Les «
Fêtes galantes » de
Verlaine est sûrement le recueil qui illustre le plus parfaitement les tableaux d'Antoine Watteau, peintre du XVIIIe siècle à l'origine du style « rococo ». Ses peintures, désignées elle-même sous le nom des
fêtes galantes, mettent en scène des personnages raffinés et élégants, inspirant l'insouciance et la mélancolie dans une atmosphère bucolique et de rêverie.
Les 22 poèmes de
Verlaine reprennent donc ce thème, mettant en scène Pierrot et Colombine, des personnages de la Comedia dell'arte. Fuite du temps qui passe,
amour déçu, mais aussi la fête et le jeu, les thèmes sont les mêmes que dans les tableaux de Watteau, agrémentés de la note personnelle du poète.
Les deux artistes partagent cependant une même vision du monde, le sentiment baroque. Un recueil à lire avec les tableaux de Watteau sous les yeux.
«
La bonne chanson », troisième recueil du poète, sont des poèmes rédigés en l'honneur de sa fiancée, Mathilde Mauté de Fleurville, une jeune fille de 16 ans que
Verlaine épouse l'année suivante, celle de la publication des «
Fêtes galantes ». Si cet
amour, on le sait, finira par sombrer dans la méchanceté et la mesquinerie, il n'en reste pas moins que ces poèmes marquent la volonté du poète de vanter les mérites de sa belle. C'est d'ailleurs moins la passion que la
sagesse de la jeune fille que le poète loue, cherchant sans doute à se raisonner lui-même et à taire sa nature profonde qui se dévoilera avec
Rimbaud.
En attendant, «
La Bonne Chanson» évoque presque chronologiquement les événements de sa vie depuis sa rencontre avec Mathilde (I, II, III) jusqu'au mariage (XVII, XIX). Les poèmes, aux vers simples, sont touchants et émouvants. le poète tente d'imaginer le bonheur paisible du foyer. Mais il ne fera que l'imaginer justement.