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EAN : 9782264069023
360 pages
10-18 (19/01/2017)
3.75/5   61 notes
Résumé :
Célibataire sans histoires, Minoura tombe éperdument amoureux d'une jeune collègue de bureau au passé mystérieux, Hatsuyo, avec qui il se fiance... Peu après, Hatsuyo est brutalement assassinée, dans sa chambre apparemment close. Dévasté, Minoura demande l'aide d'un ami, détective à ses heures, pour l'aider à retrouver la piste du criminel. Avant de disparaître à son tour, ce dernier lui laisse néanmoins une série d'indices dissimulés dans une étrange statuette. C'e... >Voir plus
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Edogawa Ranpo est un auteur vers qui je reviens régulièrement. Je trouve qu'il parvient, tout en se plaçant dans la continuité de grands auteurs, à créer un univers personnel et à raconter des histoires sur un ton singulier. Un récit d'Edogawa Ranpo se reconnait entre mille. "Le démon de l'île solitaire" ne fait pas exception, on y retrouve avec bonheur le caractère unique d'une oeuvre de l'auteur japonais.

Edogawa Ranpo a un grand talent de conteur. Il sait indéniablement mener une histoire. Il prend son temps pour la raconter, ne se précipite pas, ne déballe pas tout d'un coup. Ce qui commençait comme une classique énigme de chambre close va, au fur et à mesure de l'avancée de l'intrigue, prendre une autre tournure. La mise en place est assez classique et semble de prime abord plutôt lisse, une banale histoire de meurtre. Mais, par petites touches, Edogawa Ranpo va distiller son venin, peu à peu, goutte à goutte. On retrouve alors ce qui fait le sel des romans de cet auteur si particulier. "Le démon de l'île solitaire" se mue peu à peu en une histoire délicieusement tordue où se mêlent poésie et horreur, perversité et raffinement, cruauté et sensualité.
"Le démon de l'île solitaire" est initialement paru sous forme de feuilleton et il en a les qualités et les défauts. La publication en épisodes impose à l'auteur de savoir attraper le lecteur et lui donner envie de connaitre la suite, ce que parvient très bien à faire Edogawa Ranpo. S on histoire est très prenante et de chapitre en chapitre devient addictive. Si on veut pinailler et relever les petites faiblesses du récit on regrettera le dénouement quelque peu expédié et l'usage de deus ex machina vers la fin. Défauts inhérents au feuilleton. Mais qu'importe la fin. Ici ce n'est pas la résolution de l'intrigue qui importe mais le chemin pour y parvenir. Et ce voyage plein de suspense, presque teinté de surnaturel est envoûtant.

Edogawa Ranpo convoque ses maîtres à écrire et leur rend de jolis hommages. Poe, Christie, Conan Doyle hantent les pages. "Le démon de l'ïle solitaire" est aussi un fort bel hommage original à Wells. Tout ça en gardant un ton unique, l'auteur s'étant rendu maître des ambiances tordues et étranges.
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La mystérieuse île nippone d’Edogawa Ranpo.

Employé rêveur et timide d’une société d’import-export à Tokyo depuis quelques années, Minoura tombe amoureux d’une jeune femme, Hatsuyo Kizaki, qui vient d’intégrer la société en ce mois de juin 1925, et dont le tempérament mélancolique semble être le miroir du sien.

Tandis que leur attirance mutuelle s’épanouit comme les fleurs des cerisiers, un célibataire aisé aux activités singulières, Michio Moroto, qui se livre à des expériences chirurgicales bizarres sur les animaux et qui est attiré depuis plusieurs années par le narrateur, demande la même Hatsuyo en mariage, de manière inexplicable étant donné son dégoût des femmes.

Peu de temps après, Hatsuyo est assassinée pour des raisons obscures, et son cadavre est retrouvé dans une chambre inaccessible et hermétiquement fermée de l’intérieur, les meurtres insolubles en apparence étant une des marques de fabrique d’Edogawa Ranpo («Inju : La bête dans l'ombre»), sur les traces de l’inspirateur de son nom de plume, Edgar Allan Poe.

«Ami lecteur, j’étais jeune en ce temps-là. La rancune de m’être fait déposséder de mon amour m’avait mis hors de moi. Je n’imaginais même pas les difficultés, les dangers auxquels j’allais faire face, et cet enfer sur terre comme surgi d’un autre monde qui m’attendait.»

Habité par sa volonté de retrouver ce criminel démoniaque, Minoura fait appel à son ami érudit et friand d’enquêtes criminelles Kôkichi Miyamagi. Celui-ci est bouleversé par les circonstances du crime, ce qui plonge le narrateur, et le lecteur, dans un imbroglio de plus en plus énigmatique et terrifiant. Kôkichi Miyamagi comme le narrateur et tous ceux qui chercheront à résoudre l’énigme de ce livre, convoquent les intrigues des grands auteurs occidentaux du fantastique noir, Edgar Allan Poe, Conan Doyle et bien sûr H. G. Wells.

«Dans les grandes lignes, j’imagine à peu près ce qui s’est passé, mais il reste un point que je n’arrive décidément pas à expliquer. Non que je sache comment l’interpréter – et il me semble que cette interprétation est juste -, mais si tel est le cas, il s’agit de quelque chose de vraiment affreux. Une abomination sans précédent. Rien que d’y penser, j’en ai des haut-le-cœur. Nous avons affaire à un ennemi de l’humanité.»

Le héros finit par découvrir deux carnets, dont l’un révèle l’histoire et l’appel au secours d’un être humain qui semble venir d’un outre-monde. Cette découverte, et la confession ultérieure de Moroto, vont entraîner Minoura dans un voyage et une quête infiniment singulière, vers une île solitaire de la mer du Sud du Japon peuplée d’humains infirmes et monstrueux, hommage appuyé à «L’île du Dr Moreau» (1896).

«Pour un naïf comme moi, qui étais né et avais grandi à la capitale, cette île solitaire des mers du Sud était comme un autre monde, infiniment mystérieux. Une île perdue où les habitations se comptent sur les doigts de la main, une demeure aux allures de vieux château, des jumeaux enfermés dans un grenier, des infirmes séquestrés dans des chambres condamnées, la caverne d’un gouffre du diable qui ingurgite les hommes… tout cela, pour un natif de la ville, semblait surgi d’un conte mystérieux et fantastique.»

Mêlant le registre policier, la sensualité et l’horreur dans un récit fantastique qui chahuta sans doute les normes culturelles et sociales de l’époque, ce roman de 1930, enfin traduit en mai 2015 en français par Miyako Slocombe pour les éditions Wombat, est un sommet de l’œuvre d’Edogawa Ranpo.

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/07/12/note-de-lecture-le-demon-de-lile-solitaire-edogawa-ranpo/
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Pourquoi Minoura a-t-il, malgré son âge encore peu avancé, les cheveux tout blancs ? Et pourquoi son épouse porte-t-elle une étrange cicatrice sur la cuisse ? Il doit revenir plusieurs années en arrière et commencer par le moment où il est tombé amoureux d'une de ses collègues de bureau. L'histoire va être longue et compliquée, parsemée de nombreuses morts mystérieuses, et se passer en bonne partie dans une île qui restera sans doute dans ma mémoire comme l'une des pires îles de romans, avec Shutter Island !
L'auteur de ce roman noir japonais est le précurseur de la littérature policière et fantastique japonaise dans les années 1920 à 1960. Son pseudonyme a été choisi par rapport à un maître du genre, un américain qu'il vénérait. Lisez à haute voix ce nom, et vous trouverez sans doute de qui il s'agit, sinon, la réponse est dans la suite du billet !

Voici un roman assez surprenant et terrible, surtout lorsqu'on pense qu'il a été écrit en 1930 ! Il mélange un mystère de « chambre close » à la manière d'Edgar Allan Poe ou Gaston Leroux, avec des révélations beaucoup plus sordides et inimaginables. L'auteur manie de plus l'art de l'analepse et dose soigneusement ses effets d'annonce, il sème des indices en signalant au lecteur de bien s'en souvenir, et même si sur le moment on n'y comprend goutte, on finit par obtenir des éclaircissements, un peu avant le narrateur qui n'est pas toujours le plus rapide à ce petit jeu…
Dans ce roman nous trouvons donc un jeune homme naïf, une fiancée mystérieuse, une mort inexplicable, suivie d'une autre qui l'est tout autant, un détective chevronné, une piste généalogique, un savant déséquilibré, une île démoniaque. Et si parfois, le narrateur met un peu de temps à en venir au fait, si certaines scènes semblent un peu exagérées, le roman ne perd pas de sa force pour autant. C'est plus qu'une curiosité, c'est un classique du genre, méconnu chez nous, et c'est dommage !
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Minoura, jeune homme sans histoires, tombe amoureux d'Hatsuyo, sa belle collègue de travail. Mais, la jeune femme est brutalement assassinée quelques temps après leurs fiançailles. le meurtre en lui-même est bien mystérieux : la jeune fille est retrouvée morte dans sa chambre fermée à clé, un couteau en plein coeur, sans qu'aucune trace d'effraction ne soit visible ! Désespéré, Minoura jure de la venger et demande de l'aide à Kôkichi Miyamagi, un ami détective, assassiné à son tour, avant d'avoir pu révéler à Minoura ce qu'il avait découvert. C'est alors Michio Moroto, ancien colocataire et fortement épris de Minoura, qui se joint à lui pour découvrir l'assassin d'Hatsuyo et Miyamagi, sans se douter une seconde que leur quête les mènera sur une île mystérieuse où d'étranges et atroces expériences sont menées.

Minoura est le narrateur du roman. Bien qu'ayant à peine la trentaine, ses cheveux à l'origine noirs, sont entièrement blancs. de plus, sa femme a une énorme cicatrice sur le haut de la cuisse. L'histoire que ce couple a vécu est tellement incroyable, que Minoura a choisi d'écrire ce livre pour répondre aux multiples interrogations que suscitent leur apparence. Voilà une introduction qui nous met l'eau à la bouche !

Ainsi, ce roman débute comme un policier ordinaire, avec des énigmes à résoudre du type meurtre en chambre close, des secrets, du suspense, mais rapidement, on bascule dans un côté plus fantastique, avec une île mystérieuse qui cache un trésor, peuplée de monstres de foires et où de terribles expériences menaçant l'humanité ont lieu.

Ce roman, publié à l'origine sous forme de feuilletons, a parfois un côté un peu répétitif, car le narrateur prend la peine de remémorer au lecteur du feuilleton les épisodes précédents, sans que cela soit gênant pour autant. Si j'ai apprécié le début du roman, j'ai trouvé que la résolution des énigmes arrivait un peu trop vite. Mais elle laisse sa place à la découverte des mobiles, et là, Ranpo ne déçoit pas son lecteur en révélant peu à peu les secrets et les mystères qui entourent les personnages. Publié entre 1929 et 1930, le démon de l'île solitaire a un petit côté vieillot avec ses infirmes monstrueux, mais si vous aimez les lectures surprenantes et un brin décalé, pourquoi pas ?
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C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé Edogawa Ranpo. Mes précédentes rencontres avec cet auteur considéré comme l'un des fondateurs de la littérature policière japonaise m'avaient laissé le souvenir d'atmosphères étranges et troubles, et "Le démon de l'île solitaire" ne déroge pas à la règle.

Le narrateur, Minoura, ferre d'emblée notre attention : il va nous relater les événements effroyables qui ont provoqué, en l'espace d'une nuit, le blanchiment de ses cheveux...

Il était alors un jeune homme sans histoire, "un blanc-bec", comme il se définit lui-même, fort surpris de la réciprocité de l'attirance qu'il éprouvait pour Hatsuyo, sa belle et discrète collègue. Leur relation, pudique et sincère, fut brutalement interrompue par l'assassinat de la jeune femme, poignardée en plein coeur alors qu'elle dormait dans son lit, la petite maison qu'elle partageait avec sa mère étant restée hermétiquement fermée, et ne laissant mystérieusement apparaître aucune trace d'effraction. Miyamagi, le très perspicace ami que Minoura, dévasté par ce drame et assoiffé de vengeance, chargea d'enquêter, trouva lui aussi la mort dans des circonstances inexplicables.
Michio Moroto, l'un de ses ex colocataires, qu'il soupçonna dans un premier temps d'être mêlé à ces meurtres, lui apporta alors une aide inattendue pour remonter la piste du ou des coupables. Quelles étaient les motivations de ce chercheur brillant, homosexuel depuis toujours très attiré par Minoura, qui s'était posé en un rival inattendu de ce dernier en demandant Hatsuyo en mariage quelques semaines avant sa mort ?

Individu ordinaire embarqué dans une succession d'événements incroyables et terrifiants, le narrateur, en livrant avec sincérité les émotions qu'ils suscitèrent en lui et en interpellant le lecteur à intervalles réguliers, instaure avec ce dernier une proximité qui rend le récit d'autant plus prégnant. Et en même temps, la dimension cruelle et insolite de l'énigme qu'a à résoudre le duo de détectives en herbe, la perversité et les étranges infirmités des personnages qu'ils rencontrent au cours de leur enquête, la connotation troublante, enfin, de la relation qui les unit, évoquent un conte macabre et fantastique, empreint d'une sensualité provoquant un certain malaise...

"Le démon de l'île solitaire" est ainsi un texte singulier, mêlant habilement les genres, à la fois roman d'aventure -les héros se retrouvant sur une île mystérieuse à la recherche d'un trésor- et polar louvoyant vers l'horreur et le surnaturel. Edogawa Ranpo, en le citant, se place d'ailleurs sous l'égide d'Edgar Allan Poe, dont il s'inspire avec talent...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les deux ou trois jours qui suivirent le meurtre, je n’allai pas travailler et m’enfermai chez moi, causant du souci à ma mère et au couple de mon frère aîné et de son épouse. Hormis la seule fois où je m’étais rendu aux obsèques de Hatsuyo, je ne mis pas le pied dehors.

À mesure que les jours passaient, je commençais à ressentir clairement ce qu’était la vraie tristesse. Ma relation avec Hatsuyo n’avait duré que neuf mois, mais la profondeur et l’intensité de l’amour ne se mesurent pas avec la durée. En trente ans de vie, j’avais éprouvé toutes sortes de tristesses, mais jamais une affliction aussi profonde que lorsque j’ai perdu Hatsuyo. L’année de mes dix-neuf ans, mon père était mort, et l’année suivante une de mes petites sœurs ; moi qui avais un tempérament faible de nature, je m’étais senti très triste, mais ce n’était rien comparé au cas de Hatsuyo. L’amour est une chose curieuse. Il peut vous donner des joies sans équivalent dans ce monde, mais s’accompagne parfois, en échange, de la plus grande tristesse de toute une vie. Par chance ou par malheur, je n’ai jamais connu la tristesse d’une déception sentimentale, mais, quelle qu’elle soit, on peut sûrement la supporter. Lorsqu’on subit un échec amoureux, l’autre n’est encore qu’un étranger. Mais dans notre cas, nous aimant mutuellement et profondément, faisant fi de tous les obstacles – oui, comme j’aimais à le dire, enveloppés d’un nuage rose venu de je ne sais quels cieux –, nous étions unis corps et âme et ne faisions plus qu’un. Je ne pouvais me sentir aussi lié à aucun parent proche ; Hatsuyo était ma moitié, que je n’avais rencontrée qu’une seule fois dans ma vie. Et cette Hatsuyo avait disparu. Si elle était morte de maladie, j’aurais encore eu le temps de la soigner, mais, après m’avoir quitté de bonne humeur, en à peine dix heures de temps elle s’était changée en une triste et muette poupée de cire qui gisait devant moi. De plus, elle avait été cruellement assassinée, son pauvre cœur déchiré de manière atroce par un inconnu surgi du néant.

Je pleurais en relisant ses nombreuses lettres ; je pleurais en ouvrant le registre généalogique de ses véritables ancêtres qu’elle m’avait offert ; je pleurais en contemplant la vue sur la plage qu’elle voyait en rêve, que j’avais dessinée à l’hôtel et gardée précieusement. Je ne voulais parler à personne. Je ne voulais voir personne. Je voulais seulement m’enfermer dans mon bureau étroit, fermer les yeux et voir Hatsuyo, qui à présent n’était plus de ce monde. Dans mon cœur, je ne voulais parler qu’avec elle.

Le lendemain de ses obsèques, au matin, il me vint une idée et je me préparai à sortir. Ma belle-sœur me demanda si je partais au travail, mais je sortis sans même lui répondre. Ce n’était évidemment pas pour aller travailler. Ce n’était pas non plus pour aller consoler la mère de Hatsuyo. Je savais que, ce matin-là, avaient lieu la crémation et le recueil des os de la défunte. Ah ! Pour voir les tristes cendres de mon ancienne fiancée, je me rendais en un lieu abominable.

J’arrivai juste à temps, alors que la mère de Hatsuyo et les membres de sa famille, armés de longues baguettes, participaient à la cérémonie de recueil des os. De façon peu conforme aux usages, je présentai à la mère mes condoléances et demeurai distraitement debout en face du four. Personne ne parut s’offusquer de mon inconduite. Je vis l’employé briser avec violence un agglomérat de cendres en le frappant avec ses baguettes métalliques. Et, pareil à un métallurgiste en quête de quelque métal parmi les rouilles d’un creuset, il cherchait habilement les dents de la défunte pour les réunir dans un petit récipient. Éprouvant une douleur presque physique, j’observais ma fiancée traitée comme une « chose ». Mais je ne regrettais point d’être venu. Car, dès le départ, j’avais un but précis quoique puéril.

Je profitai d’une occasion, à l’insu des autres, pour dérober sur la plaque de fer une poignée de cendres, une partie de ma fiancée dont l’apparence avait tragiquement changé. (Ah ! Comme j’ai honte de ce que je suis en train d’écrire !) Puis je m’échappai jusqu’à un vaste champ des alentours et, tel un fou, hurlant toutes sortes de paroles d’amour, j’introduisis ces cendres, j’introduisis ma fiancée dans mon estomac...
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Ce n'était pas la première fois que j'entendais parler de ces étranges jumeaux que l'on désigne communément sous le nom de "frères siamois". [...]
Mais ce genre de phénomène étant rarissime, même ailleurs dans le monde, j'étais loin d'imaginer qu'une telle créature répugnante à deux têtes puisse exister dans​ notre pays. Et jusque dans mes pires cauchemars, je n'avais jamais vu d'enfer comparable à cette situation incroyablement étrange, où l'un des jumeaux est un homme, et l'autre une femme, et où le premier éprouve une passion obsessionnelle à l'égard de sa sœur, qui elle le déteste à mort.
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Kôkichi Miyamagi était un habile interlocuteur. Je n’avais pas besoin de mettre mon histoire en bon ordre pour la lui raconter. Il me suffisait de répondre à ses questions l’une après l’autre. Finalement, je lui racontai tout, depuis la première fois où j’avais adressé la parole à Hatsuyo Kizaki jusqu’à sa mort suspecte. Miyamagi voulut examiner le croquis de la plage apparue à Hatsuyo en rêve, ainsi que le registre généalogique qu’elle m’avait confié ; comme ceux-ci se trouvaient justement dans la poche intérieure de ma veste, je les lui montrai. Il sembla les étudier pendant un long moment, mais je regardais ailleurs pour cacher mes larmes et ne prêtai pas attention à ses expressions…
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Et pourtant, cher lecteur, le diable n’avait en aucun cas failli à sa promesse. Il avait déjà assassiné quelqu’un dans une maison hermétiquement close, et à présent, sur cette plage qui s’étendait à perte de vue, au beau milieu de plusieurs centaines de personnes et sans qu’une seule ne s’alarme, sans laisser aucune trace il était bel et bien parvenu à tuer un homme. Même pour un démon, son habileté n’était-elle pas extraordinaire ?
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Je me précipitai vers la tête de Miyamagi et la secouai à deux mains mais, pareille à celle d'une poupée, elle ne fit qu'osciller d'un côte à l'autre. Je me hâtai de creuser au niveau de la tache sur sa poitrine ; apparut dans l'épaisse couche de sable le manche blanc d'un petit poignard. Le sable tout autour était devenu visqueux, mêlé de sang coagulé. Je creusai davantage : le poignard était profondément planté en plein coeur.
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