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Johan-Frédérik Hel-Guedj (Traducteur)
EAN : 9782264042941
416 pages
10-18 (27/07/2007)
3.56/5   63 notes
Résumé :
À trente-huit ans, un beau matin, Eddie se retrouve sur un quai de gare avec trois dollars en poche. Et rien d’autre… Pourtant, pense-t-il, il a fait tout ce qu’il fallait. Il a suivi de bonnes études, il a épousé une femme intelligente et sensible, pris un emploi passionnant, contracté un crédit raisonnable pour acheter un pavillon où loger sa famille...

Alors comment en est-il arrivé là ? Tout a commencé, se souvient-il, ce jour de ses huit ans, où... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Enfant, Eddie Harnovey a été séparé de sa meilleure amie Amanda Claremont car, issu de la classe moyenne, il ne correspondait pas aux critères de sélection de madame Claremont. Malgré cette déconvenue, Eddie a continué son bonhomme de chemin. Il a fait des études, est devenu ingénieur chimiste, comme le père d'Amanda, est tombé amoureux de Tanya, l'a épousée, lui a fait une merveilleuse petite fille et a emprunté pour acheté un pavillon en banlieue de Melbourne. Mais si tout cela ressemble au bonheur, ce n'est pas tout à fait le cas. Les fins de mois sont difficiles pour le jeune couple qui peine à joindre les deux bouts. Tanya prépare son doctorat tout en donnant des cours à la fac, Eddie travaille pour le Ministère de l'environnement, leurs deux salaires sont tout juste suffisants pour assurer le quotidien et rembourser leur crédit immobilier, véritable épée de Damoclès sur leurs têtes obnubilées par la possible perte de la maison au moindre défaut de paiement. Et puis un jour, la corde raide lache. Tanya perd son travail, Eddie remet un rapport qui ne convient pas à ses supérieurs, insiste et se fait licencier. Incapable d'en parler à sa femme, effondré quand il s'aperçoit que le cabinet en recrutement qu'il a choisi est dirigé par Amanda, Eddie perd pied. Il a trente-huit ans, trois dollars en poche et risque de tout perdre.

A travers le destin de son héros, Elliot Perlmann raconte l'Australie des années 90 et son entrée fracassante dans le néo-libéralisme. Fracassante pour la classe moyenne qui a vu tous ses rêves s'effondrer, enfouis sous la mondialisation, la réforme des retraites, les réductions budgétaires, le capitalisme débridé, etc.
Si le livre dans son ensemble souffre de quelques longueurs, il n'en est pas moins le terrible constat d'une situation, ici australienne, mais qu'on peut étendre à l'ensemble des pays dits riches. C'est le Capital qui dirige les états. L'argent décide de tout et passe par-dessus toute autre considération, qu'ils s'agissent des acquis sociaux sans cesse remis en cause, de l'enseignement, des soins ou de l'écologie. Et corollaire de cette société sans âme : la montée en puissance des partis d'extrême-droite.

''...la superficialité intellectuelle et la vacuité morale sont sorties ensemble bras dessus, bras dessous, dans la nuit épaisse de la déraison, ont dansé joue contre joue et engendré vite fait une portée de rejetons grotesques que leur incapacité à douter a autorisés à évacuer les préoccupations des gens bien...''
Voilà résumées par l'auteur, les circonstances de la déchéance d'une famille sans histoires issue de la classe moyenne et qui se bat tous les jours pour s'y maintenir. Des mots qui trouvent un troublant écho dans la France de 2020... A méditer.
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(août 2006)

L'Histoire commence
À trente-huit ans, un beau matin, Eddie se retrouve sur un quai de gare avec trois dollars en poche. Et rien d'autre… Pourtant, pense-t-il, il a fait tout ce qu'il fallait. Il a suivi de bonnes études, il a épousé une femme intelligente et sensible, pris un emploi passionnant, contracté un crédit raisonnable pour acheter un pavillon où loger sa famille... Alors comment en est-il arrivé là ? Tout a commencé, se souvient-il, ce jour de ses huit ans, où la jeune fille blonde dont il était amoureux a quitté sa vie parce qu'elle était riche et lui non...

J'ai aimé ce livre
Parce que sans tomber dans une propagande keynésianiste démodée, Elliot Perlman nous emmène dans l'histoire vraie d'une dégringolade sociale postindustrielle, dans les dernières convulsions des classes moyennes au crépuscule du deuxième millénaire. Il nous emmène là où l'on peut être demain …

D'aucuns penseront que cet Eddie est vraiment un looser, incapable de s'adapter au monde qui se mondialise, balayé puisque non endurant au choc, non résistant au chômage … D'autres trouveront, comme moi, que les coïncidences surprenantes, les rencontres tragicomiques, les quiproquos absurdes révèlent l'infinie tendresse du héros pour les êtres qui l'entourent. La vie est aussi faite de rencontres insolites quand on le prend le temps d'en perdre.

Véritable remise en perspective quotidienne de vérités basiques sans cesse affirmées péremptoirement, le héros Eddie s'enchaîne à démentir par un aussi basique "ce n'est pas si simple". Et si ça l'était, malgré tout ? Cela nous renvoie à un thème cher aux profs de philo : Avoir raison contre tous, c'est avoir tort.

Spirituel, vulnérable et perpétuellement étonné, Eddie a le charme des héros des plus belles comédies américaines à la Capra. Entre rire et larmes, Trois Dollars est le portrait cruel d'un monde où le cours de la Bourse prend le pas sur celui de la vie humaine.

L'humour et la tendresse sont entre les mains d'Elliot Perlman des armes tranchantes qui lui servent à démonter avec une férocité jubilatoire l'engrenage du rationalisme économique à la Thatcher. Mais il n'en oublie pas l'amour, l'honnêteté et le rêve qui triomphent pour donner un sens à la vie…

Il est ardu de construire son estime de soi dans un monde mondialisé, dans une société de chômeurs. Finalement, tout le monde semble d'accord pour dire qu'il faut faire sauter les privilèges, mais en commençant par ceux du voisin …. A quand le serment du jeu de paume ?

Vous l'aimerez aussi
Si la mondialisation ne vous enchante pas au point de vous souvenir que les délocalisations font travailler les enfants,
Si vous trouvez qu'il y a bien des "policiers à l'individu" en France (plus qu'en Allemagne en 1935 …),
Si vous avez été, êtes, risquez d'être un chômeur de longue durée,
Si vous voulez sauver le Monde mais en restant impuissant,
Si vous appartenez à la classe moyenne qui argumente,
Si vous craignez les masses qui ne sont pas silencieuses,
Sinon s'abstenir au risque de trouver le héros looser et l'histoire sans rebonds !

A quelles autres oeuvres cela me fait-il penser ?
J'ai pensé à une anecdote qu'un ami m'a raconté. Alors qu'il était en costume, cravate et imper Burberrys pour aller à un entretien d'embauche, il s'est fait agresser dans le métro par des grévistes de la Poste qui l'ont coincé dans un coin et lui ont lacéré son manteau. Une fois qu'ils ont eu fini, cet ami a sorti de son portefeuille sa carte de demandeur d'emploi et l'a montrée à ses agresseurs, qui se sont alors empressés de s'excuser platement.
Cet ami a refusé leurs excuses et leur a seulement dit : "vous luttez pour conserver le job que vous avez parce que vous avez peur de l'avenir. Moi, je suis demandeur d'emploi et j'ai de l'espoir. le temps se rapproche du moment où vos privilèges tomberont. Les riches ne sont pas toujours là où on croit. Vous avez raison d'avoir peur."
Si tous nous pouvions être inspirés d'estime … Imparfaits, libres et heureux, Christophe André.

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J'ai beaucoup aimé le ton de ce livre. Il se déroule en Australie des années 60 aux années 80. le narrateur, va nous raconter sa vie de ses 10 ans à ses 40 ans. Il fait partie de la classe moyenne et sa première désillusion sera apportée par la mère de sa camarade d'école : il n'est pas assez riche et elle interdit donc sa fille de fréquenter ce petit garçon, il en sera durablement marqué.
Le livre commence ainsi : le narrateur dit
qu'il va rencontrer Amanda, cette amie, une fois tous les dix ans et que cela aura
un lien avec le fait qu'il se retrouve à la veille de ses 40 ans, ruiné et avec trois dollars en poche.
Ainsi la narration se déroule sans ennui pendant trente ans avec en fil conducteur les rencontres entre Amanda et Eddie : lui, classe moyenne, enfant d'ouvriers, trouve un métier d'ingénieur, elle sera cadre supérieure, lui perdra son boulot dans les maelström des années 80, elle se sortira aisément de la crise.
Les situations sont ubuesques, souvent improbables, le narrateur a un fonctionnement de pensée « étrange », sa femme, un peu bipolaire et leur fille m'ont enchanté :
En bref légèrement kafkaïen mais drôle !
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Excellente découverte océanienne,le premier roman d'Elliot Perlman (1998),chichement dénommé Trois dollars.Long de 400 pages ce livre nous fait vivre la jeunesse d'Eddie,ingénieur chimiste,son mariage avec Tanya et sa paternité,ainsi que ses difficultés professionnelles dans la jungle libérale australienne.Ce livre est assez dense et pour tout dire m'a fait osciller entre un enthousiasme débordant et quelques moments un peu plus difficiles pour moi,ceux qui font la part belle à l'économie,pour laquelle j'ai peu d'accroche.Mais au bout du compte c'est un livre marquant et très personnel où l'Australie apparaît à mille lieues des vieilles lunes habituelles. Melbourne n'y est guère le paradis annoncé et malgré leur haut niveau d'études le couple Eddie et Tanya peine au bonheur annoncé.

Chargé d'une enquête sur les dégâts environnementaux d'un groupe dont le patron lui a jadis interdit de jouer avec sa fille,ils avaient huit ans,Eddie voit sa situation financière s'effilocher,sa femme déprimer,sa vie tout entière se neutraliser,cela par une suite de coincidences,de hasards malheureux et de rancunes tenaces.Ses liens avec ses parents sont eux aussi très distendus,les dimensions de ce pays continent ne facilitant pas les relations familiales.Sur un ton qui n'exclut pas l'humour Elliot Perlman nous assène la trajectoire,rude et concrète,qui va de la City de Melbourne aux foyers de SDF avec leur lot de violence hélas universelle.Ou comment un cadre brillant et instruit finit avec trois dollars adossé à un distributeur de billets parce que cet appareil est à l'abri et qu'il distille un soupçon de chaleur.Pourtant Eddie et Tanya s'aiment et ils aiment Abby leur fille.Mais c'est si difficile parfois de vivre.
Fouinant un peu je découvre que ce livre a été adapté au cinéma et bien accueilli en Australie.Il semble qu'il soit resté là-bas.Dommage probablement.Toujours est-il que je recommande cette lecture,attachante,troublante et qui rend plutôt humble.Et puis il y a Amanda,Amanda qu'Eddie retrouve tous les neuf ans et demi...
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Bien.
Une fois n'est pas coutume, je vais vous faire partager un de mes rares déconvenues livresque.
"Trois dollars" a une quatrième de couverture alléchante et trompeuse, en tout cas je me suis laissée piéger.
Résultat: votre kali si pleine d'enthousiasme pour TOUTES ses lectures est complètement déboussolée.
Il parait que ce roman est un best seller en Australie, au point d'avoir été adapté au cinéma (cherchez pas, il n'est pas sorti ailleurs que là-bas)
Je pense qu'un truc primordial m'a échappé lorsque le livre m'est tombé des mains trois soirs de suite et que je me suis réveillée en ronflottant, la bave coulant côté droit (pourtant ma sensibilité politique est plutôt côté gauche.)
Rien à faire !
Dés que je commençais un nouveau chapitre, toujours la même chose, aucune envie de continuer à lire les aventures insipides d'un personnage inintéressant, mon cerveau se déconnectait de lui-même.
Pourtant l'auteur a tout essayé, même émailler toutes les 20 pages de son texte de références rock'n rollesque des années 80.
Et il parait que c'est aussi un magnifique hymne à l'amour...
ça aussi je l'ai raté.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Lorsque on a aimé ses parents,lorsqu'on a pu parlé avec eux, ce qu'on demande réellement à la vie, c'est quelqu'un à qui parler une fois que nos parents sont morts. C'est le but inexprimable que vous avez au fond de la tête quand vous choisissez un partenaire, tout au moins celui de votre premier mariage. On pourrait croire que l'on recherche tout autre chose, des passions, des valeurs, des objectifs en commun,un mémoire partagée,une entente sexuelle, les mêmes gouts. Mais tout cela, si vous avez eu la chance d'avoir été un enfant aimé, n'est qu'un écran de fumée que vous déployez pour mieux ramper dans les tranchées de votre vie,un écran de fumée destiné à cacher votre besoin de trouver une personne, rien qu'une, à qui vous pourrez parler après la disparition de vos parents, la personne à qui vous pourrez convier que votre contrat de travail n'a pas été renouvelé.;;;;;
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Qui-a-t-il dans l'écoulement du temps qui rend le présent pire que le passé ?
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Il en est des amoureux comme des élections dans le corps politique, le challenger promet toujours tout ce que le détenteur en titre n'a pas su mener à bien.
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Personne n'avait jamais découpé une aubergine en tranches aussi fines...
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Videos de Elliot Perlman (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Elliot Perlman
Bande annonce de la série Seven Types of Ambiguity (2017), adaptation du roman d'Elliot Perlman, publié en français sous le titre Ambiguïtés.
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