AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Trilogie marseillaise tome 2 sur 3
EAN : 9782877065146
189 pages
Editions de Fallois (25/08/2004)
  Existe en édition audio
4.05/5   1020 notes
Résumé :
Depuis le départ de Marius, César est de plus en plus coléreux et ses amis en font les frais. Lorsque Fanny apprend qu'elle attend un enfant de Marius, le déshonneur la guette... Deux ans après Marius, Pagnol reprend dans Fanny (1931) ses personnages où il les a laissés. Les spectateurs du Théâtre de Paris retrouvent avec enthousiasme Fanny, César, Panisse, Escartefigue, monsieur Brun, Honorine. Orane Demazis et Charpin sont au rendez-vous... mais pas Raimu. Fâché a... >Voir plus
Que lire après FannyVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (60) Voir plus Ajouter une critique
4,05

sur 1020 notes
5
32 avis
4
21 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Quel bonheur, mes ami(e)s, quel bonheur que cette comédie de Marcel Pagnol ! Ce n'est pas facile comme partition : faire dans le burlesque, faire dans la farce, faire dans la bonne grosse caricature et en même temps, faire dans le sensible, dans le subtil, dans la nuance.

Eh bien croyez-moi si vous voulez, mais selon mes critères, Marcel Pagnol arrive à faire tout cela, et même mieux que cela. C'est probablement, la pièce que je préfère de la trilogie marseillaise, elle qui n'était au moment de sa création que le second volet d'un diptyque avec Marius et qui, plus tard, s'est enrichi d'un troisième pan avec César mais qui a, quant à lui, d'abord vu le jour au cinéma avant d'être monté sur les planches.

Oui, ici, c'est un vrai bonheur et si le début de la pièce rappelle beaucoup du burlesque qui plaisait tant dans Marius, l'auteur sait donner dans les actes II et III une épaisseur, une ampleur incroyable à ses deux personnages principaux. Ses deux personnages principaux qui sont, quoi qu'on en dise et quoi qu'on en pense, César d'une part (ça, ça ne fait pas beaucoup discussion) mais aussi Panisse d'autre part.

En fait, tout du long de cette trilogie, on assiste aux péripéties d'un amour entre Marius et Fanny, avec ses vicissitudes mais finalement, ces deux-là ne renferment ni le comique, ni le tragique, ni vraiment le pathos, sauf à de rares instants.

Non, les deux personnages centraux, ceux qui nous font rire aux éclats ou qui nous émeuvent aux larmes, ce sont bien César et Panisse, magnifiquement campés au cinéma par Raimu et Charpin ; deux personnages touchants, bardés de défauts, bourrés de contradictions, capables d'élans de noblesse dont on ne les soupçonnerait pas et surtout, terriblement humains. Tout le talent de Pagnol est là, dans César et dans Panisse, et quel talent !

On comprend qu'il ait été tant admiré, et même tant copié, même par des auteurs eux-mêmes fort talentueux. Rien que dans Fanny, je vois au moins deux passages quasi-plagiés ultérieurement par deux monstres sacrés.

Vous voulez des exemples ? D'accord. Les Tontons Flingueurs, ça vous dit quelque chose ? Lorsque Michel Audiard fait dire à Bernard Blier : « Aux quatre coins de Paris qu'on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle. », ça ressemble énormément à la réplique De César à la scène 7 de l'acte II : « Et ensuite, je te saisis, je te secoue, je te piétine, et je te disperse aux quatre coins des Bouches-du-Rhône. »

Autre exemple, vous avez adoré Astérix en Corse et surtout le passage où René Goscinny fait dire à Carferrix et Sciencinfus : « — Je n'aime pas qu'on parle à ma soeur. — Mais… Mais elle ne m'intéresse pas votre soeur. Je voulais simplement… — Elle te plait pas ma soeur ? — Mais si, bien sûr, elle me plaît… — Ah, elle te plaît, ma soeur !!! Retenez-moi ou je le tue, lui et ses imbéciles ! », cela ressemble beaucoup à l'échange de la scène 9 du premier tableau de l'acte I entre César et Panisse : « — Il y a longtemps que ça dure, c'est une véritable conspiration ! Vous voulez tout savoir ? Vous ne saurez rien. — Je t'assure que, pour moi, je ne veux rien savoir du tout. — Tu ne veux rien savoir du tout ? — Je ne veux pas me mêler de tes affaires de famille. — C'est-à-dire qu'après une amitié de trente ans, tu te fous complètement de tout ce qui peut m'arriver ? »

(Au passage, je signale que ce passage de l'amitié de trente ans a été plagié une seconde fois par un autre duo comique, à savoir Jacques Chirac et Édouard Balladur, mais dans une mouture franchement inférieure à celle de Pagnol.)

Bref, il n'est pas nécessaire de noircir bien des pages pour vous persuader de l'influence qu'a exercé Marcel Pagnol et pour vous décrire l'étendue de l'héritage qu'il nous a légué.

Fanny commence exactement à la suite de Marius, au moment où l'on retrouve César complètement désemparé et irascible suite au départ de son fils Marius, de même que pour sa petite amie Fanny, qui se languit et se désespère de savoir son véritable amour parti pour deux ans sur les mers du sud à mesurer le fond des océans…

La bande de gais lurons que sont Panisse, Escartefigue et monsieur Brun tente bien par tous les moyens — discrets ou moins discrets — d'en savoir un peu plus sur le moral de leur acolyte César, de même que sur les états d'âme de Fanny. Tout ceci sans compter les humeurs assassines d'Honorine, la mère de Fanny, qui ressemble à une bouilloire sur le feu depuis qu'elle sait Marius disparu sachant qu'il fut quelquefois surpris au matin dans la chambre de sa fille. L'honneur, voyez-vous, l'honneur est sur la sellette…

Je vous laisse bien sûr découvrir par vous-même ce qu'il adviendra de cet honneur ou bien vous repaître du plaisir de relire cette pièce admirable dont l'adaptation cinématographique d'époque est très fidèle et peu constituer une excellente alternative.

Chapeau bas monsieur Pagnol, encore un carton plein, vous nous mettez fanny une fois de plus, mais c'est d'un tel plaisir de se prendre une fanny contre vous qu'on vous le pardonne bien volontiers. D'ailleurs, ceci n'est qu'un avis de fan, aussi profane que diaphane, qu'un simple coup d'éventail anglais suffit à disperser aux quatre coins des Bouches du Rhône, autant dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          1002
A la suite de la répétition générale, Mr Franc-Nohain s'écrie, en 1931, dans l'"Écho de Paris" : "Encore ces histoires de Marseille !"
Pourtant le miracle marseillais, n'ayant pas tardé à opérer, ce dernier, tombé sous le charme, promet finalement un bel avenir au jeune auteur dramatique Marcel Pagnol.
"Fanny" est une pièce, en trois actes.
Elle a été représentée, pour la première fois, le 5 décembre 1931, sur la scène du théâtre de Paris.
Elle a été popularisée par une longue série de représentations, tant dans la capitale, qu'au cours de nombreuses tournées provinciales, mais aussi par son inoubliable adaptation au grand écran.
Elle est, aujourd'hui, aussi célèbre que "Marius", à laquelle elle fait suite, et que "César", dernier volet de la trilogie.
"Fanny", Comme "Marius", est une histoire très simple racontée avec sincérité.
Finalement abandonnée par Marius, Fanny, découvrant qu'elle est enceinte, épouse un brave homme qui accepte d'endosser la paternité d'un autre.
Sous l'apparente légèreté de la pièce se cache un véritable chef d'oeuvre.
C'est une pièce solide, admirablement construite.
Le talent de Marcel Pagnol est d'avoir su rendre cette histoire touchante tout en lui ayant conservé son pittoresque, son accent ensoleillé.
Rien n'y manque :
ni la "menterie" qui, ne trompant personne devient pure ingéniosité...
ni les "emportements", aussitôt suivis, comme le veut une antique sagesse, de revirements pacifiques...
ni l'impossibilité de se taire...
ni une certaine douceur humaine, si méridionale...
A la suite de la répétition générale, Pierre Brisson, critique dramatique, écrit dans "Le Temps" que Marcel Pagnol a du sang d'écrivain de Théâtre mêlé de jus de bouillabaisse !
Ce numéro exceptionnel de "La Petite Illustration" restitue la pièce dans sa première forme, articulée en trois actes, quatre tableaux, agrémentée de six photos, noir et blanc, d'époque et augmentée de deux pages de critiques et de commentaires.
Paru en 1934, il est aujourd'hui un des fleurons de la collection....
Commenter  J’apprécie          582
Deuxième tome de la trilogie Marseillaise, indissociable de Marius et de César.

C'est (encore) un autre bijou de Marcel Pagnol, un bijou de tendresse, bienveillance et volupté.... C'est beau, c'est magnifique, c'est du Pagnol...

A lire et relire sans aucune modération...

Et comme le précise Cascasimir dans les commentaires, c'est d'une partie de cartes de ce tome qu'est issue la célèbre réplique de Cesar à Panisse : « tu me fends le coeur » ....
Commenter  J’apprécie          631
Je continue à beaucoup aimer Pagnol.

Ce mélange d'humour et de tragique, de réaliste et de farfelu. Des scènes anodines deviennent des scènes de théatre, la vie quotidienne un spectacle, un drame . C'est que Marius a tranché :entre la mer et Fanny, il a choisi. Bien sûr, il a ainsi abandonné toute sa vie antérieure, et il a enlevé la raison d'être de son père. Et il y a d'autres problèmes. Fanny est l'histoire de ce petit monde mis devant le fait accompli, se débattant avec les conséquences du départ de Marius.

Ce qui me frappe le plus, ce sont les relations entre parents et enfants, même adultes. César n'arrive pas à concevoir le départ de Marius autrement que comme une trahison personnelle. Même marié, avec enfants, il serait resté habiter chez lui. Honorine, elle aussi, veut vivre dans la maison conjugale de Panisse et de Fanny. Les parents n'arrivent pas à lâcher leurs enfants ! de plus il ne s'agit pas de couples parentaux : il n'est jamais fait mention de la mère de Marius, et le père de Fanny est décedé bien avant le début de la trilogie. César est donc père et mère de Marius, Honorine est la seule parente de Fanny. Comme si ces géniteurs avaient produit leurs rejetons de façon asexuée, par bouture ou par scission. Mon enfant est un autre moi, que je dois garder près de moi.

Je me demande quel rôle l'histoire personnelle de Pagnol aura joué. Il semblait avoir une relation tout à fait fusionnelle avec sa mère, décedée quand il avait 15 ans. Au point de se brouiller avec son père quand celui-ci se remarie deux ans plus tard avec la gouvernante de ses enfants. Pagnol aura une vie amoureuse aventureuse. Cherchait il la mère dans ses amours ?

Quoi qu'il en soit, la vivacité des sentiments, le vigeur du verbe et le réalisme du cadre font de Fanny l'incontournable successeur de Marius.


Commenter  J’apprécie          355
Dans ce deuxième volet de la trilogie de Pagnol, Fanny est dorénavant devenue Madame Panisse. Bien qu'elle n'en ai que 20 et lui la cinquantaine bien passée, elle a fait ici un mariage de raison et non un mariage d'amour car, à l'époque où se déroule l'histoire, à savoir dans les années '1930, il n'était pas bien vu qu'une jeune fille, de dix-huit ou vingt ans à peine, se retrouve enceinte et ce, sans père. On la considérait alors comme une "fille perdue" et elle faisait, par la même occasion, le déshonneur de toute sa famille. Certes, aujourd'hui, les choses ont bien changé et évolué (et heureusement d'ailleurs) mais là, le lecteur doit se replacer dans le contexte de l'époque et comprendre la réaction des différents personnages (en particulier la mère de Fanny, Honorine, sa tante Claudine mais surtout, Fanny elle-même qui accepte d'épouser un homme qu'elle n'aime pas et qui aurait l'âge d'être son père avec le seul espoir que sa mère ne la répudie pas).

Une pièce en trois actes, remplie d'amour et d'émotion cette fois-ci, encore plus que dans le premier volet qui était plus basé sur l'humour, notamment lors des scènes au "bar de la marine" car ici, il est question d'un enfant et cela est une chose si sérieuse, un petit être si fragile qui n'a pas demandé à vivre mais qui est néanmoins, ici, et de toutes les façons imaginables, non pas un "bâtard" mais un enfant de l'amour, un sujet dont on ne peut pas prendre à la légère.

Une pièce émouvante donc, toujours aussi bien écrite, avec des passages très sérieux mais d'autres qui prêtent tout de même à sourire. A découvrir sans faute !
Commenter  J’apprécie          340

Citations et extraits (84) Voir plus Ajouter une citation
M. Brun : Si cet homme veut naviguer, vous n'avez pas le droit de l'en empêcher !

César : Mais s'il veut naviguer, qu'il navigue, bon Dieu ! Qu'il navigue où il voudra, mais pas sur l'eau !
Commenter  J’apprécie          84
CÉSAR : Vous pensez si je le connais ! Mais tout le monde le connaît, ici. C'est l'ancien bateau du docteur Bourde. Depuis, il a eu au moins quinze propriétaires !
PANISSE (Il fait signe à César de se taire.) : Allons, César, allons !
M. BRUN : Ah ! C'est curieux.
CÉSAR (goguenard.) : Oui, c'est curieux. Mais le bateau lui-même est encore bien plus curieux.
M. BRUN : Et pourquoi ?
CÉSAR (à Panisse) : Comment, tu ne l'as pas averti ?
M. BRUN : Mais de quoi ?
PANISSE (gêné.) : Écoutez, monsieur Brun. J'ai peut-être oublié de vous dire qu'il est un peu jaloux.
M. BRUN : César est jaloux ?
PANISSE : Non, le bateau est jaloux. Ça veux dire qu'il penche facilement sur le côté, vous comprenez ?
M. BRUN : Et il penche… fortement ?
PANISSE : Non, monsieur Brun. Non.
CÉSAR : C'est-à-dire que quand on monte dessus, il chavire, mais il ne fait pas le tour complet, non ! Dès qu'il a la quille en l'air, il ne bouge plus. Il faut même une grue pour le retourner du bon côté !
M. BRUN : Oh ! mais dites donc ! Et ça lui arrive souvent ?
PANISSE : Mais non, monsieur Brun. Mais non !
CÉSAR : C'est-à-dire que ce bateau est célèbre pour ça depuis ici jusqu'à la Madrague et qu'on l'appelle Le Sous-Marin.
M. BRUN : Allons, César, vous plaisantez !
PANISSE : Mais certainement, qu'il plaisante ! Il est certain que ce bateau a chaviré, quelquefois, parce qu'il n'était pas lesté comme il faut — et puis, il faut savoir s'en servir, parce que c'est un fait qu'il est jaloux.
M. BRUN : C'est curieux, parce qu'il n'en a pas l'air.
CÉSAR : Oh ! non, il n'en a pas l'air, mais c'est un petit cachottier.
M. BRUN (à César.) : Alors, vous prétendez que dès que je mettrai le pied dessus, ce bateau va chavirer ?
CÉSAR : C'est probable, mais ce n'est pas sûr. Après tout, il a tellement chaviré que peut-être maintenant il en est dégoûté. Il ne voudra plus, té.
M. BRUN : Quelle blague ! Et pourquoi chavirerait-il systématiquement ?
CÉSAR : Parce qu'il a une hélice trop grosse pour lui ; elle prend trop d'eau. Alors, si vous forcez la vitesse, au lieu que ça soit l'hélice qui tourne, c'est le bateau — et alors, il se dévire.
PANISSE : Mon cher César, tes plaisanteries sont ridicules. Ce bateau-là, monsieur Brun ne l'a pas fait faire sur commande ; et il ne l'a pas payé au prix d'un canot inchavirable. Il l'a payé 1500 francs ; c'est une occasion !
M. BRUN : Vous ne trouvez pas qu'à ce prix-là, même avec ses défauts, c'est une belle occasion ?
CÉSAR : Oh ! oui ! C'est une belle occasion de se noyer.
M. BRUN : Voyons, Panisse, vous connaissez fort bien ce bateau, et c'est vous qui me l'avez fait acheter. Franchement, est-ce que ce bateau chavire ?
PANISSE : Mais, mon cher monsieur Brun, les royaumes chavirent, les jolies femmes chavirent et nous finirons tous par chavirer au cimetière ! Tous chavire dans la nature et, naturellement, surtout les bateaux.

Acte II, Scène 3.
Commenter  J’apprécie          350
PANISSE : Voilà la toile que je vous ai choisie. Touchez-moi ça, monsieur Brun, ça a du corps, c'est léger, c'est solide, et ça ne mouille pas dans l'eau. Et regardez-moi le grain.
M. BRUN : Oui, ça me paraît bien, mais c'est un peu raide, vous ne trouvez pas ?
PANISSE : Écoutez, monsieur Brun : c'est une voile, que vous voulez ou bien un pantalon pour madame ? Si c'est un pantalon, ne prenez pas ça. Mais pour une voilure, je vous le conseille : une voile, ça supporte de l'épaisseur. Et puis, cette toile, ça va vous faire des voiles qui vont claquer dans le vent : chaque fois que vous changerez de bord, vous allez entendre s'envoler toute une compagnie de perdreaux. (Il imite le bruit d'une compagnie de perdreaux « Frr… Frr… ») C'est poétique.
M. BRUN : Oui, c'est poétique. Mais qu'est-ce que ça va me coûter, pour une voilure complète ?
PANISSE : Mille francs.
M. BRUN : C'est poétique, mais c'est cher.
PANISSE : Un tout petit, mais tout petit billet de mille francs. Le plus petit billet de mille francs possible.
M. BRUN : Qu'est-ce que c'est, le plus petit billet de mille francs possible ? Un billet de cent sous ?
PANISSE : Oou ! Non, non ! Je veux dire que, comparé à une voilure, c'est si petit un billet de mille francs, monsieur Brun ! Plié en quatre, c'est rien du tout ! Pensez que, pour ce petit bout de papier, je vous fais tout ça ! Réellement, c'est un cadeau entre amis.
M. BRUN : Un cadeau, pas précisément. Mais enfin, tout de même…

Acte II, Scène 2.
Commenter  J’apprécie          480
CÉSAR : Quand il est né, il pesait quatre kilos… quatre kilos de la chair de sa mère. Mais aujourd'hui, il pèse neuf kilos, et tu sais ce que c'est, ces cinq kilos de plus ? Ces cinq kilos de plus, c'est cinq kilos d'amour. Et pourtant, c'est léger l'amour ! C'est une chose qui vous environne, qui vous enveloppe, mais c'est mince et bleu comme une fumée de cigarette. Et il en faut pour faire cinq kilos… Moi, j'en ai donné ma part ; elle aussi. Mais celui qui a donné le plus (il montre la porte par où Panisse est parti), c'est lui. Et toi, qu'est-ce que tu as donné ?
MARIUS : La vie.
CÉSAR : Oui, la vie. Les chiens aussi donnent la vie… Les taureaux aussi donnent la vie à leurs petits. Et d'ailleurs cet enfant, tu ne le voulais pas. Ce que tu voulais, c'était ton plaisir. La vie, ne dis pas que tu la lui as donnée. Il te l'a prise : ce n'est pas pareil.
MARIUS : Comment ! toi aussi ! Mais, nom de Dieu, qui c'est le père ? Celui qui a donné la vie ou celui qui a payé les biberons ?

Acte III, Scène 10.
Commenter  J’apprécie          581
LE CHAUFFEUR : Chaque fois que le facteur passe là-devant sans s'arrêter, c'est une scène de tragédie. Oui, monsieur Brun, de la tragédie. Il devient pâle comme la mort. Et quand il n'y a personne dans le bar, il vient regarder ce chapeau.
PANISSE : Oui, le chapeau de Marius.
LE CHAUFFEUR : Il est resté là depuis le départ. Il lui parle, il lui dit des choses que ça vous met les larmes aux yeux. C'est vrai que moi je suis beaucoup sensible…
PANISSE : Peuchère ! Et la petite Fanny, c'est la même chose !
LE CHAUFFEUR : Oh ! elle, elle va sûrement mourir d'estransi. Té, ils vont mourir tous les deux !
ESCARTEFIGUE : C'est curieux tout de même que son fils ne lui ait pas encore écrit.
M. BRUN : Mais non, capitaine, c'est tout à fait naturel. Il est parti sur un voilier, et leur première escale, c'est Port-Saïd. Il est donc logique de penser que sa première lettre…
LE CHAUFFEUR : Attention, le voilà…
M. BRUN : Cet homme-là va certainement mourir de chagrin.
PANISSE : Écoutez, monsieur Brun, il ne mourra pas, non. Mais si cette lettre tarde encore quinze jours, il deviendra fada. Tu verras ce que je te dis.
ESCARTEFIGUE : Oh ! je le crois ! il va de plus en plus pire. Moi, j'en ai connu un comme ça, que son cerveau se ramollissait… Ça se fondait tout, là-dedans… Et à la fin, quand il remuait la tête, pour dire « non », eh bien, on entendait « flic-flac… flic-flac… ». Ça clapotait.
M. BRUN : Voilà un cas extrêmement curieux.

Acte I, Premier tableau, Scène 2.
Commenter  J’apprécie          390

Videos de Marcel Pagnol (101) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcel Pagnol
Extrait du livre audio « La Gloire de mon père » de Marcel Pagnol. Parution numérique le 17 avril 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/la-gloire-de-mon-pere-souvenirs-denfance-i-9791035414238/
Dans la catégorie : Littérature dramatiqueVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues romanes. Littéraure française>Littérature dramatique (842)
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus



Lecteurs (5014) Voir plus



Quiz Voir plus

L'univers de Pagnol

Quel est le nom de la mère de Marcel Pagnol?

Marie
Augustine
Rose
Il n'a pas de mère

9 questions
125 lecteurs ont répondu
Thème : Marcel PagnolCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..