Cinq nouvelles de D.H.Lawrence, cinq nouvelles superbes dont la première donne son titre à l'ouvrage, "L'amazone fugitive". Les textes sont à peu près tous centrés sur un personnage féminin dépeint dans le désarroi, voire dans la détresse ou la mort. Les héroïnes, lasses de leur existence et mûrissant solitairement rêves et désirs pour échapper à la trivialité conjugale, vont devoir lutter pour comprendre ce qui se joue au plus profond d'elles-mêmes.
A cet égard“L'amazone fugitive” est la nouvelle la plus radicale : lors d'une absence de son mari, étouffant dans un quotidien morne, une femme décide de quitter la maison pour s'aventurer dans un périple qui la mène à des Indiens, rencontre fatale pour elle.
Dans les quatre autres nouvelles, les femmes éprouvent de grandes difficultés à nouer ou à entretenir des relations avec les hommes, et se découvrent incapables d'aimer véritablement (“Un amoureux”).
Dans "Deux oiseaux bleus” , la femme bien que mariée avoue qu'elle ne peut vivre avec son mari mais découvre la jalousie.
Dans “Soleil”, même configuration de départ, une épouse insatisfaite que les médecins envoient en cure au soleil. C'est l'occasion pour elle, de se mettre à exister seule et totalement nue face au soleil.
Alors s'éveille en elle la sensualité et le désir et elle en est comme transfigurée.
Mais la mort n'est pas absente, ainsi dans “Le sourire”, nous apprenons par le mari qu'il vient de perdre sa femme. Celle-ci est l'objet de toutes les attentions des religieuses tandis que le mari réalise avec une infinie douleur combien il lui était attaché.
La dernière nouvelle intitulée “L'amoureux” est à nouveau placée sous le signe de la conjugalité. le personnage féminin ne supporte pas la présence physique de son fiancé. Les caresses qu'il lui prodigue, la dégoûtent...
Ces cinq nouvelles sont remarquables par le style et la thématique. le style châtoyant qui multiplie les images, et n'est jamais confus, au contraire, en parfaite harmonie avec le sens du récit ou de la fable qui décape le système patriarcal.
Si en règle générale, l'on n'est pas amateur de nouvelles - car elles nous laissent sur notre faim- , on peut lire celles de D.
H Lawrence comme un long texte subtil aux accents poétiques . Toutes les femmes y sont des belles au bois dormant qui s'éveillent seules et s'enfuient du foyer, au propre comme au figuré, dès qu'elles le peuvent.
D.H.Lawrence est un ami des femmes, conscient de leur complexité et de leur enfermement dans le mariage. En ceci, c'est un moderne qui n'a de cesse de décrire des héroïnes parvenant à se libérer de la monotone réalité, au besoin par la mort.
KP