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3,82

sur 735 notes
C'est un roman russe des années 1920, interdit, qui verra des traductions indirectes, et qui sera traduit à partir de sa langue d'origine… un siècle après ! en 2017. Et que l'on redécouvre en librairie.
"Nous autres" se situe dans un futur dystopique. La société est sous contrôle total et son mode de fonctionnement est basé sur les principes du Bonheur, le "Bien-Être Unitaire », une recette qui exclut la liberté individuelle.
Les individus sont numérotés. Une numérotation que l'auteur emprunte à sa propre expérience professionnelle dans les chantiers navals. Ils vivent dans un état de conformité totale aux principes érigés par le gouvernement.
Nous découvrons le journal intime du héros, identifié comme D-503, travaille sur la construction d'une construction spatiale qui a pour cible de convertir les civilisations extraterrestres au Bonheur.
On ne s'étonnera pas de cette mission, ce thème des civilisations extra-terrestres, de conquête de l'univers qui était très à la mode au début du siècle en Russie, y compris sous l'ère soviétique. le livre de Michel Etchaninoff « Lénine a marché sur la Lune » est très instructif sur ces aspects et donne un éclairage étonnant sur les convictions à l'honneur.
Le héros rencontre une femme, I-330, rebelle, énigmatique qui le pousse à remettre en question la société dans laquelle il vit.
Dans ce livre, l'auteur, Evgueni Zamiatine, développe une critique acerbe et sans concession des régimes totalitaires et de l'oppression sociale qui en résulte.
Il va plus loin et explique que l'individu est alors en danger : il perd, sous cette mise sous contrôle, ses émotions, dans la nécessité de survivre et de se conformer au moule standard imposé. Ce n'est plus un individu.
Et c'est cette recherche de l'individualité à travers son éveil progressif à la liberté qui se dessine dans l'évolution de la psychologie du héros.
Ces thèmes ; on les retrouve dans des oeuvres – postérieures- le « Meilleur des mondes » d'Huxley, « 1984 » d'Orwell et sur le rôle de la femme qui pousse à la remise en question « Farenheit 451 » de Bradbury.
Un livre vraiment intéressant !
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D-503, mathématicien de l'État Unitaire, rédige son journal qui prendra place dans l'Intégrale, « machine électrique de verre qui souffle le feu » dont il est le Constructeur, aux côtés d'autres oeuvres témoignant de la « vie mathématiquement parfaite de l'État Unitaire » pour « soumettre au joug bienfaisant de la raison des êtres inconnus qui habitent d'autres planète », pour « les obliger à être heureux ».
(...)
Evgueni Zamiatine écrit ce roman dystopique en 1920. Interdit de publication en URSS, il préférera s'exiler. On y reconnait bien entendu des ingrédients du « Meilleurs des Mondes » d'Aldous Huxley et plus encore de « 1984 » de Georges Orwell qu'il a sans aucun doute inspirés. Moins réputé, il n'est pourtant pas moins intéressant et tout aussi efficace.


Article complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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bon ... encore sonné après la lecture de ce livre ... et il me faudra le relire pour entrer davantage dans toutes les pensées philosophiques exprimées. Ce livre est renversant à plus d'un titre. C'est de la science fiction moderne et visionnaire, avec une profondeur sur le sens de la vie, ce que veut dire vivre. le style est très particulier, presque poétique. Je me suis trouvé complètement emporté par cette histoire, me sentant moi-même D-503 "malade". Pendant tout le bouquin, je n'ai cessé de penser au film "Brazil" de Terry Gilliam. Avec l'avantage du livre sur le film, c'est qu'il laisse encore plus de place à l'imagination, à la découverte de cet univers. Étonnamment, très peu de détails, de précisions sur les personnages, les décors, etc., mais chaque manque, chaque phrase inachevée est comme une porte ouverte, et nous incite à compléter ... et ça c'est jouissif ! Je ne connaitrais pas la vie, l'amour, les désirs, que j'en aurais maintenant l'expérience profonde après cette lecture. Nous avons là comme un miroir de notre propre vie, qui vient donc nous questionner sur nos propres choix, et regarder d'un autre oeil notre société. Ce livre est révolutionnaire, c'est un hymne à la vie !
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« le Type-qui-change-d'avis »

"Nous autres" d'Evgueni Zamiatine ou tout simplement "Nous" dans la nouvelle traduction d'Actes Sud est un roman russe de science-fiction dystopique de 1920 qui aurait notamment inspiré des romans comme le meilleur des mondes d'Huxley ou 1984 d'Orwell. L'histoire se passe dans un futur indéterminé et dans un état totalitaire où hommes et femmes abandonnent peu à peu leur individualité au profit d'un hypothétique bien commun.

Je crois avoir lu que Robert Heinlein identifiait trois et seulement trois structures d'histoires : il y avait celle du "Vaillant-petit-tailleur", celle du "Garçon-qui rencontre-la-fille" et enfin celle du "Type-qui-change-d‘avis", et je crois me souvenir qu'il ajoutait que cette dernière était loin d'être la plus inintéressante car on pouvait imaginer bien des choses passionnantes autour d'un personnage ébranlé dans ses certitudes. Je suis tout à fait d'accord avec cette dernière affirmation et "Nous" raconte de fait l'histoire d'un homme, D-503 (Oui, Zamiatine a nommé ses personnages d'après les pièces mécanique d'un brise-glace dont il dirigeait la construction afin d'accentuer le caractère déshumanisé de la société) qui est au départ un fervent défenseur du régime, se fondant totalement dans le moule imposé par l'état, et qui va peu à peu se mettre à douter du bien-fondé de la société policée dans laquelle il évolue et rêver d'un monde plus libre et imprévisible...

A priori tous les ingrédients étaient réunis pour que j'adore ce livre. Et pourtant... je dois bien avouer que mon intérêt et mon plaisir sur cette lecture se sont amenuisés au fur et à mesure des pages. La faute en revient à D-503, le narrateur et personnage principal pour lequel je n'ai ressenti aucune empathie et que j'ai trouvé incroyablement passif tout le long du roman. de plus l'auteur nous embarque dans un début de romance, une relation d'attraction-répulsion associée à un scenario de triangle amoureux, qui m'a plutôt ennuyé. Si j'ai attaqué cette lecture avec enthousiasme, mon intérêt s'est érodé vers le milieu du livre et a continué à décroitre jusqu'à sa fin. L'humour discret et ponctuel de l'auteur et le style plutôt fluide (le roman a la forme d'un journal de bord écrit par D-503) n'ont pas contrebalancé mon sentiment de déception vis à vis d'un roman dont j'attendais beaucoup.

Je reste sur un sentiment mitigé après cette lecture.
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Imaginez un monde au bonheur parfait. Un monde où chacun effectue les mêmes gestes à la même heure, taylorisme de l'extrême. Un monde dans lequel l'imagination même peut-être abolie.

Bienvenue dans l'Etat unique, dirigée par le Bienfaiteur. Société futuriste née sur les cendres d'un cataclysme, précurseur du meilleur des mondes d'Aldous Huxley ou du Big Brother de George Orwell.

D-503 est constructeur de l'Intégral, un engin destiné à aller porter la bonne parole aux habitants d'autres planètes.

Mais le ver est dans la pomme car D-503 commence un journal intime, s'interrogeant sur ce monde qui l'entoure, devenant ainsi dangereux dans cette État unique où la pensée doit être normée.

Ce roman écrit en 1920 par Eugène Zamiatine dénonce la recherche du bonheur au détriment de la liberté.

Si à cette époque, le totalitarisme stalinien n'avait pas encore cours, l'on ne peut manquer de trouver des qualités de devin à l'auteur qui a su prévoir les travers du régime : rationalisation apparente de la société, délitement des liens sociaux, affirmation péremptoire du bonheur national.

Cependant malgré toutes ces qualités, j'ai été un peu rebutée par le style de l'auteur. J'ai trouvé l'ensemble un peu froid, et parfois un peu complexe à suivre.

Cela reste une lecture très intéressante mais pour laquelle il m'a clairement manqué quelque chose.
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Source souterraine de tout ce que le XXe siècle a produit de dystopies englobantes, une oeuvre de 1920, radicale et surprenante, célèbre mais paradoxalement encore trop méconnue.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/03/18/note-de-lecture-nous-evgueni-zamiatine/

Ingénieur en construction navale, révolutionnaire bolchevique convaincu et écrivain reconnu dès sa première nouvelle, « Seul » (peinture saisissante de l'univers de fantasmes et d'impossibles que développe en esprit un étudiant depuis la prison où il croupit, en rançon de ses engagements politiques anti-tsaristes), publiée en 1908 (il a alors vingt-quatre ans), Evgueni Zamiatine connaît avant 1917 l'exil forcé en Finlande et en Carélie, puis la prudente mise à distance du régime tsariste vindicatif, en Angleterre. Rentré à Saint-Pétersbourg après la première révolution, celle de février 1917, il devient vite une figure marquante de la nouvelle scène littéraire qui se développe alors dans la capitale de Russie.

Il quitte pourtant le parti bolchevique au cours de l'année 1917, trouvant notamment que trop d'écrivains s'y soumettent trop volontiers aux consignes, explicites comme implicites, du pouvoir politique révolutionnaire désormais en place. Continuant à publier de nombreuses nouvelles (qui seront plus tard rassemblées dans le recueil « La Caverne » – « Le Pêcheur D hommes », recueil qui paraîtra presque simultanément, regroupant plutôt des textes satiriques liés à sa vie en Angleterre juste avant la Révolution), il conçoit et écrit le roman « Nous » en 1920-1921.

Présenté comme le carnet de bord de D-503, un mathématicien devenu ingénieur en propulsion spatiale, vivant au sein d'une société « idéale », communautaire à l'extrême, scientifiquement standardisée et totalement surveillée au nom d'une transparence réputée logique et nécessaire, carnet de bord qui se met à refléter en direct, pour la lectrice ou le lecteur, les incidents et les (d'abord) menues illégalités conduisant de proche en proche au doute systémique vis-à-vis du bien-fondé de cette société (tout en la décrivant soigneusement et en en vantant longtemps les mérites et les avantages purement rationnels), « Nous » est d'emblée interdit de publication par la censure soviétique, qui y voit – fort logiquement, en quelque sorte – l'aboutissement de la posture dubitative et de la revendication de liberté de parole entretenues depuis 1917 par Evgueni Zamiatine dans tous ses textes et essais critiques. En 1923, l'auteur parvient à faire sortir son manuscrit d'Union Soviétique. Il paraît en anglais en 1924, à New York, puis en russe, à Prague en 1927, ce qui entraîne cette fois des menaces directes du pouvoir vis-à-vis de l'auteur, le conduisant finalement à l'exil définitif en 1931, après que son vieil ami Maxime Gorki ait réussi à convaincre Joseph Staline de le laisser partir.

La première traduction française, celle de Benjamin Cauvet-Duhamel, est effectuée à partir du texte anglais de Gregoryi Zilboorg. Publiée chez Gallimard en 1929, elle restera très longtemps la seule disponible chez nous (dans l'historique collection L'Imaginaire à partir de 1979), avant qu'Actes Sud ne confie à Hélène Henry la mission d'une nouvelle traduction, issue cette fois du texte russe d'origine, pour publication dans la collection Exofictions en 2017. C'est de cette deuxième version dont il est question dans la présente note de lecture. Mentionnons aussi, pour être complet, qu'en mars 2024, une nouvelle traduction, celle de Véronique Patte, vient remplacer à son tour la vénérable ancêtre qui figurait alors encore au catalogue de L'Imaginaire de Gallimard.

« Nous » est souvent considérée – à bon droit me semble-t-il – comme la mère de toutes les dystopies. Non pas les dystopies au sens quelque peu dévoyé qui prévaut aujourd'hui, de simples sociétés dysfonctionnelles, ou en dérive laissant se manifester avec éclat les pires tendances de nos mondes tout à fait contemporains, mais bien au sens originel ou presque, celui d'anti-utopies, englobantes comme les grandes constructions historiques des successeurs de Thomas More, et s'appuyant comme beaucoup d'entre elles, paradoxalement, sur une même rationalité exacerbée, pour le meilleur et, ici, pour le pire.

George Orwell, dans sa critique de « Nous » (rédigée à partir de l'édition française, l'édition américaine d'origine étant alors presque introuvable, d'après lui), parue dans le magazine Tribune en 1946 (et donc trois ans avant la parution de son propre « 1984 »), à lire ici en anglais, supposait qu'Aldous Huxley avait dû s'inspirer de son prédécesseur russe pour « le Meilleur des mondes » (1932). le créateur de la drogue récréative comme moyen privilégié d'ajustement social de masse (le soma) – et de l'ingénierie génétique appliquée à l'organisation hiérarchique de la société – s'en défendit tardivement, dans une lettre de 1962, indiquant qu'il n'avait pas lu l'ouvrage à l'époque, et que son propre travail se proposait avant tout de contrecarrer l'utopisme scientifique socialisant d'un H.G. Wells. L'auteur de « La ferme des animaux », s'il ne reconnaissait pas un grand mérite littéraire à « Nous » – ce en quoi on pourrait toutefois le trouver bien sévère -, en soulignait l'inventivité, par exemple, des maisons de verre (« avant que la télévision ne soit inventée », ce dont lui-même dans « 1984 » saura faire bon usage pour sa propre société de surveillance) ainsi que la pertinence politique bien supérieure à celle d'Huxley – en même temps que, toujours d'après l'auteur britannique, une vraie intuition de l'irrationalité nichée au coeur des totalitarismes « scientifiques ».

La grande Ursula K. le Guin rappelait, dans « le langage de la nuit », qu'elle avait bien en tête « Nous », au côté de nombre d'autres textes, au moment où elle rédigeait « Les dépossédés », tandis que le sage et brillant Kurt Vonnegut confessait en riant et en substance « qu'il avait démarqué Huxley qui lui-même avait démarqué Zamiatine » lorsqu'il écrivait son « Pianiste déchaîné » de 1952 : l'influence souterraine, avouée ou moins avouée, de « Nous » sur l'écriture dystopique du XXe siècle, est indéniable – moins sans doute, contrairement aux apparences, pour sa vision directement politique et satirique que pour celle, plus fondamentale, d'une interrogation philosophique radicale sur une fausse prétention à la scientificité et à la rationalité, qui ne voudrait laisser aucune place à la dissonance, à l'hérésie, à l'imperfection et au de guinguois.

Les deux illustrations de cette note proviennent de l'adaptation cinématographique « Wir » (1981), réalisée par Vojtěch Jasný (1925-2019), lui-même exilé de Tchécoslovaquie en 1968 après son rejet véhément des normes esthétiques héritées de stalinisme – et de la répression du Printemps de Prague.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Au rayon dystopie et roman d'anticipation se trouvait 1984 , le meilleur des mondes , Faranheit 451, Minority Report, la servante écarlate, Hunger games... et moins connu pourtant chronologiquement le premier du genre écrit en 1920 par Evgueni Zamiatine: Nous autres, nouvellement et sobrement intitulé: NOUS. Paru en poche le mois dernier chez Babel au prix mirobolant de 7,70 € après avoir été réedité dans une nouvelle traduction du Russe chez Acte Sud en 2017.

Nous est un carnet de bord rédigé en quarante notes par D-503. Oui, les noms et prénoms des Anciens ont disparu, au vingt-sixième siècle, les gens sont des Numéros, ils ont un matricule. le ciel est bleu. le monde est en verre. Quoi? On n'a rien a cacher! le régime est celui de l'Etat Unitaire, le tout sous l'égide du Bienfaiteur. le crime a disparu, avec la liberté qui lui permettait d'exister. Problème réglé!
L'emploi du temps et les rapports sexuels sont strictement réglementés. La grande fête de l'"Unanimité" est une sorte de Pâques (oui, Zamiatine est Russe, donc Pâques est le top du top en terme de fête) l'humilité est la vertu- l'orgueil est le mal; NOUS vient de Dieu, "MOI" -du diable. L'intérêt collectif ne prime pas sur les intérêts sur les intérêts privés, c'est juste que les intérêts privés n'existent pas. Les algorithmes prédictifs gomment le hasard

Cet ordre et ce bonheur mathématiquement exacts sont extrêmement rassurants. Il est le constructeur de l'Intégrale "cette machine électrique de verre qui souffle le feu" un vaisseau spatial destiné à répandre ce bonheur sur les autres planètes de gré ou de force.

Ce n'est pas D-503 qui va s'en plaindre mais voilà... ça commence à se gâter... Toute cette belle mécanique rationnelle bien lubrifiée commence à se gripper. D-503 est agacé par un nombre qui ne peut pas exister: √-1, puis une tache, puis un Numéro I330 bref, celle par qui le malheur arrive systématiquement: une Femme! Patatra! Plus rien d'autre n'existe, le trouble, la déraison et dans cette fièvre et ce délire cela devient de plus en plus flou, comme dans un mauvais rêve. Une lecture exigeante où j'ai renoncé à tout comprendre où l'on se sent aussi perdu que notre narrateur sans doute... On sombre avec lui... à mesure qu'émergent ce que l'on pourrait appeler son humanité, son individualité, son âme, ses émotions, son amour, son obsession, son addiction qui viennent tout foutre en l'air.

Toute ressemblance avec des systèmes existants ne serait en aucun cas fortuite. Il est à noter que Evgueni Zamiatine était révolutionnaire et Bolchévique. Il écrit Nous en 1920 qui n'échappera pas à la censure soviétique et demande en1937, le plus simplement du monde, dans une lettre à Staline, à quitter son pays, car il ne peut ni vivre sans continuer à écrire, ni écrire dans ce climat de persécution et contre toute attente, Staline fera accès à sa requête.

C'est quand même une marque de fabrique de Zamiatine, de nous faire vivre ce délire comme dans "Seul" mais j'avoue qu'ici ça dépassait mes capacités. Je suis toujours impressionnée par les figures de style qu'il emploie et que je suis incapable de nommer.

Toute ressemblance avec des phénomènes actuels existants tel que le big data, le programme d'espionnage de la nsa, les mesures restricitives de liberté... ne sont que...purement fantaisistes, complotistes et paranoïaques. Ressaisissez-vous!









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J'étais curieux de découvrir ce roman dystopique publié en 1920. C'est en quelque sorte l'ancêtre des romans le meilleur des mondes, 1984 ou Un bonheur insoutenable. On a accès au journal du personnage principal, D-503. Cet ingénieur et mathématicien travaille à la fabrication de L'Intégral qui sera un vaisseau spatial dont l'objectif sera un prosélytisme actif auprès des civilisations extra-terrestres pour leur faire connaître le bonheur ultime que l'État unitaire offre à ses adeptes. Mais, des rencontres fortuites placent sur le chemin de D-503 des pistes vers d'autres pensées, des sentiments inavouables pour les mondes anciens, le réveil de l'âme et un regard vers la liberté.
Bien qu'intéressante du point de vue de l'histoire littéraire des contre-utopies, cette lecture m'a laissé un peu insatisfait. On voit l'évolution de la pensée de D-503, de la défense du monde dans lequel il vit jusqu'aux questionnements les plus aigus de cette réalité, mais la langue qu'il utilise, cette façon de donner un vernis mathématique à tous les arguments m'apparaissait trop simpliste, trop formatée et cela me faisait parfois décrocher. Il faut reconnaître toutefois qu'écrire un tel roman en 1920 dans le contexte de l'Union soviétique naissante est formidablement contestataire.



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Un roman assez court mais profondément inquiétant et déstabilisant.

Bien avant 1984 ou encore le meilleur des monde, Nous autres nous présente un monde dans lequel le bonheur est "trouvé" il passe par une logique absolue, une application humaine du taylorisme qui transforme l'homme en machine et détruit l'idée même d'individualité.

Par ailleurs pour accentué cela plus de nom, mais des lettres et des numéros. L'imagination est un mal, une âme est une maladie rare et incurable.

Dans le contexte culturel, il faut noter que l'auteur est russe, et que derrière ce texte ce cache une critique du Stalinisme.

Je n'ai pas été séduite par le style, mais dur de juger du fait de la traduction, mais les idées de l'auteur et leur aspect terrifiant ne m'ont pas laissé indifférente. Bref une bonne lecture, même si pas un coup de coeur.
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Comment résister à un « bonheur arithmétique », formule magique qui ouvre sur un bonheur total, confortable et collectif ? Tout n'est qu'affaire de renonciation et de résignation. Dans la société futuriste imaginée par Evguéni Zamiatine, prédécesseur d'Orwell et de Huxley, l'individu est devenu un « numéro » et il s'en remet entièrement à la politique du « Bienfaiteur » qui se charge de tout et qui promet, derrière les parois de verre d'une civilisation parfaitement policée, un ciel toujours bleu, sans nuages, sans « vermine », sans angoisse. Cette conception du pouvoir politique passe aussi par la volonté impérialiste de coloniser un maximum de planètes au sein du cosmos… le Bienfaiteur a confié la mission au héros de l'histoire, responsable du vaisseau « l'Intégrale » et narrateur d'un journal de bord.
Mais « le conquistador » est-il à ce point écrasé par le système et ne subsiste-t-il pas en lui un ferment de résistance ? Sous « la meule » du Pouvoir et de la Raison, qu'est-il advenu de l'énergie individuelle, des forces de l'imagination, des instincts du corps et des élans de l'âme ? La réalité dans cette société, c'est qu'il vaut mieux comme le confie le narrateur : « Oublier que l'on pèse un gramme et se sentir comme un millionième de tonne »…
Pour optimiser les résultats et obtenir leur part de confort et « d'extase », tous les membres du corps social doivent en effet se synchroniser dans la collectivité, obéir aux mêmes normes, au même rythme journalier, au même agenda. Sans quoi, ils risquent d'être « désintégrés » pour délit d'hérésie. À la fin du processus, tous sont attachés « au piquet » et vénèrent le « Bienfaiteur tout de blanc vêtu, qui les tient pieds et poings liés dans les rets sages et bienfaisants du bonheur ».

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