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EAN : 9782268069142
252 pages
Les Editions du Rocher (23/04/2010)
3.42/5   18 notes
Résumé :
Léon Tolstoï nous a quittés il y a cent ans, et plus que jamais il demeure dans notre mémoire.
Vladimir Fédorovski présente ici un véritable roman de la vie du géant de la littérature russe : celui d'un homme en avance sur son temps, tiraillé entre les plaisirs de la chair et ses aspirations spirituelles. A partir des archives et de témoignages rares, dont certains inédits, l'auteur a mené une minutieuse enquête, bousculant les idées reçues et dévoilant des s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique

N°526 – Juin 2011.
LE ROMAN DE TOLSTOïVladimir Fédorovski – Éditions du Rocher.

Au départ, il y une passion de Vladimir Fédorosvovski pour Léon Tolstoï (1828-1910), l'auteur de «  Guerre et paix » et surtout de «  Anna Karénine », l'écrivain emblématique de la Russie éternelle. Ses livres seront des compagnons pour un séjour diplomatique africain de l'auteur, mais aussi tout au long de sa vie.

L'auteur nous fait découvrir le jeune Léon, né en 1828 dans une grande famille d'aristocrates qui avait marqué l'histoire de la Russie tsariste. Une enfance passée à la campagne, malheureusement bouleversée par la mort de ses parents l'amène à Moscou où il découvre les prémices de sa personnalité : l'ambivalence entre l'individualisme qu'il porte en lui et son attirance pour l'universalité. Toute sa vie future sera conditionnée par une prise de conscience de cette période de l'enfance « heureuse époque perdue sans retour ». Durant son adolescence, il fréquente le lycée puis l'université mais est un étudiant irrégulier et hésitant, plus attiré vers la liberté et par l'indépendance et quitte les études sans diplôme. Il revient vers son domaine dont il est désormais le maître, tente de l'administrer mais y renonce. Il a la volonté d'être meilleur en tout, de se marier, de préférence avec une femme riche pour se ranger, est un temps désireux d'un poste dans l'administration mais abandonne ce projet ... « le comte Tolstoï » est surtout désireux de jeter sa gourme dans les plaisirs, la débauche, se laisse happer par la vie facile, le jeu, les femmes, et l'abstinence qu'il tente quand même d'observer lui pèse. Derrière la façade de l'aristocrate mondain et valétudinaire, il tente de dissimuler un tempérament « infatigable », amoureux, sensuel, charnel. Malgré tout la quête du bonheur reste un idéal[il ne l'atteindra que plus tard grâce au mariage], malgré son esprit indépendant, l'armée l'attire un moment, mais il revient du Caucase et de la Crimée avec une aversion pour les combats, un intérêt profond pour la nature humaine... et des notes et des personnages pour ses futurs romans. de l'armée où il sert comme officier, il laisse libre-court à son esprit indépendant et jouisseur, mais en revient désabusé bien qu' admiratif pour l'abnégation du simple soldat. A la religion dogmatique encombrée de rituels inutiles il préfère un christianisme primitif.

Et pourtant, resté fidèle à la nature, à « sa terre », à sa patrie, pétri du message du siècle des Lumières français, il ressent un désir d'écrire qui ne le quittera plus. Écrire devient le vrai sens de sa vie mais, même s'il chérit la langue française, il reste Russe dans l'âme et souhaite que son pays soit reconnu comme un guide parmi les autres nations. Pourtant, après quelques hésitations, ce « dandy déchaîné », ce « vieux sot édenté » finit par quitter l'armée pour se consacrer aux Lettres, par voyager et après beaucoup d'hésitations, par prendre femme, malgré la différence d'âge avec sa jeune épouse, Sophie ! Elle deviendra vite la maîtresse des lieux autant que du vieux comte, pour quarante huit ans de bonheur, et de nombreuses maternités. C'est à ce moment que Tolstoï écrivit ses chefs-d'oeuvre, s'affirma comme un immense écrivain.

Lui-même se pose en prophète, en guide, sur cette terre d'exception située à la croisée des chemins et des influences. Il se veut précurseur mais quand ses idées prennent corps il regimbe à suivre le cours des choses qu'il à lui-même suscitées. Même s'il a longtemps succombé à l'appel de la chair et du jeu, il reste un être pétri de spiritualité, marqué par la volonté d'affranchir ses serfs et de partager ses terres. La vieillesse venant, il devint philosophe, philanthrope et chercha à se rapprocher de Dieu à cause peut-être de la culpabilité qu'il ressentait à cause de sa vie, de ses passions, de ses débauches...

A l'occasion du centenaire de sa mort et s'appuyant sur des archives inédites et sur le « journal »de Tolstoï, Vlamidir Fédorovsky retrace la vie de cet écrivain emblématique de la Russie éternelle. Il évoque l'homme, tiraillé entre sensualité, érotisme et spiritualité, montre sa face cachée à la fois insolite et intime. Il ne manque pas non plus, malgré toute l'admiration qu'il peut avoir pour ce géant de la littérature russe et cet humaniste, d'exercer son droit de critique et de noter quelques remarques personnelles qui remettent les choses à leur vraie place, même si elles écornent un peu la légende. Il note, avec humour parfois, pour le lecteur non initié à l'âme russe, tout ce qu'un geste apparemment anodin peut cacher comme signification.

Avec de courts chapitres enrichis d'illustrations et abondamment documentés, un texte limpide, directement écrit en français, dans un style fluide, précis et poétique, notre auteur fait de Tolstoï, personnage bien réel, un véritable héros romanesque, passionnant et passionné. Malgré la complexité de l'homme, fait d'oppositions et de contradictions, Vladimir Fédorowski réussit à nous le rendre attachant. Je ne suis qu'un simple lecteur, mais j'ai été enthousiasmé par ce portrait sans concession.

Je connaissais Vladimir Fédorovski de réputation pour son rôle diplomatique et politique, notamment dans la « Pérestroïka ». Je le savais écrivain, amoureux de la langue et de la culture françaises, mais je n'avais jamais rien lu de lui. Avec le magistral « roman » sur Léon Tolstoï, je n'ai pas été déçu.




©Hervé GAUTIER – Juin 2011. http://hervegautier.e-monsite.com


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Vladimir Federovski n'a jamais caché son admiration pour Tolstoï, il en fait allusion dans maints de ses livres. Je ne sais pas comment qualifier ce livre autrement qu'un livre d'amour envers l'auteur et son oeuvre
Vladimir Fedoroski a cette générosité du coeur qui nous emporte ou sait nous faire partager sa passion. Cette tendresse particulière est même touchante. Sa plume est habile, élégante, romanesque.

De ces 235 pages, je n'ai rien noté qui m'ait choqué, bien au contraire. Tout me paraît juste et savant. Je note qu'il parle de Sophie Tolstoï de manière touchante, parce qu'il dit la vérité : oui Sophie n'a pas eu la fin qu'elle méritait, c'est malheureux qu'il en fût ainsi : mais Fédorovski parle aussi et non parcimonieusement des moments heureux que le couple a connus. le livre couvre bien la totalité de l'oeuvre de l'artiste russe et Fédorovski nous livre les impressions les plus fortes qu'il a ressenties, comme si Tolstoï était le grand ami qui l'a accompagné toute sa vie. Sa connivence avec l'artiste de iasnaïa Poliana est indéniable. On peut croire que s'ils avaient été contemporains, ils se seraient certainement connus et auraient eu grand plaisir à partager des moments ensemble. Ils auraient eu tellement de choses à se dire, sur pléthore de sujets.

C'est une lecture très agréable pour celui qui aime l'artiste ou qui veut le découvrir. Les anecdotes du biographe sont vraiment personnelles.

Le Roman de Tolstoï est toujours disponible chez l'éditeur du Rocher. Il a été publié en 2010, à la faveur du centième anniversaire de sa mort.
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Il y a quelques jours s'est terminée l'année de la Russie en France. L'occasion d'évoquer cette très belle biographie de Vladimir Fedorovski (son vingt-cinquième ouvrage). Une minutieuse enquête qui bouscule un peu tout ce que nous croyions savoir de Tolstoï. Une origine prestigieuse: des ancêtres ambassadeurs, gouverneurs de province, une jeunesse mouvementée marquée par la perte prématurée d'un frère et un passage dans l'armée en tant qu'officier dans le Caucase... Une spiritualité très forte et un être tiraillé constamment entre des aspirations spirituelles et des aspirations plus terrestres, voilà ce qui ressort essentiellement de cet ouvrage, sans compter cette vie conjugale particulièrement difficile avec son épouse Sophia Andreïevna.
Un récit captivant qui nous rend ce géant de la littérature particulièrement proche. Bravo encore au talent de conteur de Vladimir Fedorovski. (éditions du Rocher)
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Un très bel essai sur l'oeuvre et la vie de Léon Tolstoï. Il est vrai que Vladimir Fedorovski sait très bien écrire et commenter la Russie et ici l'histoire de la Russie à travers la vie de Tolstoï. Que de paradoxes ! de revirements ! de contrastes dans la vie de ce grand écrivain ! Un récit actif où l'on découvre toutes les étapes du développement humain et romanesque de cet homme. Religieux mais amateur de bonne chair et de femmes ! Anti religieux mais avec des préceptes : Aimez vous les uns les autres ! Marié mais se disputant sans cesse avec son épouse ; il lui fera de nombreux enfants ! Et tout son être n'aspire qu'à une chose : être simple, il veut devenir ermite, redevenir pauvre. Sa femme s'en méfie. Rien d'un militaire, ni d'un propriétaire terrien, rien d'un mari, rien d'un père. Un homme différent qui a su nous donner de grandes oeuvres sur la Russie, sa société. A lire absolument.
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De Iasnaïa Poliana à Moscou, de Moscou à Kazan, la Volga, Astrakhan, le Caucase, Ivan le Terrible, bataille contre les Tchétchènes de Chamyl, Bucarest sur le front de Silistrie, Sébastopol, St Petersbourg, Fédorovski nous emmène dans l'espace, l'histoire et l'âme russes collés aux bottes et à la plume de Léon Tolstoï.

Datant de 1847, nous est parvenue la liste des livres qui marquèrent le jeune homme de 20 ans. Ils sont indiqués avec l'impression soit immense : “Le sermon sur la montagne de l'Evangile, David Copperfield de Dickens , Les Confessions, L'Emile et la Nouvelle Héloïse de Rousseau ,soit très grande : Sentimental Journey de Sterne, Eugene Onéguine de Pouchkine, Brigands de Schiller, Les âmes mortes de Gogol, Mémoires d'un chasseur de Tourgueniev et le héros de notre temps de Lermontov”, qu'il laissèrent en héritage. Voilà un chemin de traverse.

Les années 50 & 60. La Russie, l'Europe, poètes et littérateurs sont mis en avant. “Beaucoup d'entre eux se destinaient au journalisme et à la littérature ; ainsi naquit au XIXème siècle la littérature des raznotchintsy dont l'éclat relatif donnera naissance aux écrivains des années 60. L'intelligentsia russe est née de ce milieu. Comme plus tard au XXème siècle, sous un régime où les libertés publiques n'existaient point, les voix de l'opinion empruntant les voies détournées de l'allusion, de la fiction romanesque parvinrent à se faire entendre.”

Victor Hugo ne disait-il pas dans son journal l'Evènement du 8 août 1850 : “Depuis vingt ans, il ne semble pas qu'il puisse y avoir de grande opposition sans un grand poète. Celle de 1830 avait Chateaubriand, celle de 1848 avait Lamartine, celle de la grande date prochaine aura Victor Hugo.”

A propos du livre lui-même, n'attendez pas le meilleur livre de Fédorovski ou le meilleur livre sur Tolstoï. J'ai l'outrecuidance de penser que Vladimir Fédorovski a expédié ce livre trop vite. Ce manque de travail se ressent assez vite même si la documentation rassemblée pour ces autres ouvrages, ses connaissances de l'oeuvre de Tolstoï et de l'histoire de la Russie est amplement suffisante pour commettre un Roman de … très agréable à lire.

Une fois reposé l'ouvrage, un goût de manque ou d'inachevé reste à l'esprit.

Lien : http://www.quidhodieagisti.fr
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Une biographie, Léon Tolstoï (1828-1910) se la réservait en écrivant dans ses Notices autobiographiques en 1903 à son biographe Paul Birioukov.

“J’ai constaté que toute ma longue vie se divise en quatre périodes : la première, merveilleuse, surtout si on la compare à celle qui devait lui succéder, innocente joyeuse et poétique période de mon enfance, allant jusqu’à quatorze ans (1828-1842). Puis l’horrible deuxième période, s’étendant sur vingt années, de la dépravation la plus grossière, de l’asservissement à l’ambition, à la vanité et, surtout à la concupiscence (1842-1862) ; ensuite, la troisième période, allant de mon mariage à ce que j’appelle ma naissance spirituelle, période qui, du point du vue du monde, peut-être appelée morale. Pendant ces dix-huit ans, j’ai, en effet, vécu une vie régulière, honnête, familiale, exempte de tous les vices qui encourent la réprobation publique. Mais, je durant tout ce temps, je ne me préoccupais égoïstement que de ma famille, de l’accroissement de ma fortune, de mes succès littéraires et divers autres plaisirs et distractions (1872-1880). Enfin la quatrième période dans laquelle je vis maintenant, dans laquelle j’espère mourir et du sein de laquelle je vois toute la signification de ma vie passée…Je voudrais pouvoir raconter l’histoire de ma vie durant ces quatre périodes successives, si Dieu m’en donne les forces et le temps. Je pense qu’une telle biographie, écrite par moi, serait plus utile aux hommes que tout ce bavardage artistique qui remplit les douze volumes de mes œuvres et auxquels les hommes de notre temps attribuent une signification imméritée.”
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“Beaucoup d’entre eux se destinaient au journalisme et à la littérature ; ainsi naquit au XIXème siècle la littérature des raznotchintsy dont l’éclat relatif donnera naissance aux écrivains des années 60. L’intelligentsia russe est née de ce milieu. Comme plus tard au XXème siècle, sous un régime où les libertés publiques n’existaient point, les voix de l’opinion empruntant les voies détournées de l’allusion, de la fiction romanesque parvinrent à se faire entendre.”
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"L'hiver était toujours pour Tolstoï (dans sa jeunesse) une pierre d'achoppement. C'est à cette saison que, selon son expression, il "s'embrouillait". Jusque-là, il pensait trouver dans les travaux des champs - qu'il dépeindra dans La Matinée d'un seigneur - sa raison d'être. Mais dès que survint l'hiver, il n'eut qu'un désir : fuir son cher domaine. Il fit préparer ses valises et regagna Moscou dès les premières neiges, puis il se rendit bien vite à Saint-Pétersbourg. Entrevue à travers les brumes glacées montant des marécages, la Venise du Nord fit grande impression au jeune Tolstoï.."

Il aura ainsi l'occasion de comparer les deux modes de vie, et son choix de revenir sur la terre de ses ancêtres ne tarda pas, après ces atermoiements bien compréhensibles. Qui résiste, à cette époque, aux attraits de la ville, ne serait-ce déjà pour s'encanailler quand on a "une certaine fortune"
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Aux relèves, il retournait en ville, occupant les intervalles de repos à rassembler ses impressions dans ses "Récits de Sébastopol", profitant de la toute récente vogue journalistique des « correspondances de guerre » initiées à Londres par le Times, à l'occasion précisément de la campagne de Crimée.
Toutefois, Tolstoï n'écrivait pas comme un correspondant de guerre, mais comme un initié. Là résidait la nouveauté. À l'idée abstraite, diplomatique, souvent pompeuse, de la guerre, il opposait l'authenticité du vécu. Il ne commentait pas : il décrivait ce que ressent un simple soldat sous le feu.
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En Russie, les monarques peuvent devenir ermites, les fols en Christ gravir les marches les conduisant au trône et les écrivains, comme Tolstoï, prétendre au rôle de prophète. Si les frontières demeurent floues entre la religion, la littérature, la politique et l'érotisme, cette étonnante symbiose fut souvent éclairée à travers les siècles par la quête incessante de la spiritualité. En effet, une pareille terre, sous le froid du ciel du nord, éveille aisément le sentiment de l'inanité de la vie, inclinant l'âme à la recherche de la spiritualité, à la méditation intérieure, et souvent au mysticisme.
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