Ne me demandez pas de vous résumer le livre, de vous expliquer quoi que ce soit, je n'ai toujours pas compris moi même. Je ne sais pas du tout ce que j'ai lu. Des suites de mots, même pas des phrases. Je n'exagère pas je vous jure, il y a une multitude de début de phrases... Sans suite. Rien n'est dit, tout est tellement suggéré que je n'ai littéralement rien compris.
J'ai refermé la dernière page en me demandant ce que je faisais là.
Voilà, c'était une chronique hautement professionnelle 😂. Maintenant si vous l'avez déjà lu, je veux bien un résumé du coup 🤣.
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Mais peut-être sans le vouloir les a-t-il un peu brusqués? Il suffisait de prendre patience. De laisser agir le temps... Il était possible de surprendre chez eux par moments des regards plus attentifs, qui s'attardaient... Et lui aussitôt comme la chatte qui rapporte à ses petits des jeunes lapins, des oiseaux, se met à l'écart, les regarde dévorer et ronronne, se pourlèche... lui, jetant à peine un coup d’œil pour s'assurer que les rayons bienfaisants qui émanent de ces pierres sculptées, de ces toiles peintes, tombent bien sur eux, qu'ils sont pour cela à la bonne distance, au bon endroit... Tiens, mets-toi là, où je suis, ici, sur le côté... à contre-jour tu verras mieux... les poussant devant lui doucement, se plaçant n'importe où, ne regardant rien... rien qu'eux pour suivre en eux le cheminement... ne pouvant par moments s'empêcher, sachant combien c'est dangereux, d'aider, de hâter un peu... Est-ce beau, hein, ça? n'est-ce pas beau, hein?... Et eux, comme les escargots, comme les hérissons, aussitôt se recroquevillent, rentrent leurs cornes, sortent leurs piquants, ils ne sont plus qu'une coquille, une boule autour de laquelle il tourne... C'est de sa faute, il le sait, il a été maladroit, il a fait un mouvement trop osé, trop fort... ils sont si sensibles, si délicats... ils ne peuvent pas supporter ces attouchements... il faut prendre les plus grandes précautions... Les tendres chairs visqueuses et molles, toutes frissonnantes se sont rétractées, ils se sont enfermés... impossible de les atteindre... Maintenant pour les faire sortir de là... ils peuvent rester ainsi pendant des jours, pendant des mois, peut-être toujours...
Ce qui sort de là, ce qui émane, irradie, coule, les pénètre, s'infiltre en eux partout, ce qui les emplit, les gonfle, les soulève... fait autour d'eux une sorte de vide où ils flottent, où ils se laissent porter... aucun mot ne peut le décrire... Mais ils n'ont pas besoin de mots, ils n'en veulent pas, ils savent qu'il faut surtout ne laisser aucun mot s'en approcher, y toucher, il faut veiller à ce que les mots choisis avec soin, triés sur le volet, des mots décents, discrets, se placent respectueusement à distance.
C'est vrai, ils ont raison, comment ces vieux mots sclérosés pourraient-ils retenir, enserrer ce qui sans cesse entre nous circule, si fluide, fluctuant, ce qui à chaque instant se transforme, s'épand dans tous les sens, ne se laisse arrêter par aucune borne... ce qui est à nous, à nous seuls...Quel mot venu du dehors peut-il mettre de l'ordre entre nous, nous séparer ou nous rapprocher ?... Tu sais bien qu'ici, entre nous, tous ces mots... On s'en servait pour rire. Pour jouer...
— Malgré lui... C'est sorti... sous l'effet, voyez-vous, d'un de ces réflexes conditionnés par des siècles passés du côté des bien-pensants, des protégés, des privilégiés installés parmi leurs trésors, couvant leur magot... Et au premier signe de danger... impossible de s'en empêcher... À moi bonnes gens, braves agents au secours !... On ne va pas tout de même se battre contre ces voyous, nous ne sommes pas seuls, Dieu merci, les gardiens de la paix sont là pour nous défendre... Un bon coup de matraque par-ci par-là leur apprendra, à ces petits chenapans... Il n'y a rien de tel pour vous éclaircir les idées...
Seuls maintenant, penchés l'un vers l'autre, les deux amis tournent en tous sens la pierre posée entre eux sur la table basse... les deux avares passent tendrement leurs mains sur ce coffret précieux, cette cassette où a été déposé, où est enfermé en lieu sûr, conservé pour toujours quelque chose qui les apaise, les rassure, leur assure la sécurité... Quelque chose de fixe, d'immuable... Un obstacle placé sur le cours du temps, un centre immobile autour duquel le temps, retenu, tourne, forme des cercles... Ils se retiennent à cela, algues, herbes mouvantes accrochées au rocher...
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