Intéressant roman jeunesse, grave par le sujet et par le ton.
Nous sommes au IIème siècle, à Lyon - enfin à Lugdunum - et grâce à la plume documentée d'Odile Weulersse, nous découvrons la vie quotidienne gallo-romaine, ses us et ses coutumes, ses traditions et ses cultes.
Toutilla, jeune esclave chrétienne rachetée par son oncle, un artisan du cuir affranchi, révèle à ses proches une ferveur religieuse qui n'est pas sans les étonner, eux dont la spiritualité est aussi éparpillée que la mosaïque des dieux mineurs et majeurs du monde latin et essentiellement constituée d'innombrables superstitions et idolâtries. Incomprise, la jeune femme se fait vite remarquer et pas pour son bien. Quatre mois de canicule imputés aux impies chrétiens déchaînent vite sur elle et ses frères en Christ le mécontentement populaire. Or quand le peuple est en colère, l'empereur le calme en lui offrant des "spectacles", parmi lesquels le rare et recherché martyre des chrétiens...
***ALERTE SPOILER***
J'ai d'abord été assez surprise par le rythme rapide du roman, j'ai eu l'impression que l'action se mettait trop facilement en place, avant de me rappeler qu'il s'agissait là d'un roman destiné aux jeunes lecteurs. L'évidente facilité de la narration est contrebalancée au fil des pages par l’amplification de la dimension dramatique jusqu'au dénouement particulièrement réaliste - quoique surprenant étant donné l'âge du lectorat - avec la mise à mort de l'héroïne et des chrétiens, et la condamnation de son fiancé Gédémo par Marc Aurèle.
Au final, on peut dire que l'auteur n'a pas cédé à la facilité et a véritablement cherché à retranscrire l'histoire des premiers chrétiens persécutés, dans un contexte politique et social précis. Ce n'est jamais une tâche aisée d'aborder la foi de manière à illustrer le martyre et je trouve ce pari risqué plutôt réussi.
Impossible, bien sûr, de ne pas évoquer au cours de ma lecture l'inoubliable "Quo vadis ?" de Henryk Sienkiewicz qui a sans aucun doute été l'une des sources d'inspiration de l'auteur.
Challenge ABC 2015 - 2016
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Persécution.
Lugdunum 177. Après trois mois de canicule les habitants sont désespérés. Les dieux seraient-ils en colère ? Ou bien serait-ce de la faute des chrétiens ?
Il s'agit d'une relecture. J'avais déjà lu ce roman jeunesse lorsque j'étais au collège. A l'époque je l'avais adoré tout en étant très émue par le sort des personnages. C'est donc avec appréhension que j'ai entamé ma relecture.
C'est très simple, je l'ai autant aimé qu'à l'époque. J'ai également ressenti à nouveau un très fort attachement pour les personnages. de plus, forte d'études liées à l'histoire, j'ai pu me concentrer sur le contexte historique.
Une première chose m'a sauté aux yeux. L'autrice maîtrise son sujet. Nous sommes totalement immergé dans l'Empire romain du IIe siècle de notre ère. du contexte géopolitique jusqu'aux moeurs quotidiennes, tout apparaît. le travail de vulgarisation est très bien mené et permet à un jeune public de découvrir la vie sous la domination romaine, ainsi que les premières persécutions contre les chrétiens.
Mais elle ne met pas pour autant de côté les personnages. Les deux personnages principaux sont touchants. Les personnages secondaires s'avèrent, quant à eux, héroïques ou bien méprisables. le récit s'enfonce peu à peu dans le drame et la conclusion, bien que fréquente à l'époque, est très audacieuse pour un roman jeunesse.
Bref, une relecture heureuse.
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Trop lointaine lecture pour me souvenir de tout. Je me rappelle que c'était un très bon roman, qu'il m'avait fortement marqué concernant le thème de la persécution pour motif religieux (de l'injustice) dans la presque indifférence sociale, concept nouveau pour moi à l'âge où je l'ai lu. Ainsi que pour la découverte des catacombes. Introduction aux romans historiques.
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Gédémo est loin de penser au martyre des chrétiens de Lugdunum. Il est ébloui par la splendeur du forum romain. Partout des temples de marbre. Il en compte sept qui entourent le place en forme de trapèze, mais il y en a d'autres qui se dressent devant lui sur la colline du Capitole, et d'autre encore qui se dressent derrière lui, en direction du Colisée. Partout des statues au sommet des temples, sur les toits des basiliques, sur les arcs de triomphe, sur les colonnes, ou simplement posées au milieu de la place.
- On peut tout craindre d'un peuple idolâtre et crédule. Les pires folies. La pire violence.
- Je t'ai eu, Gédémo ! Triple imbécile qui ne vaux pas ton urine ! Demain, tu seras la fable de toute la ville.
Le flamine hoche la tête.
"Tu t'égares. Il n'y aura pas de combats d'animaux, ni de combats de gladiateurs dont les prix sont devenus exorbitants."
Sacrovir fait une petite moue perplexe et avoue :
"Je ne devine pas où tu veux en venir.
-Ne peux-tu rien imaginer de plus beau ? "
Pour une fois Sacrovir reste muet.
Camulus, fort satisfait d'étonner son habile affranchi, annonce avec emphase :
"Un spectacle de chrétiens ! Nous avons un spectacle de chrétiens ! Rare ! Beau ! Magnifique ! "
Je m'appelle Stéphanos. Stéphanos, fils d'Alexos, du dème de Céramique. C'est ce qu'il faut que je dise si je me perds dans la rue.
Odile Weulersse présente La poudre d'amour de Louis XIV
Odile Weulersse présente La poudre d'amour de Louis XIV, son nouveau roman à paraître chez Pocket Jeunesse