Le paravent de laque

Avec plus de quarante opus, le juge Ti fait partie des valeurs sûres du roman policier à l'instar d'un Maigret ou d'un Hercule Poirot, la particularité de la série étant de nous propulser au moyen-âge en pleine Chine impériale.
Un contexte qui sera pour beaucoup dans le plaisir de lecture car le dépaysement est garanti ainsi que la sensation de s'instruire sur une culture et une histoire inconnue pour la majorité d'entre nous, la plupart des aspects de la vie d'alors étant évoqués au cours de la série y compris la religion.
Dans "le Paravent de laque", le juge Ti se voit accorder par son supérieur une semaine de vacances dans le district d'un collègue, le magistrat Teng qui est aussi un poète et un lettré. Notre juge se prépare à profiter d'un repos bien mérité mais bien sûr il n'en sera rien et ses facultés seront bientôt mises à l'épreuve une fois de plus.
J'avoue ma préférence pour la plume et le style de Robert van Gulik avec un juge Ti sobre et respectueux des traditions, la série ayant connu au moins deux auteurs.

Le juge Ti est un Grand Détective(10/18) ayant réellement existé. Van Gulik, connaisseur érudit de la culture chinoise, installe son héros dans deux intrigues qui ont lieu dans une ville imaginaire mais présentant toutes les caractéristiques d'une ville moyenne sous la dynastie des T'ang (VIIeme siècle), au Moyen Âge chinois.

En vacances une semaine, accompagné de son lieutenant Tsiao Taï, le juge Ti se rend chez un collègue magistrat, Teng. Il espère notamment écouter ses plus beaux poèmes , comme le veut l' usage de l'époque entre gens lettrés , mais ce dernier n'a pas le coeur à ça parce que sa femme a été assassinée...
Finies les vacances! Alors le héros retrousse ses amples manches, caresse sa longue barbe pour mieux réfléchir, la sépare en deux pour la nouer derrière la tête afin de passer à l'action.
Son collègue est le principal suspect mais quelques détails le chiffonne alors notre héros doit se déguiser pour infiltrer la pègre locale et enquêter sur ce meurtre- du paravent de laque- ainsi que sur le mystérieux suicide d'un commerçant révélé lors d'une audience publique du tribunal.

le lecteur attentif pourra tenir compte des moindres descriptions des deux scènes de crimes pour éclaircir ces ténébreuses affaires, comme le charismatique juge Ti, et s'immerger aisément, à travers quelques us et coutumes, dans l'étonnante culture de la Chine ancienne.
Excellente lecture (d'été).

J'ai retrouvé avec plaisir le juge Ti dans cette nouvelle aventure où, bien qu'officiellement en vacances, il prête assistance à un confrère pour élucider un meurtre,
découvrir une fraude et éclaircir un supposé suicide. Tout cela en deux jours! Les intrigues sont bien construites, les suspects ne sont pas évidents et les personnages bien campés. Mais outre ces dimensions, c'est la personnalité du juge qui vole la vedette: calme, rationnel, rusé, impitoyable avec les criminels violents mais magnanime avec ceux qui se sont temporairement égarés. Dans cette Chine où de tels juges ont d'immenses pouvoirs, il peut rendre justice mais aussi donner de secondes chances à ceux qui la mérite. L'aperçu que nous donne ce roman sans prétention de la société chinoise à cette époque fait, en autre, son charme. Un bon divertissement qui nous change radicalement des polars modernes.

Même en vacances, le juge Ti ne peut s'empêcher de travaiĺler !

Ce roman nous emmène dans une autre ville où notre fameux juge est censé séjourner incognito. Mais il se retrouve très vite pris dans diverses enquêtes qu'il résoudra avec brio comme toujours. Cettz fois-ci, chose très originale, il va avoir une expérience différente puiqqu'il va se retrouver avec les mendiants et les voleurs pour 24 heures, ce qui lui donne une autre vision que celle habituelle.

Les diverses enquêtes de ce roman sont toujours aussi bien menées et je suis encore une fois épatée par le discernement et l'acuité d'esprit du juge Ti. Il sait voir le moindre détail et l'associer à un ensemble plus vaste.

Je pense qu'on ne peut se lasser des aventures du juge Ti et de la plume de van Gulik qui est un brillant conteur ! L'auteur connait bien son sujet, que ce soit la société de l'époque des Tang, comme le système judiciaire ou l'administration. Il a également de solides connaissances en littérature classique, tout du moins concernant les romans, et essaie d'en donner la saveur dans son oeuvre, par exemple concernant les dyptiques des noms des chapitres.

Encore un très joli roman que nous offre Van Gulik avec son petit canon chinois qui nous embrouille joliment - pour une fois je n'ai "résolu" aucune des trois, même si j'ai eu de fort soupçon pour l'une.

La fin m'a par contre laissée un gout amer, non car elle est mal écrite ou stupide... juste car pour moi il y a une forme d'injustice. , même si on ne peut condamner un homme pour des actes qu'il n'a pas commis. Mais que cet homme odieux puisse continuer sa route sans que l'ombre d'uns scandale vienne assombrir un halo volé ...

Encore une réussite, mais je vais m'arrêter là pour le moment dans ma découverte de l'auteur, ne serait-ce que pour en garder pour plus tard. :)
(Mais soyons honnête aussi pour ne pas me lasser, trop de temps dans une seule plume peut être discriminant.)