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EAN : 9782848762135
286 pages
Philippe Rey (23/08/2012)
3.87/5   27 notes
Résumé :
Adolescent en Haïti dans les années 70 sous la dictature de Duvalier, tiraillé entre la crainte d’un père rigide et le désir d’explorer le nouveau continent de la sexualité, le jeune Carl Vausier décide de faire confiance à sa propre nature. Dans la maison familiale d’abord, là où la promiscuité interdit le moindre jardin secret, il se réfugie dans le saint des saints, la bibliothèque, pour assouvir ses fantasmes sous la muette approbation des livres… Puis à l’extér... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Gary Victor signe un roman initiatique ou l'on suit Carl adolescent timide et introverti découvrant une sexualité tarifiée, puis sa rencontre avec une jeune fille de façon épistolaire puis réelle qui le poursuivra dans sa vie d'homme.
Ha ! la belle et fantasmée « Coeur qui saigne » en provoque des tourments au pauvre Carl qui ne cesse de la perdre pour la retrouver avec encore plus de désir et d'amour. Mais quand les raisons du coeur sont impuissantes, que faire ?
Mais au-delà de cet amour compliqué, l'auteur haïtien dresse un portrait sans concession d'un pays miné par la pauvreté, écrasé par une dictature impitoyable, sa colère et son ressentiment sont aussi au coeur du roman (comment peut-on mourir sur le sol d'un hôpital, abandonné à son funèbre sort ?), et tandis que la menace rode Carl tente de donner un sens à sa vie, même si comme il le dit «  Je n'ai aucune fierté d'être Haïtien. Mais je voudrais bien me battre pour l'être, pour que mes enfants le soient aussi ».
Et alors que le roman démarre sur un ton léger, s'installe peu à peu une angoisse sourde, une peur viscérale oppressante, une plongée insupportable vers les ténèbres.
Et grâce aux Editions Philippe Rey et à Babelio (que je remercie chaleureusement), rencontré un bien bel auteur.



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Voici un roman, plutôt d'initiation et autobiographique mais pas seulement, qui m'a enchanté. le jeune Carl, adolescent en Haïti sous la dictature des Duvalier, dans les années 1970, subit l'éducation d'un père rigide et se réfugie dans les livres. Il va découvrir lors de ses sorties en ville, dans les bas-fonds de Port-au-Prince, la réalité sociale faite de débrouille, de prostitution et de destins tragiques. Son initiation sentimentale débute par un jeu de correspondance organisé par l'école où il échange avec une jeune femme qu'il nomme Coeur Qui Saigne. Leur première rencontre est un fiasco et Carl ne la reverra que bien des années après. Tous les deux, à partir de cette « maudite éducation » chercheront leur voie, jetant toutes leurs forces pour réécrire l'histoire et contrer la cruauté de leur existence.
Carl est, au moins en partie, le double de Gary Victor. On assiste ici à la naissance d'un écrivain à travers un milieu familial favorable, à la montée de sa révolte contre les injustices et les absurdités de la vie en Haïti. Il est aidé dans sa vocation par les cours du poète Gaston Paisible et par son père qui entend le conseiller, de manière assez autoritaire, alors qu'il cherche à trouver son chemin par lui-même.
« Ce que je garde en mémoire de ce temps, ce sont les longues heures passées dans une bibliothèque tenue par des religieux où mon père m'emmenait pour lire les livres qui devaient me mettre, selon lui, sur les rails de la bonne littérature. Il persista à manifester son mépris pour les lectures de ma mère, que j'avais fait miennes avec passion. »

L'écriture est belle, fluide, qui intègre et magnifie le conte et l'oralité (beaux récits placés dans la bouche des prostituées et faisant malgré tout corps avec le roman). « Maudite éducation » est un livre incandescent de sincérité, de poésie, de révolte. Un concentré de mots qui tourbillonnent, évoquant par moments la figure hallucinée et géniale d'Arthur Rimbaud.

Je ne résiste pas à citer une bonne partie du paragraphe, magnifique et inoubliable, où Carl évoque son père mort faute de soins à même le sol d'un hôpital « lépreux » de Port-au-Prince, à trois cent trente-trois mètres du palais présidentiel. Il mesure cette distance en rêve et s'en souviens toujours au réveil. Gary Victor se fait poète pour conjurer le malheur et le ressentiment. Je trouve que c'est un petit bijou d'écriture :
« Trois cent trente-trois mètres pour éteindre le jour, reconduire le contrat avec la nuit, ramper dans les abysses.
Trois cent trente-trois mètres pour ripailler dans les carrefours-déveines, éterniser le bal des comédiens assassins, garantir la faim de l'enfant des rues, aiguiser les crocs des rats, et canoniser le jappement des chiens.
Ces trois cent trente-trois mètres ont hanté mes nuits de solitude, mes nuits de froideur conjugale, mes plongées en apnée dans le bleu de la mer caraïbe, mes parties quotidiennes de cache-cache avec les démons de la survie, mes constantes dérives sur le radeau de relations amoureuses impossibles. Ces trois cent trente-trois mètres ont été autant de morsures dans ma chair, mais aussi trois cent trente-trois flammes, vacillantes certes, de bougies tenues en pleine ténèbres par des esprits protecteurs voulant soit garder éloignés de moi des prédateurs cruels, soit m'avertir de failles, ouvertes sur mon chemin, vers le feu de la terre. Ces trois cent trente-trois mètres sont devenus dans ma tête trois cent trente-trois vers gluants entrainant tout ce que mon esprit contenait d'images, de mots, de souvenirs, de joies et de colères, pour les fondre dans une pâte informe où, soudain, pendant quelques secondes, je me trouvais immobilisé dans un néant où même ma frayeur ne pouvait s'exprimer par un cri. Ces trois cent trente-trois mètres ont été l'encre dans laquelle j'ai trempé la plume réceptacle de mes pulsions d'écrivain alcoolique, pervers, drogué, anarchiste. Ces trois cent trente-trois mètres ont été cette mer que j'ai écumée jour et nuit à la recherche d'autres rivages, d'autres terres. Je m'y suis souvent noyé. Une mer abandonnée de son dieu. Une mer abandonnée de ses fantômes. Une mer en permanence de fin du monde. »

Les mots de l'auteur sont forts et marquent la blessure profonde, inguérissable.
« Des solitudes peuplées d'ombres
Des silences terrorisés par le rictus des damnés
Des certitudes fissurées par le temps en phase terminale »

« Pays abreuvé de sang. Société de menteurs, réalité souillée… Cela ravive mon ressentiment pour ce pays… Je n'ai aucune fierté d'être haïtien. Mais je voudrais bien me battre pour l'être, pour que mes enfants le soient aussi. »

Et puis arrive au coeur de ce livre symphonie, la femme, la beauté magnifiée par Chantal, Coeur Qui Saigne des échanges épistolaires du jeune Carl. Coeur Qui Saigne comme une allégorie d'Haïti, désirée, violée, aimée et sacrifiée. Fort heureusement ces pages romantiques contrebalancent la noirceur ambiante. Cette histoire d'amour se déroule de façon bien chaotique, ce qui est le cas dans la vraie vie, souvent : « On n'est pas dans un roman ou un éditeur exige de tout justifier, Carl » dit Coeur Qui Saigne.

Gary Victor est né en 1958 à Port-au-Prince. Il est le fils d'un sociologue célèbre et un des tout premiers écrivains haïtiens, petite moitié d'île qui en compte pourtant beaucoup au kilomètre carré !
Romancier, journaliste, auteur pour le théâtre, Gary Victor a tout fait même Directeur Général au Ministère de la Culture et Secrétaire Général au Sénat... Pour l'anecdote, j'ai découvert qu'il avait traduit « le Petit Prince » de Saint-Exupéry en créole… Cela donne « Ti Prens lan »… Les titres de ses livres sont étonnants, je ne résiste pas à en citer quelques-uns qui m'attirent : « A l'angle des rues parallèles », « le sang et la mer », « le diable dans un thé à la citronnelle », « Treize nouvelles vaudou »...

Il a une verve, un réalisme assaisonné de poésie et d'humour que j'avais déjà trouvé chez René Depestre et Dany Laferrière, autres auteurs haïtiens… Haïti est un pays de langue créole, langue que l'on dit être la « dernière-née du français » et qui pimente ici ou là l'écriture de ces auteurs, une langue qui maintient une proximité avec notre culture française dans un pays isolé au milieu d'un océan de langue hispanophone ou anglophone. Ce sont pour moi nos cousins en littérature qu'il est bon de visiter de temps en temps pour garder des souvenirs de « la famille » et s'enrichir d'une autre culture.

Ce roman magnifique et juste nous parle des rêves et des légendes d'un peuple beau et fier. C'est un auteur à découvrir si ce n'est déjà fait.
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Visitez mon blog afin d'avoir la chronique complète avec ma photo d'illustration et la musique singulière du saxophoniste de jazz, le génial Jowee Omicil, originaire lui aussi d'Haïti
Lien : https://clesbibliofeel.blog
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Il y a peu, je commentais le roman Soro de Gary Victor paru aux éditions Mémoires d'encrier. Chaque lecture de cet auteur haïtien bouscule, étonne, offre une plongée chaque fois plus déroutante au coeur de ce pays des Caraïbes où Gary Victor réside.


Maudite éducation ne déroge pas à cet ancrage haïtien du propos de ce romancier. Seulement, de tous les ouvrages que j'ai pu lire de Gary Victor, il est celui où l'auteur semble se mettre le plus à nu. le personnage central est Carl Vausier. Il est adolescent quand débute ce roman. Aîné d'une fratrie de trois, son père est un intellectuel sous un régime totalitaire qu'on identifie comme celui du Dr Duvallier. Carl Vausier raconte son adolescence, celle d'un jeune homme banal, complexé, extrêmement timide appartenant à la bourgeoisie haïtienne mais, qui dans son incapacité à communiquer avec les filles de son âge, court les terrains vagues des bas-fonds de Port-au-Prince s'initier à une sexualité auprès de putains tristes qui lui content, pour certaines, leurs mémoires. Paradoxalement, ces excursions nocturnes sont l'occasion pour ce jeune homme d'être confronté à la fois à la misère du peuple délaissé de Nan Palmis, et autres bidonvilles, au fantastique haïtien qui le fascine dans un premier temps avant qu'au fil des pages son rationnalisme s'aiguise puis singularise son regard sur les choses dans un pays où l'imaginaire possède toujours une longueur d'avance sur le réel d'après le narrateur, la folie sur la lucidité.

En parallèle à ses virées noctures, le jeune Carl entretient dans le cadre d'un jeu, une correspondance avec Coeur qui saigne, une jeune fille traumatisée par le suicide de sa soeur. de cette correspondance, où le jeune maladroit dans le réel se crée un personnage charismatique sur mesure, nait sur la base d'un fiasco, une relation complexe, faite de nombreuses incompréhensions, de non-dits, de fantasmes entretenus ou pas.

Carl Vausier porte en même temps un regard particulier, attendrissant sur la figure paternelle, disparue trop tôt dans un hôpital dépourvue de service d'urgence, hôpital situé pourtant à 333 mètres du palais de la présidence. Cette image délirante et marquée par l'impuissance face à une direction de l'état totalement indifférente au sort de concitoyens, éclabousse l'esprit de Carl. C'est aussi tous les rendez-vous manqués entre un père et un fils, les silences, l'initiation forcée à la littérature, la mère, personnage apparemment secondaire dont la force se dessine discretement au fil des chapitres, celle qui lit tous les chapitres des romans de son fils.

Carl Vausier grandit. Hanté par le personnage de Coeur qui saigne qui a disparu à la suite du fiasco de leur première rencontre dans le monde réel.

Gary Victor offre là un roman intime, son éditeur le devine autobiographique, pour le fils d'un grand sociologue qu'il est. le voyeurisme du lecteur est tout de suite éveillé quand on évoque le caractère autobiographique d'un texte. C'est un roman sur la construction d'une personnalité. Peut-on dire qu'il s'agit d'une maudite éducation que subit Carl Vausier? Chacun se fera, en fonction de son background, son idée en découvrant ce roman magnifique. Personnellement, à côté de la magnifique et complexe romance entre Furet (son surnom de correspondant) et Coeur qui Saigne, je retiens énormément ce combat qui ressemble à celui d'un homme seul face à la dérive de son pays. Un homme qui chaque tente de déconstruire des systèmes de pensée ou de croyance pour faire triompher une forme de raison qui visiblement n'a pas droit de citer pour beaucoup.

Lien : http://gangoueus.blogspot.fr..
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Roman très atypique dans la forme. Il y a cet homme qui raconte son adolescence, sa jeunesse, et puis cette relation difficile avec Coeur Qui Saigne et plus généralement, la vie en Haïti dans les années 70, la difficulté de vivre dans ce pays extrêmement pauvre, sous une dictature féroce. Carl Vausier n'a pas de chance, d'abord il n'est pas bien dans sa peau d'ado, ensuite il agit en dépit du bon sens parental au risque de se mettre à dos père et mère, et enfin, il ne peut pas dire ou faire ce qu'il veut au risque de se retrouver emprisonné voire pire par les tontons macoutes. On est toujours entre roman autobiographique (d'après l'éditeur), roman initiatique, roman d'un amour fou et livre de réflexions de l'auteur, mais aussi entre rêve et réalité, deux notions que Gary Victor aborde très souvent
J'aime beaucoup cette idée dont il parle que nos rêves sont personnels mais pas nos souvenirs, parfois même les deux peuvent parvenir à se confondre. Ne vous êtes-vous jamais posé la question de savoir si ce que vous pensiez être un souvenir n'est pas un rêve récurrent, qui serait entré en vous comme un événement vécu ? Une autre citation sur un thème similaire : "Flotter entre le réel et l'imaginaire met dans un état de doute permanent et de questionnement." (p.232) L'écriture de Gary Victor incite à passer du réel à l'imaginaire, du rêve à la réalité. Elle est simple, directe, belle et à la fois poétique. Je l'avais déjà remarquée dans son superbe roman le sang et la mer (à l'époque j'encourageais très volontairement à le lire, conseil -que vous devez suivre, vous ai-je déjà déçu ?- que je ne peux que réitérer)

Mais Gary Victor ne se contente pas d'égrener ses réflexions sur ces thèmes, il parle aussi de son pays. Son pays vendu aux dictateurs, à ses brutes qui représentent la face sombre des hommes (un peu comme le portrait de Dorian Gray cachait celle de son modèle)
Il est difficile d'y vivre sereinement, soit à cause de la pauvreté, soit à cause des ses opinions soit les deux en même temps. Carl est écrivain, journaliste et ne peut écrire n'importe quoi, il doit sans cesse composer avec son rédacteur en chef -le censeur- et le pouvoir. Malgré tout, il y reste, contrairement à beaucoup qui émigrent pour vivre mieux.

Et puis Gary Victor parle aussi d'amour. D'amour fou. D'amour passionnel, fusionel. D'amour physique aussi, certains passages sans être grossiers sont très explicites. de la difficulté de trouver le ou la partenaire fantasmé(e)(s).

Enfin, tout cela pour vous dire combien ce bouquin est excellent, beaucoup de phrases ont fait écho en moi, m'ont rappelé certains passages pas très faciles de mon adolescence (rassure-toi, maman, je ne suis pas allé dans les bas-quartiers nantais pour voir les prostituées, ni n'ai vécu dans un bidonville !). Comme quoi, même si les conditions de vie sont absolument incomparables, les tourments du corps et de l'esprit sont universels.

Précipitez-vous sur ce roman de le rentrée 2012 !
Lien : http://www.lyvres.over-blog...
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Timide, introverti, sous la coupe d'un père qu'il craint et respecte, Carl Vausier, jeune adolescent haïtien élevé au sein d'une famille respectée, s'éveille à la sexualité dans la bibliothèque de son père, seul endroit dans la maison où il bénéficie d'un peu d'intimité. Surpris par lui dans cette intimité, la honte ne le quittera plus, et il poursuivra désormais son initiation dans les bras des prostituées des quartiers malfamés de la ville de Port-au-Prince. Certaines lui raconteront d'ailleurs leur histoire, où la réalité et le conte se confondent parfois...
L'existence de Carl prend un tournant décisif lors de sa rencontre avec Coeur qui saigne, de laquelle il est tombé amoureux par le biais d'une relation épistolaire. Elle a été douloureusement et dangereusement touchée par la mort de sa soeur. Lui s'est inventé un personnage qu'il n'assume pas lors de leur rencontre. Il la fuit alors, et ne retrouve Coeur qui saigne que quelques années plus tard. Carl va alors tout faire pour la sortir de la promesse qu'elle a faite à sa soeur défunte, et qui la tient en otage.
Cette nouvelle rencontre va bouleverser leurs existences.
C'était ma première lecture de cet auteur. Un peu laborieuse dans les débuts, parce que conduite par les pulsions sexuelles de Carl, son horizon s'élargit à partir de sa rencontre avec Coeur qui saigne. Avec elle Carl poursuit un but, celui de sauver celle qu'il aime, malgré les pressions exercées par le pouvoir en place. Leur amour impossible et leur quête de l'un et de l'autre s'entêtent contre les fantômes qui les hantent. Personnage public car journaliste reconnu, Carl se retrouve confronté au fiancé de Coeur qui saigne, qui est l'ex de sa soeur décédée mais également un des meneurs du pouvoir dictateur en place, qui terrorise et étouffe le pays.
Le récit respire au rythme des rencontres de Carl, avec son père, les prostituées, Coeur qui saigne et son monde, l'ex de sa soeur, et j'ai aimé le rythme de ses différentes aspirations. Cependant je suis restée plutôt en-dehors de l'émotion des différentes situations auxquelles sont confrontés les personnages, bien que le roman soit pour partie autobiographique. J'ai également trouvé dommage que la mère de Carl soit pour ainsi dire totalement absente de son récit, et qu'il ne lui accorde aucune place dans son cheminement.
Mais j'ai aimé le style de l'auteur, son écriture soignée, quoi que peut être un peu figée pour laisser passer les émotions qui m'ont manquées.
Lien : http://readviewed.skyrock.co..
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critiques presse (1)
Lhumanite
24 septembre 2012
C’est [...] le livre d’un jeune révolté, devenu journaliste et qui ose passer au peigne fin les travers d’une population soumise au pire.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Chaque fois que je me retrouve dans une impasse de ma vie, chaque fois que cette terre risque de m'engloutir dans ses mythes et ses impostures, je vais mesurer la distance entre les bâtiments de cet hôpital et le Palais national. Cela me ramène à la mémoire les circonstances de la mort de mon père. Cela ravive mon ressentiment pour ce pays. Pas pour ce pays qui m'a vu naître. Cette terre, elle n'y est pour rien. On l'a abreuvée de sang. Mais pour cette société de menteurs et de flibustiers qui se drapent depuis deux siècles dans des radotages stériles sur la fondation d'une nation, d'un Etat qui a condamné dès le départ des centaines de milliers d'être humains aux conditions de vies les plus abjectes.

Je n'ai aucune fierté d'être Haïtien. Mais je voudrais bien me battre pour l'être, pour que mes enfants le soient aussi.

page 209 - Editions Philippe Rey
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Je n'ai aucune fierté d'être Haîtien.Mais je voudrais bien me battre pour l'être, pour que mes enfants le soient aussi.C'est ce que je fais avec mes mots.
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Aujourd'hui encore, je constate le fossé qui se creuse entre nous, parents, et nos enfants. Sans qu'on s'en rende compte, ces derniers créent, à notre insu, leur univers, vivent leurs propres expériences et n'en partagent avec nous qu'une infime partie.
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Tu seras un écrivain, mon fils. Mais dans cette chose ou nous sommes, apprends quand même un métier qui peut mettre de la nourriture sur la table.
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Ma répulsion pour mon quart d’île, pour son histoire, pour ses héros, m’a possédé ce soir de décembre 1985, où mon père est mort. Je mesure la distance durant le rêve. Je m’en souviens toujours au réveil. Cela faisait environ six cent cinquante de mes pas, soit approximativement trois cent trente-trois mètres. J’ai tenu constamment à vérifier, avec une ténacité névrotique, qu’entre le couloir où mon père a rendu l’âme et le bureau du chef de l’Etat, il y a environ trois cent trente-trois mètres. Aujourd’hui encore, je suis obnubilé par la distance qui sépare cet hôpital du bureau du chef de l’Etat. Je rêve souvent que je marche en bornoyant, attentif à ce que mes pieds successivement se posent sur une ligne droite imaginaire, comme on le faisait quand on était jeune pour savoir qui seraient les gardiens ou les esclaves marrons de nos jeux de cache-cache dans la cour de l’école. Cette ligne va de ce couloir jusqu’au-delà du mur du Palais national pour atteindre le bureau du président de la République.
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