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Marie-Claude Morel (Autre)
EAN : 9782702408421
Le Masque (30/11/-1)
3.98/5   41 notes
Résumé :
Quand Schaine Madduc revint de Koryphon, après cinq années passées dans l'espace, elle n'avait plus l'air d'un garçon manqué. Mais sa planète natale avait beaucoup plus changé encore. Les espèces vivantes qui y avaient vécu si longtemps en harmonie étaient à deux doigts d'en venir aux mains. Certains luttaient pour l'émancipation des non-humains, les redoutables erjins et les énigmatiques morphotes. L'Alliance Rédemptionniste faisait campagne contre les Traités de S... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Voilà à mon avis l'une des créations les plus abouties de Jack Vance.

Elle date de 1974. A cette époque l'auteur a acquis une grande expérience dans la construction de mondes et de sociétés exotiques. Il nous cisèle ici un monde riche et complexe, avec pas moins de trois groupes humains aux moeurs peu compatibles et deux espèces extraterrestres. Les éons et les vagues successives de colonisation de Koryphon ont produit des strates de sociétés toutes arquées sur leurs traditions. Les derniers arrivants, humains, se divisent en deux groupes. le premier, celui d'où sont issus les héros de cette histoire, se rapproche assez des planteurs du sud des États-Unis possédant de grands domaines terriens. le second est une copie de nos sociétés urbaines occidentales, érudite, préférant la pensée abstraite à l'expérience vécue et défendant le droit de l'homme et de l'animal. Dépositaire de la Loi écrite, le second veut l'imposer au premier qui, de son côté, soutient qu'une loi ne vaut rien si elle n'est pas sous-tendue par une force physique incontestable.
Il existe des groupes humains plus anciens et rustiques : les Uldras à la peau grisâtre et les Coureurs de vent. Ces derniers se déplacent à bord de véritables bateaux sur roues dans les immenses steppes du nord dont Lionel Davoust s'est peut-être inspiré pour ses Umsaïs de la nouvelle La Route de la Conquête.
Vance ajoute deux espèces non humaines semi-intelligentes et très différentes l'une de l'autre : les Erjins qui servent de montures aux Uldras et de serviteurs aux humains urbains, et les petits mais dangereux Morphotes.
L'ensemble est placé dans une géographie de grands espaces sublimes que l'on a l'occasion d'arpenter. Rien que ce voyage suffit à apprécier le récit.

Le noeud dramatique du récit est resserré sur la question : à qui appartient la terre ? Nos héros – ces grands propriétaires terriens qui dans nombre de romans joueraient les méchants riches imposant leur loi à la ville soumise – sont sûrs de leurs droits sur leurs terres, ne serait-ce parce que personne ne peut la leur contester par la force. Les Uldras, certains d'entre eux en tout cas, estiment qu'ils ont été spoliés illégalement et réclament les droits de propriétés. Les citadins, qui voient la situation de loin depuis leurs salons, appuient ces Uldras au nom du droit universel.
Le problème, toujours d'actualité par exemple en Israël et Palestine, donne lieu à quelques débats entre les personnages qui sont autant de source de réflexion si l'on veut s'en donner la peine. Jack Vance en profite pour placer ses propres opinions, ce qu'il ne fait pas souvent. Il est clair qu'il n'accorde pas de valeur à l'argument « J'étais là avant » et le démonte dans ce roman au travers d'un argument casuistique qui m'avait soufflé à ma première lecture il y a de nombreuses années. Il n'est pas difficile de considérer que Jack Vance n'accorde ce faisant aucun droit aux Amérindiens qui ont perdu leurs terres parce qu'ils n'étaient pas assez forts pour la garder. En allant plus loin, aurait-il pensé qu'Hitler avait raison d'étendre le Reich vu que les démocraties le laissaient faire ? Que Staline avait raison d'imposer son dictat en Europe de l'Est parce que personne ne pouvait l'en empêcher ? On le voit, les conséquences de l'argument sont moralement difficilement défendables. Cela tient dans le cadre du roman car ses héros ne sont pas des brutes assoiffées de domination.
La description que Jack Vance fait des humains citadins amateurs d'abstraction prouve qu'il n'aimait pas ses contemporains qui avaient un avis sur tout sans avoir quitté leur canapé. Pour un baroudeur comme lui, ce genre de personne devait être insupportable.

Richesse exotique, histoire prenante, matière à réflexion, c'est tout ? Non ! L'auteur nous offre aussi des personnages plus réalistes, plus vivants qu'à son habitude. Si Gerd est un héros Vancien froid et efficace, les autres éprouvent de vraies émotions bien humaines. La présence de Schaine, une jeune femme des Domaines qui est le seul point de vue de la première partie du roman, est inhabituelle et très bienvenue, même si elle est un peu trop contemplative à mon goût. A la relecture, les relations de Gerd et Schaine m'ont évoqué celles de M. Darcy et Elisabeth Bennet dans Orgueil et Préjugés.

Cette fois j'ai fait le tour. Je me suis re-régalé à cette relecture. du Vance d'un cru supérieur.
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Excellent petit planet opera que voilà. Je suis toujours autant admiratif de Jack Vance qui parvient en si peu de pages à nous planter un décor tangible et en relief sur une planète totalement étrangère, avec quelques races extra-terrestres, tout en nous introduisant simultanément les premiers personnages principaux.
Le tout est structuré, visuel, coloré et nous plonge directement au coeur de l'histoire. Là où il est très fort aussi, c'est que les protagonistes ont une réelle épaisseur et une personnalité suffisament étoffée. Evidemment il se concentre sur l'essentiel, sans aucune perte de temps en fioritures.

Le fond de l'intrigue est, comme toujours chez cet auteur, intelligent et intéressant. Il pose la question de savoir qui, au final, est dans son véritable droit entre le dernier envahisseur en date et celui qui était là juste avant... ou bien doit-on remonter encore plus loin, aux origines du monde pour savoir qui était là en tout premier et s'est fait ravir son territoire ?
La seconde question amenée également au fil du roman est de décider s'il est mieux de conserver un territoire occupé sachant que les habitants voient leur qualité de vie s'améliorer considérablement, ou est-il fondamentalement nécessaire de recourir à tous les moyens pour retrouver et conserver la liberté. D'ailleurs quelle est la définition de la liberté (ceci dit en passant) ?

Voilà Jack Vance nous interroge habilement. Il propose une réponse dans le dénouement final. Une réponse qui en vaut une autre, mais c'est lui le créateur de son univers donc il maîtrise logiquement l'ensemble des paramètres à prendre en considération.
Je ne dévoilerai rien, et le débat est ouvert dans la tête du lecteur après avoir dévoré ce court bouquin qui constitue une belle preuve supplémentaire que Monsieur Vance était vraiment un grand, très grand auteur.
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Un chouette roman de sf que n'aurait pas renié Stefan Wul, si ce n'est la "morale".

Je vais commencer par remercier Relax67 de m'avoir proposé de participer au challenge Jack Vance. J'ai eu du mal à rentrer dedans, avec "un Monde Magique" et "Cugel l'Astucieux" (les deux premiers tomes du cycle de "la Terre Mourante". Puis c'est allé de mieux en mieux avec "les Maîtres de Dragons" et "les Langages de Pao", pour finir par "les Domaines de Koryphon", qui est sans conteste celui que j'ai préféré des cinq.

Je retrouve dans ce roman un "sense of wonder" qui m'a furieusement rappelé Stefan Wul, la poésie en moins. Néanmoins, en un peu plus de 200 pages, Jack Vance réussit (là ou c'était raté dans "les Maitres des Dragons" et presque réussi dans "les Langages de Pao") à évoquer, non seulement un monde, mais également des peuples, avec leurs modes de vie, coutumes et rapports qu'ils entretiennent les uns avec les autres, de façon tout à fait crédible et convaincante. de fait, c'est un roman dense et riche et dieu sait que Korphon aurait été le décors idéal pour un cycle de planet opéra au long cours.

Koryphon est un monde colonisé par l'homme depuis plus de deux siècles et se situe dans l'Aire Gaiane, un ensemble de planètes et d'étoiles qui comprend également Aerlith, le monde des "Maîtres des Dragons". Il est composé de deux peuples autochtones nomades, les Uldras et les Coureurs des Vents, deux espèces semi-intelligentes, les Erjins et les Morphotes et des Outkers, autrement dit les colons humains. Si les Coureurs des Vents, qui vivent au nord du continent d'Uaia, n'entretiennent que peu de rapports avec les Outkers, les Uldras sont organisés en plusieurs tribus qui, soit travaillent dans les domaines des colons, soit font partie des clans insoumis.
La société Outkers, elle aussi, est loin d'être uniforme. En Uaia vivent les Seigneurs, qui exploitent de grands domaines, sur ce qu'on nomme les Terres des Traités et sur le continent de Szintarre vit une population plus urbaine, cosmopolite et implantée depuis moins longtemps sur Koryphon. En son sein milite l'influente ligue Rédemptoriste, qui souhaite voir les Terres des Traités, illégalement acquise par la force et la ruse, restituées aux Uldras....

L'histoire débute par le retour de Schaine Madduc, la fille de Uther Madduc, Seigneur du domaine de Matinclair. Celle-ci était parti faire ses études sur Tanquil et s'est absentée durant 5 ans. Très peu de temps après, son père meurt assassiné, non sans avoir laisser une lettre énigmatique dans laquelle il déclare avoir fait une découverte extraordinaire, en pleine Palga (le pays des Coureurs des vents ). Si Kelse (le frère de Schaine) et sa soeur sont obligés de rester à Matinclair pour gérer le domaine, Gerd Jemasze (un ami de la famille) et Elvo Glissam, un membre de l'Association pour l'Émancipation des Erjins habitant Olanje, la capitale du Szintarre, qui en pince pour Schaine, partent sur les trace du dernier voyage d'Uther et sa fabuleuse découverte...

Le récit s'articule autour de deux lignes de fractures : celle qui séparent les colons des autochtones et celle qui séparent les ruraux des urbains. Vance, sans aller jusqu'à justifier la colonisation, lui trouve quand même beaucoup d'avantages pour les peuples autochtones, mais la fin vient rappeler que les dominants et les dominés ne sont pas toujours là ou on les croit. Son texte fait un peu écho au débat, toujours actuel, du regard à porter sur l'Histoire de son pays. A savoir, soit un regard "culpabilisant" à outrance, qui met en avant de grand principes moraux et fait fi des contextes passés (la gauche), soit un regard qui peut aller loin dans la justification, voir la légitimation (la droite). Clairement, Vance a choisi son camp...

Au final je me suis quand même régalé, surtout grâce au "worlbuilding" et à l'imagination foisonnante de l'auteur. le récit est dynamique et, à l'instar des "Langages de Pao", les réflexions sous-jacentes bien présentes.
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Je termine l'année 2022 en enchaînant un quatrième roman de Jack Vance : Les Domaines de Koryphon.

Après cinq années d'absence, la jeune Schaine Madduc retourne sur Koryphon, sa planète natale. Tandis qu'elle s'attend à retrouver les siens et le paisible domaine où elle a grandi, elle se rend compte que de vives tensions sont apparues entre les différentes ethnies que sont les Uldras, anciens colonisateurs de Koryphon et les Outkers ou Barons-terriens, derniers colonisateurs maintenant bien établis sur la planète, pour ne pas dire enracinés. Il y a aussi les terribles Erjins dont on ne sait si une intelligente les anime ou non ; et les mystérieux Morphotes tout autant redoutés que mal aimés. Nul doute que le monde de sa jeunesse a bel et bien changé.
Dans ce maelstrom civilisationnel, le moindre faux pas entraîne désormais la mort. C'est ce qui arrive à Uther Madduc, le père de Schaine. Son frère Kelse et elle décident alors de retracer les dernières heures de la vie de leur père pour comprendre ce qu'il lui est arrivé. Pour cela, ils seront aidés par Gerd Jemasze, un propriétaire terrien un brin aventurier, par Kurgech, un serviteur Uldras maîtrisant la magie et par Elvo Glissam, un rédemptionniste militant pour la fin de cette colonisation et surtout de l'hégémonie des Outkers jugée illégitime...

Alors je dois avouer que j'ai été quelque peu surpris par le quatrième de couverture qui semble promettre aux lecteurs les aventures non pas d'un héros mais d'une héroïne : Schaine. Je me suis dit : "Tiens, c'est étonnant de la part de Jack. Ça va être intéressant." Eh bien, non ; il n'en est rien. Comme quoi, j'avais des raisons de douter. Dommage.

En fait, il n'y a pas vraiment de personnage central. Nous suivons un groupe de protagonistes aux tempéraments et motivations bien distincts. Et c'est, en fin de compte, encore plus intéressant dans la mesure où nous les voyons évoluer chacun au sein de ce groupe avec les frictions et les désaccords que cela implique. C'est assez bien amené de surcroît, chaque personnage ayant ses propres convictions.
Kelse, par exemple, est le propriétaire terrien par excellence. Il juge sa position légitime et entend défendre son domaine jusqu'au bout comme le veut son rang de Outkers. Elvo Glissam, lui, est le parfait idéaliste avec toutes les contradictions qui en découlent. Il est incapable d'abattre un erjin alors que la vie du groupe est en jeu, mais est prêt, en revanche, à mener la révolte pour défendre son idéologie. Un vrai wokiste avant l'heure. Gerd Jemasze est, quand à lui, plus nuancé, plus respectueux des coutumes des tribus, tout en étant néanmoins prêt à se battre pour protéger son domaine. Seule Schaine ne sait trop quoi penser de tout ça, ayant l'air perdu la plupart du temps entre ses souvenirs d'enfance et son devoir d'héritière.
En cela, le livre pose de bonne questions, des questions qui font écho à la civilisation humaine d'aujourd'hui ainsi qu'à ses penchants pervers pour mettre l'indigéne à genoux afin d'en faire un serviteur docile, autrement dit un esclave. L'histoire de Koryphon, c'est le miroir projeté sur l'histoire de l'Afrique du Sud ou de l'Amérique du Nord.

En revanche, on pourra s'interroger sur la réponse que donne Jack Vance - son interprétation ou son ressenti, c'est selon - qui semble légitimer le comportement des Outkers et donc, dans un certains sens, celui de ses congénères anglo-saxons en Afrique du Sud et États-Uniens en Amérique du Nord qui ont, les uns les autres, littéralement exploité et/ou décimé des peuples entiers pour établir leurs colonies...
Mais bon, on lui pardonne. Non pas parce que c'est Jack Vance, mais parce qu'il n'était pas acteur de cette humanité colonisatrice, il n'est qu'héritier. Difficile de juger alors ; ici, seul le constat et la rédemption sont possibles.

En ce qui concerne l'histoire, il faut reconnaître qu'elle ne casse pas des briques. La magie opère cependant avec le talent incontesté de Jack Vance pour nous faire voyager. Koryphon est décrite avec beaucoup de précisions et de majesté. On y est sur la planète, sans aucun doute ; et on y vit presque. Personnellement, j'ai adoré le voyage en chariot à voile. Monter a bord du sloop-de-terre pour parcourir le soom élastique recouvrant la Palga, quelle aventure ! Héhé ! Rien que l'expression "Coureurs de vent" suffit à faire rêver !
Et puis les rencontres avec les personnages secondaires ou les différentes tribus sont, sinon fascinantes, du moins intriguantes..

Malheureusement, comme trop souvent, la fin est un peu légère, trop vite expédiée et nous fait quitter le monde de Koryphon à regret. Mais peut-être que le voyage est plus important que la destination. Enfin, peut-être...

C'est à la lecture de Les Domaines de Koryphon que je me rends compte que rien ne peut remettre en cause l'affection immense que je porte à l'oeuvre de Jack Vance, ce conteur merveilleux. Il est et restera à mes yeux le champion toutes catégories de la science-fiction fantaisiste plus communément nommée la science-fantasy, un sous-genre - et il n'y a là rien d'insultant - fabuleux de la SF qui lui doit tout. Il est et restera à jamais un des plus grands artisans de l'imaginaire. Cet énième livre de l'univers Vancien que je soustraits enfin à ma PÀL ne fait que confirmer toute l'adoration que je voue à cet écrivain qui est tout simplement mon auteur préféré.
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C'est l'été, c'est planet opéra ! Je m'étais procuré Les domaines de Koryphon notamment grâce à sa belle couverture, mais aussi parce que je souhaite approfondir mes connaissances sur les auteurs classiques de la SF. J'ajoute donc Jack Vance à l'éventail de mes découvertes littéraires en la matière.

Jack Vance nous fournit un univers ciselé à travers une certaine complexité. Il nous présente une planète, Koryphon, habitée par différentes espèces, dont la dernière arrivée, les humains, vivent dans de vastes domaines avec de nombreux serviteurs. Ils ont notamment des espèces extra-terrestres, aux moeurs variées et paraissant bien exotiques à nos yeux de lecteurs, en particulier en matière de croyance et de religion. L'auteur construit un univers avec un vocabulaire dédié très spécifique qui permet de bien décrire des façons de vivre différentes, même au sein des différents humains. Les propriétaires des domaines ont par exemple une mentalité similaire à celle des grands propriétaires sudistes, avec une vision très utilitaire et pratique, estimant que la Loi n'est rien sans aucun appui violent. Ils ont notamment en concurrence avec les Uldras, arrivés avant, qui ont trouvé en la personne du Prince Gris un représentant de leur virulence : ils souhaitent récupérer leurs terres. Ces derniers ont un mode de vie très spécifique et très bien décrit par l'auteur. Mais il y aussi les erjins, des créatures non dénuées d'intelligence mais qui servent de montures et sont particulièrement dangereuses.

La présence d'autant de factions différentes nous mènent à une question très présente le long de ce court roman : A qui appartient la Terre ? Dernier arrivé premier servi ? Liberté des peuples à déterminer d'eux-mêmes ? Les rédemptoristes sont par exemple des humains urbains qui militent pour la fin des domaines et le retour des terres aux Uldras, mais très enclins à l'abstraction. L'auteur donne par ailleurs son avis, qui est visible en sous-texte, mais qui est moralement difficilement défendable. Heureusement, les choses ne sont pas si simples et l'auteur évite de se prendre les pieds dans les tapis. le prince gris, répondant au doux surnom de Brioche, ne semble pas avoir des intentions aussi claires, les propriétaires des domaines semblent enclins à la violence facile… Schaine, tout juste de retour, a du mal à faire la part des choses dans cet imbroglio politico-philosophique. le tout est bouleversé par une découverte qu'aurait fait le père d'un des personnages principaux.

L'histoire est en elle-même assez simple et s'affirme comme une quête pour découvrir un élément qui risque de bouleverser l'équilibre des pouvoirs. Après la disparition du patriarche Uther Madduc, les personnes qui gravitent autour de lui doivent tant bien que mal raccrocher les wagons pour tenter d'en savoir plus sur les mystères de Koryphon. S'ensuivent différents voyages à travers les paysages, magnifiquement décrits de la planète. Il est intéressant de ressentir les dangers qui se tapissent dans ce monde lointain : les edjins capables de grands accès de violences, les uldras indépendantistes… L'auteur a un style très visuel qui permet de bien situer des éléments et de souffler le lecteur. J'ai apprécié le long voyage et les rencontres faites

J'ai en revanche été moins convaincue par les personnages : ils manquaient de profondeur pour être véritablement attachants, du coup les enchaînements d'aventures ne m'ont pas toujours captivé. Je pense qu'ils avaient pour objectif d'être des archétypes plutôt que des personnages à part entière, dont l'objectif est d'incarner une idée. Elvo est par exemple un urbain qui pense que les terres des domaines devraient être rendus. Gerd est un propriétaire terrien laconique mais efficace, là où le frère de Schaine est plus amer dans sa philosophie. Schaine a une vision plus partagée, faisant plus office de narratrice distanciée par moments, même beaucoup d'intrigues tournent autour d'elle.

J'apprécie ce récit que je trouve très dépaysant. L'auteur a créé un univers complexe où se côtoient plusieurs espèces. Il pose aussi bien des questions autour de la colonisation, notamment des rapports de domination, mais aussi des étrangetés des cultures différentes. Jack Vance développe un vocabulaire spécifique qui favorise l'immersion et démontre une grande créativité, notamment dans l'exploration des populations extra-terrestres. Dommage que les personnages soient un peu plus fades, ils auraient mérités d'être approfondis pour apporter plus d'ampleur au récit.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Cet homme était plus petit que lui de quelques centimètres, mais il avait des épaules plus larges et un torse plus développé. Ses mouvements étaient décidés, précis et efficaces. Il ne gaspillait pas son énergie en gestes superflus et n'avait aucune de ces idiosyncrasies auxquelles la plupart des gens devaient leur personnalité. Rien ne venait dissiper la première impression qu'on avait de cet homme. Il était sec, fade, sinistre et terne.
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L'ère spatiale a débuté voici trente millénaires. Depuis, les hommes ont voyagé d'étoile en étoile, en quête de richesses et de gloire. L'Aire Gaïane englobe une partie importante de la galaxie, un espace où les lignes commerciales s'entrelacent comme les vaisseaux capillaires d'un tissu organique. Des milliers de mondes ont été colonisés. Très différents les uns des autres, ils ont tous marqué de leur empreinte les hommes qui s'y sont installés. Jamais l'humanité n'a été moins homogène.
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Srenki : membre d'une caste stupéfiante et impressionnante, si ce n'est pas un culte. La connaissance vient à l'enfant par des rêves récurrents. Livide et agité, il finit par abandonner son chariot pour partir errer loin de ses proches. il commet peu après son premier acte de violence gratuite. Ensuite, au sein de cette étrange société autrement si paisible, il se replie sur lui-même et assure la rédemption de ses semblables en leur permettant d'offrir pitié et tolérance à l'objet de répulsion et d'horreur qu'il est devenu. Les srenkis sont peu nombreux, peut-être n'en dénombre-t-on qu'une vingtaine dans toute la Palga, mais ce besoin viscéral de destruction est irrésistible et profondément ancré en eux.
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- Nous arriverons à nous entendre, père et moi. Tu sais qu'il ne manque ni de bonté, ni de raison.
- C'est une force de la nature! Ouragans, éclairs et torrents impétueux ne sont ni cruels ni déraisonnables, mais la douceur et le bon sens ne permettent pas pour autant de les vaincre.
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Les Coureurs des vents étaient peut-être les plus sensés de tous les habitants de Koryphon, pour avoir décidé de se déplacer sans cesse sur de si vastes espaces, avec pour toit des nuages démesurés et des couchers de soleil somptueux pour marquer le terme de chaque jour.
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Vidéo de Jack Vance
Extrait du livre audio « Madouc, Lyonesse, T3 » de Jack Vance, traduit par E.C.L Meistermann et Pierre-Paul Durastanti, lu par Marvin Schlick. Parution numérique le 30 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/madouc-9791035410391/
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