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G. Jean-Aubry (Autre)Pierre Coustillas (Autre)
EAN : 9782070375219
256 pages
Gallimard (02/02/1984)
3.67/5   24 notes
Résumé :

De l'archipel des Philippines aux côtes du Congo, des brumes londoniennes à une hallucinante Bretagne, on retrouve dans les cinq nouvelles de ce recueil les thèmes chers à joseph Conrad : fidélité et trahison, quête et vengeance, remord et expiation, condamnation féroce du colonialisme et exotisme. Tous les héros de ces nouvelles sont terriblement seuls. Pour eux, l'enfer est sur terre, dans la détresse, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Recueil de plusieurs longues nouvelles n'ayant pas grand chose à voir entre elles quant aux sujets, sinon que deux se passent en Asie . le titre en français ne sonne pas très bien je trouve mais est censé nommer un point commun entre les différents récits : les personnages ne sont pas sereins, c'est le moins que l'on puisse dire. le recueil était paru sous le titre "tales on the unrest", ce que je traduirais après l'avoir lu, par exemple par "histoires (ou récit) de non-repos" (ce qui ne serait pas terrible non plus) ou, selon le récit, " récits de l'intranquillité" (en clin d'oeil à Pessoa). Voici mes notes sur chacune d'entre elles.
Karain : un souvenir : il émane de Conrad, dans cette nouvelle comme dans le Nègre du Narcisse par exemple, une étrangeté envoûtante, un charme mystérieux, comme une légère vapeur d'opium, quand l'action se passent en Asie, comme dans celle-ci, du côté de Java, Sumatra, dans un temps révolu. Nous rencontrons un chef, un roi, qui a perdu la confiance en sa puissance à l'issue de sa trahison vis-à-vis de son plus grand ami par fidélité vis-à-vis de lui-même. Il est désormais sans repos ( d'où le unrest du titre du recueil sans doute) et des marins soldats anglais tentent de l'aider en l'écoutant, d'abord, et en le mystifiant..
Les Idiots est un drame dans le décor que l'on peut trouver âpre du Trégor (où Conrad avait séjourné une demi-année) qui est un personnage à part entière des misères qui s'y produisent.. Personnellement j'apprécie qu'il ait eu envie d'y écrire et ce texte devrait faire partie d'une prochaine anthologie bretonne, si ce n'est déjà fait.

Un Avant-Poste du Progrès se déroule en Afrique - comme au Coeur des Ténèbres - que Conrad a connu aussi au cours de ses 40 années de marin. Simplement et efficacement écrit, ce texte montre de manière à la fois lucide, intelligente (je crois que Conrad était très intelligent, clairvoyant..) et ironique, que toute tentative de "blancs" de rester en Afrique, d'y commercer en se comportant en maîtres autoproclamés, est probablement vouée à l'échec et, au minimum, déstabilisatrice (euphémisme..) pour les populations locales et finalement néfastes pour tout le monde.. N'oublions pas qu'on est "seulement" dans la seconde partie du XIX e siècle, quand l'ambition coloniale est en train de se faire.., ce qui est une preuve de plus de la clairvoyance de Conrad. Il y a dans ce texte un peu une ambiance à la "coup de torchon" de Bertrand Tavernier..
Comme quelques-uns ici, peu nombreux , le texte qui m'a le plus plu, voire impressionné - d'où mes 4 étoiles -, est le Retour, remarquablement écrit, où Conrad nous présente un jeune arriviste dont le sens de l'existence - croit-il - est de continuer à "s'élever" dans la "upper class" londonienne d'affaires de la City de la fin du XIXe siècle, déjà... Je ne suis donc pas du tout d'accord avec la fiche wiki sur ce livre qui dit que ce texte est "anecdotique" dans l'oeuvre de Conrad. Il n'est pas anecdotique il est atypique quant au sujet mais remarquable quant à la qualité !
Dans, notamment, les pages 157 à 161 de l'édition Folio, Conrad exprime, encore avec un talent très juste, en mots une intelligence, une lucidité à comprendre et décortiquer les pensées, sentiments et émotions humaines. N'est-ce pas le but plus ou moins conscient de la plupart des écrivains, comprendre et dire l'humain ? Eh bien j'ai rarement lu un texte aussi juste sur cela.
C'est surtout vrai dans la première partie de ce texte où le personnage principal est seul, stupéfait et désorienté. La scène dans la chambre avec son épouse peut paraître longue mais cette longueur permet de confirmer peu à peu - il se révèle et se trahit - ce que le lecteur avait probablement deviné, que le personnage n'avait aucun sentiment amoureux pour son épouse et qu'il n'a qu'une ambition sociale et qu'elle sauve les apparences, le noeud de sa motivation et de ses réactions, qu'elle joue le jeu social qui lui importe.
La fin de ce texte me paraît remarquable car l'énonciation de l'évolution des pensées de Alvan (l'époux, personnage principal) - même si cette énonciation est bardée de phrases longues où les couples noms communs/adjectifs sont légions - devient presque lyrique à la manière du Dorian Gray d'Oscar Wilde (qui - c'est mon hypothèse - nonobstant son homosexualité aurait pu inspirer à Conrad le personnage rapidement évoqué de l'amant).
Le passage de l'ombre de la domestique qu'Alvan imagine monter vers lui, tapi dans la pénombre, est autant visuellement riche que dans un film de Welles ( les livres m'évoquent souvent des films).
La fin du texte est une fuite et j'ai imaginé croiser cet homme qui "quitte tout" dans d'autres livres de Conrad en divers lieux du monde, les plus éloignées possibles de l'Angleterre où Conrad vécut.
Ce texte est vraiment, à mes yeux, du grand art et je serais curieux de voir l'adaption "très libre" cinéma de Patrice Chéreau en 2005 avec Isabelle Huppert et pascal Grégory (autant Huppert me paraît possible, autant je n'avais pas imaginé P. Grégory. J'aurais préféré que ce soit Woody Allen qui fasse le film).
La lagune clôt le recueil et nous ramène en Asie avec là encore un récit dans le récit et s'approche du genre ethnographique asiatique, sans avoir, pour moi, plus d'intérêt que cela.
En conclusion je dirais que le Retour est vraiment un texte à lire, un avant-poste du progrès pourquoi pas et les idiots quand on connaît les lieux. Les deux récits asiatiques sont pour les fans de ces lieux.
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Certaines des premières nouvelles de Joseph Conrad préfigurent ses grands romans. Notamment, "Karain" un magnifique portrait d'un rajah déchu, quand la folie ne touche pas que les blancs de passage.. Mais aussi un avant-poste du progrès, sorte d'antichambre de "Au coeur des ténèbres", avec ces deux employés naïfs, perdus dans la forêt tropicale, censés apporter la civilisation aux "sauvages" qui se révéleront sages et malicieux. L'ironie grinçante, la médiocrité des hommes, les espoirs déçus sont déjà présents. D'autres nouvelles montrent une autre voie que Conrad aurait pu suivre, notamment l'étonnant "le retour" au sujet d'un adultère dans la bonne société londonienne. Malgré l'éloignement thématique, l'auteur cherche y une vérité peu reluisante, pointe les contradictions de la nature humaine.
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C'est un recueil de cinq nouvelles qui n'ont pas grand chose à voir entre elles. Karain, c'est une nouvelle très liée à la Folie Almayer et au Paria des îles, sur un roi indonésien déchu, hanté par le fantôme d'une femme. Les idiots, une histoire bretonne sur un couple dont tous les enfants sont handicapés mentaux, ce qui les plonge dans la folie. Un avant-poste du progrès s'inscrit dans les romans indonésiens, il s'agit de deux colons hollandais, d'une intelligence médiocre, que le confinement d'un poste avancé rend fous. Par certains points cette nouvelle m'a fait penser à Bouvard et Pécuchet de Flaubert, avec ses deux grands dadais, sa fin est cependant plus tragique. le Retour, que j'ai le plus apprécié, est l'histoire d'une femme qui quitte son mari, ce qui le plonge dans la détresse, puis revient. On entre dans la psychologie du mari, va-t-il accepter ce retour et ravaler sa honte ou va-t-il au contraire avoir un sursaut d'orgueil et refuser ce retour opportuniste, cette vie de faux-semblants ? Enfin, le recueil se termine sur la Lagune, une nouvelle très similaire à Karain et aux premiers romans de Conrad, avec un indigène entraîné dans un sort funeste par la passion.

Ce recueil m'a paru très bon, avec notamment le Retour, que j'ai particulièrement apprécié, dans son approche psychologique de la rupture, et dans lequel le personnage principal, pourtant veule, finit par avoir un sursaut d'orgueil à l'ultime instant. Les nouvelles indonésiennes semblent cependant des ébauches des premiers romans de Conrad, et manquent de profondeur par rapport à eux.
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Un recueil de cinq nouvelles, qui sans avoir la force des récits plus conséquents de leur auteur ouvre une belle introduction à son Oeuvre. Karain, la Lagune et Un avant-poste du Progrès sont tout à fait typiques de Conrad : exotisme, folie de l'homme blanc perdu dans la nature sauvage, fascination et mystère des peuples indigènes, le sacerdoce du marin... Par contre, les Idiots et plus encore le Retour sont tout à fait à part. Conrad y parle de conjugalité et du conformisme bourgeois, sujets qu'il n'abordera quasiment pas dans le reste de ses travaux. Il se montre d'une grande férocité et d'un ton tout à fait cinglant tout en développant un morceau de bravoure littéraire en étirant le temps jusqu'à ce que le lecteur, comme le protagoniste, y perde ses repères. Une curiosité.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation

Après leur mariage, ils s'employèrent, avec un succès marqué, à agrandir le cercle de leurs relations. Trente personnes les connurent de vue, vingt autres, avec des sourires ostentatoires, tolérèrent de temps à autre leur présence sous des toits hospitaliers ; une cinquantaine d'autres au moins apprirent leur existence. Ils évoluèrent dans ce cercle élargi parmi des hommes et des femmes tout à fait délicieux qui redoutaient l'émotion, l'enthousiasme ou l'échec, plus que l'incendie, la guerre ou les maladies mortelles ; qui ne toléraient que l'expression la plus ordinaire des idées les plus ordinaires, et n'admettaient que les faits avantageux. C'était un milieu charmant, le siège de toutes les vertus, où rien ne se réalise et où l'on ramène prudemment joies et chagrins à de simples plaisirs ou ennuis.
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Un murmure puissant et doux, un murmure immense et sourd, le murmure de feuilles frissonnantes, de ramures agitées, parcourut les profondeurs enchevêtrées de la forêt, se répandit à la surface calme et étoilée de la lagune, et, entre les pilotis, l'eau vint soudain passer un coup de langue sur les pieux couverts de vase. Un souffle chaud effleura le visage des deux hommes et s'en fut avec un bruit lugubre, un souffle sonore et bref comme le soupir inquiet de la terre qui rêve.
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La vie est une affaire sérieuse.
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Des petits-fils, c'était très bien, mais il voulait sa soupe à midi.
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Un navire de croisière qui s'échoue. le commandant qui prend la fuite. Une trentaine de passagers qui perd la vie. Ca c'est passé il y a quelques années, vous vous en souvenez. Pour un marin, déserter le bord c'est le déshonneur suprême. Et pour un romancier, c'est l'occasion de sonder les abysses de l'âme humaine.
« Lord Jim » de Joseph Conrad, un classique à lire chez Folio.
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