Un sommet de la littératureSan Antoniesque.
Commenter  J’apprécie         20
Sans perdre de temps, je ligote le chauve à poils ras avec les moyens du bord, comme chaque fois dans mes polars à la noix de cajou, que t'auras beau chercher parmi les douze mille que j'aurai écrits, pas un qui se comporte un mec ligotté avec : des cordons de rideau, du fil électrique, des bretelles, des ceintures, du câble de vélo, des liens conjugaux, des attaches sentimentales, du fil à retordre, de la corde à piano, des courroies de transmission, des brides sur le cou et des bandes de cons. Mais chacun sa méthode, et pas tant de discours, comme le clamait Descartes avant d'être biseauté.
- Je tape le roman d'un jeune écrivain dont j'ai fait la connaissance dernièrement et qui n'a pas les moyens de se payer une secrétaire...
Je finis de lire la page en chantier.
- Je ne voudrais pas descendre votre idole en flammes, ma gosse, mais c'est pas Victor Hugo, votre génie !
Claudette murmurre sans s'interrompre de taper :
- Il avait une grosse bite, Victor Hugo ?
- Franchement, je n'en sais rien ma belle.
Elle désigne la feuille noircissante d'un hochement de menton :
- Parce que lui, si. Alors pour moi, son talent, c'est franchement la question subsidiaire.
L'éxistence est pleine d'imprévus pour qui remue. Tu te livre à des estimations et la réalité te baise en canard (c'est une de ses barbaries)
On peut faire sembler de réfléchir, mais on ne peut pas faire semblant d'agir, voilà pourquoi l'homme d'action est toujours privilégié.
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* :
San-Antonio, _Réflexions définitives sur l'au-delà,_ morceaux choisis recueillis par Thierry Gautier, Paris, Fleuve noir, 1999, 120 p.
#SanAntonio #FrédéricDard #Aphorismes #LittératureFrançaise #XXeSiècle