« Les hommes de génie sont des météores destinés à brûler pour éclairer leur siècle » NAPOLEON
« Un seul homme était en vie alors en Europe; le reste des êtres tâchait de se remplir les poumons de l'air qu'il avait respiré. »
A. DE MUSSET (
La confession d'un enfant du siècle).
Peu de personnages historiques auront entraîné dans leur sillage autant de commentaires de contemporains, de biographies d'historiens, d'écrivains, d'hommes politique, d'hommes de guerre, que
Napoléon Bonaparte. A chaque fois que l'on s'approche de trop près du mythe fait homme, on semble brûler et le halo de mystère de continuer à se diffuser, même deux siècles après sa mort à Sainte-Hélène, loin de tous. Qui était-il réellement ? Son parcours n'était pas inscrit dans le marbre. Après tout, il est né dans une famille de la toute petite noblesse corse, une île perdue par les Génois au dépend des Français sous Louis XV. Après avoir soutenu l'indépendantiste
Pascal Paoli, le père de Napoléon s'est rangé, par opportunisme (et comme beaucoup) au côté des Français. Napoléon partira ensuite à l'école de Brienne où il se destinera à une carrière dans l'artillerie (non sans avoir songé à la marine). Il lisait énormément et c'est un fait qu'il avait une mémoire extraordinaire. Pourtant, ses résultats à l'école de guerre sont loin d'être impressionnants. Ce qui est une « certitude », dont parle si justement
Charles-Eloi Vial, (archiviste-paléographe, docteur en histoire de l'université Paris-Sorbonne, conservateur à la BNF), c'est que Napoléon était persuadé d'avoir un destin, dans cette France révolutionnaire où le sang coulait à flot. Il avait une confiance aveugle en son étoile, un narcissisme qui fût présent dès ses débuts dans l'armée puis dans les enceintes du pouvoir. Il sût saisir sa chance. Il apprit, plus que n'importe quel autre homme d'état, à dissimuler ses intentions, à manipuler son entourage mais aussi les peuples qu'il ira conquérir. Il bâti son mythe de son vivant en faisant la synthèse de ceux dont les Français aspiraient suite aux excès de la Révolution, notamment la Terreur.
Charles Eloi-Vial nous propose une iconographie, extraite de la BNF, qui est très enrichissante. Son portrait de Napoléon est nuancé. Il ne fait aucun doute que Napoléon fût durant une période de sa vie, un « génie » absolu de la tactique militaire, mais assez vite, son hubris le conduira à sa perte. « L'ambition », la soif de pouvoir et toute la démesure qu'elle entraîne. L'historien nous décrit un empereur monologuant pendant des heures face à un parterre de courtisans épuisés par ces soliloques narcissiques. Il faut imaginer son couronnement, le 2 décembre 1804, en tant qu'empereur des Français, avec un Napoléon se saisissant de la couronne pour la poser lui-même sur sa tête, puis de couronner son épouse Joséphine. Pie VII, est ainsi renvoyé à un simple rôle de figurant. L'empereur ne prend pas de gant, que ce soit pour donner ses ordres à ses proches et à tous ceux qui l'entourent : ministres, maréchaux, etc. Chez lui, le théâtre est perpétuel, qu'il sourit ou qu'il se mette dans une colère noire, rien n'est anodin et tout cela n'a qu'un seul dessein, sa soif de pouvoir et de contrôle des rouages du pouvoir, des plus intimes aux plus éloignés. Autoritaire, peu concerné par les questions de moralité, ni touché par les pertes engendrées par les nombreuses guerres de son règne, Napoléon refusera, jusqu'à sa mort à Sainte-Hélène en 1821, la moindre remise en question de ce qu'il a fait. Son égo confinant, nous l'avons dit, au « pêché » d'hubris, il ne le comprendra jamais. Refusant toute concession, même après la campagne de Russie en 1812, qui fût un désastre apocalyptique, Napoléon peut être comparé à un joueur misant et remisant sans cesse ses conquêtes, quitte à tout perdre sur un coup du sort. N'écoutant plus son entourage (nous l'avons vu, l'a t'il seulement fait un jour), il s'est enferré dans des guerres perpétuelles. Son ambition amena à des transformations d'envergure, que l'on songe aux institutions, au code civil, à l'aménagement de la capitale Paris, à la diffusion des idées de la révolution (même si, là encore, il faut émettre quelques réserves, puisque cela peut être interprété comme une façon très subtil de renforcer son pouvoir, sa main de fer sur l'Empire en usant de cet argumentaire), etc. Napoléon ne pouvait être vaincu que par l'épée, la guerre (songeons au Roi des Hébreux Salomon : « On est puni par où l'on a péché »). La coalition gigantesque des souverains européens en 1813 puis 1815, fût à la mesure de la crainte suscitée par celui que l'on surnomma sur la fin de son règne : « l'ogre de Corse. » Au final, on obtient une synthèse intéressante, non exhaustive car sur un personnage historique tel que Napoléon, elle est totalement illusoire, utopique. Les illustrations sont de qualité. Pour se remettre en mémoire des éléments et profiter des analyses pertinentes de
Charles-Eloi Vial, cet ouvrage vaut le coup d'être lu. A noter, que c'est une collection fort intéressante Perrin/Bibliothèque nationale de France. Je recommande vraiment cette lecture qui conduira le lecteur à poursuivre avec des oeuvres historiques plus poussées.
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