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EAN : 9782750901417
240 pages
Presses de la Renaissance (06/04/2006)
4.41/5   85 notes
Résumé :
" Depuis que, le 20 avril 1994, vers 16 heures, je fus découpé à la machette avec quarante-trois personnes de ma famille sur la colline de Mugina, au coeur du Rwanda, je n'ai plus connu la paix. J'avais 15 ans, j'étais heureux. Le ciel était gris mais mon coeur était bleu. Mon existence a soudainement basculé dans une horreur inexprimable dont je ne comprendrai probablement jamais les raisons ici-bas. Mon corps, mon visage et le plus vif de ma mémoire en portent les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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La couverture est trompeuse ; en effet, je la trouve plutôt esthétique cette photo avec une lumière argentée estompant les cicatrices, alors que “ce Tutsi de Mugina effraie les petits enfants blancs avec sa gueule tranchée”.

J'avais lu l'autobiographie de Corneille “Là où le soleil disparaît", émotionnellement chargée, mais là nous sommes proches de l'insoutenable.
43 membres de sa famille ont été “machettés” et celui qui “implorait ses bourreaux de l'achever“ vivra.
La psychologue thérapeute nous dira dans son rapport : “L'histoire de Révérien et ses séquelles sont les plus lourdes que nous avons eu l'occasion de rencontrer dans notre carrière”.

Il retourne les obsédantes questions du “pourquoi cela s'est-il passé? “, du “comment est-ce possible?”.
Ses lectures, enquêtes, recherches ne lui permettront pas d'y répondre.

Évidemment, le témoignage nous laisse pantois, comprenant qu'il a dû parfois estomper certains détails atroces car : “Comment raconter l'irracontable, dire l'impensable, transmettre l'inénarrable ?”.

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Puisque durant ce mois d'octobre, j'avais lu des récits autobiographiques de survivants de la rafle du Vel d'Hiv et des camps de concentration, j'avais envie de me pencher sur un génocide de notre époque et dont on parle peu : le génocide des Tutsis, débuté le 7 avril 1994 (jusqu'au 17 juillet 94).

D'une durée de cent jours, ce fut le génocide le plus rapide de l'histoire et celui de plus grande ampleur quant au nombre de morts par jour. Glaçant… L'ONU estime que 800.000 Rwandais (majoritairement des Tutsis) ont perdu la vie durant ces 100 jours.

Mes souvenirs étaient flous. Je me souviens des J.T belges parlant de l'assassinat des 10 paras belges, je me souviens que l'on avait parlé de l'explosion de l'avion du président Habyarimana et pour le reste, ma mémoire est vide. Ou bien j'ai occulté cette horreur, ou bien les J.T chez nous en ont moins parlé que de nos 10 paras.

L'occasion était donc d'en apprendre un peu plus et cette fois-ci, de me placer du côté d'une victime, puisque j'avais lu le roman de Jean Hatzfeld, qui avait interrogé les bourreaux, quasi impunis (Une saison de machettes) et racontant leurs massacres comme ils parleraient de blés qu'ils avaient été faucher.

Je ne l'avais pas chroniqué, c'était trop affreux d'entendre ces génocidaires sans aucun remords et fiers de leurs assassinats. Fiers d'avoir massacré leurs amis, leurs voisins, les habitants de leur village, coupables d'appartenir à une autre ethnie que la leur. Pas besoin de camps de concentration, il suffisait de se lever et de "macheter", sans arrêt, tout le monde sachant à quelle ethnie l'autre appartenait.

Grâce aux colons belges qui avaient obligé que l'ethnie soit notée sur les papiers d'identités. Ah bravo, les mecs ! (sarcasmes, bien entendu).

Le récit autobiographique de l'auteur est très dur à lire, surtout lorsqu'il nous racontera, avec quelques détails, le massacre de toute sa famille, dans le local où ils s'étaient réfugiés. le tout à coup de machettes, femmes et enfants compris. Effroyable, mais je n'ai sauté aucune ligne, aucun mot.

Même pas lorsqu'il a parlé du témoignage d'une mère qui était ressortie d'une fosse à cadavres, ni avec le récit des jumeaux, nés la veille, et dont les génocidaires avaient fracassé le crâne sur l'autel de l'église.

Conseil : ne jamais se réfugier dans une église en cas de massacres, mauvaise idée, très mauvaise idée. Les lieux saints n'empêchent pas les assassins d'entrer. Pire, tous les prêtres et bonnes soeurs blanches étaient foutus le camp avant les massacres, ayant senti l'horreur se préparer. Courage, fuyons.

Pour des personnes qui se disent au service de Dieu, qui croient en Dieu et sans doute en une vie après la mort, ils ne sont pas prêts à vérifier si ce qu'ils prêchent est la Vérité. Ni d'aider leur prochain… Il y a eu quelques exceptions, mais elles furent peu nombreuses.

L'auteur a survécu, mais dans quel état… Les génocidaires n'ont pas voulu l'achever, ils l'ont laissé agoniser, pensant qu'il mourrait ensuite. Révérien a été pris en charge ensuite, transféré en Suisse, où il a reçu des soins pour son corps, son âme, elle, est définitivement irrécupérable, les souvenirs étant trop douloureux.

Le pire, dans tout cela, c'est que les Tutsis n'ont pas obtenu la justice. Leurs assassins vivent en paix, ont pillé leurs maisons, pris leurs possessions et ils coulent des jours heureux, hormis quelques-uns en prison (mais si peu et si peu longtemps).

L'injustice est totale, surtout qu'on leur demande d'oublier les massacres, d'oublier que leurs voisins, leurs amis, ont assassiné leur famille, de pardonner, ce qui fait bondir Révérien, et je le comprends parfaitement bien. On demande aussi aux survivants de ne pas parler de ce qu'ils ont vécu, de garder tout pour eux.

Comme avec les survivants des camps de concentration, ceux qui ne l'ont pas vécu sont incapables d'entendre de tels récits d'horreur (ce que je peux comprendre aussi). On comprend la haine de l'auteur. On la ressent très bien dans son récit. Haine des Hutus et haine envers Dieu, qui les a abandonné.

Au moment du génocide, personne n'en parlait à la télé, mais une fois que les réfugiés Hutus ont passé la frontière, poursuivis par les troupes du Front patriotique rwandais (FPR), là les télévisions sont arrivées, plaignant ces pauvres réfugiés Hutus dans les camps, victimes du choléra. Les morts "génocidés" ne pouvaient pas parler, eux, ni se plaindre…

Quant aux Tutsis survivants, ils sont restés muets devant une telle ignominie : les assassins étaient plaints ! le monde à l'envers. La haine et la soif de justice sont donc compréhensibles pour les Tutsis, mais ils ne l'ont pas eue.

Révérien, après nous avoir parlé des massacres et de sa nouvelle vie (qui n'en est pas une) où il doit faire attention à tous les Hutus réfugiés en Belgique et en France qui en veulent à sa vie (il porte sur son visage les signes qu'il est un Tutsi survivant), après nous avoir parlé de son pays et des trois ethnies qui y vivaient, après nous avoir fait un brin d'histoire avec les précédents massacres, parlera des coupables.

Les Hutus sont coupables, la radio Mille Collines aussi, mais pas que… Belgique et France sont coupables, même si on ne sait pas citer un pays à comparaître et que ce n'est pas la population qui est coupable, mais les dirigeants, les colons, ceux qui ont le pouvoir.

En premier, les colons belges, mes compatriotes, sont coupables d'avoir obligé les Rwandais à avoir leur ethnie notée sur leurs papiers d'identité. Aberration totale ! Comme si, en Belgique, on notait à quel groupe linguistique nous appartenions (les recensements linguistiques sont abolis — interdits — depuis la loi du 24 juin 1961).

Mitterrand, le Tonton, est coupable aussi. le François avait une relation privilégiée avec le président hutu Juvénal Habyarimana… Il a minimisé ce qu'il se passait au Rwanda.

Si le récit autobiographique de Révérien est rempli de colère, rempli des violences qui lui ont été faites, remplie de haine envers ce Dieu qui les a abandonnés à leur sort, malgré leurs prières, malgré sa mère qui était très pieuse et qui ne manquait jamais de faire le bien autour d'elle.

Pour lui, Dieu n'existe pas et je comprends très bien sa pensée. Un vrai croyant lui dirait sans doute que s'il est vivant pour témoigner de ce génocide, c'est grâce à Dieu, mais moi, je me garderai bien de tirer des conclusions sur ce que je ne sais pas, n'ayant pas assez de preuves que pour confirmer ou infirmer l'existence d'un Dieu d'amour… Je vous avoue que lorsque je vois certaines choses, je me pose des questions aussi.

Un récit dur, glaçant, horrible, mais qui permet d'entrer en empathie avec son auteur, contrairement à celui consacré aux génocidaires (ils m'avaient donné envie de vomir, eux).

Un récit que je me devais de lire, pour savoir, pour ne plus dire que je ne savais rien dessus. Un livre qu'il faudrait lire pour ne plus que ça se reproduise, ce qui est un voeu pieu puisqu'il a eu lieu 49 ans après la libération des derniers camps de concentration… Et où tout le monde a fermé sa gueule, comme du temps des goulags. Un comble !

Je vous laisse, il me reste à trouver des récits parlant du génocide Arménien (j'aimerais en savoir plus) et sur ceux perpétrés par les Khmers rouges, où là, je ne sais quasi rien. Si vous avez des pistes, je suis preneuse !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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"Ils m'ont tué, moi et toute ma famille, sur une colline du Rwanda en avril 1994. J'avais quinze ans. Je ne suis pas mort."

Voilà de quoi parle ce livre terrible. Un témoignage terrible sur un fait terrible, le génocide des Tutsi qui s'est déroulé au Rwanda en 1994, par la main des Hutu, leurs voisins, parfois leurs amis.

J'en avais vaguement entendu parler à l'école, à l'époque, même quelques années après les faits je crois. Ma prof d'histoire-géo nous avait simplement parlé d'une gué-guerre qui se déroulait là-bas, entre deux ethnies africaines, les Hutu et les Tutsi. Cette histoire ne m'avait pas marqué plus que ça. Des conflits, il y en a partout dans le monde. Mais elle avait seulement omis de nous raconter l'horreur de ces massacres, leur soudaineté, leur non-réciprocité. Après tout, le Rwanda ne représente pas vraiment un enjeu économique en France, alors à quoi bon s'y apesantir?

Ce livre m'a vraiment foutu un coup dans la gueule. Ce que raconte ce jeune rescapé du génocide semble tout bonnement incroyable, tant c'est inhumain, injuste, je dirais même injustifié, révoltant. La connerie humaine m'a toujours donné envie de vomir, mais là c'est au-dessus de tout ce que je pouvais imaginer.

Beaucoup disent et pensent que c'est fini. de l'histoire ancienne. Heureusement, Révérien est là pour nous rappeler que les rescapés du génocide sont toujours là, et leurs plaies toujours béantes. Elles ne se refermeront pas tant que ces atrocités resteront impunies et surtout inavouées. Mais le seront-elles un jour?
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Ma soeur avait débuté un master d'histoire contemporaine et avait choisi un sujet particulièrement difficile, celui du génocide rwandais. Elle avait en conséquence acheté une multitude d'ouvrages sur le sujet, dont ce témoignage de Révérien Rurangwa. Il y a de cela quelques années, je lui avais emprunté et je l'avais lu.

Honnêtement, je n'ai pas besoin de le relire afin d'en faire une chronique car cet ouvrage m'a profondément marqué. Ceux qui l'ont lu et ceux qui le liront seront certainement dans mon cas et ce à tout jamais.
Ce n'est pas une fiction, c'est la réalité qui est raconté. La réalité toute nue. Je pense que ce genre de témoignage est indispensable pour faire prendre conscience, à la globalité de la population, de la réalité des événements qui se sont déroulés au Rwanda car beaucoup l'ignore ou préfère l'ignorer.

Des recherches sont actuellement en cours, dans plusieurs disciplines (comme le droit par exemple) afin de pouvoir prévenir, éviter de nouveau génocide (et ce dans le monde entier) et de réagir si nécessaire. Car le manque de réaction a été néfaste par le passé. Les médias ne parlent pas de ces sujets, mais c'est une réalité qui est malheureusement toujours d'actualité. Il faut en avoir conscience.
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L'auteur, Révérien Rurangwa, est rwandais. Il nous raconte sont histoire, celle du génocide Tutsi au Rwanda qui a débuté en avril 1994.

Mon avis:

J'ai eu envie de lire ce livre après avoir suivi un cours de perfectionnement où nous avions effleuré le sujet du génocide Rwandais de 1994. Je ne connaissais à vrai dire pas grand chose sur cette atrocité.

Après cette lecture, j'été complètement retourné mais également dégouté jusqu'aux larmes.

En effet, l'auteur nous raconte avec des mots simples, sans détour les atrocités dont son peuple, les tutsis, ont été victimes de la part des Hutus, mais pas seulement. Il nous explique également la situation géopolitique du Rwanda au moment des faits ce qui m'a permis de mieux comprendre l'origine du problème.

Les descriptions données dans les passages où son peuple se fait massacrer sont parfois très violentes et j'ai dû, à plusieurs reprises, faire une pause dans ma lecture.

Dans la dernière partie de l'ouvrage, Révérien Rurangwa nous présente sa vie d'aujourd'hui, celle de réfugié avec toutes les difficultés que cela implique. Il décrit également les séquelles que laissent un tel traumatisme dans la vie d'un survivant.

Un autre point qui m'a particulièrement touché dans ce livre, c'est celui de la communauté internationale, des grandes puissances Européennes et de leur individualisme malsain. Après avoir achevé ma lecture, j'ai ressenti une honte immense de vivre dans une société qui ne prête aucune valeur à la vie humaine si elle n'en tire aucun bénéfice personnel.

Je recommande vivement ce livre. Il m'en a beaucoup appris d'un point de vu histoire mais il m'a également donné à réfléchir sur notre société actuelle.
Lien : http://www.pasdesmachos.com/..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
A tous les rescapés qui ne peuvent ni pleurer ni parler.
Que mes larmes soient leurs larmes,
que mes mots soient leurs cris
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Je voudrais mettre 5 étoiles pour la première partie du livre, où l'on ressent le témoignage authentique de ce jeune homme, mais les derniers chapîtres de bondieuseries - probablement écrits par Luc Adrian et/ou Alain Noël - m'ont été particulièrement pénibles et je les ai même trouvés insupportables. La brève chronologie aurait par contre mérité d'être développée pour montrer les effets pervers du colonialisme et du post-colonialisme et de la religion chrétienne qui est toujours infantile lorsqu'il s'agit de vendre la vie de l'au-delà et qui se défausse de ses responsabilités séculières face à l'innommable.
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Par pitié, un simple coup de machette, s’il vous plait, vous pouvez bien faire ça pour moi? voyez, le travail est bien commencé, il suffit de le finir. Un petit coup derrière l’oreille, et hop.
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Dans ces pays-là, un génocide c'est pas trop important.
cité par François Mitterand en été 1994!

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Video de Révérien Rurangwa (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Révérien Rurangwa
Révérien Rurangwa dans l'émission On ne peut pas plaire à tout le monde - avril 2006
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