Un petit roman picaresque de 155 pages qui se lit facilement. Si un soir vous n'avez rien à faire et vous voulez vous amuser, ce livre peut être recommandé.
Un tueur à gages amusant ?
Enfin bon... vous vous amuserez. Cela dépend du lecteur que vous êtes. Si par exemple vous aimez les thrillers, le roman noir, les morts, mais que vous avez pour une fois envie de rire en lisant, cette histoire absurde fera l'affaire. Si vous aimez rire et que le meurtre ne vous dérange pas, ce sera aussi le cas. Par contre, si vous avez l'âme trop sensible, mieux vaut peut-être s'abstenir. Car s'il s'agit d'un roman à l'humour déjanté, le personnage principal reste quand même un tueur à gages qui a décidé de faire ce métier quand il a découvert que 'enviander' quelqu'un ne lui demandait pas plus d'effort que de faire un petit sprint pour attraper un bus. Argent facilement gagné ! En plus, il décrit bien ses meurtres. L'humour est donc noir aussi. Mais, puisque l'histoire est tellement irréaliste dès qu'on y réfléchit, les meurtres et tout le reste le deviennent aussi pour le lecteur.
Quelqu'un a dit un jour (au sujet de violence dans les films pour enfants) que plus le décor d'une histoire était loin de notre monde réel, et moins la violence de cette histoire avait un impact sur l'enfant qui regardait le film. Tant que le film est loin de notre monde, l'enfant ne transposera pas la violence vers le monde réel. C'est le cas dans cette histoire aussi. On ne prend rien au sérieux.
Tueur à gages aux idées profondes
D'ailleurs, comme dans tout roman picaresque, ici aussi le roman est porté par une vision critique des moeurs de l'époque. le personnage principal critique l'homme, la société, le capitalisme. Lui-même a un 'discount' pour que les gens pauvres puissent aussi profiter de ses services. Et que penser de cette fois lorsqu'il réfléchit que
"Comme tout un chacun, je découvrais au jour le jour combien il est difficile, exigeant et fastidieux de croire en l'humain plus que dans sa matière fécale."
Oui, un tueur à gages prononce ces mots.
Les éléments sociaux ou moraux sont doublés par l'élément esthétique du roman d'humour dont la structure très libre permet à l'auteur de changer notre sympathie pour le tueur à gages en une légère antipathie, d'admirer ses idées philosophiques, de nous demander pourquoi quelqu'un qui pense des choses si vraies est un tueur à gages ?
Eh oui, le roman picaresque est un joli et léger dessin de l'être humain et son manque de logique, ses contradictions intérieures qui vont très loin.
Un bon dictionnaire de français !
Encore un atout pour moi, flamande: j'ai lu ce livre en français. le voyou, tueur à gages, a un regard sur la vie qu'il exprime dans des termes salubres, sales, vulgaires. J'ai bien fait attention dans les cours de français, mais ici j'ai appris tout ce qu'on n'apprenait pas : les mauvais mots. C'était un bon cours de français !
Bien écrit, joli, n'ennuie jamais
En général, ce livre reçoit de très bons commentaires de ses lecteurs. Pourtant, on ne lui accorde pas beaucoup d'étoiles. Pourquoi? Est-ce que le style n'est pas assez genre 'grande littérature' ? Pourtant je peux vous rassurer: ce n'est sans doute pas de la grande littérature, mais en tout cas c'est très bien écrit, les éléments "mauvais" de la langue française sont utilisés joliment. Et, ce qui est tout de même assez rare dans les livres d'humour: celui-ci ne perd jamais son rythme, il continue de passionner, de nous amuser, bref, on ne s'ennuie pas un instant. Et c'est joli.
Bref...
Donc, si cela ne vous dérange pas qu'il y ait des mots vulgaires et qu'on parle beaucoup, et à la légère, de meurtre, ceci est un bon roman picaresque / roman d'humour déjanté et abusrde pour quelques heures de libres. Oubliez toutes les choses plutôt intellectuelles que vous avez lues dans ce commentaire, et installez-vous dans votre fauteuil sans autre intention de vous laisser aller complètement. Bonne soirée !
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Petit détour par un auteur de la région bordelaise.
L'histoire d'un tueur à gage qui monte sa petite entreprise low cost, accessible à tous les portefeuilles. En effet, pourquoi seulement quelques privilégiés (riches ou du "milieux") seraient-ils les seuls à pouvoir s'offrir les services d'un tueur à gage.
Ce livre sent bon l'hommage aux polars noirs d'autrefois, ambiance noire avec le côté moderne de notre époque (emprunt auprès d'une banque pour monter sa boîte, prospectus...). Ça donne un mélange amusant et frais.
Étant bordelaise de naissance, j'ai pris plaisir à déambuler dans les rues de Bordeaux avec notre héros, via un passage au bar le Castan... Voilà un bar qui ne me rajeunit pas, je l'ai toujours connu, même si ma dernière visite remonte à très loin et déjà à l'époque il avait ce côté deco si particulier..si..si...
Le passage concernant l'un de ses contrat, celui de M.Beltrand, pour ne pas le citer est un peu trop détaillé et trash à mon goût.
Sinon, c'est un petit livre agréable et j'ai bien aimé le petit final à la décheterie.
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J'avais coché ce livre dans mes envies lecture, j'ai mis un peu de temps à le trouver, aussi j'avais sans doute un peu trop d'attentes.
L'idée de base est très bonne, mais je trouve le potentiel non exploité.
Un peu de facilité peut être, difficile à dire, j'attendais que l'histoire tienne la route sur le roman.
Ce n'est pas le cas, mi-déception de mon côté.
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Le con est un animal grégaire qui aime à être rassuré par des mots simples qu'il pourrait lui-même assembler jusqu'à pondre une phrase sensée.
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Hôpital
C'est une assez belle pièce pour l'autopitoiement.
(...)
Une semaine de ce traitement et ceux qui m'ont infligé ça auront gagné leur pari. Je m'étiole lentement par tranches de huit heures en écoutant la femme de mon voisin raconter l'infinie tristesse des vies sans passion où il d'abord important de tout craindre, de ne croire en personne, de se méfier de tous, d'épargner pour la mort, de s'attacher aux apparences, de se confier aux puissants, d'ignorer l'étranger, de suivre les meneurs, d'écouter le plus grand nombre, de ne troubler le sommeil de personne, de dormir en paix, de crever en humble, de travailler d'abord, de boire la vie des stars, d'avoir le même manteau que la voisine mais pour moins cher et de faire la queue, toujours faire la queue, sans rien dire, pour dépenser de l'argent, pour avoir de l'argent, pour tirer de l'argent, pour faire de l'argent, pour être de l'argent. (...) Pourquoi les gens refustent d'être intelligents ?
(Après que Lapelouse a enterré un cadavre dans un pare-feu, soudain un gendarme apparait.)
- Je vais répéter la question une troisième et dernière fois, monsieur Lapeloouse : que faisiez-vous dans ce pare-feu ?
- J'enterrais le corps d'une homme de quarante-cinq ans à qui j'ai administré une surdose de barbituriques. Ca vous va ?
- Vous êtes médecin ?
- Non.
(...)
- Je sais, c'est bon. Eteins-moi cette cigarette, bordel ! On est en pleine forêt ! Va me chercher le carnet, on va dresser une contravention à monsieur.
(...)
- Il est interdit de rouler dans les pare-feux.
- D'accord.
- Ca va vous coûter cinquante euros.
- Merde.
- Vous avez de quoi payer ?
- Je peux vous faire un chèque ?
- Si vous voulez. Rappelez-vous-en la prochaine fois que vous venez enterrer quelqu'un.
Je fais semblant de me marrer. Lui aussi. On est bien. Le soleil passe entre les rameaux, la forêt chante de quelques coucous (...).
Pourquoi les gens refusent d'être intelligents ? Pourquoi les gens refusent d'écouter ceux qui voudraient leur montrer que chacun possède ses propres richesses ? Pourquoi les gens sont grégaires ? Pourquoi les gens aiment la masse qui les cache ? Pourquoi les gens ne sont rien ? Pourquoi les gens ne sont que les gens ? Pourquoi les gens acceptent d'être les gens ? Pourquoi les gens ne se rendent pas compte ?
La pinède offre un terrain pariculièrement acide dû en partie à la décomposition des aiguilles. Porté en terre sans la protection d'une boîte solide, un cadavre subit un travail de déterioration d'une qualité dix fois supérieure à celle d'un terreau classique. Il n'est pas rare qu'en l'espace de six mois seulement, toute trace du cadavre ait totalement disparu. Au demeurant, saturé de radicelles et de racines aux ramifications multiples, extrêmement friable et sec, le sol de pinède est difficile à terrasser. C'est en partie pourquoi cette option, si elle présente des avantages certains et offre une sépulture bio très en volgèe, est une des plus onéreuses du catalogue.
Tout va bien pour Connor Digby. Sujet britannique, auteur de romans jeunesse à succès, il vient de retrouver l'amour en la personne de Marceline, une femme tout à fait à sa mesure et, pour ainsi dire, tombée du ciel.
Seulement voilà, le village français dans lequel il est installé depuis une demi-douzaine d'années se met brusquement à le détester. Il faut dire que la population locale, franchement raciste et réactionnaire, n'a que cet étranger à se mettre sous les crocs.
Un vent épique se lève enfin sur ce petit coin de France, et Connor et Marceline sont bien décidés à en profiter pour rejouer la guerre de Cent Ans.
Comme toujours chez Sébastien Gendron, la vision féroce des dérives outrancières de nos sociétés passe par les situations les plus absurdes.
Plus d'informations sur le livre : https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/La-Noire/Chevreuil
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