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EAN : 9782842614621
130 pages
Le Serpent à plumes (20/11/2003)
2.71/5   7 notes
Résumé :

En 1941, l'île de la Martinique, colonie française, passe brutalement à l'heure de Vichy. Pour ses habitants, l'ordre nouveau a un nom : celui de l'amiral Robert, représentant de Pétain.

C'est le début des années noires. Alors que l'île s'apprête à accueillir son nouveau maître, Mano, nègre-marron, ouvrier agricole, se rend coupable du meurtre d'un béké - un Blanc - propriétaire d'une plantation de canne à sucre. Ce geste n'a rien de poli... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'auteur utilise un style ampoulé ou à minima des mots d'anciens français mêlés à des expressions créoles pour conter le meurtre d'un blanc dans les années quarante par un Martiniquais. C'est aussi pour lui l'occasion de revenir sur les brimades et le deux poids , deux mesures entre les deux. le tout m'a semblé assez indigeste à lire (simple opinion)
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Narrée par un conteur traditionnel, la prise du maquis par un nègre dans la Martinique pétainiste...

Ecrite en 1979 en créole (sous le titre "Jik deyé do bondyé"), cette longue nouvelle est l'un des tous premiers textes du Martiniquais Raphaël Confiant, chantre de la créolité aux côtés de Jean Bernabé et de Patrick Chamoiseau. Il l'a traduit lui-même en français pour une publication en 2000 sous le titre "La lessive du diable".

La Martinique de 1941, sous la botte de Vichy, sera pleinement dépeinte dans le premier grand roman en français de l'auteur, "Le nègre et l'amiral", en 1988. "La lessive du diable" en constitue en quelque sorte une esquisse, dense et ramassée, contant un marronnage moderne, celui de Mano, nègre en fuite, pour avoir tué un contremaître béké qui abusait profondément de son pouvoir sur la plantation, au milieu des milices du très pétainiste amiral Robert, en charge des Antilles françaises... Narré par un conteur anonyme, qui interrompt régulièrement le récit lui-même (composé de bribes de souvenirs de Mano et de quelques autres protagonistes, réarrangés dans un ordre secret qui ne dévoile son sens que peu à peu), pour se livrer aux intermèdes virtuoses par lesquels le conteur démontre son art oral de l'improvisation à l'assistance...

Un tour de force de langue, de mélange de registres linguistiques et de narration croisée.

"Pays dépourvu de forêts dignes de ce nom, pays dépourvu du moindre lieu que le maître ne connaisse pas où se volatiliser en cas de malheur. Si, par exemple, des rapaces, surgis de derrière le miquelon de la mer sur leurs vaisseaux de guerre, venaient y semer la terreur ("Tant pis pour les merles qui se laissent toucher par les plombs du fusil !", avons-nous coutume de dire). Ah ! parcelle de terre dont on a fait moult fois l'inventaire, dont on a même dompté la savane des Pétrifications, dont on a estampillé chacune des criques. Pays de malédiction où, partout que l'on soit, l'homme doit faire face à l'agaçant complot que la mer ourdit dans son dos, coincé qu'il est contre les falaises couvertes de raisiniers-bord-de-mer. Et il y va du pays comme il en va de ses habitants. Ces derniers, marqués au fer rouge dès le premier jour afin que le maître puisse s'y reconnaître dans son bétail, enregistrés sur les livres d'approvisionnement entre les barriques de viande de cochon salé et les rouleaux de toile des Indes. Ah ! île où toute fuite est déjà perdue d'avance parce que nul lieu n'y est vierge."
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"La lessive du Diable" et "Chimères d'En-Ville" se suivent dans la bibliographie de Raphaël Confiant. La langue originale de ces deux romans est le créole.


Le premier, écrit en 1978, nous ramène au temps du gouvernement de Vichy. Comme en métropole, il est alors interdit en Martinique d'écouter la BBC et les "mensonges" qu'y diffusent les partisans du général De Gaulle. L'île est sous le contrôle de l'amiral Robert, dont les Martiniquais ont gardé un funeste souvenir, qu'ils associent à une période de misère et de famine.

Mano Lorimer est un jeune noir recherché par la police pour avoir assassiné le béké (1) qui l'a empêché de réaliser son rêve -devenir conducteur de train- sous prétexte qu'il avait des sympathies communistes. Mano aspire surtout à être libre, et ne veut dépendre de personne.
"La lessive du Diable" raconte sa fuite, sous une forme narrative parfois difficile à suivre, mêlant harangues de conteur, souvenirs du jeune homme (sans véritable logique chronologique), et apartés relatives à des anecdodes par lesquelles s'expriment les souffrances et les humiliations subies par le peuple martiniquais sous le joug colonial.

Raphaël Confiant donne dans un premier temps l'impression de ne suivre aucun fil conducteur. le lecteur est d'ailleurs un peu perdu, voire rebuté par ce texte où l'on passe du coq à l'âne, et dont on a du mal à saisir les tenants et les aboutissants. C'est peu à peu que les éléments de l'histoire se mettent en place, et que l'on reconstitue ainsi le parcours de Mano, tout du moins dans ses grandes lignes, car je dois bien avouer qu'en ce qui me concerne, certains points du récit sont restés obscurs. Cela a un peu gâché mon plaisir...
Heureusement, il y a la langue, si colorée et si expressive, qui sert de support audit récit. Les dialogues, notamment, sont particulièrement réjouissants, florilèges d'expressions cocasses, de vocables français détournés (je ne peux résister à l'envie d'en citer deux ou trois, tels que "dérespecter", "maudition", ou "heureuseté"), de termes créoles. le texte est donc haut en couleur, mais aussi souvent très beau, empreint d'une poésie qui exprime avec force les sentiments de ce peuple longtemps brimé et méprisé.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Moi, conteur de mon état, chevaucheur des paroles de l'antan - quand les chiens aboyaient encore par la queue et que le volcan n'avait pas noyé nos songes sous une avalanche de nuées ardentes- je déclare: que l'on m'écoute!
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- Les nègres, ils ressemblent à des moustiques, rouspétait la Géronne. Ils sont toujours en train de se battre. Et pourquoi? Ils ne le savent même pas.
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