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France-Marie Watkins (Traducteur)
EAN : 9782070431557
256 pages
Gallimard (28/11/1973)
3.92/5   13 notes
Résumé :
"Alors, la vieille, faudrait peut-être songer à passer l'arme à gauche un de ces jours. On est patients, mais tout de même..."
Voilà ce que pensaient les trois personnes qui formaient l'entourage immédiat de la richissime Mme Morely-Johnson. Son chauffeur, Bromhead, anglais distingué et faussaire de génie, Sheila Oldhill, sa dame de compagnie, charmante et dévouée, enfin le séduisant Patterson, son banquier qui s'était fait piéger en beauté dans cette combine... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un roman noir ? Non, un roman gris. Gris comme les fins de vie (même et peut-être surtout pour les millionnaires), les plans foireux, les projets avortés, les ambitions auxquelles on renonce la rage au coeur, les désillusions, les rêves inaboutis et les espoirs déçus. Aucun meurtre ici, une seule mort violente - et pourtant la violence est partout, feutrée, latente, menaçante.
Et la mort attend, patiente, elle sait bien qu'elle aura le dernier mot, c'est juste une question de temps...
Entre Irish, Goodis et Westlake (côté obscur), un chef d'oeuvre, l"un des meilleurs romans de ce grand écrivain méconnu qu'était James Hadley Chase (dont presque aucun des 90 romans n'est aujourd'hui réédité, ce qui est tout simplement un scandale).
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Patterson, un banquier séducteur et don juan ne comprend pas l'oeil égrillard que lui adresse Bailey son associé lorsque ce dernier lui informe qu'une certaine miss Sheila Oldhill vient d'arriver pour un entretien prévu... mais plutôt qu'une description voici un extrait :

" - La femme s'avança vers le bureau, et Patterson, en l'observant, éprouva comme un frisson. Il se mit vivement debout, comprenant le sourire et le clin d'oeil de Bailey.
- Miss Oldhill ? Asseyez-vous, je vous prie.
Il la regarda s'approcher d'un fauteuil et s'installer posément; ses gestes étaient lents, gracieux, pleins de charme. Elle était grande, avec de larges épaules et des cheveux d'un noir de jais. On ne pouvait dire qu'elle était jolie, ni même belle, mais il y avait quelque chose de captivant dans son nez grec, ses grands yeux gris-bleu, couleur de fumée, et sa large bouche au dessin ferme. Ce ne fut cependant pas ses avantages qui firent soudain bouillonner le sang de Patterson. Il émanait de cette femme une espèce de sensualité magnétique, comme une ampoule de cent watts à peine dissimulée sous un foulard de cachemire. Il le sentait, comme Bailey, mais à la voir si calme, le regard droit posé sur lui, il n'aurait su dire si elle en avait conscience; il en fut intrigué.
Il s'assit, sans la quitter des yeux; elle devait avoir trente ou trente-deux ans. Il examina rapidement ses vêtements; bon marchés mais au gout de la mode, soignés, la jupe juste au-dessus du genou. de sa place, il ne voyait pas ses jambes, mais devinait instinctivement qu'elles étaient à coup sûr sensationnelles.
Il comprit soudain que cet examen provoquait un silence gênant et revint sur terre. "

Mis à part le talent remarquable de ces quelques lignes écrites, on pourra noter la puissance, l'attirance animale que ressent notre banquier bellâtre, cette attirance sexuelle le fera plonger.. L'histoire de ce roman n'aura rien de décoiffant en revanche le traitement sera tout autre...

Patterson est un banquier très influant, personnage antipathique, séducteur égoïste et sûr de lui. Parmi tout ses clients il a Mme Morelly Johnson, milliardaire à la vue déficiente affectée d'une cataracte (elle est presque aveugle) vieille dame de 80 ans, ancienne pianiste d'une douceur et d'une sincérité qui contrastera avec la horde de vautours qui lui tournera autour .. des chacals à la gentillesse de façade uniquement intéressés par sa richesse indécente.

Mme Morelly Johnson a besoin d'une nouvelle dame de compagnie- secrètaire, la dernière s'étant mariée et ayant quitté la ville de Paradise City. Eprouvant une admiration et une confiance sans borne pour son "Cher Patterson", la milliardaire lui a confié la tache de lui trouver une remplacante.. et si cette demoiselle troublante en face de lui pouvait faire l'affaire cela arrangerait bien notre bellâtre..

La suite vous la connaitrez si vous décidez de lire ce livre.

L'histoire en elle même n'a rien de surprenant mais comme je l'ai écris plus haut, le traitement est tout autre.. tout d'abord, cette mamie ne sera pas réellement au centre de ce récit, l'auteur lui préférant les personnages secondaires qui gravitent autour.
On s'attend à une description minutieuse de cette vieille dame encombrée de sa fortune mais que nenni.. Chase choisissant de s'attarder sur un personnage au demeurant secondaire. Un simple marginal à la pensée simple et obtus, exagérant volontairement le trait, Chase, sûr de son génie inné pour dépeindre 'les petites gens' se permettra tout les écarts ! un autre extrait :

" Et si le plan de Bromhead marchait ? se demanda-t-il en contemplant le plafond. Que ferait-il de tout cet argent ? Il n'en voulait pas ! Il ne voulait que Sheila, un petit appartement, une bagnole, même pas neuve. Un vieux tacot, c'est plus marrant. Monter en voiture, tourner la clef de contact et démarrer avec la certitude qu'on n'aura aucun pépin, quoi de plus ennuyeux ? Avec une tire, le plus excitant c'est de ne jamais savoir à l'avance si elle démarrera, on jure, on lui donne des coups de pied, on tripote dans le moulin, et on la persuade de rouler, finalement, voilà ce qu'il aimait ! Mais avec tout ce foutu fric que promettait Bromhead, Sheila voudrait certainement une bonne voiture, des bons repas, des draps propres, une chemise impeccable tous les jours... tout ce qu'il méprisait ! Il en avait par-dessus la tête de cette ville puante ! Il n'y avait rien à y foutre, à part claquer du pognon. On ne pouvait pas faire un pas sans dépenser de l'argent."

Ne vous méprenez pas sur le ton léger avec lequel j'aborde cette critique : certes ce roman de 1971 fait partie de sa veine "apaisée" mais le récit est un véritable "page turner" .. le suspense et surtout la situation quasi inextricable dans laquelle se retrouvera notre banquier dragueur vous donnera des sueurs au front sous votre couette ! les portraits sont remarquables.. les personnages principaux mais aussi le personnel de maison qui ne sera pas oublié.. le chauffeur, le maître d'hotel, le jardinier auront eux aussi, les grâces de l'auteur.
Le final est d'une singularité rare.. c'est le lecteur qui y apportera sa conclusion.
Ce roman est une réussite de plus à accorder au crédit de James Hadley Chase, romancier à la verve littéraire remarquable.
5 etoiles (ou plus si voulez) pour ce suspense accrocheur et magnifiquement conté.

Mais.. mais il y a un petit problème. Ce petit chef d'oeuvre a été adapté en téléfilm et là c'est une catastrophe.

Je sais que ce n'est point du tout le sujet ici mais sachez que l'histoire a été remaniée, dénaturant totalement sa construction, le parfum vénéneux originel du roman a été édulcoré, le dénouement n'est plus le même ! cela se termine en happy end.. les 3 Picassos sont devenus 2 Van Gogh et de plus ce sont des faux !! (ceux l'ayant lu auront compris) et d'autres choses comme ça.. Olivier Minne interprète le banquier (il faut supporter son sourire crispé en permanence) Line Renaud la milliardaire (excellente) mais quelle farce grotesque que ce téléfilm qui se permet de modifier et de ridiculiser ce sublime roman..
LA MEN TABLE.
Pour les plus curieux, on peut trouver ce téléfilm aisément sur internet
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C'est très bon, ce livre !
C'est vif, avec une intrigue simple mais efficace, des personnages bien posés que l'on suit avec plaisir.
L'écriture est fluide et vive, on tourne les pages sans s'en rendre compte, avec une intro sympa en deux chapitres qui pose les personnages avec des révélations dans le second…
Après, ça roule tranquille jusqu'à un excellent final où tout ce qui a été posé se révèle intéressant et important, bien goupillé et millimétré…
Chouette livre qui ne sera probablement pas intemporelle mais qui offre une belle distraction rapide.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Elle n’était pas spécialement belle, ni jolie ! Il ne comprenait pas, et pourtant il était obsédé ; malade de désir à l’idée de l’avoir un jour nue dans son lit. Cela ne lui était jamais arrivé non plus. Bien souvent, il avait éprouvé du désir pour beaucoup de femmes, mais jamais de cette manière déchirante. Il y avait en elle une part d’étrangeté qui suscitait ce désir violent, qui l’effrayait et l’enchantait à la fois. Un je ne sais quoi…
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Elle était grande, avec de larges épaules et des cheveux d’un noir de jais. On ne pouvait dire qu’elle était jolie, ni même belle, mais il y avait quelque chose de captivant dans son nez grec, ses grands yeux gris-bleu, couleur de fumée, et sa large bouche au dessin ferme. Ce ne fut cependant pas ces avantages qui firent soudain bouillonner le sang de Patterson. Il émanait de cette femme une espèce de sensualité magnétique, comme une ampoule de cent watts à peine dissimulée sous un foulard de cachemire.
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Elle est atteinte de cataracte aux deux yeux et n’y voit pour ainsi dire plus mais elle redoute les opérations et refuse toute intervention chirurgicale. Elle a besoin d’une femme compatissante pour vivre avec elle, s’occuper d’elle, par exemple lui lire les journaux, répondre à son courrier, l’aider à s’habiller, l’accompagner dans les magasins… vous voyez. Elle est facile à vivre, bonne, douce, en aucune façon autoritaire ni capricieuse.
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il existe encore des gens assez dingues pour ne pas aimer l'argent
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Pour moi, le plaisir est une chose sérieuse, un don de Dieu dont on ne doit jamais abuser à tort. Pour moi, le plaisir ne consiste pas à relever ma robe jusqu’au cou et à m’allonger sur un canapé dans un restaurant élégant où le personnel disparaît discrètement après le café. Mais je paye toujours mes dettes.
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Videos de James Hadley Chase (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de James Hadley Chase
Bande annonce du film Eva (2018), nouvelle adaptation du roman Eva de James Hadley Chase.
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