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Jean Goldzink (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080711847
394 pages
Flammarion (09/01/2004)
3.53/5   80 notes
Résumé :
Rien n'approche, dans l'histoire du théâtre, le naufrage du répertoire voltairien après un siècle de gloire, qui l'égala à Corneille et Racine, et le fit jouer dans tout le monde occidental, d'Amérique en Russie. Dans notre mémoire, l'ironie a terrassé le pathétique, la prose le vers, sans pour autant sauver les comédies, où le rire se mêle d'ailleurs aux larmes. À elle seule, la curiosité devant des métamorphoses aussi inouïes, un désastre aussi saisissant, devrait... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Écrite en 1732, cette tragédie en 5 actes mets en scène Zaïre, une jeune chrétienne élevée en terre musulmane et Orosmane, un sultan épris d'un amour fou pour la jeune et belle Zaîre. La pièce se déroule dans une Jérusalem déroutante, au temps des Croisades. Voltaire y voit donc le moment parfait pour aborder deux thèmes qui lui sont chers : la tolérance et la relativité des religions. Précurseur non ? En tous cas, opportun dans un temps d'aujourd'hui qui laisse facilement la place à l'intolérance et l'incompréhension.
Bien que je lève bien haut mon chapeau pour ce texte écrit en alexandrin, je n'ai pas malheureusement pas été aussi emballé qu'à la lecture d'autres textes, Candide ou Zadig par exemple. Voltaire ne m'a pas charmé avec ses personnages auxquels je n'ai pu en aucun cas m'identifié. Mais ça reste tout de même un texte fort, qui soulève bien des questions relatives à la religion. Et qui dit tragédie, dit finale à couper le souffle… Bref, un texte à lire, que je suis contente d'avoir lu, mais qui ne me marquera pas autant que d'autres…
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Je n'avais pas relu Zaïre depuis des décennies et la seule chose dont je me souvenais était "Zaïre, vous pleurez?" (pas de la grande poésie mais un joli retour du réel).

Me voilà lancée dans cette tragédie qui commence vraiment (en tant que tragédie) au deuxième acte seulement (jusque-là, tout se passe très bien) avec la grande scène de reconnaissance qu'on trouve généralement à la fin. Car après les exclamations d'usage "Mon père!", "Ma fille!", le loup sort du bois : le père exige que sa fille se convertisse à la religion chrétienne alors qu'elle a été élevée comme musulmane et qu'elle garde le silence à ce sujet. Et voici Zaïre prise au piège. Car bien sûr, Orosmane, son amant, ne comprend pas pourquoi elle se dérobe soudainement à lui et, comme il a tendance à être jaloux, il s'enfonce petit à petit dans une jalousie furieuse qui le conduira à la tuer.

Dans cette pièce qui se penche sur la religion et la jalousie, Voltaire pose les rôles de façon originale. Certes, le "Turc" Orosmane est furieusement jaloux selon la tradition mais il est ouvert aux idées modernes et les plus intransigeants sur la religion sont les chrétiens, tous plus exaltés les uns que les autres. On ne peut pas parler de fanatisme comme dans le fanatisme ou Mahomet mais on n'en est pas loin. Or Voltaire condamne fermement le fanatisme quel qu'il soit. Pour lui, c'est le lieu où l'on est né et éduqué qui détermine la religion dans laquelle on se reconnaît : un certain relativisme donc.

Cette pièce est un mélange d'obéissance aux règles de la tragédie comme au XVIIe siècle et d' originalités (ne serait-ce que le sujet, totalement nouveau) qui la rendent très agréable à lire.
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Zaïre, tragédie De Voltaire, leçon de tolérance, date de 1732 et se passe à Jérusalem à l'époque où, comme le père de Cervantès, de nombreux Européens étaient capturés comme esclaves et emmenés de force en Orient, soit pour peupler les harems, soit pour les libérer contre rançon, soit pour les incorporer de force dans l'armée comme janissaires.

Zaïre et Fatime ont été emmenées très jeunes en esclavage par les Sarrasins. Fatime, plus âgée, est demeurée chrétienne tandis que Zaïre, qui ne se rappelle pas son enfance, a été élevée en musulmane. Orosmane, sultan de Jérusalem propose à Zaïre d'être sa seule épouse, et cet amour est partagé. Pendant ce temps, Nérestan, chevalier chrétien a été envoyé en Europe selon la coutume de l'époque, pour obtenir la rançon permettant de libérer dix prisonniers, mais il n'est pas question de libérer Zaïre dont Nérestan semble lui aussi amoureux. Au deuxjème acte, on sort le vieux Lusignan de la prison où il a passé vingt ans, lui qui ne se remet toujours pas d'avoir perdu la trace de ses deux enfants, quand des indices lui révèlent que Nérestan et Zaïre sont ses enfants. Au troisième acte, le père se meurt, et fait jurer à Zaïre qu'elle se fera baptiser et gardera le secret. Orosmane la presse de le suivre pour la cérémonie nuptiale, mais Zaïre tergiverse. le sultan, jaloux, décide d'oublier Zaïre qui du coup désespère. Fidèle à son serment, elle ne peut lui expliquer la situation. Nérestan, frère de Zaïre lui fixe un rendez-vous pour le baptême, mais le billet est intercepté et on essaie de faire croire à Orosmane que Zaïre le trahit. Zaïre se rend au rendez-vous de son frère et Osmane la poignarde. Il fait venir Nérestan dont il veut aussi se venger, et celui-ci lui révèle qu'il s'agissait seulement d'accomplir la dernière volonté de son père, le baptême. Orosmane, horrifié, se tue pour expier, après avoir fait libérer tous les chrétiens et ordonné que le corps de Zaïre soit ramené en France.
Zaïre, personnage central est toute de douceur dans cette tragédie où il n'y a pas de méchants. Orosmane a des traits d'Othello, pièce que Voltaire a vu en Angleterre, mais il est généreux et expie. La reconnaissance d'enfants est un thème fort employé à l'époque.

Quelques vers de Zaïre parmi les plus connus :
Pour moi, des Sarrasins, esclave en mon berceau,
La foi de nos chrétiens me fut trop tard connue (vers 116-117)

Peut-être sans l'amour, j'aurais été chrétienne
Peut-être qu'à ta loi, j'aurais sacrifié (134-135).

Et Osmane, prémonitoire

Je ne suis point jaloux … si je l'étais jamais
Si mon coeur… Ah ! chassons cette importune idée (308-309).

Le voilà donc connu ce secret plein d'horreurs (1271).
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Après l'Antiquité, Voltaire s'attaque au Moyen-Age, nous sommes à Jérusalem, conquise par les Musulmans, au XIIIe siècle. Si le personnage de Saint Louis, cité dans la pièce, est vraiment historique, il n'en est pas de même pour la plupart des protagonistes de la pièce : Orosmane (soudan de Jérusalem), Nérestan, Zaïre... sont issus de l'imagination de l'auteur de Candide. Une intrigue amoureuse est au premier plan. Zaïre, d'origine chrétienne, a été élevée comme captive par Orosmane. Qui veut l'épouser. Nérestan, un chevalier français vient racheter des captifs chrétiens, dont Zaïre, qu'Orosmane refuse de rendre, comme Lusignan, dernier roi chrétien de Jérusalem. Zaïre est amoureuse d'Orosmane, mais il se révèle qu'elle est fille de Lusignan et soeur de Nérestan. Elle est placée devant un dilemme, alors qu'Orosmane est dévoré de jalousie vis à vis de Nérestan.

La pièce eût un grand succès, et reste une des oeuvres dramatiques de Voltaire parmi les plus connues.

J'ai eu un peu de mal avec toutes les invraisemblances historiques de la pièce, ce côté couleur locale datée forcément. La façon dont chaque époque se représente les époques révolues vieillit souvent très mal.

A part cette restriction, la pièce est incontestablement plus réussie qu'Oedipe. L'histoire est plus simple dans son déroulé, sans ornementations trop exagérées, les personnages ont une cohérence chacun dans son genre. Il y a vraiment de beaux vers par moments. On trouve une vision de la religion assez intéressante, qui même si c'est de façon implicite, montre à quel point il ne s'agit pas réellement d'un choix, mais d'une question de lieu, de milieu de naissance, de valeurs dominantes dans une société. Les oppositions que les religions provoquent semblent bien artificielles et menant à des tragédies qui n'ont pas lieu d'être. On retrouve donc le Voltaire philosophe que l'on connaît d'ailleurs. J'ai du mal à m'expliquer la réputation de tragédie chrétienne attribuée à la pièce, qui transmet une vision bien plus subtile que cette dénomination ne le laisserait supposer.
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Le grand, l'immense, l'universel Voltaire est connu pour ses contes, ses lettres et ses essais, mais il est aussi souvent ignoré pour ses pièces théâtrales. Pourtant, de son vivant, Voltaire était l'un des auteurs dramatiques les plus joués et encensés. Pourquoi cette large part de son oeuvre, plus importante et digne d'intérêt aux yeux de son créateur, souffre-t-elle aujourd'hui, et ce depuis la moitié du XIXe siècle, d'un désintérêt patent, autant chez les lecteurs que chez les artistes et professionnels du spectacle vivant ? C'est à cette question que tente de répondre Jean Goldzink dans la préface à l'édition de quatre pièces voltairiennes : "Zaïre", "Le Fanatisme ou Mahomet le prophète", "Nanine ou l'Homme sans préjugé" et "Le Café ou l'Ecossaise".
Je retiendrai de cette belle analyse le fait que ce désintérêt s'explique essentiellement par l'inévitable comparaison que les amateurs de drames et de comédies ont pu établir dans le temps avec les oeuvres d'un Racine ou d'un Molière. Comparaison due à l'admiration de Voltaire pour le Grand Siècle, le poussant à vouloir refaire du classique, à égaler des oeuvres parfaites ou presque parfaites. Malgré la qualité esthétique de ses pièces, on ressent à leur lecture un certain décalage entre leur forme et leurs imaginaires.
Cet anachronisme de structure masque pourtant ce qui fait le sel des oeuvres voltairiennes, l'impertinence, la liberté de ton et l'esprit frondeur d'un philosophe toujours prêt à porter le flambeau de la raison et de la tolérance au coeur des âmes les plus obtuses.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Zaïre:
Hélas! Suis-je en effet, ou Française, ou sultane?
Fille de Lusignan, ou femme d'Orosmane?
Suis-je amante, ou chrétienne? Ô serments que j'ai fait!
Mon père, mon pays, vous serez satisfaits.
Fatime ne vient point. Quoi! Dans ce trouble extrême,
L'univers m'abandonne! on me laisse à moi-même!
Mon cœur peut-il porter seul et privé d'appui,
Le fardeau des devoirs qu'on m'impose aujourd'hui?
À ta loi, Dieu puissant, oui, mon âme est rendue;
Mais fais que mon amant s'éloigne de ma vue.
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Zaïre:
Je le vois trop: les soins qu'on prend de notre enfance,
Forment nos sentiments, nos moeurs, notre créance.
J'eusse été près du Gange esclave de faux dieux,
Chrétienne dans Paris, musulmane en ces lieux.
L'instruction fait tout; et la main de nos pères
Grave en nos faibles coeurs ces premiers caractères,
Que l'exemple et le temps nous viennent retracer,
Et que peut-être en nous Dieu seul peut effacer.
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MAHOMET - Téméraire,
On devient sacrilège alors qu’on délibère.
Loin de moi les mortels assez audacieux
Pour juger par eux-mêmes, et pour voir par leurs yeux.
Quiconque ose penser n’est pas né pour me croire.
Obéir en silence est votre seule gloire.
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L'esclave:

Seigneur,
On n'a jamais senti de si vives alarmes.
Elle a pâli, tremplé, ses yeyux versaient des larmes;
Elle m'a fait sortir, elle m'a rappelé,
Et d'une voix tremblante, et d'un coeur tout troublé,
Près de ces lieux, seigneur, elle a promis d'attendre
Celui qui, cette nuit, à ses yeux doit se rendre.
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Cher amant, ce matin l’aurais-je pu prévoir,
Que je dusse aujourd’hui redouter de te voir ?
Moi, qui de tant de feux justement possédée,
N’avais d’autre bonheur, d’autre soin, d’autre idée,
Que de t’entretenir, d’écouter ton amour,
Te voir, te souhaiter, attendre ton retour ?
Hélas ! et je t’adore ; et t’aimer est un crime.
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