont esclaves au service de la famille.

Je suis souvent déçue par un roman quand je le lis après en avoir vu une bonne adaptation cinématographique. Mais là, pas du tout, le film de Zhang Yimou est plutôt fidèle au roman et on retrouve dans les deux oeuvres la même atmosphère oppressante, cruelle et inquiétante qui enveloppe Songlian et l'entraîne doucement vers les rivages de la folie.

Une jolie découverte qui m'a donné envie de lire un autre roman de Su Tong.

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Terribles conditions que celles des femmes chinoises au début du 20eme siècle. Su Tong nous montre que même au sein des familles riches, elles doivent être serviles. "Épouses et concubines" est au pluriel parce que la polygamie se pratique dans la famille de Chen Zuoqian. D'ailleurs, s'il s'agit d'épouses, il n'y a pas de mari mais un maître auquel il faut se soumettre.
L'histoire est celle de Songlian, jeune fille de dix-neuf ans qui devient la 4ème épouse de Chen Zuoqian de trente ans son aîné. Elle le devient par obligation puisqu'elle n'a plus les moyens de poursuivre ses études après la mort de son père. Les quatre femmes se retrouvent en concurrence et la plus sournoise n'est pas celle qui fait le moins de sourires.
Même si ce n'est pas le nom utilisé, elle devient esclave de cette famille puisqu'elle doit vivre dans le pavillon qui lui est attribué pour rester à la disposition du maître. Son seul loisir est d'aller se promener dans le jardin où elle découvre un puits maudit qui va la hanter.
C'est une histoire poignante, celle d'une jeune femme brisée par des règles féodales. J'aurais juste aimé une Songlian soit un peu plus combative voire solidaire pour éviter de sombrer.


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Tous deux buvaient leur eau-de-vie, l'esprit vide. Songlian, qui faisait rêveusement tourner sa coupe entre ses doigts, remarqua que Feipu était maintenant assis juste en face d'elle. Il baissait la tête. Sa chevelure épaisse et noire affirmait sa jeunesse. Son cou vigoureux se dressait orgueilleusement. Dans le regard de Songlian pétillait mystérieusement des éclairs bleu foncé. Son coeur était moite.
Un désir inconnu parcourait son corps comme une rafale de vent. Elle avait l'impression d'étouffer. L'image des jambes de Meishan et du médecin s'entrelaçant sous la table de mah-jong s'imprima dans son esprit. Elle regarda ses propres, longues et belles. Elles ressemblaient à du sable fin descendant une pente. Elles s'approchèrent tendrement et passionnément de leur but : les pieds, les genoux et les jambes de Feipu. Maintenant, Songlian percevait leur présence. Ses regards se firent voilés. Ses lèvres s'entrouvrirent faiblement et remuèrent. Elle entendit dans l'air quelque chose se briser, à moins que le son ne provint du tréfonds de son être. Feipu releva la tête et rencontra les yeux fiévreux de Songlian. Malgré cette ardeur, le corps de Songlian, et spécialement ses jambes, demeurait figé, comme sculpté dans la même position. Feipu n'esquissa pas le moindre mouvement. Songlian ferma les yeux et écouta leurs deux respirations, l'une lourde, l'autre légère, mêlées de façon inextricable. Elle appuya, alors, étroitement ses jambes contre celles du jeune Maître. Elle attendait suspendue. Au bout d'un temps qui parut une éternité, Feipu recula ses genoux. Il restait assis, rivé de travers sur sa chaise, comme terrassé. Il articula d'une voix rauque :
"Ce n'est pas bien d'agir ainsi !
- Qu'est-ce qui n'est pas bien ?" murmura Songlian, semblant sortir d'un rêve. Feipu leva doucement les mains et les joignit devant sa poitrine comme pour demander pardon : "Hélas, je ne puis. J'ai encore peur des femmes. Elles sont trop effrayantes !
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Songlian avança de quelques pas :
"La fleur n'est pas fleur. L'homme n'est pas homme. La fleur, c'est l'homme, et l'homme, c'est la fleur...Vous comprenez cette maxime ?"
Levant brusquement la tête, elle perçut dans le regard de Feipu un éclat extraordinaire. Il l'avait à peine effleurée, fuyant comme une herbe aquatique, mais elle l'avait bien vu, elle avait pu le saisir.
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Chen zuoqian regardait par la fenêtre la rue sous la bruine, le coeur empli de curiosité mais aussi d'une certaine émotion, comme il n'en avait jamais ressenti lors de ses trois mariages précédents.
Lorsqu'il aperçut songlian approcher d'un pas nonchalant, en s'abritant sous un parapluie de soie à petites fleurs, chen zuoqian avait souri d'un air satisfait. elle était aussi belle et fraîche que ce qu'il avait imaginé, et si jeune !
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Songlian se souvint que l'an dernier, à la même époque, elle lisait, assise sous la tonnelle en fleur de l'université. Tout était comme dans un rêve. Elle s'approcha lentement du puits. Soulevant un peu sa robe, elle veillait à n'être effleurée ni par les mauvaises herbes ni par les insectes. Écartant doucement quelques rames de glycine, elle découvrit que la table et les tabourets de pierre étaient couverts de poussière. Elle marcha jusqu'au puits dont la margelle et les murs disparaissaient entièrement sous la mousse, puis se pencha pour regarder à l'intérieur. L'eau était bleu-noir. Des feuilles tombées il y a bien longtemps flottaient à la surface. Songlian mira dans l'eau le reflet ondoyant de son propre visage en écoutant le bruit sourd et faible de sa respiration amplifié par le puits. Un coup de vent gonfla sa jupe et la fit ressembler à un oiseau en vol. Elle eut alors une forte impression de froid, comme si son corps avait été durement frappé par un jet de pierres. Elle rebroussa chemin à tout allure. Arrivée sous la galerie du pavillon-sud, elle poussa un soupir de soulagement et tourna la tête pour regarder à nouveau la pergola. Quelques grappes de fleurs s'en détachèrent brusquement. Songlian trouva tout cela très étrange.
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Puis le nom de Zhuoyun fut prononcé : aussitôt Meishan lança, le visage blêmi par la haine : "Cette maudite créature est prête à tout pour exécuter les quatre volontés du Maître ! Je sais jusqu'où sa flagornerie peut la conduire ! Elle est prête à lui lécher le derrière en lui assurant que c'est sucré et parfumé. Elle en vient à rêver de dominer le vent et la mer ! Mais le jour viendra où je lui donnerai une leçon. Elle pourra toujours pleurer et appeler ses parents à la rescousse !"
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Raise the red lantern (d’après le roman Épouses et concubines )1991 bande-annonce
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