Voilà, peut-être, le livre que chacun devrait avoir lu avant de découvrir le château de Versailles.
Avant ...
Et, non pas après ...
Car il éclaire le lieu, le ressuscite.
Il est son contexte, le détail inaperçu de son Histoire.
Qui mieux que G. Lenotre peut nous conduire dans les coulisses de la "Petite Histoire" du château de Versailles, dans ses offices, ses rôtisseries, son vaisselier, dans sa cave, ses buanderies et son grand Commun où, assurait-on, "étaient logés, sous la même clef, six mille serviteurs" ?
Qui, mieux que lui, peut nous faire connaître l'envers de Versailles, peut nous présenter les fantômes dont il est peuplé ?
"Versailles au temps des rois" est le quatrième volume de la série de "La Petite Histoire".
Il a été écrit en 1934.
C'est un livre d'Histoire contée, qui s'appuie sur un puits sans fond d'archives.
La rigueur s'y enjolive de romanesque.
La plume de G. Lenotre est alerte et vivante.
Et, le style de son écriture est agréable et souriant.
L'origine du château est la fête de Vaux, donnée par Fouquet en août 1661.
Elle marque l'entrée du roi Louis XIV sur la scène du monde.
Elle annonce l'apogée du pouvoir absolu conçu par Charles VII, Louis XI et Richelieu.
Le dernier jour du château fut le 6 octobre 1789, lorsque, poussé par la foule, le roi Louis XVI rentre à Paris ...
Et, "comme tout finit par se savoir", G. Lenotre prend parfois le contre-pied de l'Histoire enseignée, de l'image d'Epinal.
Un véritable "mot" de roi n'est pas toujours celui qui a traversé le temps.
Une phrase n'est pas toujours ce que l'on croit qu'elle a été : le fameux " Messieurs les gardes françaises, tirez les premiers" de la bataille de Fontenoy, par exemple, ne fut pas assaut de courtoisie, mais bien d'impatience et de tactique.
G. Lenotre raconte, explique, éclaire l'Histoire mieux que quiconque.
Certainement, parce qu'aux côté de ses grandes figures, il y a replacé les humbles, les discrets ...
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Mme de Brinon avait écrit les paroles sur lesquelles Lulli composa une mélodie grave et tendre, ainsi que comportait la circonstance.
C'est l'hymne célèbre Dieu sauve le roi ! qu'un anglais de passage remporta dans son pays où il fut si goûté que l'Angleterre l'adopta comme chant national ; est-ce à la fistule de Louis XIV que nos voisins doivent ainsi le God save the king ? ...
Il n'en faut point douter, les choses ont une âme faite des souvenirs que nous leur associons, de toutes les émotions, de toutes les tristesses, de toutes les joies dont elles ont été les impassibles confidentes ...
Taine regrettait que l'Histoire fréquentât trop les salons et ne pénétrât jamais dans les cuisines ...
On connaît celui d'un écrivain, qui fut pourtant, à son heure, un chouan, un dévôt de la royauté, le dernier, peut-être, des gentilshommes de lettres, J. Barbey d'Aurevilly.
Son arrêt est impitoyable "comme un second bourreau".
Il le prononce le coeur navré, mais stoïquement, en juge rigide : il estime que "Louis XVI fut un phénomène, et un phénomène prodigieux de pusillanimité morale et de défaillance ; on ne sait quelle chimérique merlette de blason, sans bec ni ongles ; et comme il était cela et rien que cela, tout fut dit : le monde, dont il était l'ironique clef de voûte, s'affaissa" ...
Oui, sans doute, "il y avait, pesant sur sa couronne, une accumulation, un entassement affreux de fautes séculaires" ; pourtant le pauvre roi qu'assaillit la révolution fut "moins malheureux que coupable, contrairement à l'opinion commune qui le fait moins coupable que malheureux" ...