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EAN : 9782073014580
Gallimard (07/12/2023)
3.86/5   156 notes
Résumé :
Attablé dans un café parisien, un écrivain voit son attention attirée par un curieux spectacle : tout en se mêlant adroitement au flot des passants, un étrange individu semble faire les cent pas devant la terrasse du café. Policier en civil ? Détective en mission secrète ? Soudain c’est l’évidence, l’énergumène est pickpocket, «vrai métier» ardu et risqué… qui réserve bien des surprises à cet écrivain très observateur.

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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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"Les pickpockets les moins inoccupés sont précisément ceux qui ont toujours les mains dans les poches".
(A. Allais)

Certes... mais croyez-vous que c'est facile de fourrer impunément la main dans une poche qui n'est pas la vôtre ?

Imaginez que vous êtes attablé sur la terrasse d'un café parisien en compagnie d'un ami. Vous parlez de tout et de rien, en regardant les gens passer. Votre ami est un grand observateur et l'analyste de l'âme humaine devant l'Eternel, et il vous étonne souvent par la justesse de ses propos. Vous éprouvez parfois une confusion de sentiments ? Il trouve toujours les mots qu'il faut pour expliquer ce que vous ressentez. Parfois ça fait presque peur...
Mais votre ami Stefan a l'habitude de réfléchir sur les états d'âme, car dans ses heures perdues, il est aussi un peu écrivain.

Et aujourd'hui, Stefan est de si bonne humeur que vous avez du mal à le reconnaître. Peut-être parce que l'orage est fini, et Paris devient resplendissant dans le soleil du printemps.
Il se penche vers vous, la moustache frétillante, et partage sotto voce ses observations sur un gus étrange au milieu de la foule. Avec tant d'ironie débonnaire et de pince-sans-rire que vous manquez vous étrangler avec votre café.
Il avance toutes sortes de possibilités quant à l'occupation de cet énergumène, mais après une analyse jouissive il arrive à la conclusion que le gars ne doit être rien d'autre qu'un pickpocket.
Et vos cafés respectifs se mettent à refroidir, tellement vous vous concentrez pour voir s'il va enfin réussir à chaparder quelque chose et comment il va s'y prendre.
Vous devez rentrer, mais Stefan est tellement intrigué qu'il décide de suivre le bonhomme pour en savoir en peu plus. Ce qu'il vous racontera le lendemain sera troublant...
Vous retrouvez votre ami Stefan tel qu'il est d'habitude : fin analyste avec une pointe de tristesse envers les aléas du destin, qui font parfois de nous ce que nous sommes.

Un Zweig un peu atypique, donc, dans cette histoire à la fois drôle et tragique, comme la vie elle-même.

Et pour votre deuxième euro dans cette édition "à deux balles", vous avez une deuxième histoire : "La vieille dette", que je vous laisse découvrir.
Sachez seulement qu'une leçon de vie que vous avez peut-être donnée autrefois à quelqu'un peut se répercuter dans le futur d'une façon tout à fait providentielle.
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Comme nos goûts changent avec le temps ! Dire qu'il y a trente ans j'avais dévoré tous les romans parus en poche de Stefan Zweig, qui d'ailleurs, aux côtés De Maupassant, était mon auteur préféré. Dès lors c'est avec beaucoup de joie que j'avais saisi ce petit folio sur le présentoir de mon libraire, un peu comme on est heureux de revoir une amie perdue de vue avec qui on a partagé de bons moments.

Mais j'ai dû déchanter. Ce n'est pas que ces deux nouvelles soient mauvaises, non, mais je n'y ai pas retrouvé le plaisir de ma jeunesse…. Certes l'analyse psychologique est toujours très pertinente et très détaillée et la plume de Zweig précise et délicate. Sa description – gentiment politiquement incorrecte - d'un vrai métier est émaillée d'humour, et j'ai souri de la confusion entre le policier en civil et le pickpocket, de la considération de Zweig pour le métier difficile de voleur à la tire, et de son regard empreint d'auto-dérision en évoquant « l'un de ces curieux qui peuplent les rues et dont le nombre est écoeurant ». Quant à la deuxième nouvelle, où une dame rend un peu de panache, de fierté, et même de dignité, à un comédien vieillissant et déchu, réfugié dans un asile de province, c'est une très belle histoire riche d'humanité et d'intelligence émotionnelle, comme on dirait aujourd'hui.

Mais j'ai trouvé ce texte tellement verbeux et encombré de détails, avec ses phrases longues comme un jour sans pain et ses paragraphes qui s'enchainent sans répit.

Si je devais croiser au coin de la rue mon amie d'adolescence (il y a peu de chance puisque j'ai déménagé dans une autre région et que j'habite dans une grande ville), peut-être éprouverais-je aussi ce sentiment d'étrangeté, de rupture avec moi-même et avec mes souvenirs. Qui peut le dire ?
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Cette petite nouvelle m’a bien divertie. J’ai trouvé ce thème de nouvelle original, surprenant et intéressant. J’ai bien aimé aussi la façon dont Sweig a su mettre la ville en valeur, jusqu’à la personnifier : “Allons, en avant, Paris, vas-y, montre-moi ce que tu as appris depuis ce temps, va, projette devant moi ton incomparable film sonore : les boulevards, ce chef-d’œuvre de lumière, de couleur et de mouvement avec ses mille et un figurants bénévoles ! Fais retentir à mon oreille l’inimitable musique de ta rue, vibrante, vrombissante, mugissante. N’épargne rien, vas-y de tout cœur, montre ce que tu peux, montre qui tu es, fais jouer à ton grand orgue de Barbarie ta musique de rue atonale et panatonale. Fais rouler tes autos, brailler tes camelots, claquet tes affiches, rugir tes klaxons, courir tes passants, étinceler tes boutiques … ». De même que l’ambiance de l’hôtel Drouot très bien rendue.
Mais j’ai surtout bien ri en lisant la description de la technique première et bien rodée du pickpocket : « … la réussite d’un coup exige apparemment qu’une diversion jouant le rôle de narcotique, vienne endormir la vigilance inconsciente de chaque homme pour ce qui leur appartient ! En l’occurrence ces trois singes aux attitudes grotesques et vraiment désopilantes provoquaient une diversion de premier ordre et ces petits hommes nus, ricanant et grimaçant étaient sans cesse les complices involontaires mais actifs de mon nouvel ami, le pickpoket. » Je n’ai pu en effet m’empêcher de faire le parallèle avec nos politiques et leur manœuvres plus ou moins grossières pour nous divertir ou nous endormir, tandis qu’ils nous font les poches.... sans vergogne
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Pour moi, Stefan Zweig est une valeur sure !!! J'aime son style d'écriture, ses mots, ses phrases, et je suis très souvent happé dès les premiers instants par ses histoires... Que ce soit au niveau de la fiction, des nouvelles, des biographies, pour moi, Zweig est un virtuose de l'écriture, et je ne me lasse jamais de le lire. Dans ce court recueil, il nous propose 2 nouvelles. Dans celle qui prête son nom a l'oeuvre, l'écrivain se met en scène. Assis a la terrasse d'un café parisien, Zweig est témoin d'un vol commis par une pickpocket. Fasciné, il suivra l'homme dans tout Paris. Pour l'amoureuse que je suis de cette, je fut comblée !!! Une nouvelle toute simple, mais qui contient tout de même une bonne dose d'humanité... et d'humour !
J'ai trouvé la seconde nouvelle tout aussi belle... et émouvante. La rencontre entre une vieille dame et son idole de jeunesse. Une nouvelle qui porte sur le retour du destin et qui nous fait mesure a quel point chaque mot dit peut avoir de grandes répercussions. Une très belle lecture également !
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Découverte inopinée d'un vrai métier
Voilà ce que le narrateur aura tout le loisir de constater, à travers les agissements d'un pickpocket. En effet, subtiliser le portefeuille d'autrui, en plein jour et au milieu d'une foule animée demande "une dextérité manuelle et une rapidité de décision" hors du commun.
Sublime plume de Stefan Zweig qui en arrive presqu'à nous arracher de l'empathie pour ce voleur au détriment de ses victimes.

La vielle dette
Une mère de famille en cure de repos dans une auberge revoit son ancienne idole qui n'est plus que l'ombre d'elle-même.
Récit empreint de nostalgie sur la déchéance et la place de ceux qui nous ont fait rêver au cours de nos vies. Sobre et touchant.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
En faire l'expérience : je n'exagère pas en disant cela, car ce n'est qu'au tout début, dans les premières minutes, que je parvins à conserver mon sang froid et mon objectivité en regardant cet homme agir; toute contemplation passionnée éveille irrésistiblement l'émotion, l'émotion crée des liens, et voilà comment, insensiblement, à mon insu et sans l'avoir voulu, je commençai à m'identifier à ce voleur, à entrer pour ainsi dire dans sa peau, à prendre ses mains pour les miennes; je cessai d'être un simple spectateur pour devenir intérieurement son complice. Ce processus de basculement se manifesta dans un premier temps par le fait qu'au bout d'un quart d'heure d'observation du pickpocket je me mis à examiner tous les passants en me demandant s'ils étaient bons ou non à être détroussés.
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Dans toutes les formes de la condition terrestre qui nous sont communes, la nudité, le froid, le sommeil, la fatigue, la détresse du corps souffrant, les barrières qui séparent les hommes s'effacent, et les catégories artificielles qui distinguent les hommes justes et injustes, honorables et criminels se défont; il ne reste que le pauvre animal de toujours, la créature terrestre qui a faim, qui a soif, qui a sommeil et qui est lasse comme toi et moi, comme nous tous.
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Un bref éclair pâle donna le signal et, à l’instant, des trombes d’eau martiales s’effondrèrent sur nous dans un vacarme de clairons et déversèrent sur notre train en marche les feux de leurs mitraillettes humides. Durement touchées, les vitres gémissaient sous les coups sonores de la grêle et le tourbillon de fumée grise de la locomotive s’inclinait vers le sol en signe de capitulation. On ne voyait plus rien, on n’entendait plus que le fracas de l’averse qui chutait avec brutalité sur le verre et l’acier ; comme un animal martyrisé, le train essayait d’échapper à l’orage en courant sur les rails brillants.

p. 12
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Tout cela m'intéressait. Ou plutôt, je fus d'abord agacé, je m'en voulus à moi-même de ne comprendre tout de suite ce que faisait cet homme, alors que j'étais ce jour-là en proie à une grande curiosité. Plus je m'efforçais en vain de comprendre, plus ma curiosité s'exacerbait. Parbleu, mais que peux-tu bien chercher à faire ?
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C’est là, comme toujours, la différence entre l’artiste authentique et confirmé et le néophyte, l’amateur, le dilettante : l’artiste sait d’expérience que des essais infructueux sont fatalement nécessaires avant toute vraie réussite, et il s’est exercé à attendre et à patienter jusqu’à ce que l’opportunité ultime et décisive se présente. Tout comme le poète rejette avec dédain mille inspirations en apparence séduisantes et prometteuses (seul le dilettante veut toutes les saisir d’une main intrépide), afin d’épargner ses forces pour le moment décisif.
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Vidéo de Stefan Zweig
Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
Stefan Zweig et tous les grands auteurs sont sur www.lire.fr
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