Un combattant de l'ombre
Jan Valtin, Richard Julius Hermann Krebs de vrai nom, est né en 1905. Très tôt, il s'engagea dans la lutte contre toutes les formes d'injustice et c'est tout naturellement qu'il adhéra au parti communiste. Ses combats eurent, surtout au début, pour cadre le milieu maritime dans lequel il évoluait à Hambourg. Au départ simple militant, il devint très vite une figure importante de l'International communiste.
Participant à des combats de rue, à des missions secrètes orchestrées par le Komintern, il fut vite recherché et rentra dans la clandestinité très jeune pour ne plus jamais en sortir. La vie dans la clandestinité est une vie de sacrifice, son quotidien sera fait de solitude, de désespoir, de fuite éternelle.
A cause ou grâce à cette vie,
Jan Valtin fit le tour du monde. le plus souvent en mission à l'étranger pour le parti - il parlait six langues, mais aussi pour fuir la police de nombreux pays. Ses voyages le conduisirent plusieurs fois aux Etats-Unis où il connut plusieurs années de prison mais aussi en Amérique du Sud, en Asie, dans toute l'Europe, cela le conduisant à changer d'identité constamment et l'obligeant à se reconstruire une nouvelle vie à chaque fois.
Il rentra en Allemagne au début des années 30. Etre communiste et militant très actif dans l'entre deux guerres, n'était déjà pas chose facile mais l'être dans l'Allemagne de 1933, devint très compliqué.
Jan Valtin finit par connaître les prisons d'Hitler, les tortures de ses sbires sadiques et évidemment, comme beaucoup d'opposants, ses camps de concentration.
Je ne raconterai pas la suite pour attiser votre curiosité mais ce récit est vraiment une épopée. L'auteur a sûrement parfois "arrangé" les choses, quelques invraisemblances, mais ce qui frappe surtout dans ce livre, c'est cet engagement absolu pour la "Cause", sans jamais douter, allant jusqu'à tout sacrifier pour le parti, la famille, les amis, sa santé physique comme mentale. Sa vie fut une vie de misère, faite de petits boulots pour survivre sur les bateaux jusqu'à mineur en Amérique du Sud, travailleur dans les vergers en Californie (nous ne sommes pas loin des "Raisins de la colère") mais toujours et en toutes circonstances, il pratiqua le prosélytisme pour la Cause. le parti a beaucoup utilisé l'auteur, allant même jusqu'à lui demander de tuer, sans jamais lui donner beaucoup en retour mais comme bien d'autres sacrifiés, malgré toutes les trahisons, il ne renonça jamais à son idéal.
Jan Valtin fut bien un combattant de l'ombre, un clandestin toute sa vie et son récit, alors même qu'il s'arrête avant la Seconde Guerre mondiale, renvoie finalement dos à dos les idéologies qu'il a soutenues comme celles qu'il a combattues.
Il ne faut pas être effrayé par le volume de cette épopée que l'on a du mal à quitter et qui donne à voir cette période trouble de l'entre deux guerres où sévissaient ouvertement l'antisémitisme, le racisme et la haine de classe.
Tous ces thèmes que l'on croyait disparus….