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EAN : 9782070414758
176 pages
Gallimard (11/10/2000)
4.29/5   12 notes
Résumé :
" Beaucoup de chiens s'appellent Ulysse.
Mais le chien d'Ulysse, comment s'appelait-il ? Argos. Il attend son maître dans des conditions moins confortables que Pénélope. Toujours prudent, le roi d'Ithaque, quand il aborde enfin dans son île, s'est rendu méconnaissable, avec la complicité d'Athéna. Et pourtant Argos le reconnaît. "
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Déjà plus d'un mois... depuis cette lecture épatante... ce texte à conseiller à tous les amoureux de la littérature et de la gent canine.
Une sorte d'anthologie très dynamique... à l'image de son auteur, malicieuse, érudite, narrant anecdotes mais aussi faisant découvrir auteurs , textes connus et méconnus, habités par "les chiens", l'amour que nous leur portons… ou parfois des liens plus complexes qui nous lient à eux.

Quelques passages poignants où l'écrivain parle de la disparition de son chien , Ulysse… suivie de près de la mort de son ami, Romain Gary et de Jean Seberg. Comme Jean Grenier l'exprime très simplement « A mesure que j'écris, je commence à considérer mon livre sur les chiens comme un rendez-vous des gens que j'aime » (p.83)

« Les hommes se comportent avec les animaux dans les livres comme dans la vie. Avec plus ou moins de sincérité, d'intelligence, d'amour, de mépris, d'indifférence (…)

Véritable florilège littéraire et artistique, entre Flaubert, Baudelaire, Gary, Dubillard, Colette Audry, Kafka, Léautaud, Tourgueviev, Boulgakov, Vassili Axionov, Faulkner, Maurice Genevoix, Paul Morand, Jacques Brenner, Mirbeau, Georges Duhamel, Cervantès, Racine, Goya , Freud, Virginia Woolf,etc … en passant par la chienne baltique, labrador noir de François Mitterrand, délaissée à la mort de son prestigieux maître, qui fut finalement adoptée par le garde du corps du président …

Pour Kafka, par exemple, les chiens et autres animaux ne sont que des » métaphores de notre comportement et notre condition »…
« Dans le texte complexe et énigmatique –Recherches d'un chien-, Kafka donne la parole à un animal qui médite sur la musique, la terre et ses nourritures, les fins dernières, sur l'impossibilité de parvenir à la vie en commun, la liberté, sur la religion peut-être. Chien philosophe qui cherche et redoute la vérité. » (p. 123)

« C'est ainsi que l'animal de compagnie, de par la brièveté de son cycle de vie, nous dit chaque jour non l'égoïste –memento mori-, mais : je vais mourir bientôt. Au plus profond, les bêtes familières font partie de notre folie, de notre mal de vivre. Parce que les chiens vont nous infliger la souffrance de la perte, une locution populaire les appelle des « bêtes à chagrin » (p.17-18)

En plus de passages passionnés sur la littérature et les écrivains… qui nous donnent envie de « lectures et relectures , ce récit fourmille de détails, sur les mentalités, les comportements envers la gent canine, dans la littérature, la mythologie, l'histoire, et dans la vie ordinaire.
« Dans notre douce France, les hommes n'ont pas de chien blanc (allusion au récit de Romain Gary), mais, dans leur haine pour leurs semblables, ils ont vite adopté les pit-bulls et les rottweillers, sélectionnés pour attaquer tout ce qui bouge » (p.105)

Je lis avec attention cet extrait concernant Faulkner : " Faulkner chasse lui aussi. Mais je ne connais pas d'écrivain qui parle aussi bien des chiens, avec autant d'intelligence, d'amour, d'humour aussi. Dans –Sartoris-, je crois qu'il y a autant de chiens que de personnages humains, et aussi variés. Des jeunes, des vieux, des sages, des sots, sans parler d'une renarde, Ellen, et de sa progéniture bâtarde, aussi ratée qu'il est possible. (p.100)

Ce texte est un concentré d'émotions, et un panorama littéraire, philosophique jubilatoire… A la fin de cette lecture, j'ai très envie de découvrir un texte de Colette Audry, auquel Roger Grenier, fait référence à de multiples reprises : « Peu d'auteurs qui écrivent sur les animaux domestiques s'intéressent au vrai problème : que font-ils là, près de nous ? Je ne vois que Colette Audry qui l'ait abordé de front dans son récit « Derrière la baignoire » (p. 143) »

J'achève cette note de lecture , déjà trop fournie de citations… sur une dernière transcription :

« le livre-chien-
Et si la littérature était un animal qu'on traîne à ses côtés, nuit et jour, un animal familier et exigeant, qui ne nous laisse jamais en paix, qu'il faut aimer, nourrir, sortir ? Qu'on aime et qu'on déteste. Qui vous donne le chagrin de mourir avant vous, la vie d'un livre dure si peu, de nos jours » (p.169)


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A travers anecdotes et citations érudites, l'auteur explore la relation complexe entre les gens de lettres et leurs chiens. de Spinoza à Lévinas, en passant par Descartes, Averroès et bien d'autres, c'est tout un parcours philosophique sur la relation de l'homme à l'animalité dont il est ici question.
Seul bémol, les chats n'y ont pas droit de cité, comme si l'amour de l'un excluait celui de l'autre !
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Le fil de l'ouvrage est décousu, c'est un chien qui a du chien. Mon avis est loin d'être négatif mais souvent, comme le remarque Grenier, la comparaison avec un chien a tout de l'insulte. J'ai aimé découvrir diverses anecdotes, plus ou moins légères — celle sur l'île d'Oxias m'a particulièrement touchée —. La présence du chien Ulysse permet des petites disgressions agréables.
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Pas d'histoire dans ce texte mais une compilation des meilleurs morceaux d'écrivains parlant de leur chien !

L'écriture est jolie , les chiens y sont à l'honneur et je le referme pour mieux aller voir les chiens de la SPA !!!!

Car si on aime les chiens, ce livre est dangereux , on ne souhaite qu'une chose en avoir un avec l'excuse magnifique que tant d'auteurs ont eu un compagnon à quatre pattes dont ils étaient fiers!
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
(...) Et s'ils (amis de la nature, mais "chasseurs" ) connaissent mieux que d'autres le comportement et le caractère des chiens, ils ne peuvent s'empêcher de les considérer d'un point de vue un peu trop fonctionnel. Car finalement le chien de chasse, le gardien de troupeaux, le chien de traineau, le chien d'avalanche, le chien policier ont une utilité dérisoire, à côté de celle du chien qui ne sert à rien. Celui-là est fait pour donner et recevoir l'amitié et l'amour. (p.93)
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-Flaubert, du python au perroquet-

-Un coeur simple-, avec son anecdote vontairement dérisoire, embrasse du regard ce champ immense que peu d'écrivains ont exploré de façon satisfaisante. L'amour pour le perroquet Loulou, c'est un recours contre une effrayante solitude, un substitut au neveu mort dans un pays lointain et exotique, des jeux et des fêtes secrètes. Flaubert dit le mot :
"Loulou était preque un amoureux. Il escaladait ses doigts, mordillait ses lèvres, se cramponnait à son fichu..."
un animal domestique est une protection contre les outrages de la vie, un recours contre le monde, la certitude un peu vaine d'être aimé à coup sûr, une façon d'être moins seul et plus seul. (p.36)
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Beaucoup de chiens s'appellent Ulysse. Mais le chien d'Ulysse, comment s'appelait-il ? Argos. Il attend son maître dans des conditions moins confortables que Pénélope. Toujours prudent, le roi d'Ithaque, quand il aborde enfin son île, s'est rendu méconnaissable, avec la complicité d'Athéna. Et pourtant, Argos le reconnaît.
"Négligé maintenant en l'absence du maître, il gisait, étendu devant le portail , sur le tas de fumier des mulets et des bœufs où les serviteurs d'Ulysse venaient prendre de quoi fumer le grand domaine ; c'est là qu'Argos était couché, couvert de poux. Il reconnut Ulysse en l'homme qui venait, et, remuant la queue, coucha les deux oreilles : la force manqua pour s'approcher de son maître." Ulysse l'avait vu : il détourna la tête en essuyant une larme..."
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-Les déclassés"

J'ai toujours du mal à quitter baudelaire. Je note encore qu'il aime les chiens déclassés:
(...) "Je chante le chien crotté, le chien pauvre, le chien sans domicile, le chien flâneur, le chien saltimbanque...je chante les chiens calamiteux, ceux qui errent, solitaires, dans les ravines sinueuses des immenses villes, soit ceux qui ont dit à l'homme abandonné, avec des yeux clignotants et spirituels: "prends-moi avec toi, et de nos deux misères nous ferons peut-être une espèce de bonheur! " (p.23)
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Les amis de la nature, par exemple Maurice Genevoix, parlent merveilleusement des bêtes, celles qui vivent en liberté et celles qui accompagnent l'homme. Mais, comme Francis Jammes, ce sont des chasseurs. Ils prennent leur parti du sang animal. Et s'ils connaissent mieux que d'autres le comportement et le caractère des chiens, ils ne peuvent s'empêcher de les considérer d'un point de vue un peu trop fonctionnel. Car finalement le chien de chasse, le gardien de troupeaux, le chien de traîneau, le chien d'avalanche, le chien policier ont une utilité dérisoire, à côté de celle du chien qui ne sert à rien. Celui-là est fait pour donner et recevoir l’amitié et l'amour.
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Invitée d'honneur des Rencontres de Chaminadour 2012. Au cours des années 1970, Sylvie Germain suit des études de philosophie auprès d'un professeur qu'elle admire, Emmanuel Levinas. Son mémoire de maîtrise porte sur la notion d'ascèse dans la mystique chrétienne, et sa thèse de doctorat concerne le visage humain (Perspectives sur le visage : trans-gression ; dé-création ; trans-figuration). C'est sur les conseils de Roger Grenier, à qui elle envoie un recueil d'écrits, qu'elle se lance dans l'écriture de son premier roman, le Livre des nuits, Gallimard, 1984 ; Jours de colère, Gallimard, 1989 - Prix Femina. Ce n'est qu'en 2005, avec Magnus, Albin Michel, qu'elle se fait connaître du grand public en remportant le Goncourt des lycéens. En 2013, elle publie Petites scènes capitales, Albin Michel, un roman qui confronte l'âme au passage du temps. Brèves de solitude, Albin Michel, 2021, est son dernier roman.
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