AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782363120687
320 pages
Le Temps éditeur (20/04/2018)
3.38/5   4 notes
Résumé :
« Charly remonta dans l’Aston Martin et démarra, abandonnant le corps sans vie de Chao dans le caniveau. Le doux feulement du moteur se substitua à celui plus sec, mais pas moins excitant, du craquement des vertèbres entre ses mains ; un craquement qui lui rappelait ces pétards, enveloppés dans leur joli tortillon de papier coloré, et qu’on trouvait sur les tables lors des fêtes du Nouvel An. »

Tandis qu’une nouvelle drogue aux effets dévastateurs se... >Voir plus
Que lire après Les Onze Orphelins de Mme LiVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Comment donc suis-je arrivée à ce livre, d'un auteur qui m'était tout à fait inconnu, et qui ne semble pas avoir attiré les foules (0 critiques sur les différentes plateformes que je fréquente !) ? Aurait-il été en promo sur Kindle, comme on a en quelques-unes chaque jour, et que j'aurais craqué ce jour-là, juste le temps d'oublier ensuite complètement que j'avais choisi ce livre ? En tout cas, si le moment même de son achat ne m'a laissé aucun souvenir, l'histoire même ne m'en laissera guère davantage.

En fait, on a là un « bon policier, mais sans plus », qui décidément ne casse pas trois pattes à un canard. On a tous les ingrédients qui font un polar classique : des cadavres et disparitions d'enfants, quelques prostituées, de la drogue, des malfrats plus ou moins fréquentables, des bons et des mauvais policiers – dont l'inévitable flic un peu usé un peu alcoolique et beaucoup désabusé, ici en plus affublé d'un chien collant et apparemment sans caractère, mais même ça c'est du déjà-vu. Et, pour la touche particulière couleur locale, on a une vieille dame dynamique, ex-gardienne de prison (fonction qui, à ce que j'en ai compris, fait partie de la police, en Chine) qui a ouvert toute une série d'orphelinats pour ces enfants dont la société chinoise ne veut pas : les malheureux rejetons des condamnés à mort exécutés. Tous ces ingrédients sont cuisinés dans une intrigue intéressante et même assez prenante, mais aussi très linéaire et sans vraie surprise, jusqu'à une résolution que l'on soupçonnait déjà en partie bien avant… mais pour cela, et malgré le fait que je lis tant et tant de policiers, je reste toujours très hésitante quant à mes propres déductions ! (même si elles s'avèrent ensuite correctes)

Les personnages sont assez typés mais guère travaillés : on les reconnaît, on a eu vent de leur histoire dans les grandes lignes, on voit leurs réactions au fil de l'histoire et on les suit avec un certain intérêt… mais ça s'arrête là ! Chez moi en tout cas, ils n'ont suscité aucune sympathie particulière, pas plus que de rejet d'ailleurs… ce n'est pas insipide, mais à aucun moment on n'entre dans leurs sentiments si ce n'est en superficie, et ça manque !
Pour donner un exemple concret de ce qui m'aurait fait résonner avec ces personnages, prenons Mme Li : elle est sans doute géniale et pleine d'énergie, c'est dit et redit, mais on ne la voit pas (j'invente au fur et à mesure) en train de s'énerver au téléphone contre les turpitudes de l'administration de son pays ; on ne la voit pas (ou trop peu) aller d'un enfant à l'autre, les encourager, se fâcher sur ceux qui font des bêtises aussi, suivre leurs résultats scolaires, s'émouvoir quand un jeune enfant a appris un nouveau caractère et parvient à le reproduire correctement, etc. ; on ne la voit pas pleurer le soir toute seule dans sa chambre parce que la charge est tellement lourde et qu'elle a le droit d'avoir des moments de découragement. Ce genre de choses, même un seul élément, aurait donné un côté plus humain à cette Mme Li, une vraie consistance, qui manque donc en l'état.

Mais le plus problématique, à mes yeux, est le vrai personnage principal, celui qui mène l'enquête : le superintendant de 2e échelon Wen. On sent assez bien son mal-être, ses désillusions, et sa tendance à tout masquer dans l'alcool… le tout est montré à travers plusieurs scènes de gueule de bois, tellement récurrentes dans tant et tant de polars et même certaines romances plus ou moins bas de gamme, que ça suscite tout au plus une vague irritation due à la répétition de ce type de description inintéressante. C'est d'autant plus irréaliste que Wen s'avère peu à peu, et sans transition à part un petit encouragement de Mme Li, assez redoutable et très actif, pour un policier mis sur une voie de garage ! ça a un petit côté incohérent en somme.

Mais cette incohérence va bien plus loin que ça… et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est gênant, car ça touche au postulat de départ sur lequel tout le livre est bâti - et qui fait aussi toute l'originalité de ce livre : comme je l'ai déjà évoqué plus haut, et comme on peut le comprendre à travers le synopsis, l'histoire se passe en Chine, et plus particulièrement à Pékin et dans ses environs. À travers quelques descriptions (de l'une des grandes gares, où officie Wen ; des embouteillages ; des environs tout de suite plus agréables où se trouve l'orphelinat principal), l'auteur démontre une très grande connaissance de ce pays ! Ça a vraiment un petit goût dépaysant, bien agréable.

Mais voilà : ce n'est pas un romancier chinois qui écrit, mais un romancier français, avec toute sa connaissance d'un pays fabuleux… et tous ses a priori, sa culture et sa façon d'écrire d'un citoyen occidental ! Revenons à Wen et à sa déchéance au sein de la police : jeune officier de police prometteur à l'époque, il aurait refusé de tirer sur les manifestants lors des émeutes de la place Tian'anmen en 1989. Et l'auteur veut nous faire croire que cela aurait conduit Wen à une voie de garage, sans boulot vraiment passionnant, sans plus aucun espoir de carrière... Sérieusement ?
Déjà, il faut accepter le principe qu'un jeune officier de police brillant, chinois donc, bien imbibé de la doctrine du parti unique auquel il adhère forcément (sinon, pourquoi serait-il devenu policier, et gradé en plus ?), ait tout à coup eu un sursaut de conscience « à l'occidentale », à une époque où la Chine était encore plus fermée qu'aujourd'hui, son économie s'ouvrant peu à peu mais pas sa politique, et les réseaux sociaux étant encore inexistants !? bon, admettons…
Mais alors, il faut accepter, en plus, la possibilité que ce policier gradé, qui aurait commis un acte aussi grave que désobéir à l'ordre de tirer dans un contexte aussi explosif, soit simplement stoppé dans sa carrière… et pas jeté en prison, voire pire !? Quand on sait que la Chine a fait venir plusieurs corps de son armée pour mater les contestataires cette année-là à Pékin et ailleurs, car la police seule ne parvenait pas à contenir les manifestants, comment peut-on imaginer que cette police « idéologisée » mais débordée et mise à mal, se serait suffisamment inquiétée d'un petit policier désobéissant pour le recaser à un poste tranquille, au lieu de s'en « débarrasser » directement ?...
Vraiment, je n'y crois pas une seule seconde !

Outre ces incohérences autour du personnage central, on trouve bien quelque chose d'une Chine géographique, voire touristique un peu cliché dans ce livre… mais on ne trouve pas « l'âme » chinoise ! J'ai assez peu lu d'auteurs chinois ou autres extrême-orientaux, mais je ne retrouve ici aucun des éléments qu'on imagine (à tort ou à raison) typiques de cette littérature tellement éloignée de la nôtre. Un José Frèches par exemple, dont j'ai lu l'un ou l'autre livre il y a des années, donnait bien davantage l'impression de s'immerger au sein du peuple, auprès des gens et de leur façon de penser. Ici, rien de tout cela : le style ici est clairement celui d'un auteur occidental, direct, parfois nerveux, efficace, qui affiche sa façon de penser car il n'a de toute façon rien à craindre (son livre est destiné à un lectorat vivant en démocratie !) et, au final, il suffirait de supprimer les quelques références à Pékin et à la Chine, les transplanter dans n'importe quel autre contexte (même occidental), et ça marcherait sans doute de la même façon, avec à peine quelques adaptations mineures. Et c'est dommage, car l'auteur a manifestement toutes les compétences requises pour produire un réel « effet sinoïsant », mais il est passé à côté…

En résumé, j'ai donc lu un bon policier, dans un contexte bien typé mais présentant des incohérences capitales. L'intrigue est bien menée et assez prenante, mais tellement classique dans sa forme qu'elle ne maintient que difficilement l'intérêt jusqu'au bout. D'ailleurs, je me suis arrêtée aux 45% du livre pendant plus d'une semaine, car j'avais tout à coup d'autres lectures plus urgentes pour les besoins de mes autres challenges =D … or je n'ai pas ressenti le moindre regret à devoir mettre ce livre en pause, et quand je l'ai repris, ça a été sans aucune difficulté – ce qui prouve tout autant que ce livre est très abordable, mais aussi sans grande originalité, et certainement pas inoubliable.
Commenter  J’apprécie          00


Videos de Pascal Vatinel (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pascal Vatinel
Le chant des galahs, polar australien de Pascal Vatinel, COUP DE COEUR FRANCE INTER 2021.
autres livres classés : thrillerVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (13) Voir plus



Quiz Voir plus

La jeune fille à l'éventail

Comment s'appelle le personnage principal ?

Aïko
Ly
Ozaka

7 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Aiko, la jeune fille à l'éventail de Pascal VatinelCréer un quiz sur ce livre

{* *}