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Jacques Guiod (Traducteur)
EAN : 9782266315692
256 pages
Pocket (10/02/2022)
3.68/5   11 notes
Résumé :
Les histoires d'amour finissent toujours mal, surtout en SF ?
Sur la planète Lisle, vivent les Cian, peuple pétris de traditions et proche de la nature, et pourtant passé maître dans l'art du génie génétique. Alors qu'il y séjourne, Joseph Farber, un Terrien, rencontre Liraun Jé Genawen, une Cian, pendant la cérémonie de l' Alàntene, la Pâque du solstice d'hiver.
Ces deux êtres à la marge de leur propre société vont s'éprendre follement, Joseph allant ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Seul « vrai » roman de « Gardner Dozois » qui a plutôt écrit des romans à quatre mains ou des nouvelles, « Étrangers » n'en est pas moins très bon. Je dirais même que j'ai adoré cette histoire qui commence de façon assez mélancolique et romantique, mais qui va plonger dans la complexité de l'amour entre deux êtres totalement différents, autant dans les moeurs que physiquement, deux personnes, deux espèces, un amour.


Le souci c'est que l'amour ne suffit pas toujours et l'on découvre dans ce « Planet opera » le choc des cultures, le racisme, les préjugés, les non-dits, ou encore l'imaginaire d'un idéal qui n'est pas forcément applicable dans la réalité. Beaucoup d'incompréhension entre ces deux êtres, ces deux peuples.


L'auteur nous plonge dans l'intimité des personnages et l'on s'attache à eux à leurs caractères divergents mais surmonté par l'amour. Il nous catapulte également et inévitablement vers le drame et la colère, là où l'espoir fait ce qu'il peut mais où la réalité nous rattrape.


Je pensais au vu du quatrième de couverture, tomber sur un genre « d'Avatar » mais finalement nous sommes bien au delà, profondément ancrés dans des questionnements existentiels véritables.


Pour moi cette histoire n'a pas prise une ride même si elle a été écrite en 1978, c'est une petite pépite.
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Etrangers est un roman court. Sa narration est particulière, comme distante, extérieure. Un peu à l'image du métier de Farber, sorte de peintre photographe. Tout se passe comme si le lecteur se tenait derrière une caméra qui suivait des mouvements, mais sans capter leur profondeur ni leur sens.
Cette mise en retrait va de pair avec le récit, qui semble raconté a posteriori et centré sur Farber. Qui raconte ? On n'en sait rien, mais cela ajoute une distance supplémentaire avec les personnages, dont Farber, qui devient alors davantage sujet d'étude que personnage. Enfin, cet écart est accru par les nombreuses prolepses du(des) narrateur(s).
Cette narration détachée est très bien vue, parce qu'elle nous met dans la même position que Farber. Celle de l'observateur assez passif qui ne capte pas grand chose à ce qui l'entoure. La communication et la compréhension de l'autre sont deux enjeux majeurs du texte – ou plutôt, l'incommunicabilité et l'incompréhension.

Car Etrangers raconte précisément ça. le roman tourne autour de deux personnages principaux, Farber et Liraun. On ne les comprend pas vraiment, comme eux-mêmes ne se comprennent pas non plus. Bien souvent, l'incompréhension de Farber est répétée dans le texte, comme une litanie.
L'incapacité de se comprendre découle notamment d'une incapacité de se parler. Ainsi, le roman offre très peu de dialogues fructueux. Très peu de réels échanges, et surtout aucune écoute, d'autant que Liraun se mure souvent dans un silence pudique pour ne pas exprimer ses émotions.
Il n'est pas commun de lire un roman, un pur produit de langage, qui développe la rhétorique de son absence.

Il est intéressant de noter que la première traduction en français de ce roman avait pour titre L'étrangère… Comme si c'était juste Liraun, du fait de sa nature d'extraterrestre, qui était l'Autre. Mais ce titre me semble inapproprié, et d'ailleurs cela a été revu dans la traduction actuelle. Car on a bien deux individus ici qui sont Etrangers.
D'abord étrangers par rapport à leur peuple, qui ne les reconnait plus. Et puis étrangers par rapport à eux-mêmes. Se connaissent-ils eux-mêmes ?
Et puis étrangers à l'autre. Liraun et Farber ne sont qu'une simple somme de deux Autres qui ne fusionnent que physiquement. Ils n'échangent aucune de leurs pensées, ressentis, émotions. En fait, ils sont profondément seuls. Il en découle alors une seconde partie profondément amère.

Etrangers ne propose qu'un univers science-fictif assez peu développé. C'est assez frustrant, d'ailleurs, parce que plusieurs fois il est dit que les Cian ont des capacités technologiques et scientifiques assez incroyables. Mais visiblement, ils s'en fichent un peu, ce qui permet à l'auteur de ne pas s'étendre là-dessus, de toute façon ce n'est pas son propos.
Cependant, si la première partie est assez plan plan et reste vague sur pas mal de ces points, c'est un autre roman qui se donne à lire, passé l'acmé. On passe de l'histoire d'amour entre deux personnes différentes à quelque chose de beaucoup plus profond avec davantage de réflexions. J'ai par exemple beaucoup apprécié les échanges sur l'évolution des espèces dans le temps géologiques, l'adaptation des corps etc. le discours est un peu daté et à prendre avec des pincettes vu le personnage, toutefois ce n'est pas dénué d'intérêt et on perçoit davantage la question de la différence avec l'exploration des corps. Cela remet totalement en question tout ce qu'on pense être immuable et « naturel ».
Cela pourrait être décoratif dans le roman, mais l'auteur choisit un final assez terrifiant, presque horrifique, complètement lié à la nature du peuple Cian et à leurs mythes et culture qui en découlent. J'ai trouvé cela assez tiré par les cheveux, d'abord, mais c'est une belle façon de relier tous ces éléments qui semblent n'avoir rien en commun. Et pour le coup, Gardner Dozois offre un final à la fois attendu puisque sans surprise dès le début, mais aussi inattendu dans sa manière d'y parvenir. Avec une chute en point d'orgue, faisant d'Etrangers un conte universel doté d'une très grande force dramatique.
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/g..
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Une fois n'est pas coutume, c'est attirée par la superbe couverture de la réédition de Pocket que j'ai eu envie de découvrir ce roman datant des années 70 dont je n'avais pourtant jamais entendu parler. Puis, j'ai découvert que j'avais à faire à un auteur au parcours singulier, un homme qui en plus d'écrire romans et nouvelles était surtout le rédacteur en chef du magazine Asimov's Science Fiction de 1984 à 2004, LE magazine de SF aux États-Unis. Ma curiosité était piquée.

Gardner Dozois est un auteur à la plume délicate et poétique qui m'a d'emblée rappelée celle d'Ursula le Guin avec laquelle il partage aussi un univers commun ou du moins un intérêt commun pour traiter de manière ethnologique la société qu'il veut nous conter. Il n'a publié que peu de romans au cours de sa carrière : 5 dont 4 ont été édités chez nous. Il y a d'abord eu la novella le Fini des mers publié chez le Bélial', "Une heure-lumière", Poison bleu, chez Denoël, "Lunes d'encre" coécrit avec George Alec Effinger, L'Étrangère/Etrangers, d'abord publié chez Denoël, "Présence du futur", le Chasseur et son ombre, paru chez Bragelonne et coécrit avec George R. R. Martin et Daniel Abraham. Reste City Under the Stars (Version augmentée du roman court The City of God)  coécrit avec Michael Swanwick encore inédit chez nous. C'est donc un auteur qui s'est fait rare tout au long de sa vie puisqu'il est mort en 2018 à l'âge de 70 ans.

Le présent titre est plutôt court, à peine plus de 250 pages, et pourtant extrêmement complet et complexe. Avec une belle mélancolie et dramaturgie, il nous plonge dans la découverte d'une société aux us et coutumes très différents des nôtres avec lesquels nous allons pourtant essayer d'interagir et même plus. Un peu à la manière d'une Ursula le Guin dans La Main gauche de la nuit, mais également un peu comme Barjavel dans La nuit des temps, il va décortiquer pour nous cette société à travers un couple maudit. Drame garanti !

J'ai beaucoup aimé plonger dans la découverte de cette altérité, cette autre civilisation avec laquelle les terriens ont établi des relations. C'était poétique et mélancolique, dramatique aussi à la Roméo et Juliette et tous ces couples maudits à travers L Histoire. Il reprend à merveille les tropes du genre. On découvre lentement leurs us et coutumes mais le focus se fait sur nos méprises et mauvaises interprétations, incompréhensions de ceux-ci et les drames que cela engendre, ce qui est prenant et percutant. Pour cela, nous suivons un couple mixte, un terrien et une autochtone qui ont une sorte de coup de foudre. Une relation étrange se tisse entre eux, différente de celles qu'on connaît entre terriens, dans laquelle le héros semble trouver son équilibre malgré ses singularités. C'est à travers ses yeux et cette relation qu'on va découvrir leur société.

Cette société extraterrestre est par nature étrange à nos yeux, comme dans les romans d'Ursula le Guin, on y découvre d'abord un pan très patriarcal où les femmes sont propriétés des hommes, mais les rôles sont quasi inversés à partir du moment où on parle de procréation et grossesse. On retrouve ainsi des pères nourriciers, avec trois tétons, et des femmes sans protubérance mammaire. Sociologiquement, elles gagnent aussi leur indépendance et forment une sorte d'élite sociale quand elles sont enceintes. On découvrira que tout cela est lié à l'évolution biologique de l'espèce et géologique de la planète, ce qui est fascinant.

Avec entrain nous plongeons donc dans la lente découverte insidieuse de cette société tellement différente de nous. On se sent parfois, comme le héros, un peu extérieur à ce qui se passe mais la fascination et la curiosité sont toujours là pour nous faire avancer. Un peu comme dans les récits picaresques où les héros conquérants partaient à la découverte des populations autochtones en vivant avec elles ou en étant capturés par elles, on découvre leur fonctionnement de manière un peu interloquée en faisant nombres spéculations qui tombent souvent à côté mais qui approchent de plus en plus de la vérité. C'est très entraînant, immersif et dérangeant à la fois avec une chute poignante. 

Avec talent et poésie, l'auteur offre une oeuvre mélancolique moderne qui interroge sur les rôles que la société fait peser sur chaque individu genré au sein du couple et de la société quand la procréation et la survie de l'espèce entrent en jeu. C'est lent, insidieux mais ça frappe juste et cela fascine. Une très belle plume et des idées fortes me donnent envie de découvrir ses autres oeuvres !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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--- Mauvaise interprétation ---

Si ma préférence ira toujours à la fantasy, je suis de plus en plus tentée par des romans de science-fiction. Mon partenariat avec les éditions Pocket – que je remercie au passage – me permet justement d'assouvir cette envie de découverte !

C'est pourquoi j'ai demandé Étrangers en service de presse. Bien malgré moi, j'y voyais un genre d'Avatar, film dont j'avais adoré l'histoire. Or, on est loin du compte, ce qui explique ma déception des débuts. Néanmoins, la tendance s'est rapidement inversée…

--- Des débuts trop descriptifs ---

C'est le lot des lecteurs malchanceux que de ne pas trouver, dans un livre, ce qu'ils avaient imaginé avec tant d'ardeur. Un tel décalage crée des attentes qui ne seront jamais comblées. Résultat : la frustration est grande ! Et c'est exactement ce qui m'est arrivé.

Au lieu d'assister à la rencontre de peuples opposés, de voir les sentiments naître dans le coeur des héros, j'ai affronté une introduction, certes intéressante, mais ô combien descriptive. Et comme je l'ai dit et répété, les descriptions, ce n'est pas ma tasse de thé, que ce soit en fantasy ou en science-fiction. Dans la première moitié du roman, elles sont malheureusement très présentes, prenant parfois une page entière. Bref, j'ai vite déchanté !

--- Comme un revirement de situation ---

Si j'ai persévéré malgré des débuts difficiles, c'est parce que je sentais le potentiel de l'histoire. L'auteur propose une vision, non pas idéalisée, mais réaliste de la conquête spatiale et de la rencontre entre humains et espèces extraterrestres. Exit les clichés en la matière, ils sont ici remplacés par des questionnements profonds, voire carrément pratiques.

Il en va de même pour la romance qui n'inclut ni déclarations enflammées, ni promesses d'amour éternel. Au contraire, les protagonistes eux-mêmes ne semblent pas toujours comprendre ce qui les attire l'un vers l'autre, subissent parfois leur choix de rester ensemble, souffrent au point de se délaisser quelque temps, mais finissent toujours par se retrouver. Ce n'est pas vraiment ce que j'appelle un conte de fée ! Et oui, vivre aux côtés d'un être dont on ne comprend pas véritablement la nature peut se révéler bien difficile…

J'étais donc en phase avec le héros, Joseph Farber, privé de repères et d'explications, malgré les attentions de sa compagne. Ce côté nébuleux a perduré, tant et si bien que j'ai cru que l'action ne viendrait jamais. J'avais tort…

--- Quand une déception se transforme en coup de coeur ! ---

Contre toute attente, le roman a su éveiller mon intérêt dans la deuxième partie pour laquelle j'ai eu un petit coup de coeur !

Après tant d'avertissements impénétrables et de malentendus inexplicables entre deux individus qui désirent s'aimer envers et contre tout, mais n'y parviennent qu'à moitié en raison de leurs différences culturelles, j'ai enfin compris. L'enjeu de ce livre, l'intensité de cette intrigue, le destin de ce couple. Tout !

Dès lors, impossible de m'arrêter ! J'ai tourné les pages avec l'envie de plus en plus forte que tout se termine bien. Mais le synopsis nous le dit clairement : un drame va survenir. Lequel ? Je vous laisse le découvrir, néanmoins je me permets un conseil : accrochez-vous !

Heureusement, au-delà de ce final bouleversant, ce qui importe vraiment, c'est le message d'amour universel que transmet Gardner Dozois. Même s'il est impossible, même s'il se confronte à la différence et à la haine des autres, il existe envers et contre tout !

Alors, bien sûr, je pourrais décortiquer encore et encore cette intrigue créée avec beaucoup d'intelligence, ou même détailler ses enjeux sociologiques et culturels, toutefois je préfère rester sur une émotion forte que de me lancer dans une analyse approfondie.
Lien : https://lesfantasydamanda.wo..
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Après un abandon au milieu de ma lecture, je l'ai reprise en me concentrant ! Et là le charme a opéré!
Il faut dire que la SF n'est pas ma tasse de thé . J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans cet univers. Farber, le héros ou anti-héros m'a émue dans son incompréhension du monde de sa bien-aimée . Lecture que je recommande parce qu'elle aborde l'amour entre 2 personnes de cultures complètement opposées …
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
C'était la nuit de l'une des pâques mineures, l'imminence du printemps, et dans la ville nouvelle les rues étaient emplies de lumière. Elle ruisselait sur les masques des démons, scintillait sur les costumes couverts de pierreries et faisait d'étranges amalgames de chair,d'étoffe et d'ombre.
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L'éclairage y était d'un pastel très doux que les brumes languissantes diffusaient par intermitences.
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;le mouvement n'était qu'une réponse inconsciente et instinctive à la musique, presque un tropisme.
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Aimons-nous toujours ceux qui nous détruiront ? Les aimons-nous justement parce qu'ils nous détruiront ? Parce qu'ils sont les seuls à prendre en charge le fardeau de notre destruction, à l'ôter de nos épaules ?
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Dieu était vivant après la longue traversée du désert de l'athéisme,
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