Citations de Françoise Bourdin (1310)
"L'amour aussi c'est une question d'habitude, un entraînement. Il faut savoir."
"L'on sort, sans autre but que de sortir, on suit,
Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes,
Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes."
(Paul Verlaine)
Incapable de soutenir le regard de son frère, Nils gardait la tête baissée et se tenait un peu voûté, les mains enfoncées dans les poches de son jean.
– Elle aurait pu venir elle-même ! lança Victor d'une voix dure.
– Elle n'a pas osé…
– Et toi, tu oses ?
Ils durent s'écarter un peu pour laisser sortir le déménageur qui emportait les derniers cartons. A chacun des ses passages, l'homme leur jetait un coup d’œil intrigué, devinant l'âpreté de leur querelle.
– Je ne sais pas quoi te dire, avoua Nils.
– Alors ne dit rien ! Va la retrouver, je suppose qu'elle t'attend ?
Nathan aurait pu se faire détester par les gens de la montagne. Bien au contraire, il était respecté, peut-être même admiré, car il était à la fois l’enfant prodige et l’ogre du pays.
Ah, j'aurais adoré être un rat de bibliothèque ! Je ne vois jamais le temps passer lorsque j'essaie un nouveau classement, parce que je ne peux pas m'empêcher d'ouvrir chaque volume que je touche, et de me mettre à lire...
C'est beau une fille qui lit un livre dans les transports en commun. Ces filles-là, on dirait que le monde autour d'elles n'existe plus. Elles ont le regard rivé à leur lecture et, chaque fois qu'elles tournent une page, elles le font de façon précipitée, comme si la lecture du prochain mot ou de la prochaine phrase à venir relevait d'une urgence. C'est cette urgence qui est belle, ce besoin absolu de connaître la suite.
p.152
La réalité déçoit toujours. L'imagination, jamais.
Devait-elle faire confiance au hasard ? Non, elle préférait compter sur sa détermination. Elle savait exactement ce qu'elle voulait, et elle mettait tout en œuvre pour l'obtenir.
Elle ouvrit la bouche, la referma, frappée par une évidence qu’elle venait seulement de réaliser. Sa fille avait failli mourir parce qu’elle avait un amant. Sans cette liaison, pas Luc, pas d’Antoine, et donc pas d’accident, volontaire ou non.
- Mon Dieu, murmura-t-elle, qu’avons-nous fait ?...
Pourtant elle avait toute sa tête, et encore une excellente mémoire, qu'elle maudissait parfois. Certes, les bons souvenirs étaient nombreux, mais les mauvais pesaient plus lourd.
Il les aimait ces gens-là, avec leurs défauts et leurs défauts.
Pour vous, mon parcours semble peut-être cohérent, mais ma famille n'y comprendra rien. Si besoin est, vous leur expliquerez que mon seul but était de retrouver le paradis perdu. Cette quête évidemment vouée à l'échec, m'a tout de même fait tenir debout pendant plus d'un demi-siècle.
Une pile de courrier dans une main, Anne releva de l'autre le col de son blouson et parcourut la fin du sentier à grandes enjambées pour se réchauffer. Derrière elle Goliath, un énorme chien noir hérité avec la maison, trottinait la truffe au ras du sol. Dépassant les derniers arbres, la jeune femme marqua un temps d'arrêt pour contempler la façade très blanche qui se dressait au beau milieu de la clairière. Celui de ses ancêtres qui avait fait construire la bastide ne s'était pas trompé en l'édifiant là, au centre d'une forêt de pins dont les Nogaro avaient tiré profit durant des générations, avant de sombrer dans la ruine.
[...] la petite femme trépigne d'impatience. Elle se balance d'un pied sur l'autre en triturant sa montre. On sent que la valise est prête, bouclée, mille fois vérifiée, avec la bouteille d'eau dans le sac à main et une pomme bien frottée en cas de creux. J'ai pitié, mais ne peux m'empêcher de la maintenir sur le gril.
- Et où allez-vous ?
- Pornic.
Je savoure. Ce mot aux consonances obscènes - porc, nique, porno, Pornic - jure tellement avec la mise de celle qui me fait face ! Chemisier blanc, pantalon de toile marine, mocassins plats.
(p.97)
• 'Oeil pour oeil', François d'Epenoux
Un endroit de rêve où ces cons d'humains accepteront les animaux partout. Comme si les gens étaient plus propres que les bêtes, tu parles! Et les crétins qui disent que les animaux perdent leurs poils, y perdent pas leurs cheveux, eux? Non, mais dans quoi on vit!
Extrait de "La robe bleue" - Nadine Monfils
Mais que pouvais faire un homme comme lui dans ce paradis des morts ? Les gens ici étaient des fantômes drapés de chagrins, qui cherchaient à échapper à leur prison dans les vapeurs d'alcool. Des burinés, croisés entre des loups garous et des mères qui n'avaient pas réussi à les faire partir à coups d'aiguille à tricoter. T'as pas toujours les catalogues de chez Phildar sous la main.
in "La robe bleue" de Nadine Monfils
Les Nations unies estiment que chaque année dans le monde, plus de cinq mille femmes meurent au nom de « l’honneur ». Le nombre de ces victimes seraient en réalité trois à quatre fois supérieur selon les organisations non gouvernementales.[…]
Leurs familles les condamnent à mort parce qu’elles ont choisi librement leur fiancé, qu’elles ont refusé un mariage forcé. Parce que leur comportement a été jugé immoral. Parce qu’elles ont subi un viol.
Souvent, il suffit d’une simple rumeur.
Ceux qui les assassinent ne sont pas considérés comme des criminels.
Mais comme des héros.
Je veux ce que tu veux du moment que tu es là. J’ai cru que j’allais faire une pause, oui, mais c’était avant que tu disparaisses, qu’on se perde. Maintenant, je sais, tout est clair. C’est pour ça que je suis venue. On ne se quittera plus.
Vincent observa quelques instants la course des deux enfants qui nageaient côte à côte, soulevant des gerbes d’eau. Depuis le début des vacances, ils n’avaient pas cessé de se lancer des défis, à pied, à vélo ou dans la rivière, et leur rivalité finissait par exaspérer tout le monde.
Clara sursauta quand le bruit de la détonation, pourtant très étouffé par l'épaisseur des murs, parvint jusqu’à elle. A tâtons, elle chercha la poire qui pendait à la tête du lit et la pressa fébrilement. La lumière du lustre inonda aussitôt sa chambre, tirant de l'obscurité un décor familier : ses deux bergères de soie ivoire et sa table juponnée, les lourds rideaux damassés, le bonheur-du-jour sur lequel elle écrivait tout son courrier.A moitié assise, Clara resta un instant aux aguets, mais le silence était retombé sur la maison. Certaine de n’avoir pas rêvé, elle enfi,la son négligé en hâte, se précipita vers la porte. C’était bien davantage qu’un pressentiment, presque une certitude quant au drame qui l'attendait, à l’horreur qu’elle allait découvrir, cette chose qu’elle redoutait tant et depuis si longtemps qu’elle avait pris l’habitude de vivre taraudée par l’angoisse. Un jour, une nuit, elle le savait, elle se trouverait devant le pire, et le moment fatidique était arrivé.