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EAN : 9782707145208
532 pages
La Découverte (15/10/2004)
4.37/5   34 notes
Résumé :

Ce livre, vendu à plus de 65 000 exemplaires depuis sa réédition en 1967 dans la " Petite collection Maspero ", reste un grand classique. Son auteur, acteur et témoin de la Commune de Paris, se mit au travail au lendemain de la défaite et ce travail dura vingt-cinq ans. Il a enquêté avec acharnement auprès de tous les survivants, dans l'exil à Londres, en Suisse, puis consulté tous les documents disponible... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un sentiment de révolte, de honte et d'indignation.


Prosper-Olivier Lissagaray fut un de ces derniers "communeux" qui réussirent à s'enfuir de Paris et ainsi échappèrent à la répression qui suivit. Il trouva refuge en Belgique d'abord puis en Angleterre où il vécut en exil. Il entreprit la rédaction de ce livre qui fait toujours référence aujourd'hui, cette "Histoire de la Commune de 1871".


Il s'agissait pour lui, en faisant un véritable travail de journaliste et de recherche, et en mettant ses amis ex-communards à contribution, d'apporter un témoignage, le plus complet et le plus honnête possible, sur cette période mais aussi et surtout de rétablir des vérités afin de contrer toutes les affirmations mensongères répandues par les versaillais et surtout par Adolphe Thiers depuis la fin de la répression.


L'auteur évoque les difficultés rencontrées par les chefs communards qui n'avaient pas envisagé la tournure des événements qu'ils n'avaient pas voulue ainsi, pas plus qu'ils n'étaient préparés à la gestion de la ville de Paris, de ses administrations à l'arrêt et souvent sabotées par Thiers et ses amis. Il fallut tout assurer à commencer par le ravitaillement, les aides sociales aux plus démunis, le service de santé, l'organisation d'élections. Ils élaborèrent également des programmes dans l'éducation, l'organisation du travail, la place des femmes dans la société, la culture qui malheureusement restèrent à l'état de projet faute de temps. Certains furent repris bien plus tard et sont encore en vigueur.


Mais ce qui domine, à la lecture de ce livre, comme à la lecture de tous les ouvrages consacrés honnêtement à la Commune, c'est un sentiment de révolte. il faut tout de même savoir que tout ce qui est advenu, pendant les 72 jours de la Commune insurrectionnelle, le fut, au départ, à cause d'une guerre voulue et perdue par un empereur prétentieux mais aussi par la défaillance de l'armée française. Cette défaite va conduire à une situation dans laquelle les communards qui refusaient juste la paix honteuse signée par le gouvernement, vont finalement être les victimes expiatoires et serviront de bouc émissaire.


C'est également un sentiment d'indignation et de honte car les coupables de toutes les exécutions sommaires, des massacres, pendant la semaine sanglante, de populations civiles - 30 000 morts environ, femmes et enfants compris, de toutes les déportations, ne furent jamais jugés et encore moins condamnés et pour beaucoup d'entre eux, à l'image d'Adolphe Thiers, donnent encore leurs noms à des places ou rues dans de nombreuses villes de France.


Il s'agit donc d'un livre essentiel et très détaillé sur la Commune, une référence qu'il faut lire absolument car c'est un témoignage important pour aider à comprendre cette période. Toutefois, il est peut-être préférable d'avoir déjà lu sur ce sujet car l'auteur évoque beaucoup d'évènements, évidents pour lui, sans toujours les remettre dans leur contexte et surtout vous allez rencontrer évidemment, de très nombreux personnages, réels bien sûr, et vous risquez de vous perdre dans le récit.

Malgré cette réserve, si ce "moment" de notre Histoire vous intéresse, surtout n'hésitez pas ! C'est une lecture indispensable sur les événements.
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« Les yeux horribles des pontons ».

Ma passion pour Rimbaud m'a souvent fait penser à cette période extraordinaire, que le jeune poète a connu et qui apparaît en filigrane dans certains de ses magnifiques poèmes.
Mais, en réalité, je la connaissais mal, à part le fait qu'elle était porteuse des grandes idées sociales et politiques qui se concrétisèrent plus tard, ou ne sont pas encore achevées, comme l'éducation pour tous, la séparation de l'Eglise et de l'Etat, l'égalité homme-femme. Et aussi qu'elle a inspiré Marx qui était présent je crois à Paris au même moment, et aussi la révolution bolchevique, entre autres.

C'est l'analyse passionnante de ce livre faite par mon « ami » babeliote Hulot, qui m'a incité à lire ce livre, tout en commençant au préalable par le Que-sais-je de Jacques Rougerie, spécialiste éminent de cette période décédé récemment.

Le livre de Rougerie était pour moi une étape indispensable, car le récit de Lissaragay, long de près de 500 pages, est extrêmement dense et exhaustif.

L'auteur, Prosper-Olivier Lissaragay est un journaliste, qui était présent lors des événements, et a participé à la défense de Paris lors de l'arrivée
de l'armée dite des « Versaillais », armée aux ordres d'Adolphe Thiers qui avait pris le pouvoir de l'Assemblée Nationale réunie à Versailles. Proscrit, il avait fui à Londres, et c'est là qu'il a écrit, se servant à la fois de ses souvenirs, du recueil des témoignages de Communards exilés en Angleterre ou en Suisse, mais aussi en examinant une masse énorme de documents relatifs à cette période.
Le livre a été publié une première fois en 1876, et avec des remaniements et ajouts en 1896, l'édition que j'ai eue en main.

Et de ce fait, lectrice ou lecteur, accroche-toi, ça en vaut la peine, car c'est, précédé de la narration de la débâcle de l'armée française face à l'armée prussienne de Bismarck, de la chute de Napoléon III, un récit presqu'au jour le jour, mais passionné et passionnant de l'avènement et de la chute de la Commune de Paris. Parfois, on se perd un peu dans les détails, parfois, l'auteur se laisse entraîner à la vindicte ou au mépris, mais il faut le prendre comme ça, c'est un récit engagé et courageux.

Je ne vais pas résumer ce qui est raconté dans le livre, mais vous faire part de mes impressions et sentiments.

D'abord, je ne savais pas que ça a été si court, la Commune de Paris, un peu plus de deux mois seulement. Et pourtant deux mois porteurs d'avenir, car l'ampleur des mesures prises, effacement de la dette des petits commerçants et ouvriers, éducation pour tous, égalité homme-femme, etc..impressionne.

Mais j'ai découvert aussi à quel point ce mouvement, dans lequel beaucoup ne voulaient pas de chef, était divisé, par exemple entre des partisans d'une gouvernance plutôt autoritaire et ceux qui voulaient une démocratie directe (ça résonne encore chez nous en 2022, ne trouvez vous pas); combien certains, avec lesquels l'auteur n'est pas tendre, parlaient beaucoup et agissaient peu; enfin combien l'impréparation, les tergiversations de toutes sortes que décrit Lissaragay, n'ont pas permis aux Communards de s'organiser et de résister longtemps à l'offensive des Versaillais, malgré leur courage incroyable.

Et puis, il avait raison, ce peuple de Paris, de ne pas être d'accord avec une capitulation indigne devant la Prusse, et de vouloir garder ses canons et ses soldats de la garde nationale, soldats qu'au passage Thiers refusait de payer, et de ce fait de se révolter ce 18 mars 1871 pour garder ses canons et sa garde nationale, dans le but de se défendre.

Et puis, le récit de la répression est bouleversant, écoeurant, une répression inique menée par Thiers, des massacres inouïs des populations civiles, une préfiguration, je trouve, des horreurs des guerres du 20ème siècle, des entassements horribles dans les abattoirs(« le sang coula aux abattoirs, dans les cirques » nous dit Rimbaud), sur les pontons, des déportations de masse, des procès sommaires, et j'en passe. Et aussi, il faut noter tous les récits partiaux et malveillants d'écrivains et de journalistes qui ont fait passer les gens de la Commune pour des brutes et des sauvages, alors que, par exemple, les responsables de la Commune avaient édicté des consignes strictes, certes pas toujours suivies, pour le respect des prisonniers.

Mais, paradoxalement, si j'ai bien compris, c'est aussi cet épisode qui confortera l'avènement de la République et l'abandon complet de l'idée du rétablissement de la Royauté ou de l'Empire, République qui proclamera bien tard, en 1880, l'amnistie totale des Communards.

Enfin, je suis ressorti de cette lecture avec l'idée que la Commune a sans nul doute payé le prix fort pour ses idées novatrices en matière d'égalité, d'éducation, de décentralisation des pouvoirs, bref, tous ces thèmes encore bien d'actualité.

Évidemment, un témoignage indispensable à qui veut comprendre cet épisode emblématique, je trouve, de l'Histoire de France.
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HISTOIRE DE LA COMMUNE COMME SI VOUS Y ÉTIEZ.
Lissagaray (1838-1901) était un journaliste de la gauche républicaine qui a rallié la commune dès le premier jour puis s'est exilé en Angleterre. Après l'amnistie des communards de 1880, il est revenu à Paris où il a décortiqué toutes les archives et interrogé les témoins directs pour retracer « l'histoire immédiate » de cette épopée patriotique socialiste et certainement utopique.
Le peuple de Paris refuse la défaite contre les Prussiens et tente d'organiser un réarmément de la France en regroupant les forces vives de province. Les chiffres (effectifs, armement) nous apprennent qu'il était largement possible de repousser l'envahisseur. Mais comment soutenir un mouvement révolutionnaire contre une Assemblée élue au suffrage universel ? Nous ne sommes pas dans la Russie de 1917. Les masses paysannes ont pris l'habitude de voter comme tous les autres Français. D'autre part, le peuple est fatigué de la Révolution. La Commune attribue cette apathie ou cette hostilité à un manque d'informations. Or, elle n'a rien d'autre à proposer que la guerre civile ; et personne ou presque, n'est prêt à suivre les Parisiens révoltés sur ce chemin. Très vite la Commune se trouve isolée. Les tentatives de communalisme en province ont rapidement tourné court : à Lyon, les canuts, en pleine activité, ne songent pas à la moindre révolte. le Midi rouge s'enflamme peu. le « socialisme » confus et contradictoire associé au drapeau rouge effraie une bonne partie de la France.
Ce livre nous fait vivre au jour le jour l'organisation des communaux, leurs comités directeurs (comité central, comité de salut public, les mairies d'arrondissements) spontanés mais souvent concurrents et désorganisés. Trop de démocratie ? manque d'un leader charismatique ?
Cette belle utopie humaniste qui voulait ériger Paris en république indépendante va aller à l'échec. Assiégée à l'ouest par Thiers, à l'est par les Prussiens, elle va subir une répression épouvantable par une armée vaincue à Sedan qui a voulu reconquérir son prestige en fusillant 20.000 fédérés y compris femmes et enfants, en arrêtant 40 000 personnes, tout ça pour pour venger la mort de 64 otages et une résistance à une assemblée royaliste. Il semblerait en effet que la commune ait eu quand même l'effet positif d'avoir évité la restauration. Et contrairement à la propagande versaillaise, l'étude des archives n'a montré aucune trace de complot, de secte, de meneur. C'est sans doute le caractère disproportionné de la répression qui a contribué à créer le mythe de la Commune. Il est en effet difficile de ne pas compatir au sort des vaincus traités de façon ignominieuse et vengeresse.
A noter que les deux grands écrivains de l'époque, Hugo et Zola ont sur la situation des opinions opposées : alors que le premier est plutôt favorable au mouvement et réprouve surtout sa répression, Zola écrira : « Le but des insurgés était bien d'anéantir Paris tout entier. […] Ceux qui brûlent et qui massacrent ne méritent pas d'autre juge que le coup de feu d'un soldat. »
Ce livre est passionnant car il nous replonge «  en direct » dans une page d'histoire qui fait encore polémique, même si l'auteur a choisit son camp.
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Le livre de référence sur l'histoire de la Commune de Paris, l'un des rares moments magiques où le mot démocratie prit enfin tout son sens contre toutes les représentations mensongères.
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La première partie est un peu lourde, certes. Mais ensuite, quel livre ! Un grand moment d'histoire. Même le style n'a pas pris une ride. L'auteur a fait un travail colossal pour démontrer toutes les horreurs faites au nom de la République et s'opposer à ceux qui voulaient écrire l'histoire pour se donner le bon rôle.
Même si l'on sait que l'issue est triste, se plonger dans la Commune de Paris c'est comprendre l'injustice de cette époque et sentir la volonté de construire une nouvelle société. Difficile de faire plus actuel.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
D'où jaillirent les inconnus du 18 mars 1871 ? Qui a provoqué cette journée ? Qu'a fait le Comité Central ? Quelle a été la Commune ? Comment tant de milliers de Français patriotes, républicains, ont-ils été, par des Français, massacrés, jetés hors de leur patrie, longtemps reniés par des républicains ? Où sont les responsabilités ? Les actes vont le dire.

Résumés par un ancien combattant sans doute, mais qui n'a été ni membre, ni
officier, ni fonctionnaire, ni employé de la Commune, un simple du rang qui a connu les hommes de tous les milieux, vu les faits, traversé les drames, qui pendant de longues années a recueilli, vanné les témoignages, sans autre ambition que d'éclairer pour la génération nouvelle le sillon sanglant tracé par son aînée.

L'avènement graduel, irrésistible, des classes laborieuses est le fait culminant du XIXe siècle.
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Depuis les grandes pestes on n'avait jamais vu de telles charretées de viande humaine.

Des femmes debout sur le bord des tranchées et des fosses cherchaient à se reconnaître dans ces débris. La police attendait que leur douleur les trahît afin d'arrêter "ces femelles d'insurgés".

Longtemps on entendit sur ces fosses les hurlements de chiens fidèles, ces bêtes cette fois si supérieures aux hommes.
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On ne pouvait avoir d'ennemi plus redoutable. La fortune de cet homme, sans principe de gouvernement, sans vue de progrès, sans courage, eût été impossible partout ailleurs qu'en bourgeoisie française. Mais il fut toujours là quand il fallut un libéral pour mitrailler le peuple et rarement on vit plus merveilleux artiste en intrigues parlementaires.
Nul se sut comme lui attaquer, isoler, grouper les préjugés, les haines et les intérêts.

( l'auteur parle de Thiers, bien sur!)
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Pendant 100 ans, la France a expérimenté toutes les formes gouvernementales, fourni à tous les partis politiques les instruments de pouvoir, et tous les services de l'Etat, ont continué de trainer après eux leurs budgets grossissants, leur vaste parasitisme au profit d'une caste, ruineux pour la nation.
Pendant 100 ans, la France a chargé des hommes de lui fabriquer des lois, et ces lois, toujours faites au seul profit d'un petit nombre, ont abouti à l'amoindrissement de la puissance nationale.
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Un cri fut jeté dans toutes les chaumières : C'est la République qui veut la guerre ! Paris est aux mains des partageux ! Que savait alors le paysan français et combien pouvaient dire où se trouvait l'Alsace ?

C'est lui surtout que visait la bourgeoisie hostile à l'instruction obligatoire.
Tous ses efforts pendant 24 ans n'ont-ils pas été de transformer en coolie le petit-fils des volontaires de 92 ?
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