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Contre-histoire de la philosophie tome 4 sur 12
EAN : 9782246689218
338 pages
Grasset (18/04/2007)
3.86/5   39 notes
Résumé :

Dans ce quatrième volume de la Contre-histoire de la philosophie, qui explore les angles morts de la philosophie officielle et universitaire, le siècle dit des Lumières est à son tour revu et corrigé : Voltaire et Rousseau fustigent les athées, l'Encyclopédie veut les mettre à mort, pendant que se formule une pensée hédoniste, matérialiste, révolutionnaire, mais pas comme l'historiographie marxis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans ce 4ème volume de la "Contre-histoire de la philosophie", nous abordons maintenant le siècle des Lumières. Mais là encore ce ne sont pas les philosophes les plus connus - Voltaire, Diderot, Kant, Rousseau... - qui ont véritablement remis en question la société de leur époque, religieuse et monarchiste. Seuls les "ultras des Lumières" vont prôner l'athéisme, le matérialisme, l'hédonisme et la révolution.

Le premier, Jean Meslier est un curé le jour et l'auteur la nuit d'une oeuvre qui critique radicalement le Christianisme : Dieu n'existe pas, Jésus est un fou, l'Eglise chrétienne n'est qu'une secte, ses dogmes et ses sacrements ne sont que des absurdités. La religion est un instrument de pouvoir qui sert à assouvir les peuples. Meslier est contre le célibat, pour une société basée sur la justice, contre les pouvoirs religieux et la royauté, pour un accès au bonheur de tous par la mise en commun des biens.

D'Holbach lui aussi sapera les bases de la religion chrétienne en se lançant dans une analyse des textes sacrés et une critique des préceptes religieux. Tous les hommes doivent être éduqués, donc éclairés, tous doivent pouvoir accéder à la propriété. L'athéisme, né de l'intelligence, rend l'homme vertueux contrairement aux préjugés.

Helvétius, fermier général humain "ne tient pas l'argent en estime, n'a pas le culte des profits, et distribue ses deniers." Il condamne le fanatisme religieux, il est déiste, sensualiste, empiriste, hédoniste et utilitariste également. Il dénonce la misère, la concentration de la richesse dans les mains d'une minorité et déclare que c'est contraire au bien de la nation. Il faut changer les choses par des réformes - abandonner la monarchie au profit du fédéralisme de petites républiques - et ce grâce à l'éducation.

Enfin pour La Mettrie, l'homme est une machine dont le cerveau est le siège de l'âme. Médecin et philosophe, ses connaissances scientifiques et médicales l'amènent à une vision matérialiste du monde. La mort n'est que néant.

A l'époque, beaucoup de philosophes se retrouvent à la cour de Frédéric II de Prusse, roi homosexuel et cultivé, dont la Mettrie, Helvetius et Maupertuis.
Ce dernier peut être considéré comme le fondateur de l'utilitarisme français. le plaisir et le déplaisir, le bonheur et le malheur se mesurent et ces données permettent de viser le maximum de biens pour le plus grand nombre. Scientifique également, il a entrepris une expédition en Laponie pour vérifier l'hypothèse de Newton sur les pôles. Il étudie également l'anatomie, croit en un libre arbitre et se dit chrétien, chrétien hédoniste. Tout en affirmant : "Tout ce qu'il faut faire dans cette vie pour y trouver le plus grand bonheur dont notre nature soit capable, est sans doute cela même qui doit nous conduire au bonheur éternel."

La dernière partie est consacrée à Sade. Onfray nous montre que loin d'être un homme éclairé et anticonformiste, c'est un féodal fasciste, qui défend les privilèges de la noblesse pour pouvoir satisfaire ses instincts les plus "sadiques" sur de pauvres filles du peuple. Loin d'être un génie, c'est un malade qui ne peut jouir que grâce à la souffrance - la sienne ou celle d'autrui. Ce n'est pas à cause de ses idées qu'il fut emprisonné mais pour ses moeurs et il échappa à la peine de mort grâce aux protections dont il bénéficiait.

Si j'avais été un peu déçue par le tome précédent, j'ai été à nouveau passionnée par celui-ci. On y retrouve la plume mordante de Michel Onfray qui a le mérite de nous présenter une philosophie à contre-courant à travers les oeuvres de philosophes dont la pensée critique reste totalement d'actualité.
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La série de la contre-histoire de la philosophie est fondée sur deux idées :

- il n'y pas d'histoire, mais des historiographies. La philosophie n'y échappe pas. Elle est donc depuis Constantin présentée sous l'angle idéaliste permettant la symbiose entre le pouvoir politique et le pouvoir "spirituel". Les philosophes matérialistes existent, ils sont juste ignorés ou caricaturés par les tenants du courant dominant. Onfray a entrepris de retracer cette histoire méconnue.

- La philosophie c'est l'homme. L'oeuvre d'un philosophe n'est pas dissociable de sa vie. Chaque philosophe est donc présenté d'abord par le récit de sa vie avant que sa pensée soit expliquée.

Les ultras des lumières de l'abbé Meslier à d'Holbach, en passant par Helvetius, posent les jalons de l'athéisme, de l'utilitarisme, voir du communisme libertaire. On est loin du déisme libérale d'un Voltaire héros de la révolution bourgeoise.

Comme toujours les chapitres sont courts et clairs.
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Contre les ténèbres religieuses , l'obscurantisme théologique , la nuit catholique , apostolique et romaine tombée sur l'Europe depuis le coup d'État de Constantin (321) , à rebours de la pensée magique et mystique , aux antipodes des fictions , fables et autres secours mythologiques , une poignée de penseurs - mais pas ceux qu'on croit... - apporte torches et flambeaux , luminaires et lanternes , puis surclassé la petite clarté faiblarde du cierge.
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Une autre manière de présenter le siècle des lumières qui ne manque pas d'intérêt. Mais pourquoi ces auteurs qui ont écrit tout et son contraire, et sont difficilement lisibles (dixit Onfray).
Et puis à force de vouloir imposer sa perception du bonheur, Onfray devient pénible.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Là où le christianisme joue le jeu de la belle âme, enveloppe les petits motifs dans de grandes logiques, célèbre les fictions de l'amour du prochain, de la générosité, du don, du partage, de la charité et autres nobles et beaux sentiments, Helvétius calme le jeu : regardons la réalité en face, cessons d'extrapoler, de nous voiler la face et surtout de nous mentir. L'homme excelle dans la mauvaise foi, dans le désir de ne pas voir ce qui ne lui convient pas, dans l'art pervers de réécrire l'histoire à son seul avantage.
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La seule religion intolérable, c'est la religion intolérante.
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L'estimation des moments heureux ou malheureux est le produit de l'intensité du plaisir ou de la peine , par la durée.
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Quand le dernier sociologue aura été étranglé avec les tripes du dernier bureaucrate , aurons-nous encore des problèmes ?
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La pensée d'une époque emprunte parfois des circuits inédits et oubliés par l'historiographie dominante.
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Videos de Michel Onfray (159) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Onfray
*INTRODUCTION* : _« […] Je veux seulement, Monsieur, vous faire part d'une chose que j'ai lue dans Montaigne, et qui marque son bon goût. Il souhaitait devenir assez savant pour faire un recueil des morts les plus éclatantes dont l'Histoire nous parle. Vous qui êtes son partisan, vous approuverez ce dessein que j'exécute en partie. En effet, le véritable point de vue où je placerais une personne qui veut bien juger du ridicule qui règne dans le monde, est le lit de mort. C'est là qu'on se détrompe nécessairement des chimères et des sottises qui font l'occupation des hommes. Nous sommes tous fous ; la folie des uns est plus bouillante, et celle des autres plus tranquille. »_ *André-François Boureau-Deslandes* [1690-1757], _À Monsieur de la Ch…_
_« Rien ne doit plus nous frapper dans l'histoire des grands hommes, que la manière dont ils soutiennent les approches du trépas. Je crois que ces derniers moments sont les seuls, où l'on ne puisse emprunter un visage étranger. Nous nous déguisons pendant la vie, mais le masque tombe à la vue de la mort, et l'Homme se voit, pour ainsi dire, dans son déshabillé. Quelle doit être alors la surprise ! Tout l'occupe sans le toucher : tout sert à faire évanouir ce dehors pompeux qui le cachait à lui-même. Il se trouve seul et sans idées flatteuses, par ce qu'il ne peut plus se prêter aux objets extérieurs. Cette vue a cela d'utile en flattant notre curiosité, qu'elle nous instruit. Il n'est rien de quoi, disait Montaigne, je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, quelle parole, quel visage, quelle contenance ils y ont eus ; mille endroits des histoires que je remarque si attentivement. Il y paraît, à la farcissure de mes exemples, et que j'ai en particulière affection cette matière*._ _Je suis persuadé que la dernière heure de notre vie est celle qui décide de toutes les autres. »_ *(Chapitre III : Idée générale d'une mort plaisante.)*
* _« Et il n'est rien dont je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, de quelle parole, quel visage, quelle contenante ils y ont eus, non plus qu'il n'est d'endroit dans les histoires que je remarque avec autant d'attention. Il apparaît à la farcissure de mes exemples que j'ai cette matière en particulière affection. Si j'étais faiseur de livres, je ferais un registre commenté des morts diverses. Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à vivre. »_ (« Chapitre XIX : Que philosopher c'est apprendre à mourir » _in Montaigne, Les essais,_ nouvelle édition établie par Bernard Combeaud, préface de Michel Onfray, Paris, Robert Laffont|Mollat, 2019, p. 160, « Bouquins ».)
*CHAPITRES* : _Traduction d'un morceau considérable de Suétone_ : 0:02 — *Extrait*
0:24 — _Introduction_
_De quelques femmes qui sont mortes en plaisantant_ : 0:49 — *1er extrait* ; 2:08 — *2e*
_Additions à ce qui a été dit dans le IX et dans le XI chapitre_ : 3:15
_Remarque sur les dernières paroles d'Henri VIII, roi d'Angleterre, du Comte de Gramont, etc._ : 6:09 — *1er extrait* ; 6:36 — *2e*
_De la mort de Gassendi et du célèbre Hobbes_ : 7:45
_Remarques sur ceux qui ont composé des vers au lit de la mort_ : 10:47
_Examen de quelques inscriptions assez curieuses_ : 13:52
_Des grands hommes qui n'ont rien perdu de leur gaieté, lorsqu'on les menait au supplice_ : 14:33
_Extrait de quelques pensées de Montaigne_ : 15:31
_S'il y a de la bravoure à se donner la mort_ : 17:37 — *1er extrait* ; 18:57 — *2e*
_De quelques particularités qui concernent ce sujet_ : 19:14
19:28 — _Générique_
*RÉFÉ. BIBLIOGRAPHIQUE* : André-François Boureau-Deslandes, _Réflexions sur les grands hommes qui sont morts en plaisantant,_ nouvelle édition, Amsterdam, Westeing, 1732, 300 p.
*IMAGE D'ILLUSTRATION* : https://www.pinterest.com/pin/518547344600153627/
*BANDE SONORE* : Steven O'Brien — Piano Sonata No. 1 in F minor Piano Sonata N0. 1 in F minor is licensed under a Creative Commons CC-BY-ND 4.0 license. https://www.chosic.com/download-audio/46423/ https://www.steven-obrien.net/
*LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES* :
_CE MONDE SIMIEN_ : https://youtu.be/REZ802zpqow
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH *VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/VNA9W
_VOYAGE À PLOUTOPIE_ : https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/
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