Un titre intéressant pour une collection qui l'est encore tout autant.
Plus habitué à y découvrir des peintures ou des sculptures racontés au travers de fictions inventées, nous réaliserons en effet que l'oeuvre d'art se présente aussi dans la richesse patrimoniale d'une culture (C'est ce que nous présente nos musées, ceux des arts primitifs par exemple).
L'histoire d'"Aponi et le peuple minuscule" mettra en avant un objet rituel des peuples Wayana et Apalaï de Guyane (Amérique du Sud): le "Kunana", natte utilisée pour les rites de passage à la maturité (à l'adolescence dans cette histoire, on comprendra).
Pour le bon plaisir des jeunes lecteurs, le rite de passage sera utilisé comme contexte de fond mais ne sera pas pour autant l'histoire principale.
Nous découvrirons le personnage d'Aponi, une jeune Wayana qui devra passer le rituel du Kunana et supporter de porter avec courage pendant un temps donné la fameuse natte sur elle , remplie de fourmis (comme c'est la coutume).
C'est un rite de démonstration de courage qui consacrera le jeune de la tribu comme un nouveau "grand" dans son clan.
Sans doute que d'autres tâches l'attendront par la suite et que, comme ici, sa voix sera entendue lors des réunions de clans comme pour Aponi.
Cette fois, sa voix comptera.
Mais revenons à l'aventure principale d'Aponi.
Débarqueront sur leurs rives des chasseurs d'or et Aponi, très proche de la nature et du peuple minuscule comme elle l'appelle (celui des insectes), craindra pour leur territoire qui sera chamboulé sans ménagements par les intrus.
Comment sauver les insectes des inondations provoquées par le détournement de la rivière pour y trouver de l'or ?
Comment faire partir les étrangers qui ne savent pas considérer la nature autant que leur or jaune ?
Voici le centre de l'histoire. Aponi fera des erreurs lors de cette aventure, les reconnaitra et aura doublement du mérite donc au moment du rituel de passage, s'étant doublement comportée comme une grande.
Les illustrations sont assez oniriques, très colorées, offrant un peu de féerie au "peuple minuscule".
Les couleurs et les feuillages de l'illustratrice
Mariona Cabassa nous rappelleront un peu la nature du peintre Matisse, remplie de papillons.
Il est intéressant que l'auteur
Bernard Villiot associe son héroïne à l'image du papillon, renforçant l'idée d'une métamorphose vers une plus jolie version d'elle-même encore.
Nous pourrons découvrir à la fin par une photo ce qu'est une natte Kunana. Nous ne connaissions pas ce rituel qui gratte.