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EAN : 9782221217955
280 pages
Robert Laffont (16/08/2018)
3.07/5   14 notes
Résumé :
Les deux français se battaient. on avait l'impression qu'ils voulaient donner à cette joute une forme de grand final et qu'ils cherchaient à mourir ensemble. Rimbaud est rentré chez nous, surgissant de la foudre. Verlaine gisait, livide et glacé, le regard au vague, dans un chemin envahi de ronciers.
Des liasses manuscrites débordaient de sa besace tels les restes d'un pauvre destin. Il balbutiait des mots dénués de sens. Un voile épais de flocons descendait ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Ce fichu bouquin me faisait de l'oeil sur le présentoir de la médiathèque. Mon moi ricanant ricanait: « Arthur et Paul, la déchirure », ça promet! On est au bord de « Kate et William, la blessure », le suspens en moins. Mon moi bonasse, toujours prompt à espérer, lisait en s'excitant la quatrième de couverture: « [...] l'auteur a écrit une oeuvre de fiction biographique, parfois élucidante. » « Élucidante »! Moi qui adore Hercule Poirot, Pierre Bayard et Prieur et Mordillat prouvant sans contestation que Jésus ne se trouvait pas entre le bon et le mauvais larron, je ne peux résister à une promesse d'explicitation.
Voilà, j'ai fini le livre. Et non seulement je n'ai pas le moindre début de commencement d'hypothèse à me mettre sous la dent, mais de mystère non plus. J'ai lu ce que je savais déjà, que Verlaine a tiré sur Rimbaud, que Rimbaud pas rassuré a dénoncé Verlaine à la maréchaussée, que Verlaine en prison a rencontré Dieu... Bon. Après tout c'est un bon début. Mais écrire sur des écrivains est un challenge redoutable et René Guitton a trop présumé de ses forces. le style est plus ou moins poétique -poétiser à propos de Rimbaud et Verlaine, faut oser. Il est surtout académique. « Les voilà bien secs, se dit Arthur. le coeur tari ils ont épuisé tous les plaisirs, y compris les jouissances de la chair, et ils savourent ces funérailles comme un dernier délice. Qu'ils crèvent, claquent, clamsent tous, ces faux dévots ! Ils vont s'affaler sur les bancs, écraseront ostensiblement quelques larmes en priant, et se signeront en invoquant la grandeur du Seigneur, puisque leur Dieu est bon et comble de bienfaits ses fidèles. Leurs enfants pleureront dans des mouchoirs de dentelle ou de soie, quand leurs mères s'éventeront et bâilleront d'ennui. Bourgeois repus, confits dans leurs richesses, ils vont suivre depuis le premier rang du choeur le cérémonial liturgique dans une somnolence de nantis. » Ah, voilà donc ce qu'il se disait Arthur? Et bien clairement il valait mieux pour lui qu'il se fasse journaliste au lieu de poète.
Le pire, à mon avis, est atteint quand un pasteur ému raconte la mort de son fils. « Mon Paul, couché là, son ultime regard accroché aux arbres, gisait aux côtés d'un jeune soldat français de son âge, comme s'ils avaient voulu rejoindre ensemble dans leur néant ceux qui les avaient précédés. L'apaisement de mon âme m'est venu de ce vers de Paul Fleming : « Wer jung stirbt, der stirbt wohl. » « Qui meurt jeune, meurt bien. »
Au fond de la vallée, mon fils dormait dans l'herbe, la main sur sa poitrine, monsieur Rimbaud, tué de deux balles au côté droit. »
« Le Dormeur du val » paraphrasé par Guitton... mais à quoi est-ce que ça peut bien servir ?
Voilà. C'est la grande question de ce bouquin : mais à quoi sert-il ?
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En cette florissante rentrée littéraire, on a découvert parmi tant d'autres plus ou moins épatants, un formidable roman, qui, tel une matriochka, en contient plusieurs :

Roman biographie de Paul Verlaine archétype du poète maudit englué dans une vie bourgeoise qui ne lui convient pas et qui voit sa vie bouleversée par l'arrivée d'un jeune admirateur de dix-sept ans.

Roman biographie d'Arthur Rimbaud, poète fulgurant qui à dix-sept ans a déjà tout compris à la poésie et tout écrit.

Roman d'amour et de passion qui écrasera les deux hommes jusqu'au coup de feu qui enverra Verlaine croupir en prison.

Roman historique, la Commune, la guerre de 1870. Paris, Londres, Bruxelles dans l'Europe troublée de cette fin de XIX e siècle.

Car tout le monde le sait, mais ce roman le rappelle avec précision et sensibilité : entre ces deux génies va naitre une belle histoire d'amour mais également une histoire tragique qui les lie à tout jamais.

Deux poètes, deux génies en quêtes d'amour et d'inspiration. Deux destins, qui n'en font plus qu'un, jusqu'à la délivrance des deux hommes dans la forêt mythologique du Wurtemberg.

Verlaine, touché par la grâce divine recevra les derniers poèmes de Rimbaud.

Si vous aimez Verlaine et Rimbaud ce livre est pour vous, si vous ne connaissez peu ou mal les deux poètes ce roman est une indispensable introduction à leurs oeuvres. Quoiqu'il en soit, un vrai bonheur de lecture .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'ai eu la possibilité de lire ce roman grâce à la plateforme de service de presse NetGalley.fr. Ce livre est l'une des nombreuses sorties de la rentrée littéraire, et le résumé m'avait donné envie de le lire :

" Les deux Français se battaient. On avait l'impression qu'ils voulaient donner à cette joute une forme de grand final et qu'ils cherchaient à mourir ensemble. Rimbaud est rentré chez nous surgissant de la foudre. Verlaine gisait, livide et glacé, le regard au vague, dans un chemin envahi de ronciers. Des liasses manuscrites débordaient de sa besace tels les restes d'un pauvre destin. Il balbutiait des mots dénués de sens. Un voile épais de flocons descendait du ciel et le rideau tombait sur ce désastre sans retour, sur une poésie qui portait en elle un peu d'immortalité. L'histoire de ces poètes semble s'achever ici, comme une oeuvre qui se referme pour se déployer, un jour peut-être, dans la mémoire des hommes. "

Ce roman a pour toile de fond la guerre de 1870 et la Commune. Rimbaud et Verlaine, ivres d'absinthe et de liberté, vivent leur épopée sulfureuse entre Paris, Bruxelles, Londres, Stuttgart, avec pour principal témoin un pasteur luthérien allemand. D'autres figures croisent leur destin, Hugo, Baudelaire, Marx, Napoléon III, Louise Michel, Henry Dunant et un juge belge viscéralement homophobe. Paul cherche l'apaisement dans l'illumination religieuse, Arthur s'étourdit dans son errance marginale, et l'aventure passionnelle se termine au coeur du Wurtemberg où Rimbaud confie à Verlaine ses derniers poèmes, comme un ultime legs à la littérature.

Même si le roman raconte également leur rencontre et le début de leur liaison tumultueuse, le récit se déroule principalement après l'arrestation de Verlaine qui a tiré sur Rimbaud alors que celui-ci voulait le quitter. Paul Verlaine purge une peine de prison en Belgique tandis qu'Arthur Rimbaud voyage à Londres où il rencontre un pasteur protestant allemand, puis à Stuttgart où ce même pasteur l'a invité.

Si les chapitres consacrés à Verlaine, notamment pendant la longue période de son emprisonnement, m'ont un peu ennuyé, j'ai été nettement plus séduit par ceux consacrés à Rimbaud, notamment grâce à la personnalité du jeune poète épris de liberté mais aussi grâce au pasteur allemand qu'il rencontre à Londres et dont les pensées sont intéressantes, même si je ne les partage pas toutes.

Vous êtes trop jeune pour avoir participé aux combats de 1870, vous ignorez heureusement l'horreur des carnages. Moi qui suis aujourd'hui un homme usé par l'expérience des conflits, je peux vous l'affirmer, nul ne survit à la guerre. Pas même les vainqueurs.

Le style de ce roman est très bon, peut-être parfois trop quand la forme semble l'emporter sur le fond et que l'auteur se perd en longues digressions qui m'ont plutôt perdu. La poésie est évidemment omniprésente dans ce roman consacré à deux grands poètes français, plusieurs extraits de leurs oeuvres respectives sont d'ailleurs citées régulièrement dans le texte.

L'effronté, à peine sorti de l'adolescence, croise mon regard, et je l'esquive. Bien que gêné par son insistance incongrue, je demeure imperturbable. Je ne suis pas homme à laisser paraître la moindre de mes émotions. Mes pensées profondes, mes questionnements, mes rêves ou mes doutes éventuels ne regardent personne. Je tiens à donner l'image d'un être pur et rigoureux chez lequel aucun ferment obscur, aucun sombre dessein ne pourrait se nicher.

Tout n'est pas parfait dans ce roman, le rythme est inégal, mais c'est tout de même une plongée réussie dans l'Europe de la deuxième moitié du XIXème siècle, entre chute du Second Empire, espoirs humanistes et révolution industrielle, le tout saupoudré de poésie.

Il deviendra poète, s'opposera à la bêtise et rendra le monde, pas nécessairement plus beau, mais plus intense.
Lien : https://zerojanvier.fr/2018/..
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Arthur et Paul.
Rimbaud et Verlaine.
Deux poètes fascinants, une commune recherche d'absolu, de liberté formelle, littéraire, qui les mena sur la voie d'une relation qui fit voler en éclats tous les cadres, sociaux, psychiques ou sensuels.



On connaît plus ou moins l'histoire : la rencontre entre les deux hommes, l'absinthe, Verlaine tirant un coup de feu sur Rimbaud... Elevés au rang de mythes littéraires, ils incarnent la figure du poète maudit, tel que Verlaine lui-même en avait esquissé les traits.


René Guitton retrace ces quelques mois durant lesquels les deux géants cheminèrent ensemble, de Paris et Bruxelles à Stuttgart, où leurs destins se séparèrent définitivement. Si je n'en ai pas appris beaucoup sur ces poètes exceptionnels, j'ai néanmoins eu un réel plaisir à les retrouver à travers ces pages que l'on devine inspirées par une profonde admiration.
Sous la plume de René Guitton, on perçoit toute la grâce de Rimbaud, qui ne pouvait que fasciner un Verlaine englué dans une vie bourgeoise qu'il abhorrait.

Tandis que l'Homme aux semelles de vent rayonne, traversant ce livre telle une figure évanescente, Verlaine apparaît comme un être tout entier de souffrance, lourd d'une sourde douleur.

Entre ombre et lumière, âpreté et volupté, errance et frénésie, ils firent fi des limites, des lois et de toutes les conventions, et donnèrent à notre littérature des pages éblouissantes, parmi les plus belles qui soient.
Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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je n'ai pas pu le lire car tout se mélange
très compliqué
malgré l'érudition de l'auteur
je retrouvais tout ce que je connaissais déjà
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Vous êtes un poète remarquable, monsieur Verlaine, d’une profonde sensibilité, tout en délicatesse et en subtils clairs-obscurs. Une poésie impressionniste. Avec le sieur Rimbaud vous vous êtes égaré, vous avez perdu votre âme. Vous avez gâché un talent immense. Quel échec ! »

« En effet, monsieur le directeur. Seul mon ratage a été réussi. En tirant sur Rimbaud j’ai tiré sur moi-même. »
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Le quartier des Batignolles et la rue Chaptal leur semblent cependant bien plus sûrs que la lisière des champs de bataille.
Ils éprouvent le sentiment de devenir plus français qu'ils ne l'ont jamais été là-bas sur ces lignes mouvantes de l'est où, au gré des guerres, on devient allemand un jour, français le lendemain.
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Les passions subversives
qui vont nous éclaboussant
nous font un besoin pressant
de salutaires lessives

Verlaine pensait déjà aux gilets jaunes ....
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Pourquoi ce que tu écris est-il si compliqué?
La réalité est compliquée, maman, on n'entre pas en poésie comme dans un moulin.
On doit y venir par besoin d'échapper à la laideur.
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Portés par une curiosité joyeuse et grave, les deux complices oscillaient, tels des pendules, entre facétie et passion, entre crises éthyliques et crises mystiques.
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Vidéo de René Guitton
https://www.laprocure.com/product/1388126/guitton-rene-paolo-la-presence-de-l-absent Paolo, la présence de l'absent René Guitton Édition Desclée de Brouwer
« Dans l'actualité, on le sait, bien souvent les informations se succèdent les unes après les autres, une nouvelle en chasse l'autre et bien souvent tout ça tombe dans l'oubli. Il faut donc remercier René Guitton et les éditions Desclée de Brouwer de nous offrir dans ce livre : Paolo, la présence de l'absent, un très beau travail de mémoire pour nous rappeler qu'il y a dix ans déjà, en Syrie, disparaissait un jésuite, un missionnaire, un prêtre, Paolo Dall'Oglio et depuis, nous sommes sans nouvelle de lui... » Guillaume Vanier, libraire à La Procure de Paris
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