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Alzir Hella (Traducteur)Silvain Reiner (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782253153719
288 pages
Le Livre de Poche (29/09/2010)
4.38/5   178 notes
Résumé :
Ce précieux document était devenu introuvable depuis près de cinquante ans ! À partir du conflit exemplaire entre Sébastien Castellion (1515 - 1563) et Calvin, Stefan Zweig nous fait vivre un affrontement qui déborde de beaucoup son cadre historique. Cette cause nous intéresse tous : liberté et tolérance contre intégrisme.
Si Stefan Zweig finit de rédiger ce texte prémonitoire en 1936, en pleine montée du fascisme, il faut y voir un sens profond. En effet, co... >Voir plus
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Je n'ai pas choisi de lire ce livre ; il m'a été offert par un ami. Ce qui m'avait d'ailleurs étonnée vu que je n'avais jamais évoqué un intérêt pour Calvin dont je ne savais rien de plus que le nom.
Cet ouvrage a donc été pour moi, riche d'enseignement. Je sais, désormais, qui était Calvin, qu'à juste titre Stefan Zweig a associé à "Violence" ; et découvert Castellion, la "Conscience".

Grand moment de réflexion en ce qui me concerne, durant lequel je n'ai pu m'empêcher de faire un transfert sur notre société actuelle. Me réjouissant que torture et peine de mort n'existent plus, mais m'interrogeant sur cette difficulté encore présente d'émettre des idées, voire même de simples nuances, en contradiction avec une certaine dictature de la pensée toujours en oeuvre.
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Durant deux siècles, Genève, héritière sans recul d'un Calvin puritain, froid et inflexible, ne produira ni artiste, ni musicien ni écrivain de réputation mondiale, nous dit Zweig.
Calvin, émigré français, comme Sébastien Castellion, ont, par leur appartenance au protestantisme, réussi à fuir l'Inquisition papale. Cependant l'un, Calvin, tranche et décide de ce que les autres, tous les autres, doivent penser, sous peine de mort,-« il faut ou le combattre ou se soumettre à lui- » l'autre, Castellion, pense, a le courage de dire ce qu'il pense, sait parfaitement combien il est dangereux de penser, ne prétend pas que les autres pensent obligatoirement comme lui.

Ce sont les pires ennemis de l'intelligence, dit Zweig- qui toujours compare les faits à leur modèle universel, et s'appuie sur l'intolérance de Calvin pour analyser le sectarisme-ceux qui voudraient que des hommes libres soient dénoncés comme criminels. Leur crime ? Penser, différemment de Calvin.
Calvin, comme Robespierre, ascètes l'un comme l'autre, incorruptibles, irréprochables, insensibles au plaisir, forment le terreau du dictateur.
Calvin prend possession des âmes de la ville de Genève, ne tolère ni couleur, sauf le noir, ni musique, ni danse, ni divertissement, au nom d'un Dieu qui doit être craint, respecté, pas fêté, car même les fêtes pieuses sont trop.
La Terreur règne à Genève, avec l'assentiment du Consistoire : elle règne dans les coeurs et dans les maisons, que Calvin fait fouiller avec méthode : friandises, confiture, images saintes, ce sont des crimes, l'obligation d'assister à la messe dans des églises épurées, grises, où rien ne vient distraire le croyant obligé, est vérifiée par espions.
Gestapo des moeurs, naissance des dénonciations.
« Qu'on ne se fasse pas d'illusions, la terreur paralyse. La violence est une force redoutable », que Calvin, avec hypocrisie, férocité, lâcheté et mensonges utilisera à son profit : son profit, c'est que tout le monde pense comme lui.
Hypocrite, impitoyable et féroce, lorsqu'il essaie de livrer à l'Inquisition catholique, ce Michel Servet, protestant espagnol qui ne pense pas comme lui, (il refuse le concept de la Trinité, je suis toute confuse de vous livrer une telle aberration ), lorsqu'il fabrique de fausses preuves contre cet innocent.
Servet, prisonnier sans procès, sans fautes à se reprocher, Servet est torturé, abandonné dans un cachot, présenté dans ses hardes souillées, et condamné à être le lendemain brulé vif sur la place du Marché de Champel de Genève.

Castellion, lui, professeur à l'Université de Bâle, est persuadé que, d'abord, tuer c'est tuer, il n'existe pas de crime « pour des idées ».
Il est persuadé, aussi, même s'il a conscience qu'il est un moucheron face à un éléphant, qu'il peut dialoguer avec Calvin, qu'il peut non pas le convaincre, mais radoucir son intransigeance.
Zweig aimerait bien conclure que la liberté spirituelle ne peut être détruite par aucune violence, que celui qui l'exerce n'a jamais convaincu personne ; sauf que la montée du nazisme le fait douter de ce qu'il affirme. de plus les idées du calvinisme avec son puritanisme, son obéissance au dogme, sa sobriété s'est implanté, a fructifié dans des pays comme la Hollande ou l'Angleterre, et a favorisé le capitalisme aux Etats Unis en particulier.
Lueur d'espoir cependant : le protestantisme a, aussi, par la plus étrange des métamorphoses, enfanté l'idée de la liberté politique. C'est en Hollande que Spinoza et Descartes trouvent refuge.
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C'est très fort, dans tous les sens du terme !
Je vais prendre cette critique d'un toujours merveilleux Zweig avec ma façon particulière de voir les choses, façon que certains connaissent maintenant.
Nous sommes dans les années 1540, en Suisse.
--La violence, c'est le Ventre, l'intolérance, le dogmatisme, c'est, à mon grand étonnement, le Français réformé Jean Calvin, celui qui a achevé la Réforme initiée par Luther. Il est bien connu.
--La conscience, c'est le Coeur, la tolérance, le respect, c'est l'autre Français réformé Sébastien Castellion, érudit et théologien peu connu, mais plus cultivé et plus fin que Calvin, selon Voltaire.
--« Contre », c'est une guerre à mort entre eux deux, en utilisant « le Cerveau », un outil utile pour faire évoluer l'humanité en avant comme en arrière ; un accélérateur des positions du « Coeur », mais aussi du « Ventre ».

A mort ? Oui. Bien que ce soit une controverse théologique, et que cela, Stefan Zweig nous démontre, avec tout son talent, ses archives, ses émotions, et sa façon captivante de raconter, que cette « guerre intellectuelle » devient progressivement une chasse à mort !
Chasse à mort ? Hélas oui.
Mais attends, Jean Calvin, n'y a t-il pas écrit dans ta Bible : « Tu ne tueras point » ?
Calvin, qui n'admet que SA vérité, ne tolère aucune contestation de ses idées à Genève, théocratie qu'il a bâtie, et dans toute la religion réformée qu'il a structurée. Avec une hypocrisie sans pareil, il va utiliser les mêmes armes que le grand adversaire, l'inquisition catholique que les réformés ont critiquée au départ.
L'allumette qui fait exploser la controverse, c'est le calvaire que Michel Servet subit de la part de Calvin.
Castellion accuse Calvin d'avoir fait brûler vif le théologien réformé Michel Servet pour avoir contesté ses écrits. Passant outre les instances religieuses, et trouvant un motif laïque pour le faire juger civilement, Maître Calvin a réussi à faire brûler Servet pour "écrits hérétiques". Castellion lui adresse un mémoire très respectueux, mais très érudit sur la tolérance : ce n'est pas un crime physique ; il ne s'agit que de controverses théologiques !
Que n'a t-il pas fait là ! Il devient la bête noire de Calvin ( ils sont pourtant de la même religion ), qui n'a de cesse de le harceler jusqu'à sa mort.
.
Certes, Jean Calvin a élevé le protestantisme au rang de religion européenne, mais il est l'instigateur de 58 morts déclarés hérétiques, selon Zweig, … et pire, l'essor de cette Réforme a été à l'origine d'une guerre de religions européenne, une sorte de guerre de Sécession Nord/Sud qui a duré une centaine d'années.

Lisez-le !
le comportement de Jean Calvin, décrit avec précision par Stefan Zweig, rappelle celui des plus célèbres dictateurs.
Mais :
« Il se trouvera toujours un Castellion pour s'insurger contre un Calvin et pour défendre l'indépendance souveraine des opinions contre toutes les formes de la violence. »
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L'enragé, le fou et le sage
OU
la (dé)raison.

C'est d'abord l'histoire de trois hommes. Trois hommes aux caractères bien différents - leurs attitudes dans le vie, leurs relations aux autres et leurs actions le sont donc aussi.

Calvin est de ces hommes, souvent très fragiles, qui doivent se renforcer de tout un appareillage de règles, d'interdits et de sanctions pour oser exister. Seul cet exosquelette leur donne la rigidité nécessaire pour tenir debout. Encore faut-il qu'ils ne soient pas trop bousculés par ce qui se passe autour d'eux. C'est ainsi qu'ils se sentent appelés à réglementer
la vie, non seulement la leur, mais aussi celle des autres. Commence alors une surenchère, car la sensibilité aux entorses du règlement qu'ils s'imposent croît avec sa sévérité et avec sa projection à l'extérieur, vers les autres. C'est analogue à ce que l'on voit chez les névrosés obsessionnels : plus ils essayent de controler leurs angoisses , plus celles-ci s'aggravent. Vouloir éteindre un incendie avec de l'essence. Il est de ces hommes qui arrivent à stabiliser cette spirale, et à se maintenir fonctionnels à ce niveau, au prix d'une discipline d'acier. Calvin en est. Et cette discipline, qui semble surtout avoir saisi la dimension spirituelle de son être, ce carcan d'acier, il veut l'imposer à tous. Malheur à qui lui résiste !

Servet, lui aussi, est un homme mû par quelque chose, l'on ne sait pas trop quoi. Toujours est-il qu'il veut exister aux yeux des autres. Il veut qu'on le remarque ! Il aime la provocation, il aime la bagarre, il aime le défi. C'est quelqu'un qui se veut héroïque! Il se voit mener les autres à la vérité, celle que lui seul, ou lui en tout premier, a découvert. de préférence une vérité choquante, révolutionnaire. C'est plus voyant, et tant mieux si c'est plus risqué, donc plus méritoire. Ah, si seulement on le croyait, si seulement on reconnaissait en lui ce génie, ce meneur, ce pionnier qu'il veut être ! ... Si seulement il avait choisi une autre voie que celle des controverses théologiques. Si seulement il n'avait pas défié, encore et toujours, Calvin . Car ce Capitaine Fracasse n'a vraiment pas idée de qui est celui qu'il attaque, et de quoi il est capable. Jusqu'aux dernières heures, il croira pouvoir vaincre, en le provoquant, le toisant et le sermonnant. C'est à peine s'il ne meurt pas étonné.

Castellion n'est ni un homme fragile ni un excité. Un chercheur, calme, posé. Un homme équilibré au milieu d'un monde qui commence à sombrer dans la folie. Il cherche à faire le bien, veut mettre en pratique
ce que ses recherches lui ont appris. Justement, il n'est pas encombré des bagages toxiques que traîne Calvin, et sans doute aussi Servet. Pour lui, l'image divine n'est pas celle d'un tortionnaire - et sa recherche n'est pas un sport de compétition - mais l'image d'un être aimant. Un être qui a choisi de se proposer plutôt que de dominer. de se proposer à l'homme, qui est son chef-d' oeuvre. Humaniste chrétien, c'est avec une horreur croissante qu'il assiste à ce qui prend forme autour de lui. Il fait ce qu'il peut : il écrit, il enseigne. Il dénonce, il défend, et il subit. Non, il ne sera pas exécuté, comme ce Servet qu'il a essayé de défendre : la nature a pris le bourreau de vitesse, le travail et les privations ayant finalement raison de lui, à quarante-huit ans.

Ceci n'est pas un livre qui dénoncerait la religion ou les religions ou une religion. C'est une dénonciation de l'asservissement de l'homme par l'homme. Asservissement opéré par des structures de pouvoir, structures qui, souvent, utilisent l'un ou l'autre système de pensée - idéologie, philosophie ou théologie - pour légitimer leurs actions. Ce n'est guère difficile, ils ont le choix. Et tout système peut se déformer, se pervertir s'il veut servir un pouvoir. Zweig écrit ce livre en 1936, deux ans après avoir fui l'Autriche, anticipant la marée noire qui allait submerger l'Europe. Il est clair qu'il ne pensait pas tant aux oppresseurs du seizième siècle qu'à ceux du vingtième.







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Ce livre de Stefan Zweig, «Conscience contre violence», publié en mai 1936 lui a été commandé par Jean Schorer pasteur à la cathédrale Saint pierre de Genève qui défendait le protestantisme plein de tolérance de Sébastien Castellion contre l'intransigeance dogmatique de Calvin.
Stefan Sweig nous dépeint Calvin un peu comme un autre Savonarole. 
Sébastien Castellion, théologien protestant né en Savoie, que les bûchers de l'Inquisition catholique ont fait se tourner vers Calvin qu'il rencontre à Strasbourg en 1540, va se dresser contre lui à partir du moment où il se heurte à son manque d'ouverture et que la dictature spirituelle qu'il instaure va conduire à rallumer les bûchers, de l'Inquisition protestante cette fois-ci, dont va être victime le docteur espagnol Michel Servet brûlé vif pour hérésie à Genève le 27 octobre 1553 (Il écrit que Jésus n'est pas Dieu, mais un homme auquel l'essence divine s'est alliée temporairement et il rejette la Trinité).

«La postérité ne pourra pas comprendre que nous ayons dû retomber dans de pareilles ténèbres après avoir connu la lumière.» Sébastien Castillon (épigraphe de "Conscience contre violence")

La belle et courageuse voix de Sébastien Castellion tente de faire entendre, à travers ses écrits, la conscience d'un esprit libre et courageux face au caractère despotique de Calvin dont le but est «de museler, d'étouffer, de détruire toute opinion opposée à la sienne.»

Mais dans cette ville de Genève, où prédominent les interdits où il est juste permis aux bourgeois de la ville «d'exister et de mourir, de travailler, d'obéir et d'aller à l'église,...obligation légale, imposée sous peine des plus graves châtiments» où Calvin a la main mise sur le Conseil, Sébastien Castellion ne réussira pas à convaincre et à ébranler le pouvoir de Calvin.

Toutefois, si sa voix a été mise sous le boisseau par l'église réformée, elle ne s'est pas totalement éteinte. Il s'est trouvé au cours des siècles des humanistes pour vouloir réhabiliter cet homme de bien.
Mais l'emprise de Calvin demeure telle que même de nos jours un site internet a du être créé pour défendre en 2015 la commémoration des 500 ans de la naissance de Sébastien Castellion : Projet Castellion 2015: une réaction au Jubilé Calvin 09 www.castellion2015.ch/
Et Stefan Zweig de conclure en sachant par son expérience ce qu'il en coûte de vouloir garder un esprit libre et tenter de le faire entendre : «C'est en vain que l'autorité pense avoir vaincu la pensée libre parce qu'elle l'a enchaînée. Avec chaque individu nouveau naît une conscience nouvelle, et il y en aura toujours une pour se souvenir de son devoir moral et reprendre la lutte en faveur des droits inaliénables de l'homme et de l'humanité.»
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Citations et extraits (116) Voir plus Ajouter une citation
Mais l'histoire n'est qu'un perpétuel recommencement, une suite de victoires et de défaites ; un droit n'est jamais conquis définitivement ni aucune liberté à l'abri de la violence, qui prend chaque fois une forme différente. L'humanité se verra contester chacun de ses progrès, et l'évidence sera de nouveau mise en doute.
C'est justement au moment où la liberté nous fait l'effet d'une habitude et non plus d'un bien sacré qu'une volonté mystérieuse surgit des ténèbres de l'instinct pour la violenter ; c'est toujours lorsque les hommes jouissent trop longtemps et avec trop d'insouciance de la paix qu'ils sont pris de la funeste envie de connaître la griserie de la force et du désir criminel de se battre.
Car, dans sa marche vers son but invisible, l'histoire nous oblige de temps en temps à d'incompréhensibles reculs, et les forteresses héréditaires du droit s'écroulent comme les jetées et les digues les plus solides pendant une tempête ; en ces sinistres heures, l'humanité semble retourner à la fureur sanglante de la horde et à la passivité servile du troupeau. Mais après la marée, les flots se retirent ; les despotismes vieillissent vite et meurent non moins vite ; les idéologies et leurs victoires passagères prennent fin avec leur époque : seule l'idée de liberté spirituelle, idée suprême que rien ne peut détruire, remonte toujours à la surface parce que éternelle comme l'esprit. Si on la traque momentanément elle se réfugie au plus profond de la conscience, à l'abri de l'oppression. C'est en vain que l'autorité pense avoir vaincu la pensée libre parce qu'elle l'a enchaînée.
Avec chaque individu nouveau naît une conscience nouvelle, et il y en aura toujours une pour se souvenir de son devoir moral et reprendre la lutte en faveur des droits inaliénables de l'homme et de l'humanité ; il se trouvera toujours un Castellion pour s'insurger contre un Calvin et pour défendre l'indépendance souveraine des opinions contre les formes de la violence.
Avril 1936
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Même la plus pure vérité, quand on l'impose par la violence, devient un péché contre l'esprit.
Mais l'esprit est un élément mystérieux. Insaisissable et invisible comme l'air, il semble s'adapter docilement à toutes les formes et à toutes les formules. Et cela pousse sans cesse les natures despotiques à croire qu'on peut le comprimer, l'enfermer, le mettre en flacon. Pourtant toute pression provoque une contre-pression, et c'est précisément quand l'esprit est comprimé qu'il devient explosif : toute oppression mène tôt ou tard à la révolte.
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Malheureusement, c'est à Calvin que l'aveugle accorde sa confiance. C'est au réformateur le plus hardi et le plus radical ...qu'il s'adresse pour exposer son interprétation plus sévère et plus osée encore de la Bible...une correspondance s'établit entre eux par l'intermédiaire d'un libraire de Lyon...Avec une insistance et même une indiscrétion inouïes, il s'éfforce de gagner Calvin... Tout d'abord Calvin ne répond qu'en essayant sur un ton doctrinaire de le faire changer d'idée ... mais finalement il s'indigne tant contre la thèse hérétique que contre la façon arrogante dont il l'expose... mais il se refuse à disputer et à perdre son temps avec un inguérissable brouillon de ce genre... Pourtant le malheureux Don Quichotte s'obstine au lieu de se rendre compte à temps contre quelle muraille de fer il est allé se jeter avec sa frêle lance. C'est précisément celui qui ne veut rien savoir de lui qu'il veut gagner à tout prix à son idée et rien ne le détournera de son entreprise...

(pp.119-121)

...Servet n'est nullement ce "contempteur cyclopéen de l'Evangile" que décrira plus tard Calvin, ni le libre penseur et l'athée qu'on célèbre parfois aujourd'hui. Il est toujours resté dans le cadre de la religion...

(p.123-124)
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Une des choses qui font la force de Calvin, c'est de ne jamais avoir adouci la rigidité de ses premières formules... A l'âge de vingt-six ans, il a, comme Marx ou Schopenhauer, élaboré avant toute expérience sa conception du monde.

(p.34)

Grâce à son énergie indomptable, Calvin arrachera tout à lui, il réalisera impitoyablement sa revendication du pouvoir absolu et transformera par là une république démocratique en une dictature théocratique.

(p.38)

Jamais il ne concluera de compromis, car avoir raison est pour lui une nécessité vitale, au point qu'il ne peut comprendre ni concevoir qu'un adversaire puisse n'avoir pas tort.

(p.45)

C'est cette croyance absolue en soi, cette conviction de l'importance de sa mission, qui fait d'un homme un chef.Ce n'est jamais aux justes que les hommes...se soumettent, mais aux grands monomanes, qui n'ont pas peur de proclamer leur vérité comme la seule possible...

(p.46)
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Michel Servet... Ce n'est pas qu'extérieurement que cet Aragonais fluet, pâle, avec sa barbe en pointe, ressemble au long et maigre hidalgo de la Manche; intérieurement aussi il est brûlé de la même passion grandiose et grotesque qui le pousse à combattre pour l'absurde et à se jeter, dans son idéalisme aveugle, contre tous les obstacles de la réalité. Complètement dénué d'esprit critique, découvrant ou affirmant toujours quelque chose de nouveau, ce chevalier errant de la théologie se lance à l'assaut de tous les remparts et moulins à vent de l'époque. Seuls l'attirent la folle aventure, l'absurde, l'extraordinaire, le danger...

(p.112)
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Vidéo de Stefan Zweig
Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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