Zaïre, tragédie
De Voltaire, leçon de tolérance, date de 1732 et se passe à Jérusalem à l'époque où, comme le père de
Cervantès, de nombreux Européens étaient capturés comme esclaves et emmenés de force en Orient, soit pour peupler les harems, soit pour les libérer contre rançon, soit pour les incorporer de force dans l'armée comme janissaires.
Zaïre et Fatime ont été emmenées très jeunes en esclavage par les Sarrasins. Fatime, plus âgée, est demeurée chrétienne tandis que
Zaïre, qui ne se rappelle pas son enfance, a été élevée en musulmane. Orosmane, sultan de Jérusalem propose à
Zaïre d'être sa seule épouse, et cet amour est partagé. Pendant ce temps, Nérestan, chevalier chrétien a été envoyé en Europe selon la coutume de l'époque, pour obtenir la rançon permettant de libérer dix prisonniers, mais il n'est pas question de libérer
Zaïre dont Nérestan semble lui aussi amoureux. Au deuxjème acte, on sort le vieux Lusignan de la prison où il a passé vingt ans, lui qui ne se remet toujours pas d'avoir perdu la trace de ses deux enfants, quand des indices lui révèlent que Nérestan et
Zaïre sont ses enfants. Au troisième acte, le père se meurt, et fait jurer à
Zaïre qu'elle se fera baptiser et gardera le secret. Orosmane la presse de le suivre pour la cérémonie nuptiale, mais
Zaïre tergiverse. le sultan, jaloux, décide d'oublier
Zaïre qui du coup désespère. Fidèle à son serment, elle ne peut lui expliquer la situation. Nérestan, frère de
Zaïre lui fixe un rendez-vous pour le baptême, mais le billet est intercepté et on essaie de faire croire à Orosmane que
Zaïre le trahit.
Zaïre se rend au rendez-vous de son frère et Osmane la poignarde. Il fait venir Nérestan dont il veut aussi se venger, et celui-ci lui révèle qu'il s'agissait seulement d'accomplir la dernière volonté de son père, le baptême. Orosmane, horrifié, se tue pour expier, après avoir fait libérer tous les chrétiens et ordonné que le corps de
Zaïre soit ramené en France.
Zaïre, personnage central est toute de douceur dans cette tragédie où il n'y a pas de méchants. Orosmane a des traits d'Othello, pièce que
Voltaire a vu en Angleterre, mais il est généreux et expie. La reconnaissance d'enfants est un thème fort employé à l'époque.
Quelques vers de
Zaïre parmi les plus connus :
Pour moi, des Sarrasins, esclave en mon berceau,
La foi de nos chrétiens me fut trop tard connue (vers 116-117)
Peut-être sans l'amour, j'aurais été chrétienne
Peut-être qu'à ta loi, j'aurais sacrifié (134-135).
Et Osmane, prémonitoire
Je ne suis point jaloux … si je l'étais jamais
Si mon coeur… Ah ! chassons cette importune idée (308-309).
Le voilà donc connu ce secret plein d'horreurs (1271).